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ratabyou ‘bugrane’

Un visiteur m’a posé la question que voici:

Bonjour,

À Camaret-sur-Aigues j’ai grandi dans un quartier appelé RATAVOUX. On retrouve ce nom à Volx et à Cucuron.
Auriez-vous une idée de l\'étymologie de ce nom ?
Merci par avance de votre réponse.
Cordialement

J’ai pu lui répondre qu’il s’agit probablement d’un essai de francisation de  tanca-buou  « arrête-bœufs » ou bugrane. Il n’y a pas d’attestations en ancien occitan. Il faudrait savoir de quelle époqie datent ces toponymes.

Ratabyóu  « bugrane » s’appelle tanca-buou dans beaucoup de parlers occitans, mais d’après les données du FEW XXV,313  le type français arrête-bœufs  y est également très répandu. Les deux formes  ratabyou et aratabyou  se retrouvent dans tout le domaine occitan.

Tanca-buou « arrête-bœuf ». Bugrane. Voir Wikipedia

9s’appelle ainsi parce que leurs racines traçantes font obstacle à la charrue, d’après Wiktionnaire. D’après Wikipedia allemand, les épines peuvent blesser le bétail aux pieds . Qui a raison?? Wikipedia italien donne: I nomi comuni tipo Arrestabue o Stancabue è inteso in quanto le spine di questa pianta non sono gradite da questi animali. Un altra versione ci dice invece che a causa del suo voluminoso ceppo radicale i buoi sotto l’aratro non poco faticavano quando il campo ne era infestato.

Autres langues

Catalan estancar « étancher », espagnol estancar « retenir, étancher; monopoliser un commerce (estanca « bureau de tabac) et portugais estancar « arrêter, fermer ». Le catalan connaît aussi les formes sans es- : tancar « fermer », tanca, tancada « se dit d’une personne inaccessible » etc. En italien stanco signifie « fatigué », un développement sémantique de effet > cause. Le même sens a existé en ancien occitan estanc (XIIIe) et en ancien français estanchier « tomber de fatigue ». Anglais to staunch « arrêter l’écoulement du sang » (1300) et breton stancguaff idem, ont été empruntés au français.
Pour les toponymes qui font partie de cette famille de mots voir Pegorier, s.v. Estan- (Oc), et Stang, Stankell (Breton)

arganel ‘gros anneau en fer’

Florian Vernet a eu raison de suivre le TLF en classant  arganeau dans la liste des mots français empruntés à l’occitan. Il écrit:

Arganeau, subst. masc. Arganèl {arganèu}argan”l argan”w]Gros anneau de fer placé à l’extrémité de la verge d’une ancre pour y étalinguer un câble, ou scellé dans le mur d’un quai, et qui sert à amarrer les bateaux. Le même terme existe en espagnol :arganel.

Le CNRTL qui écrit toute l’histoire en traduisant le FEW VII, p.411.:

Empr. prob. par l’intermédiaire du prov. arganèu ourganèu « organeau, puis anneau de fer auquel on passe un câble » (seulement ds Mistral) issu d’une forme diminutive (-ĕllu-)d’un b. lat. *arganum, lat. class. organum « instrument, outil », empr. au gr. ο ́ ρ γ α ν ο ν « id. » Le changement de voyelle initiale remonte prob. au plur. gr. τ α ̀ ο ́ ρ γ α ν α prononcé τ α ́ ρ γ α ν α compris comme τ’α ́ ρ γ α ν α. L’évolution de sens « outil » > « anneau » est vraisemblable. L’explication du passage de org- à *arg- sous l’infl. d’un lat. médiév. argata (attesté au sens de annulus en 1349, Du Cange) qui représenterait le gr. ε ̓ ρ γ α ́ τ η ς « travailleur » (attesté au sens de « levier de serrage d’une vis », Biton [3es. av. J.-C.] Math., 110eds Bailly) paraît peu solide. L’hyp. de l’empr. d’arganeau au cat. arganell issu d’un croisement entre le cat. anell « anneau » et argolla « anneau de fer » (art; .), Vidos 1939, p. 209 fait difficulté car le cat. arganell ne paraît pas présenter le sens de « anneau » (Alc.-Moll.). L’hyp. d’après laquelle le fr. arganeau serait une forme métathétique pour *orengueaudiminutif de *orenc (pour orin xves. « cordage qui attache une bouée à une ancre »), Barb. Misc. 2, 1925-28, p. 123, ne présente aucune base solide.

