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Abajon

Abajon s.m. »airelle myrtille » abajou, ajou (Béarn), anažoun (Aran1 ). Dans les lexiques locaux l’ abajou est toujours défini comme « airelle ». Il est conservé principalement dans les parlers gascons 2 et  de l’autre côté des Pyrénées en aragonais anayón, Rioja enavia, et en catalan abajo, nabiu, nabis. L’étymologie serait le mot basque anabi devenu abi suite à la chute du -n- intervocalique. Le type *anabione devenu ababione par assimilation est à l’origine des formes comme abajou. Abajèro (Mistra,l voir l’extrait) est un dérivé. FEW XXIV, 32a

On peut dire qu’il s’agit d’un mot fossile. Comme toponyme anabi apparaît depuis 835 : pagus Anabiensis aujourd’hui Vall d’Àneu. En basque on trouve les mots correspondants : abi, anabi, arabi, ahabia, afi « airelle myrtille ».

              Mistral    airelle myrtille                                                                                                  Mistral

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  1. Le type avec un -n final n’apparaît que dans le Val d’Aran.
  2. voir le Thesoc s.v. airelle type avajon. Vous constaterez une grande variété des formes locales

Langrola ‘lézard’

Langrola s.f. « lézard gris ». Ll’étymon de langrola  est le latin  languria, attestée chez Pline1Langrola ne se trouve en occitan qu’à l’ouest du Rhône, pourtant le mot  langrola se retrouve dans le Nord de l’Italie où il désigne  le lézard vert. Un résumé des différentes étymologies proposées se trouve dans une étude de Giovanni Soleri que vous pouvez consulter sur le Web. Notre langrola y est mentionné  sous la forme angö (n° 8a) et angureta (n° 8c).

Entre ces deux zones domine le mot provençal lagramuso, larmuso, et  au Nord le type français lézard.

Dans les formes languedociennes la suite lang- a souvent été remplacée par leng-, ling, par exemple à St.Jean-du Gard aringolo, sous influence de lenga (< lingua) « langue », parce que le lézard attrape les insectes avec sa langue rapide. On trouve aussi la forme avec métathèse rengloro (S); à Nîmes et ailleurs le l- a été pris pour l’article défini ce qui a donné : angloro, Millau engrouólo.

langrola

Le Thesoc donne pour le Gard et beaucoup d’autres départements comme type engrisòla. Avec chute de en- , considéré comme un préfixe, cela a donné  p.ex. à Mende grizolo. Mais engrisola est une forme provenant d’un sous-jacent (en)grousolo où le –grou- a été remplacé par –gris- par étymologie populaire, l’engrousolo étant gris. (En)grousolo vient d’ engrolo, angrola 2,  par changement de suffixe d’ engrolo qui avait perdu le l- initial pris pour l’article défini.

Etymologiquement parlant  grousolo fait partie de la famille languria.  La suite des formes pourrait être :  languria > langr + ola > l’ engrola > engrola > engro + sola > engrousolo > engrisolo > grisolo. Voir le Thesoc pour les nombreuses variantes et les autres mots.

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  1. alios id dicere langurium et esse in Italia bestias languros. Zenothemis langas vocat easdem et circa Padum iis vitam adsignat » Nat. Hist. 37,34
  2. Une visiteuse italienne m’écrit qu’elle est étonnée de trouver  son nom de famille Angrola  dans mon site.  Des recherches généalogiques permettront peut-être de retrouver ses ancêtres en Languedoc, la seule région où cette forme existe

Lagramuso, larmuse

Lagramuso est le nom du « lézard gris » dans une zone compacte à l’est du Rhône jusque dans les Alpes, en franco-provençal (à l’exception de la Suisse et du département de l’Ain) et dans la région de Mâcon. En Italie du Nord, nous le retrouvons en Vallée d’Aoste et dans le Piemont.

La forme franco-provençale est entrée dans le TLF s.v. larmuse grâce Marcel Pagnol qui utilise larmeuse dans La gloire de mon père (1957). Cotgrave mentionne larmuse en 1611 comme dauphinois:


Lacrimusa se trouve pour la première fois  chez l’auteur gaulois Polemius Silvius, Ve siècle.  Polemius a vécu à Lyon et il  a dédié son œuvre à l’évêque Eucher de Lyon [± 450].  Les formes franco-provençales reposent sur une variante *lacrimusia.
Il s’agit probablement d’un mot pré-latin, peut-être ligure, qui par étymologie populaire a été interprété comme un dérivé de lacrima « larme » (FEW). En Italie du Nord lagramusa est mis en relation avec la légende des « larmes de crocodile. Voir aussi langrola ci-dessous.!

