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Favouille "crabe vert"

Favouille : 1) Petit crabe du genre étrille, 2) par extension, surnom familier d’enfant.« La soupe de favouilles, c’est ce que je prefère. » « Viens ici, favouille ! Viens embrasser ta tante ! ».

D’après ce spécialiste  c’est un petit crabe vert foncé à brun mesurant une demi-douzaine de centimètres en moyenne.

Favouille  est un mot provençal, uniquement attesté à l’est du Rhône. Première attestation en 1439  favol.  Les définition varient de « crabe » à « crevette » et « écrevisse de mer ».

L’origine du mot est inconnue.1. Il pourrait s’agir d’un dérivé de faba  « fève », mais je n’ai d’autre argument que  la définition de Mistral  « sottise, balourdise ». Les mots qui désignent les fèves et les haricots sont souvent associés à la notion « imbécile, niais » etc.. En plus d’après les lexiques une favouille  est un crabe vert,  la couleur des fèves.

favouillefavouio Mistral

Voici un exemple d’une ancienne monnaie marseillaise avec une  favouille:

Pour voir d’autres très belles photos des anciennes monnaies marseillaises, suivez le lien.

 

  1. FEW XXI, 268b

Feda

Feda « brebis ».

Le latin avait un substantif fetus ou fœtus « enfantement » et un adjectif fetus « ensemencé, plein, gros ». Au féminin feta a pris le sens « qui a accouché » et substantivé « mère ». Ce sens s’est conservé en gascon hedo « femme qui vient d’accoucher », comme en italien feta et fetare « accoucher ». Feta a pris le sens spécifique de brebis déjà en latin; sens qui s’est maintenu en occitan, franco-provençal et dans certains patois en Italie.

Après le Moyen Age feta a été remplacé par les représentants de vervex (> brebis) dans le Nord-Est du galloroman. Pour les différends noms de la brebis en occitan voir le Thesocs.v. brebis

Uniquement en galloroman nous trouvons dérivé feto, fetonem avec le sens « petit d’un animal » faon en ancien français, sens qui se restreint à « petit de la biche » au XVe siècle (1re att. 1360 DMF). De là anglais fawn avec lez même sens. En occitan nous trouvons fedon, fedou(n) « poulain » mais aussi « agneau » et le verbe fedouna « mettre bas en parlant des juments et des ânesses ».

            

               

Fenestroun

Fenestroun,  « petite fenêtre » 1750 Séguier1,feuillet 43v: « espinçave per lou fenestron  » (Job., Mathon), un dérivé du latin  fenestra« fenêtre ». Il n’y a pas beaucoup d’attestations mais il doit exister partout, comme, par exemple, dans le Nord Velay avec le sens « lucarne ». Mistral s’adresse à Magali: :

« O Magali, ma tant amado,
Mete la tèsto au fenestroun !
Escouto un pau aquesto aubado
De tambourin e de viouloun. »

……………………………………..……
Le fenestron
des Archives de Mirepoix (Photo C.Belcikowski) ….….….….

On peut se poser la question pourquoi le mot latin fenestra est commun à toutes les langues romanes et germaniques : italien, catalan finestra, allemand Fenster, néerlandais venster, etc..La réponse se trouve dans l’histoire de la construction. Les constructions des Gaulois et des Germains étaient en bois et ils n’avaient pas de fenêtres. C’est aussi simple que cela.

Je ne peux pas m’empêcher de vous renvoyer vers un blog qui décrit le chemin des Fenestrelles : « Aux alentours de Saint Guilhem il y une balade à ne pas manquer qui grimpe sur le flanc du Cirque du Bout du Monde … » avec de très belles photos et un poème. Eldorad’Oc

L’occitan a créé l’adjectif fenestrièro dont témoigne le dicton suivant:

(RLR6,306)

Ferratge

Ferratge « fourrage en vert », en ancien occitan « terrain planté en fourrage »; pour l’abbé de Sauvages c’est de l’escourgeon, une espèce d’orge qu’on fait manger aux chevaux en verd ». (L’escourgeon est une orge hâtive, que l’on sème en automne.) Il ajoute que le feratge n’est pas du tout la même chose que le fourrage français, qui est un mélange.

Le ferratjal est un « terrain en fourrage », et « mettre un cheval au vert » est l’ afarrajà.