L’étymologie est le mot latin : organum  FEW 7,409  411

Pour les germanophones voici l’explication du FEW

arganeau FEW7p41  et plus loin :

Explication du FEW

avec cette différence que le  CNRT approfondit la note du FEW sur Barb. comme complètement à côté de la plaque.  On sait que les lexicologues sont des copieurs/colleurs, tous sans exceptions; moi le premier.  Ils restent humains.

la raison de cet article est le complément d(information que nous fournit un travail inestimable, le  Glossaire nautique du

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud:

De la Nave au Pointu

 

La première attestation deans le FEW et CNRT est le  moyen français de  1382. Dans le Glossaire nautique c’est bien plus tôt : provençal . 1301 !   Vous savez que les étymologistes attachent beaicoup d’importance aux datations.

Glossaire nautique.
Arganel, arganellus, arganeau s.m. (lat. organum). Formes: arganel, arganot, arganeaul, organel. Sorte de bossoir basculant utilisé sur les galères et les chaloupes annexes de plus grands navires pour déraper l’ancre. 1301: « Item, arganellos barcharum de parescalmo veteres sex. » A.D. BdR. B 1936 f°114. 1477: « Item,… l’argil a proa cum duobus arganells.. » A.D. BdR. 351 E 451 f°42v°. 1510: « Per un arguinel per l’esquifo et lo bronse tot gr. VIII » A.C. Marseille HH 509 Bul. 106. 1512: « ung arganel… l’arganel de l’esquif… » A.D. BdR. B 1487 f°63v°. 1571: « Plus fault deux arganeaulx dedans lesquels se mettent les poulies pour mettre les fers dedans la gallaire. Lesdits arganeaulx se mettent à proue et sont de chesne ou de noyer servant pour serper ou lever les ancres. » B.N.F. Ms. fr. 3174 f°24v°.

 

 

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arne, arnos ‘mites’

Arne : Mite microscopique qui a une prédilection pour les plumes. Les taxidermistes amateurs qui naturalisaient leurs leurres (Vanneaux, Pluviers, étourneaux et autres limicoles) pour la chasse au poste, mettaient du sel pour conserver la peau et y ajouter du poivre pour protéger les plumes de ces arnes. (Jean Daumas, Marsillargues).

arna

Pierrepiaf; vétérinaire vous explique tout sur les mites des plumes.

Les dictionnaires occitans en ligne ne donnent que les mots arne, arna et arnadura « vermoulure », mais Alibert nous fournit des compléments:

Arna AlibertLe Thesoc dans l’article mite montre que le mot  était vivant  dans une grande partie du domaine occitan. La variante darna est limité aux départements ARDECHE, CANTAL, DORDOGNE, HAUTE-GARONNE, ISERE, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN, TARN-ET-GARONNE. PUY-DE-DOME.et CORREZE,

ans FEW XIII/1, p.122  dans l’article tarmes « ver à bois » nous trouvons des attestations depuis le XIIIe siècle.arnaFEW13-1

L’auteur réunit les 3 types arta, arna et darna dans le même article, mais dans son commentaire il précise que pour le moment il n’a pas d’explications de ces formes, la disparition du t- initial, le -t- devenu -n- dans de nombreux patois et le d- initial.