Il faut noter qu’on trouve le même mot dans le sud de l’Italie par exemple à Potenza laramusa. G.Rohlfs a démontré que cela est lié à l’immigration de colons galloromans, probablement des Vaudois, qui voulaient fuir la persécution. (Romanische Forschungen 60, p.103).  Au XIIe siècle l’Église vaudoise est issue de la prédication du lyonnais Pierre Valdo (Wikipedia).

Luchet, luquet

Luchet, lutsè, litsè, likè « bêche » (départements . 07, 11, 30, 34, et 84  d’après le Thesoc). Première attestation dans Du Cange : Luquet, in Inventar, ann. 1449. ex Tabul. D. Venciæ : Unum Luquet de metallis. Lucet. vero ligonem, vulgo Pioche, sonat in Lit. remiss. ann. 1394. ex [] Reg. 146. Chartoph. reg. ch. 353 : Un oustil à pionnier, nommé Lucet... Icellui varlet hauça ledit Lucet et voult férir le suppliant. (Lien vers Gallica).

Le FEW XVI, 484 rattache la forme occitane à l’étymon *lotja, qui a donné français louche, louchet(cf. TLF louchet), mais il n’y a pas d’explication pour le -ü- occitan.

Il semble que français louche est emprunté au néerlandais loet « outil pour puiser; racler », moyen néerlandais lote « rateau ». Le problème est que les attestations anciennes du type louche ne se trouvent que dans le Nord de la langue d’oïl : picard, normand, wallon. A la même famille appartient à mon avis :
Luquet « loquet » Dans les langues germaniques il y a souvent des alternances vocaliques appelées « Ablaut », par ex. en allemand moderne ou<>ü dans Buch « livre » Bücher « livres ». Il semble que la racine *lotja a donné une forme loc, loch « trou » d’un coté et avec alternance vocalique lüka « ouverture dans un mur ». Par la suite lüka a pris le sens de « panel mobile devant l’ouverture dans un mur » > « volet ». En néerlandais nous trouvons les deux formes : loket « guichet » et luik « volet » et luiken « fermer » participe passé geloken « fermé ».
Mais en languedocien le verbe gotique *-lukan a gardé le sens de  » faire des trous (dans la terre) » > » bêcher » et que lou luquet « bêche » est l’outil. Ailleurs dans une zone beaucoup plus étendue occitane et franco-provençale, luquet avait pris le sens « loquet », (attestée depuis la moitié du 14e siècle à Agen Carcassonne, Arles), à partir du sens « volet ».  Un « volet » sert à fermer le trou dans un mur.
Un emprunt au néerlandais par l’occitan me semble peu probable. Le problème qui reste est le fait que les premières attestations de ces mots sont relativement récentes.
Remarque : Le Thesoc rattache Lafitte-sur-Lot (dep.47), Puynormand et Velines (33) au type français loquet, mais les formes présentent bien un -ü-.

Loupe triplet 20x

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Lot, loudo, loudro

Lot et les dérvés loudo, loudro (S) « boue, fange » représentent le latin lǔtum « fange ». Les attestations viennent surtout de l’est- languedocien. est très fréquent comme toponyme, mais ne concerne pas la rivière, ni le département du Lot, qui s’appelle Olt, Out en occitan. 675. Lutosa, c’est-à-dire « la boueuse » est à l’origine de  Louze (Haute-Marne), Louzes (Sarthe), Leuze (Aisne et, en Belgique, Hainaut et province de Namur).( Longnon)

Lonja, lonza et sirloin

Lonja, lonza « longe » au sens de » filet de porc, de veau ou de mouton ». Un voyage aux USA m’a permis de goûter leur délicieux sirloin et tenderloin. Comme ces mots ont une orthographe française, j’ai recherché leurs étymologies. L’origine est le français longe, ou plutôt l’ancien français loigne « moitié (en long) de l’échine de veau, depuis le bas des épaules jusqu’à la queue », d’une forme *lumbea féminin du *lumbeus « qui fait partie des lombes », dérivé de lumbus « région lombaire; reins » (> occitan lomb, provençal loumb « reins », béarnais loum « longe »). *Lumbeus est devenu féminin par confusion avec la forme longue, ce qui a eu comme résultat que le –j- est souvent remplacé par –g-. Les gourmets du XIVe siècle ont créé le mot surlonge « partie de l’échine du boeuf située entre le paleron et le talon du collier ».