Dans un compoix mirapicien daté de 1766, on trouve les formes ferratjat, ferrageat.(communication personnelle). Deux autres graphies à Mirepoix : ferraxchail et feratjeal dans le registre des contributions foncières de l’an 3. Un visiteur fidèle de l’Hérault confirme: « Le compoix de Pézénas de 1775 on trouve  souvent qu’il y a autour des anciens remparts « patus et ferrajal« , pour indiquer des enclos où l’on parquait des chevaux. »


Extraits du Compoix de Mirepoix : ferratjat ou firratjat mais sans · sur le i .


Le deuxième est intéressant par la spécification jardin ou ferraxchail.

Le mot ressemble beaucoup au mot français mais son étymologie est bien différente. Le mot occitan vient du latin farrago « mélange de divers grains pour les bestiaux »: il est devenu très tôt ferrago Français  fourrage est un mot d’origine germanique, à savoir  foder « nourrir » ( food en anglais moderne, voer en néerlandais).

En occitan ferrago a abouti aussi à ferouche, foroujo, ferouge, faroutcho pour désigner le « trèfle incarnat », prêté au français sous la forme farouche..Il semble que la culture du farouche vient de la Catalogne farratge et qu’en français on l’appelle aussi « trèfle de Roussillon », une dénominaton d’après l’origine de la plante . La couleur de la fleur explique que par-ci par-là comme dans l’Aude, la feratge est devenu la feroutge

farouche, trefle incarnat

Fideous

Fideous « nouilles, spécialement spaghetti » (Lhubac) est un  emprunt récent à l’espagnol fideos, catalan fideu, qui est probablement un dérivé du verbe fidear « grandir, croître » de l’arabe fid qui a le même sens.

Le lien sémantique s’explique par la propriété des pâtes de grossir quand on les fait bouillir.

 

Figa

Figa, figo « figue ». Etymologie : latin ficus qui désignait aussi bien l’arbre que le fruit. Le premier sens a été conservé en italien fico et en basque bikku, le deuxième en espagnol higo, portugais figo et en basque iko. Les formes galloromanes pour nommer le fruit viennent d’un pluriel *fica comme le catalan figa.

Au figuré far la figo « se moquer de quelqu’un ».  Claude Marco, qui se qualifie « anecbotaniste », m’a fait parvenir un commentaire sur les traditions populaires en rapport avec le figuier et la figue, trop riche pour être inséré ici. Je le joins donc en format PDF.Figuier_Claude Marco

Une expression et un geste  qui remonte très loin dans l’histoire.  J.M Lombard y consacre un article  La main-figue ou mano-fica. Prélude à une célébration du figuier de la connaissance.  la dans son blog, d’où je tire cette image. LamblardGestedelafigue6a00d8341f05b853ef01b7c6e8870d970b-800wiUn bas-relief d’époque romano-berbère trouvé en Libye. 1er siècle (Photo Lamblard).

Dérivés : figon « petite figue », figueto « idem ; petite bouteille pour les essences « . Figuiera « figuier ». Provençal et languedocien figueiroun « arum tacheté ou Gouet ou Pied de veau » à cause de sa forme. La racine sèche du figeiroun est un bon cordial selon l’abbé de Sauvages. Egalement limité à ces deux régions est le dérivé figaret « variété de châtaignier hâtif, dont les châtaignes se détachent du hérisson quand elles sont mûres » Voir la page Castagno s.v. figaretto.

  

Château de Figaret   à St-Hypolite du-Fort (30)                                              Figueroun

De nombreux toponymes.   Figaret  peut faire référence aux châtaignes ou aux figues.

Prêté au français : figue, et  à l’anglais fig « le fruit ou l’arbre »; expression not care a fig for « ne pas se soucier de » mais attention!! son homonyme fig est obscène « consists of making a fist with the thumb placed between the index finger and the middle finger. » (Voir ce lien, en bas de la page). Néerlandais vijg; mais un oorvijg est une « gifle ». Allemand Feige mais Ohrfeige « gifle » (ne loupez pas cette video à la Rémi Gaillard).

La feuille de figuier a joué un rôle important dans la sculpture et la peinture. L’origine est probablement la Bible: c’est avec une feuille de figuier que  Adam et Eve couvrent leur honte et leur nudité !

                 

 

Fissá

Fissá « cingler, piquer ; enfoncer un aiguillon » (Lhubac : fisser fr. rég.)   représente un latin *fixare  dérivé de fixus  « fixe, consolidé, durable ».  L’évolution phonétique ainsi que l’évolution du sens très spécifique indiquent qu’il s’agit d’un mot indigène et non pas d’un emprunt tardif au latin.

Le sens du latin fixare   est conservé dans une attestation qui doit provenir de la région minière de la Grande Combe .fisso «  pierre noire feuilletée, de la nature du charbon, sur laquelle on trouve des empreintes de plantes fossiles, gardes de la houille » .

