Mateusalem « très vieux ». D’après la Bible, le patriarche Mathusalem aurait vecu 996 ans (Mos.5,27). Dans toutes les langues européennes son nom est synonyme d’une longue vie, « vieux comme Mathusalem« . Voir TLF.
L’incompréhension du mot a causé des changements de la forme : Valleraugue Motusolen (Atger p.59); Var martin-sara, lang. matieu-sarel et marti-sarellos, où par étymologie populaire le début du mot est remplacé par un saint connu : St. Martin ou St. Mathieu et la fin par un autre suffixe.
L’origine du sens en français de Mathusalem « grosse bouteille de champagne » qui ne date que de 1962 ne m’est pas claire. Le publicitaire qui a inventé ce nom était versé en histoire de la Bible:
1 – 10 L | Magnum (1,5 L) · Jéroboam (3 L) · Réhoboam (4,5 L) · Mathusalem (6 L) · Salmanazar (9 L) |
10 – 100 L | Balthazar (12 L) · Nabuchodonosor (15 L) · Melchior / Salomon (18 L) · Souverain (26,25 L) · Primat (27 L) · Melchizédec (30 L) · |
Wikipedia.
Mato s.f. « touffe serrée ; buisson », en fr.rég. matte (Camargue). Autour du bassin occidental méditerranéen jusqu’en berbère vit une famille de mots dont la base est une forme *matta avec le sens « buisson », d’origine prélatine. En galloroman nous le trouvons jusqu’à la Loire.
En languedocien mato est une « touffe d’herbe ; cépée de jeunes arbres » (S) au Caylar une « haie ».
Matado « touffe, cépée ». et s’amata « se cacher derrière une touffe, se dissimuler, s’accroupir » sont dérivés de mato.
En catalan il y a matoll » formation végétale constituée par des buissons et arbustes plutôt bas , assez clairsemés ».
Mats, mait, meit « pétrin » nous vient du grec μαγις , μαγίδος «pâte, sorte de pain; plateau rond de balance; pétrin», qui était le nom usuel dans le sud de l’Italie, la Magna Graecia. Ensuite ce nom a gagné Rome et les Romains l’ont latinisé sous deux formes : magis, magidis et plus simple en magida.
maït provençal
Dans la région de l’Ile de France et par conséquent en français c’est le type pétrin (< petrinus) qui domine mais en province c’est le type maie de magidem. Dans les parlers du Nord de la France le type maie est concurrencé par huche (< hutica ) et par arche (< arca), dans le Midi par les dérivés de pasta et par mastra en provençal et est-languedocien, un autre mot d’origine grecque : μακτρα « pétrin ». Cf. le Thesoc s.v. pétrin 1 Vous y verrez e.a. que le type arche est aussi présent dans le Sud-ouest (Creuse, Hte-Vienne) et que le type pétrin a gagné du terrain.
2. Le pétrin, ou « maits à paîtrir », était une pièce essentielle du mobilier paysan, comme en témoignent les inventaires successoraux et les estimations des apports dotaux dans les contrats de mariage. p.1454 note ² dans L’alimentation paysanne au Gévaudan
A Castres est attesté le composé raymatch « coupe-pâte dont se sert le boulanger pour détacher la pâte du pétrin ».
Dans le sud-ouest mèi, mèit s.f. désigne aussi le « support pour tuer le porc, consistant en règle générale, en un pétrin, mais retourné » d’après les dictionnaires locaux. Dans les Hautes-Pyrénées le dérivé mèitéto sert à la même action, mais il est creusé dans un tronc d’arbre. Si vous avez une photo faites me la parvenir s.v.p.
A ma demande La vieille chouette, spécialiste de la cuisine locale et régionale, m’a donné tous les renseignements sur la mèi telle qu’elle est utilisée dans la région de Montauban quand on va « far lou tessou ». Je joins sa description savoureuse en format pdf. la maie du tessou. D’après elle la maie sert à « faire la toilette du tessou« . Pour le saigner on le suspend! Ci-dessous son dessin.
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Mato, matado Matto « touffe, fanes, bouquet, pied d’une plante; cépée de pousses sur le pied d’un arbre coupe » ‘touffe’ (Sauvages). Rayond Jourdan de Montagnac excellent connaisseur du languedocien, l’utilise dans son autobiographie. Cette famille de mots est enracinée autour de la Méditerranée occodentale, Italie, le Midi, Catalan, Espagnol et Portugais et dans le berbere du Nord africain.
Cette répartition géographique et l’ancienneté des premières attestations permet selon von Wartburg (FEW VI/1, 505-507) de supposer qu’il s’agit d’une racine préromane:*matta « touffe » .,
Au XIXe s. français mattes ‘banc de poissons, volée d’oiseaux ».
Mauro « truie » du latin maurus « habitant de l’ancienne Mauritanie, le royaume berbère, qui à l’époque romaine s’étendait de l’actuelle Tunisie jusqu’à la rivière le Moulaye au Maroc.