La légende voudrait que le roi Henri VIII était tellement friand du surlonge qu’il l’a annobli et l’a appelé Sir Loin.
Les Américains font une distinction encore plus fine : le tenderloin, le morceau le plus juteux entre le sirloin et le top sirloin.
En argot américain, le slang, tenderloin a pris le sens de « quartier de New York où se trouvent les grands théâtres, restaurants, etc. qui est/était le « quartier plus juteux » (corruption; chantage). Pour plus de renseignements voir le Big Apple.

 

USA: F:

La découpe des bouchers américains (à gauche) n’est pas tout à fait la même que celle des bouchers français, mais je peux vous dire qu’un tenderloin (tener + lumbea) de 20 oz. fond dans la bouche et il vaut le voyage avec un dollar à 0.75 €.

Le mot est aussi passé en allemand : Lungenbraten. Je ne sais si les Allemands le confondent avec Lungen « poumons ». ?

Laune, lona

Lona, lone « mare où l’eau est profonde et tranquille » (Camargue); lagune, étang, marais (Alibert) », fait le lien entre la Camargue  et la Norvège! Le norvégien  a le mot lôn « mare, étang » qui vient d’une forme germanique *luhno qui a abouti en ancien franc à *lohna ou *luhna. Dans le nord-est de la France, départements de la Meuse et de la Haute-Marne, nous trouvons des toponymes comme La Lonne, Sommelonne. Dans la Moselle une lone est un fossé d’assainissement dans les prairies » (Pegorier).

La laune est peu profonde » ( le site de Méailles, au N-W de Nice))

D’après le FEW le mot lone se trouve principalement dans les parlers franco-provençaux et en occitan à l’est du Rhône. Pourtant la première attestations de 1050 lona « étang » vient de Nîmes et en cherchant des toponymes à l’aide du site de l’IGN, j’en ai trouvé des dizaines, dont plusieurs dans le Gard, entre autres à Montfrin et Marguerittes où il y a le Pont de la Lone..

D’après l’ébauche d’un article dans Wikipedia : * Le Rhône : on dénombre plus de 250 lônes d’importance variable. * L’Isère : lônes de Francin, lônes de Pontcharra, Bois Français. »

Dans le site de Barbentane :  » La Lonne, autrefois appelée « La Roubine Vieille », est un ancien bras de la Durance qui, au moyen-âge, s’écoulait de la Ramière à St-Joseph vers le Pont de la Gaffe et le quartier Mouton. Elle reçoit la totalité des eaux du village pour les évacuer à l’ouest dans le contre-canal du Rhône. Le sous-sol de la plaine contient aussi de nombreuses lonnes souterraines, nappes créées par les comblements anciens ou creusées par les infiltrations du Rhône et de la Durance. »

Il reste à voir si le mot laune, dans les nombreux Mas de Laune a la même origine. Pégorier donne launo, lona « bande de terrain au milieu de rochers ou entre les bras d’une rivière; région basse où l’eau séjourne; ruisseau (Alpes-Maritimes); lagune, étang, mare (Camargue).

En Ardèche, dans le Pays de Crussol, il y a le Lone de l’Ove :

Liri, ile, lirga

Liri « lis ». Alibert donne la variante lire et pour l’Agenais ile, ili, ieri et pour les Cévennes un dérivé lirga « glaieul ». Cette même forme existe aussi à Toulouse dans les composés lirga dels pesquiers « glaïeul des viviers », lirga jaune « iris jaune », lirga larga « iris germanique, flambe ».

L’abbé de Sauvages donne la forme eli et dans la deuxième édition eli ou léri.

L’étymon est un mot du Proche-Orient, peut-être l’égyptien ou le kopte hreri, hléli qui nous est parvenu par le latin lilium ou le grec leirion. Dans notre région, de la Lozère jusqu’aux Alpes, existe une forme ilo, éli qui repose sur une base *jilium que nous retrouvons par exemple en toscan giglio. Ailleurs en occitan, mais aussi en Italie et ibéro-roman il y a les formes qui reposent sur une base *lirium . Il n’est pas impossible que dans les colonies grecques du Midi, vivaient deux formes *lirion et *lerion et que les différences actuelles entre les patois qui ont liri et ceux qui ont leri reposent sur les ces deux formes grecques.

lis

iris

iris


Les Occitans bilingues ont une position enviable! Ils comprennent toutes les autres langues ouest-européennes: catalan lliri, espagnol et portugais lirio, anglais lily, allemand Lilie, néerlandais lelie et peut-être même l’italien giglio!