  Fougère fisso

Dans le domaine galloroman fissá « piquer » et ses dérivés ou composés sont  limités à l’occitan.  On retrouve une évolution sémantique comparable  en Espagne, par ex. Aragon fizar « piquer ».

De nombreux dérivés sont attestés dans les patois de l’Aveyron,  comme fissounenc « piquant, mordant », fissounado « piqûre », fisso-lusèrp  « petit couteau pointu usé », fisou « aiguillon d’insecte », fissat « qui a bu un coup de trop », etc.

Alibert s.v.fissa donne comme étymon latin fissus « fendu » part.passé de findere, mais cela est impossible pour une raison phonétique: latin fissus avec un -i- court se prononçait féssu déjà en latin vulgaire et a abouti à fesse.

Languedocien fouisset « fourche à manche court » (Mistral)   se rattache à la même famille de mots, mais a subi l’influence de foire « bêcher, piocher » du latin fodere  ou bien  de fouissino « sorte de trident » du lat. fuscina « fourche »

Floc "morceau"

Floc « un morceau de quelque chose ».  Latin floccus signifiait « flocon, filament de laine ; duvet  cotonneux de fruits », conservé en languedocien  flo(c) et le verbe  flouquejá « couper menu, déchiqueter » ou le composé afloucá « arriver en abondance » (Alès).
Si dans un  restaurant à Prades (66) vous dites « Donnez-moi encore un floc » vous en aurez beaucoup! tandis que dans le Nord Velay vous aurez une « touffe, ou un bouquet » (NVelay). Floc peut prendre les deux sens « un flocon’ ou « une masse », dans la conversation. Voir anglais to flock ci-dessous.
Le mot floc et non pas le français flocon,  est devenu européen, il existe dans toutes les langues romanes, et germaniques.

D’où vient  le floc de Gascogne =??

Floquet « petit morceau de quelque chose »  dérivé de floc.

It. fiocco, catalan floc, port. froco , allem. Flocke, néerl. vlok, angl. a flock « un troupeau (de bêtes), une masse de gens, une volée d’oiseaux »; le verbe to flock « s’assembler »

Floron

Floron « furoncle », flouroun, fleuron (Andolfi). vient du latin furunculus « furoncle », avec métathèse du -l-, probablement sous l’influence du mot flour « fleur ».  Floron   est commun à l’occitan, le catalan floronc et le piémontais fioron.

 

flor et floron

D’après le TLFs.v. furoncle il y a eu en ancien français une forme floroncle sous l’influence de l’ancien occitan floronc. L’effet de  l‘étymologie populaire qui veut toujours « motiver » les mots, c’est à dire donner un sens à la forme,  furoncle a changé de famille. Latin ferunculus signifiait « abcès « , sens issu par analogie de celui de « bouton, bosse de la vigne; sarment sauvage (qui dérobe la sève aux tiges principales) », diminutif . du bas latin furo,-onis pris au sens de « voleur ». Voir  furo « furet ». La forme n’etant plus comprise, et par ressemblance à certaines « fleurs » on a  transformé un  voleur en  une petite fleur : florem.

Flour

Flou « fleur » (en parlant des plantes) du latin flos, floris, mot vivant dans toutes les langues romanes.  Le sens « ce qu’il y a de mieux » a existé en ancien languedocien flor « farine », (XIIIe s.) mais ne se retrouve pas dans les patois modernes, pourtant le sens « ce qu’il y a de meilleur » est international.  D’ailleur flourat  « bien portant » en est très proche.

Le sens  « cendres » semble être limité à la région de St. Etienne. Voir flourié

Dans un Sirventès, intitulé De paraulas es grans mercatz , toujours d’actualité, Peire Cardinal, écrit à propos du bon et mauvais utilisateur de la parole:

E-l mals s’en va ab so mot mal,
E si res a bon, non li’n qual;

Que semblanz es a barutèl (tamis)
Que reten lo lach (le laid) e da-l bèl

E laissa en passar la flór.
E qui retenra lo peiór
De so qu’au dire, ieu entén
Qu’el laissara la flor per bren
(le son. )

Vous trouverez le texte complet avec la traduction en francais en suivant ce lien: Peire Cardinal

Par contre existe le mot  flourado, « élite: ce qu’il y a de meilleur ». Dérivé de flos qui avait ce sens déjà en latin. Anglais flour « farine », néerlandais bloem « fleur; farine’. Cf. aussi sanfloura, flourat et flourié ci-dessous.