En ancien provençal mor, moro signifie « africain adj. et subst. ; musulman » et « basané, marron, noir ». En occitan moderne moure , morou (Alès) c’est le deuxième sens qui s’est maintenu et développé: A blanchi un moure se perd soun tems et soun saboun (Mistral). Aoc. maur « noir » est attesté en 1240 et la Roca Mauro près de Carcassonne déjà en 1034. Il y a de nombreux dérivés comme lang. neit maurello « nuit sombre » et Gard agneu mouret « qui a le poil noir »(M). A Valleraugue (30) La Jasse du Mouret , toponyme.
Le sens « brun, noir » a été transféré sur toutes sortes d’animaux et de plantes, comme « truie, vieille truie » (Hérault), provençal mouret « sagre, poisson de mer », des salamandres, têtards, canards, oiseaux, insectes et des noms de plantes comme languedocien mouro « variété d’olea europea sativa » Nîmes 1793, et oulivié mourau (M). Ce dernier est même entré dans l’ Encyclopédie de Diderot sous « moureau en Languedoc ». Il y a aussi les morilles et les cerises morelles
comme en néerlandais morellen et moriaan « père fouettard, un serviteur noir qui accompagne St. Nicolas lors de sa fête le 6 décembre). Anglais morel « morille ». Le maïs et le sarrasin est appelé blamauro à St André de Valborgne, et il s’appelle blasarrasin en gascon.
Bellemaire, au Mayrial, à la Marinade, à la Condamine, à Mirepoix .
Il y a quelques semaines la dormeuse a donné la description que voici:
Situé au-delà de Cariou, i. e. à l’ouest, sud-ouest du moulon, le hameau de Bellemaire, ou Bellemayre, s’étage sur la pente des collines qui bornent sur sa rive gauche le cours de l’Hers. Il doit sans doute son nom de Bellemaire, “belle maire” ou “belle mayre”, au caractère riverain de sa situation géographique, qui est ici celle de bord ensoleillé du “lit d’un fleuve”4, bord depuis lequel, abrité de ici de l’inondation, l’on jouit d’une “belle” vue sur les rives de l’Hers et sur la colline de Terride ainsi que sur le château du même nom. Au pied du hameau de Bellemaire, le lieu dit “La Marinade” se trouve, lui, plus directement riverain du territoire de divagation de l’Hers, ou, conformément à l’acception plus large du mot “maire, mayre”, plus directement riverain du “fossé principal qui reçoit l’eau de ruissellement des collines environnantes”5. A noter qu’au bord du cours actuel de l’Hers, on trouve au nord, nord, est de Mirepoix, le moulon du Mayrial, dont le nom renvoie lui aussi au sens de “rivage”. Bellemayre, La Marinade, le Mayrial -, ensemble les trois toponymes se souviennent des divagations qui furent au cours des âges celles d’une rivière connue pour l’amplitude de ses divagations et pour ses crues dangereuses, dont celle qui emporta en 1289 la première ville de Mirepoix.
Pégorier: maire, mayre « lit ou source d’un fleuve » prov. et lang.
Etymologie : latin mater « mère », et « lit de rivière » à partir du Ier siècle. Dans le domaine galloroman le sens « lit de rivière » est limité au provençal et au languedocien, mais il a dû exister aussi en gascon, parce que le verbe desmayrà « déborder, sortir de son lit » est attesté en béarnais. Nous retrouvons le sens « lit de rivière » en catalan mare, espagnol et portugais madre. Les rares attestations en moyen français viennent d’Olivier de Serres et de Cotgrave, connus pour leurs occitanismes.
Le rièu meirau, rec mâiral (S2) ou la mayre del riu est « l’égout collecteur, fossé mère ». La mayre est aussi la « source d’un cours d’eau ». Dans l’Aveyron un « endroit où se cache le poisson ».
Les 3 toponymes cités par la dormeuse : Mayrial, Marinade et Bellemaire sont bien occitans1, mais ils ne sont pas (encore?) attestés comme substantifs.
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Maset « petite maison de campagne, petite ferme; maisonnette rustique où l’on va passer le dimanche » est un dérivé en –ittu de mas « ferme, maison, demeure ». D’après les dictionnaires de français, entre autres par Littré, ce dérivé est caractéristique pour la région de Nîmes – Avignon. Un visiteur me signale le sobriquet mazetié pour les Nîmois qui allaient chaque dimanche dans leur mazet‘. Cette photo vient du site de G. Mathon qui consacre une page intéressante au maset nîmois.
Lou Maset du Jardin de la Fontaine
L’origine est le participe passé mansus du verbe latin manere « rester, habiter » qu’on trouve comme substantif dans des textes et des inscriptions depuis le Ve siècle avec le sens « maison » et « domaine ».
Le mot a également existé dans le nord de la France, comme en témoignent de très nombreux noms de personnes (Dumas, Delmas) et de noms de lieu (Metz, Meix, Mas), mais il y a perdu beaucoup de terrain depuis la disparition du système féodal concernant la propriété (un sujet à approfondir!) Mas n’est vraiment indigène que dans le Midi, où il s’est maintenu jusqu’à nos jours avec le sens « ferme ». Il faut dire que les agents immobiliers en abusent depuis que les prix ont flambé.
