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Luchet, luquet

Luchet, lutsè, litsè, likè « bêche » (départements . 07, 11, 30, 34, et 84  d’après le Thesoc). Première attestation dans Du Cange : Luquet, in Inventar, ann. 1449. ex Tabul. D. Venciæ : Unum Luquet de metallis. Lucet. vero ligonem, vulgo Pioche, sonat in Lit. remiss. ann. 1394. ex [] Reg. 146. Chartoph. reg. ch. 353 : Un oustil à pionnier, nommé Lucet... Icellui varlet hauça ledit Lucet et voult férir le suppliant. (Lien vers Gallica).

Le FEW XVI, 484 rattache la forme occitane à l’étymon *lotja, qui a donné français louche, louchet(cf. TLF louchet), mais il n’y a pas d’explication pour le -ü- occitan.

Il semble que français louche est emprunté au néerlandais loet « outil pour puiser; racler », moyen néerlandais lote « rateau ». Le problème est que les attestations anciennes du type louche ne se trouvent que dans le Nord de la langue d’oïl : picard, normand, wallon. A la même famille appartient à mon avis :
Luquet « loquet » Dans les langues germaniques il y a souvent des alternances vocaliques appelées « Ablaut », par ex. en allemand moderne ou<>ü dans Buch « livre » Bücher « livres ». Il semble que la racine *lotja a donné une forme loc, loch « trou » d’un coté et avec alternance vocalique lüka « ouverture dans un mur ». Par la suite lüka a pris le sens de « panel mobile devant l’ouverture dans un mur » > « volet ». En néerlandais nous trouvons les deux formes : loket « guichet » et luik « volet » et luiken « fermer » participe passé geloken « fermé ».
Mais en languedocien le verbe gotique *-lukan a gardé le sens de  » faire des trous (dans la terre) » > » bêcher » et que lou luquet « bêche » est l’outil. Ailleurs dans une zone beaucoup plus étendue occitane et franco-provençale, luquet avait pris le sens « loquet », (attestée depuis la moitié du 14e siècle à Agen Carcassonne, Arles), à partir du sens « volet ».  Un « volet » sert à fermer le trou dans un mur.
Un emprunt au néerlandais par l’occitan me semble peu probable. Le problème qui reste est le fait que les premières attestations de ces mots sont relativement récentes.
Remarque : Le Thesoc rattache Lafitte-sur-Lot (dep.47), Puynormand et Velines (33) au type français loquet, mais les formes présentent bien un -ü-.

Loupe triplet 20x

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Lot, loudo, loudro

Lot et les dérvés loudo, loudro (S) « boue, fange » représentent le latin lǔtum « fange ». Les attestations viennent surtout de l’est- languedocien. est très fréquent comme toponyme, mais ne concerne pas la rivière, ni le département du Lot, qui s’appelle Olt, Out en occitan. 675. Lutosa, c’est-à-dire « la boueuse » est à l’origine de  Louze (Haute-Marne), Louzes (Sarthe), Leuze (Aisne et, en Belgique, Hainaut et province de Namur).( Longnon)

Lonja, lonza et sirloin

Lonja, lonza « longe » au sens de » filet de porc, de veau ou de mouton ». Un voyage aux USA m’a permis de goûter leur délicieux sirloin et tenderloin. Comme ces mots ont une orthographe française, j’ai recherché leurs étymologies. L’origine est le français longe, ou plutôt l’ancien français loigne « moitié (en long) de l’échine de veau, depuis le bas des épaules jusqu’à la queue », d’une forme *lumbea féminin du *lumbeus « qui fait partie des lombes », dérivé de lumbus « région lombaire; reins » (> occitan lomb, provençal loumb « reins », béarnais loum « longe »). *Lumbeus est devenu féminin par confusion avec la forme longue, ce qui a eu comme résultat que le –j- est souvent remplacé par –g-. Les gourmets du XIVe siècle ont créé le mot surlonge « partie de l’échine du boeuf située entre le paleron et le talon du collier ».

La légende voudrait que le roi Henri VIII était tellement friand du surlonge qu’il l’a annobli et l’a appelé Sir Loin.
Les Américains font une distinction encore plus fine : le tenderloin, le morceau le plus juteux entre le sirloin et le top sirloin.
En argot américain, le slang, tenderloin a pris le sens de « quartier de New York où se trouvent les grands théâtres, restaurants, etc. qui est/était le « quartier plus juteux » (corruption; chantage). Pour plus de renseignements voir le Big Apple.