Par contre les évolutiçns sémantiques ne posent aucun problème. Jetez un coup d’œil sur l’article du FEW XIII/1, p.122   pour vous en rendre compte.

emperau, imperaou

Emparau « Travail que fait un ouvrier ,en général il s’agit d’un ouvrier agricole,  après sa journée régulière; temps qui reste à l’ouvrier après sa journée régulière ».(Alibert). Ces deux définitions dans le style du Code du travail.
Impéraou  c’est aussi travailler plus, pour gagner plus ! Temps de travail supplémentaire hors horaire normal d‟un ouvrier agricole pour arrondir les fins de mois. (8 heures en été, 7 heures en hiver). Les jeunes ouvriers agricoles qui laissaient leur semaine à la maison, faisaient leur argent de poche avec ce moyen (adieu les 35 heures !) Définition du blog de Marsillargues.

 

L’auteur des Mots de Marsillargues donne un exemple de travail pour les impéraous

Réguons :
Au printemps dans les vignes on dégageait le pied des ceps avec des solides
charrues a soc recourbé fabriquées en majorité à Potelières prés d‟Alés que l‟on
appelaient des sareuses ou des kerpis. Ces déchausseuses laissaient entre les
ceps une liste de terre qu‟il fallait enlever à la pelle, à la sape ou au râteau suivant la
nature du terrain pour bien dégager et aérer les souches. C‟est dans ces réguons
que l‟on mettait le fumier ou l‟engrais. Ce travail se faisant à journée ou à tant le pied,
était un des travaux privilégiés pour les impéraous.

Étymologie d’après Alibert : le verbe  emperar « dominer, régner » du latin ĭmpĕrare« , ce qui me semble  un latinisme créé récemment. Le verbe emperer avec le sens « diriger le cheval’ est en effet attesté en ancien français, mais rarement.Gaston Fesquet atteste le mot emperadou « impérieux » dans le canton de Lasalle-St.Pierre (Gard). Revue des Langues romanes vol.26 page 55.

D’après une note dans le(FEW IV, 584 ..il s’agit d’un emprunt au latin, mais les données sont trop rares1

pour le confirmer. L’évolution sémantique ne m’est pas très claire; peut-être s’agit-il d’une obligation pour les travailleurs de faire certains travaux qui ne permettent pas de délais. Cela doit exister dans la viticulture.

Je ne croyais pas trop à cette histoire étymologique. Des ouvriers agricoles qui empruntent un terme au latin. Mais j’ai regaré ce que F. Mistral en dit!

L’explication de l’évolution sémantique serait donc l’expression faire l’emperi « faire ce qu’on veut. Ce qui est peut-être une allusion au fait que le Comté de Provence faisait partie de l’Empire allemand.   Voir Wikipedia Comté de Provence.

 

  1. Gérard Jourdan m’écrit que le mot était bien vivant dans la région de Marsillargues.

    Avec un de mes lecteurs, nous avons eu une discussion animée à propos du
    terme occitan qui désigne » un travail fait par un ouvrier ou un paysan
    après sa journée de travail régulière ». Sur votre site je trouve
    « Emperau » ou « imperaou » (patois de Marsillargues où j’ai été prof de
    sciences pendant 10 ans). Dans mon livre j’emploie la graphie « Empedau »
    qui correspond à mon souvenir de l’expression utilisée par mon père. Mon
    lecteur, originaire de Aumes, petit village près de Montagnac, utilise
    la graphie « Emperau ».

Boutels

Boutels :
Grappillons : À la glorieuse époque de la vigne, hélas révolue, après les vendanges
c‟était le Maire du village qui fixait la date d‟autorisation du grappillage. Pouvait aussi
désigner des mollets .(La chanson en patois de Marion disait (méi boutels fasien tiba méi guêtra)s Marsillargues .

Bouteiller :
Grappiller : Les familles se transformaient en “Bouteillaïres“ pour faire leur provision
de vin ou leur cartagène en allant ramasser ces boutels. (Grappillons )

Bouteillier est aussi un nom de famille.

Etymologie : du latin buttĭcula « sorte de vase ». Les grapillons ont la forme d’une bouteille. Voir FEW I, 661 et commentaire