En français il a été emprunté à l’occitan au XIVe siècle.
Le mas du Valdeyron à Valleraugue où j’ai habité pendant 20 ans
Autres dérivés: masada, masaria « tour d’une ferme, hameau »; masatgier « campagnard »; masièr, masièra « qui habite un mas »; masuc « petite construction montagnarde où les bergers d’Auvergne s’abritent et font leurs fromages en été »; masagé « campagnard » forme rencontrée par un visiteur dans un état civil du XIXe siècle de la région d’Albi : masagé de Rafialou, d‘Ambialet.
Il y a une dizaine d’années avant les réglementations et quand les vide-greniers étaient encore des vrais marchés aux puces, je chinais des objets curieux qui me plaisaient du point de vue « design » et j’en ai acheté plusieurs « machins, trucs ou bidules » dont les vendeurs ne connaissaient pas non plus l’utilité ni le nom:
Pas mal comme sculpture, mais je n’avais aucune idée de sa fonction, jusqu’à ce que je l’ai proposé à la vente et qu’un connaisseur m’a éclairé « Mais c’est un mécanique », pour freiner; sur les charrettes ».
Le Trésor de la langue française le mentionne, mais il faut bien chercher dans un long article :
− En partic., vieilli. ,,Mécanisme qui sert de frein à une voiture à cheval. Serrer la mécanique« (Ac. 1935).
Il s’agit en effet d’un mot du XIXe siècle, qui était vieilli en 1935, mais reste connu par certains
Lucien Hergot a publié dans LINX Année 1991 H-S 3 pp. 61-69 un article intitulé Mécanique et Tavelle, deux éléments du vocabulaire hippomobile.
Il y donne des détails sur les expressions « serrer la mécanique », « enrayer » et » frein, freiner ». Il cite le FEW mais il l’a probablement mal lu, parce qu’il ne cite que quelques attestations. Voici l’ensemble des attestations dans le FEW VI/1, 568 colonne a
Etymologi: latin mechanicus « de machine », emprunté au grec.
Mèlsa s.f. « rate » organe lymphoïde situé dans l’hypocondre gauche. Les Romains appellaient la rate splen, mot qu’ils avaient emprunté aux Grecs et qui a donné en français spleen « État affectif, plus ou moins durable, de mélancolie sans cause apparente et pouvant aller de l’ennui, la tristesse vague au dégoût de l’existence ». Spleen a éte emprunté au milieu du 18e siècle à l’anglais, qui l’avait emprunté à l’ancien français esplen « rate ». Au moyen âge la rate était considérée comme le siège de la mélancholie. (TLF). Voir aussi hypocondriaque dérivé de hypocondre « Chacune des parties latérales de l’abdomen, situées sous le bord inférieur des côtes, de part et d’autre de l’épigastre » (TLF)
Le nom latin splen a abouti à esplen en ancien français (voir Godefroy) et ‘a été conservé en sarde et en rétoroman. Ailleurs dans la Romania il a été remplacé par un représentant du germanique miltia, néerlandais milt, allemand milz, en moyen anglais mylthe. Italien milza, catalan et occitan melsa.
Pour l’occitan les données du Thesoc sont loin d’être complètes, mais elles montrent que dans les départements de ouest de l’occitan nous trouvons les deux mots rata et melsa pour « rate du porc ». Le type mèlsa domine dans un grande partie de l’occitan, à l’exception de l’auvergnat et du périgourdin, en fancoprovençal, en franc-comtois, en lorrain et en wallon. Là où le mot plus ancien rata ou son dérivé ratella s’est maintenu, le type melsa désigne la rate des animaux de boucherie. Il n’est pas improbable que le prestige de la langue nationale à contribué à cette évolution, comparable à celle du metge qui de « médecin » est devenu « vétérinaire ». Voir metge.
L’étymologie de rata ou ratella est inconnue. Le rattachement au néerlandais raat « rayon » dans honingraat « rayon de miel » (FEW XVI, 673) semble très douteux. Un type germanique (h)rata avec le sens « rayon de miel » est déjà attesté dans les Gloses de Reichenau comme explication du latin favum : « favum frata mellis » (Source). Ce type germanique a abouti régulièrement à rée « rayon » en ancien français (Gdf). Rate serait donc un emprunt récent, mais le germanique rata ne signifie nulle part « rate ».
Troublant est la définition de Uno mèusso de porc « une raie de cochon » par Mistral. Quelle est sa source? Ou s’agit d’une faute de frappe?? rate > raie.
Il reste d’autres mystères à élucider. Pourquoi et comment le mot germanique a-t-il pu se substituer au mot latin, non pas dans le domaine d’oïl, mais dans le domaine d’oc? La première attestation en ancien occitan date du XIVe siècle, une période où les Gothes avaient disparu depuis longtemps. Comment expliquer la forme meufo qu’on trouve en francoprovençal mais aussi à Marseille?
Melsat » espèce de gros saucisson fait avec de la viande de porc, de la mie de pain, des oeufs, des assaisonnements nécessaires »(Sauvages S2) est dérivé de melsa.