 

USA: F:

La découpe des bouchers américains (à gauche) n’est pas tout à fait la même que celle des bouchers français, mais je peux vous dire qu’un tenderloin (tener + lumbea) de 20 oz. fond dans la bouche et il vaut le voyage avec un dollar à 0.75 €.

Le mot est aussi passé en allemand : Lungenbraten. Je ne sais si les Allemands le confondent avec Lungen « poumons ». ?

Laune, lona

Lona, lone « mare où l’eau est profonde et tranquille » (Camargue); lagune, étang, marais (Alibert) », fait le lien entre la Camargue  et la Norvège! Le norvégien  a le mot lôn « mare, étang » qui vient d’une forme germanique *luhno qui a abouti en ancien franc à *lohna ou *luhna. Dans le nord-est de la France, départements de la Meuse et de la Haute-Marne, nous trouvons des toponymes comme La Lonne, Sommelonne. Dans la Moselle une lone est un fossé d’assainissement dans les prairies » (Pegorier).

La laune est peu profonde » ( le site de Méailles, au N-W de Nice))

D’après le FEW le mot lone se trouve principalement dans les parlers franco-provençaux et en occitan à l’est du Rhône. Pourtant la première attestations de 1050 lona « étang » vient de Nîmes et en cherchant des toponymes à l’aide du site de l’IGN, j’en ai trouvé des dizaines, dont plusieurs dans le Gard, entre autres à Montfrin et Marguerittes où il y a le Pont de la Lone..

D’après l’ébauche d’un article dans Wikipedia : * Le Rhône : on dénombre plus de 250 lônes d’importance variable. * L’Isère : lônes de Francin, lônes de Pontcharra, Bois Français. »

Dans le site de Barbentane :  » La Lonne, autrefois appelée « La Roubine Vieille », est un ancien bras de la Durance qui, au moyen-âge, s’écoulait de la Ramière à St-Joseph vers le Pont de la Gaffe et le quartier Mouton. Elle reçoit la totalité des eaux du village pour les évacuer à l’ouest dans le contre-canal du Rhône. Le sous-sol de la plaine contient aussi de nombreuses lonnes souterraines, nappes créées par les comblements anciens ou creusées par les infiltrations du Rhône et de la Durance. »

Il reste à voir si le mot laune, dans les nombreux Mas de Laune a la même origine. Pégorier donne launo, lona « bande de terrain au milieu de rochers ou entre les bras d’une rivière; région basse où l’eau séjourne; ruisseau (Alpes-Maritimes); lagune, étang, mare (Camargue).

En Ardèche, dans le Pays de Crussol, il y a le Lone de l’Ove :

Liri, ile, lirga

Liri « lis ». Alibert donne la variante lire et pour l’Agenais ile, ili, ieri et pour les Cévennes un dérivé lirga « glaieul ». Cette même forme existe aussi à Toulouse dans les composés lirga dels pesquiers « glaïeul des viviers », lirga jaune « iris jaune », lirga larga « iris germanique, flambe ».

L’abbé de Sauvages donne la forme eli et dans la deuxième édition eli ou léri.

L’étymon est un mot du Proche-Orient, peut-être l’égyptien ou le kopte hreri, hléli qui nous est parvenu par le latin lilium ou le grec leirion. Dans notre région, de la Lozère jusqu’aux Alpes, existe une forme ilo, éli qui repose sur une base *jilium que nous retrouvons par exemple en toscan giglio. Ailleurs en occitan, mais aussi en Italie et ibéro-roman il y a les formes qui reposent sur une base *lirium . Il n’est pas impossible que dans les colonies grecques du Midi, vivaient deux formes *lirion et *lerion et que les différences actuelles entre les patois qui ont liri et ceux qui ont leri reposent sur les ces deux formes grecques.

lis

iris

iris


Les Occitans bilingues ont une position enviable! Ils comprennent toutes les autres langues ouest-européennes: catalan lliri, espagnol et portugais lirio, anglais lily, allemand Lilie, néerlandais lelie et peut-être même l’italien giglio!

Lausa

Lausa « pierre plate servant à couvrir les maisons, ardoise » est à la base d’une famille de mots qui vivent en piémontais, en franco-provençal, en occitan et dans les langues ibéro-romanes jusqu’en portugais : catalan llosa, espagnol losa, portugais lousa et basque lauza. Il est certain que l’étymon *lausa est gaulois, mais il y a des indications qui font supposer que les Gaulois l’ont hérité de leurs prédécesseurs.

