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blesta ‘tranche de terre retournée par le so...

Blesta « tranche de terre retournée par le soc » est attesté en Ardèche dans 3 villages (Thesoc):

blesta 'motte' Ardeche

L’étymologie proposée par von Wartburg dans le FEW I,p.410  blĭsta « motte de terre », n’a pas été reprise dans la nouvelle rédaction des étyma germaniques. Je ne sais où en sont les recherches.

Le mot est attesté en ancien  et moyen français, en ancien provençal et en occitan moderne. Voir les différentes significations dans le FEW. Le sens de l’étymon serait  » ballonné, gonflé, bourrelet ».

Par association de forme j’ai pensé au mot anglais « blister » courant en français moderne ( encore refusé par le TLF, peut-être dans le Larousse).

L’étymologie du mot anglais blister d’après le site  etymonline:

blister etymonlineJe suis toujours ravi par ces liens avec des langues étrangères. Ici l’auteur propose un lien avec le norvégien, le français et le néerlandais et j’ajoute l’occitan.

Le sens javelle « 1 Terme d’agriculture. Nom donné à des poignées de blé scié, qui demeurent couchées sur le sillon jusqu’à ce qu’on en fasse des gerbes. » attesté à Chirons, se retrouve dans de nombreux patois. Voir l’article du FEW.

Grimaudes et Grimaldi

La déchetterie de Manduel, Bouillargues  et Rodilhan est en pleine transformation, mais son nom  Grimaudes ou  Les Grimaudes reste : grimaudes

Qu’est-ce que ce nom peut-il signifier? D’après les dictionnaires français un grimaud est une « homme renfrogné, déplaisant, maussade », mais le mot est hors d’usage d’après le Larousse de 1930. Il vit quand même dans les parlers régionaux. En béarnais par exemple  un grimaud est un « farceur ».

En français du XVIe siècle grimaud  est aussi un surnom des protestants et au XVIIe cela devient »diable; Satan » ; en languedocien grimaou, grimaoudo est ‘sorcier », et à Alès un « esprit fantastique ». D’autres significations dans le FEW XVI, p.64

Grimaudes fait  partie des mots qui viennent d’une racine germanique *grima- ‘masque »; comme on fait aussi des masques en dessinant ou en salissant le visage (Halloween,, ha ha) grimer a peis le sens « peindre sur le visage », grimace « contorsion deu visage ».

grimaceLes langues germaniques ont déjà créé des noms de personnes, comme en ancien franque Grimwald qui a donné en ancien français Grimaud; en le lombard Grimoald qui a donné en italien Grimaldi. Là nous sommes en terrain connu.

Les Grimaldi  et c'est pas Halloween.

Les Grimaldi et c’est pas Halloween.

Marc Kreydenweiss a appelé une de ses cuvées «  Grimaudes rouge« . Dans la revue du vin c’est devenu le Domaine des Grimaudes.

FEW XVI,p.64

cardoussés’ chardon d’Espagne’

Cardoussës « épine jaune » en latin « scolymus » plante à fleur jaune aux environs de Montpellier; on mange la racine en sausse ou en friture. (Sauvages, 1756).
Étymologie: ce nom appartient au groupe de dérivés de card(u)us chardon » > carde et chardon (FEW II,371), mais ‘Wikipedia :

Chardon est un terme générique qui désigne de nombreuses espèces de plantes épineuses appartenant principalement à la famille des Asteraceae…

Cardoussés « chardon d’Espagne est un  genre mais appartient à la même famille.

Dans le FEW il y a d’autres attestations de cardousso, cardoussé mais ils désigne la « carline » qui est un autre nom pour la cardabella

Cardoussés:

Scolymus_hispanicus cardoussesToutes sortes de conseils de jardinage de cette plante re-doucouverte dans le site OOreka

La plante qui contient de l’inuline est comestible : on peut consommer les jeunes pousses en salade et les racines cuites en ragout. En Algérie, on consomme les pétioles (« tiges » de la feuille, ou plus exactement nervure principale) cuits dans le bouillon qui accompagne le couscous.

Cardousses_ en_ragoutcardoussës en ragoût (Wikipedia)

chafre ‘pierre à aiguiser’

chafre ou acou « un carreau de dalle autrefois un Queux ‘pierre à aiguiser’ (Sauvages). Ce sens donné par l’abbé de Sauvages s’est conservé dans le Gard au moins jusqu’au  XXe siècle. D’après le FEW tsafre  a été donné dans plusieurs villages du Gard à Edmond pour l’Atlas linguistique de la France. Des attestations plus récentes, d’après le Thesoc  tsafre « pierre à aiguiser » à St Genies de Magloire  et chqfre dans l’Aveyron et la Lozère1.

Pierre a aiguiser Lombarde_23_cm

Pierre à aiguiser naturelle, elle est d’une couleur gris-bleue.

En ancien occitan le mot safre est attesté avec le sens « sablon pour colorer le verre ». Dans les patois modernes safre désigne toutes sortes de pierres,  de sable , de terre, de limon. Voici quelques exemples du FEW XI, 212:Safre_exemplesFEWSuivez le lien vers le FEW pour voir les autres significations !

L’étymologie est le grec  σάπφειρος (sáppheiros) et non pas le mot latin sappīrus ou saphīrus parce que en général la syllabe qui contient l’accent tonique est conservée à travers les siècles. En grec l’accent tonique se trouve sur le –ά-, et sáppheiros est devenu chafre,safre, mais en latin l’accent tonique tombe sur le –ī– , ce qui a donné saphir.

Manque de documents, on ne connaît pas (encore) comment le mot grec  σάπφειρος  devenu safre est arrivé dans la région parisienne, mais il est sûr qu’il est passé par la région de Marseille avant de passer au domaine d’oïl.

Il y a des saphirs  de couleur rose, jaune, violette et d’autres, mais la variété bleue est la plus connue. Inspiré probablement par sa couleur gris bleu on a donné le nom d’une pierre très dure à la pierre à aiguiser .

L’échelle de dureté relative des minéraux  et des pierres établie par Friedrich  Mohs date de 1812.   Le saphir est un corindon qui a la dureté 9 sur cette échelle,  ce qui veut dire que pour rayer un saphir il faut avoir un diamant,  la pierre la plus dure, dureté 10 sur cette échelle2.

En ancien français existait le mot safré ou  et ancien occitan safrat « orné de pierres précieuses, d’or etc. » On ne retrouve le mot safre qu’en moyen français en 1580 avec un sens très technique « oxyde de cobalt, qui mélangé avec du silex calciné sert à fabriquer le verre bleu ou l’émail bleu », et plus tard safre  devient le nom du verre fabriqué ainsi.

safre

  1. Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc oriental publié dans les années 1980
  2. Allez-voir le site de l’Atelier la Trouvaille si vous voulez en savoir plus. Mes fils Robert et Christophe ont une large gamme de matériel pour les géologue, les minéralogistes et les gemmologues. bandeau3

mécanique ‘frein’

Il y a une dizaine d’années avant les réglementations et quand les vide-greniers étaient encore des vrais marchés aux puces, je chinais des objets curieux  qui me plaisaient du point de vue « design » et j’en ai acheté plusieurs « machins, trucs ou bidules » dont les vendeurs ne connaissaient pas non plus l’utilité ni le nom:

mécanique2 mécanique1Pas mal comme sculpture, mais je n’avais aucune idée de sa fonction, jusqu’à ce que je l’ai proposé à la vente et qu’un connaisseur m’a éclairé « Mais c’est un mécanique », pour freiner; sur les charrettes ».

Le Trésor de la langue française le mentionne, mais il faut bien chercher dans un long article :

En partic., vieilli. ,,Mécanisme qui sert de frein à une voiture à cheval. Serrer la mécanique«  (Ac. 1935).

Il s’agit en effet d’un mot du XIXe siècle, qui était vieilli en 1935, mais reste connu par certains

Lucien Hergot a publié  dans LINX Année 1991 H-S 3 pp. 61-69    un article  intitulé Mécanique et Tavelle, deux éléments du vocabulaire hippomobile.

Il y donne des détails sur les expressions « serrer la mécanique », « enrayer » et  » frein, freiner ».  Il cite le FEW mais il l’a probablement mal lu, parce qu’il ne cite que quelques attestations. Voici l’ensemble des attestations dans le FEW VI/1, 568 colonne a

mecaniqueFEW61p568Etymologi: latin mechanicus « de machine », emprunté au grec.

 

terebellum FEW XIII/1, 234