Dans le Gard, les plus belles lausières sont à St.André de Valborgne. Suivez le lien pour plus de renseignements. Jean Pierre Boyer, artisan schisteur, en fait de très beaux objets, dont des croix huguenotes. A droite une lause de 25 x 20 cm environ, que j’ai ramassée moi-même.



2 toits en lauses. Si vous voyez un toit comme ceux-ci demandez au propriétaire de vous montrerr les poutres. Impressionnantes!

Français losange, emprunté par l’anglais losenge, l’esp. losanje, catalan llosange, it. lozanga, est dérivé de lausa. Pour les toponymes voir Pégorier et l’IGN qui donne 97 noms de lieu Lauze. Lausanne en Suisse est la plus connue.

Laupio, làupia

Laupio [làwpio] « abri rudimentaire » (Camargue) , làupia « pile, tas de bois; abri; tonnelles; galerie; hangar » (A), a la même étymologie que le francais loge :  le germanique laubja « abri de feuillage »,  Laube en allemand moderne, du substantif Laub « feuillage ».

Un visiteur me signale que les habitants de la DDR rêvaient d’une Laube, comme les Russes de leur datchka.

Loge, la forme du français,  a gagné presque tout le domaine galloroman, mais il n’y a pas beaucoup d’attestations pour l’occitan. Ce sont les Francs qui ont importé ce mot dans la langue d’oïl.

Mais les Francs ne sont jamais venus jusqu’en Camargue et pourtant il y a en occitan des attestations de laupio comme  dans la Drôme, à Nice làupia « treille »,   dans le Gard sou-làoupio « abri, auvent sur facade », l’Hérault et l’Aveyron.  L’origine de ces mots,  comme du  catalan llubja « grenier, magasin » doit être  le gotique *laubja .   Dans l’Italie du Nord et en Toscane ce sont les Langobards qui ont prêté le mot aux indigènes : à Como lòbio « petite terrasse avec rambanrde », toscan lubbione « loge ».
Les formes qu’on trouve dans les parlers franco-provençaux de la Val Soana e.a. et provençaux comme Valdieri ainsi que le lobio « galerie au devant de la maison » du Queyras sont des emprunts aux patois italiens voisins. En Galice est attestée une forme lobio qui serait à l’origine du basque lobio « basse-cour ».


Laupio
en Camargue

Le dérivé français logement a été emprunté par le néerlandais : logement [lógemènt].  Dans le Guide du routard de l’Indonésie vous trouverez des adresses des losmen, le logement adapté à la langue des Indonésiens, le  bahasa indonesia.

D’ailleurs vous connaissez plus de mots indonésiens que vous ne pensez, par exemple orang « homme », hutan« forêt », tomat « tomate » et paprika, restoran, copi « café », kopor « coffre, valise » (le f devient touours p) karap « carafe » mata « oeil » hari « jour », et une infinité de mots en –ion qui en passant par le néerlandais se terminent par  -i : koreksi « correction »,  korporasi « corporation », korosi « corrosion », manifestasi  manipulasi, otorisasi ( quelle idée géniale d’orthographier oto- au lieu de auto), teater, sosial, referensi, rekreasi, apresiasi, posisi, et de l’anglais sains « science » (prononcez comme cela s’écrit /s a i n s/ avec l’accent sur le -a-), bisnis, etc.


Le temple dans le jardin d’un losmen

Lagasto, langasta

Langaste « tique qui s’accroche sur la peau de nombreux animaux » (Camargue), langasta « tique; sauterelle; brocard » (Alibert). Dans un glossaire anglosaxon du VIIIe siècle se trouve ladasca: piae. Piae est une sorte de tique. Le type ladasca se trouve dans différentes formes dans toute la Galloromania.

En occitan domine un type *lacasta. La métathèse (c-à-d. échange de  leurs places  du -c- et du -d-) et le remplacement de -d- par -t– serait dû à l’influence d’un autre mot qui désigne des insectes: locusta. Nous trouvons le même type en catalan llagasta et en basque lakasta.

L’origine du gallo-latin ladasca est probablement un gaulois *laus daska « puce qui mord ». La forme avec insertion d’une nasale se trouve en provençal et en languedocien jusqu’en Aveyron. La forme lagasto se rencontre partout en Occitanie

La vie d'une tique