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Canton, cantou

Canton, cantou « pierre d’angle; coin ; carrefour ; canton » cf. pour l’étymologie acantouna.

des cantouns à Manduel

L’expression Sap y faïre, touto peïro li fo contou (pour l’entendre cliquez), signifie pour mon informateur de Valleraugue « Il (sc.un maçon) connaît son métier, de toute pierre il fait une pierre d’angle ».

L’expression « au coin du feu » devient en nîmois ou cantoun dou fiò (Antoine Bigot) .

Dans le milieu de la bouvine camarguaise cantoun, cantounade signifie « terrain de prédilection ». Domergue donne l’exemple suivant: « Le taureau qui se tanque prend sa cantounade, le plus souvent dans un angle de la piste.

cantonier

cantonier « pierre qui lie deux murailles à l’angle » voir acantonar

Cantounade

Cantounade voir cantou

Caoucalla

Caoùcalla s.f. « corneille » (Hérault,Marcel de Serres d’après Rolland), déjà en ancien occitan : caucala (Rouergue, Raynouard, qui ajoute : cf. anc.catalan cucala); Cacouleto (Gers, Cénac-Montaut), Mistral donne pour le languedocien caucaleto « corneille ».

D’après le FEW il s’agit d’une onomatopée formée indépendamment dans ces localités. Mais caucalla ressemble phonétiquement beaucoup à un groupe de mots germaniques, comme néerlandais kauw « choucas » moyennl. cauw « corneille », ancien allemand kaa, norvégien kaje, anglais chough.
Le FEW suppose une origine franque*kawa pour les formes du Nord : ancien français choe « choucas », anglo-normand chouwe. En franco-provençal nous trouvons une forme tsawa « corneille » qui prolongée avec une suffixe –ia est aussi attestée en dauphinois et en provençal chauvio « corneille », chayo (Alpes Maritimes), chavo (Toulon, Rolland).

Nous avons ici un groupe de noms d’oiseaux internationaux; en plus des noms germaniques, il y a portugais cava, lithuanien kovas, russe régional kava, tchèque kavka, irlandais cág. Le nom le plus courant en occitan est gralha, graula .

Nous pouvons conclure que, comme pour le chant du coq, nos oreilles perçoivent certains sons à travers un filtre imposé par la langue. Un Français distingue difficilement les  [i] de l’anglais dans bit et beat . J’ai vu à Nîmes un restaurant qui s’appelle  IT! au lieu de EAT.
Cela vaut aussi pour les couleurs (pensez au vin rouge) et c’est un sujet d’études sémantiques très révélateur. L es Français distnguent marron, châtain, brun; pour un Néerlandais c’est tout du bruin.

Mais ce qui est plus important c’est que notre culture nous impose également des notions comme président, liberté, laïcité, sécurité sociale, et identité nationale … Le président  de la république française a une fonction totalement différente de celle du Presidente della repubblica  italiana, dont vous ne connaissez probablement même pas le nom. . Et les « valeurs de la République » ne sont pas les mêmes en France et en Italie.

Des sujets de débats interminables et un obstacle probablement infranchissable à la traduction automatique.

caoussido ‘chardon’

Caoussido caussido  ‘chardon aux ânes’ (onopordum acanthium) ou « chardon des champs »(cirsium arvense)  est répandu dans tout le Midi de la France. L’étymologie latin *calcita pose quelques problèmes.

Cirsium_arvense0

chardon des champs (circium arvense)

Onopordum_acanthium_002

et chardon aux ânes (Onopordum_acanthium)

Caoussido  comme chardon  en français est utilisé pour des plantes qui appartiennent à des familles différentes.

La première attestation du latin médiéval calcida date du début du XIIe siècle, dans le Liber floridus de Lambertus de Sancto Audomaro. (consultable chez Gallica). Un très bel article avec de magnifiques illustrations dans Wikipedia.

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

En latin on ne trouve que les mots chalceos, calcetum et chalca chez Pline qui les a emprunté au grec χαλκειος, χαλκη (chalkeios, chalkè) qui désignent une plante avec des épines.  Le petit problème qui se pose est la terminaison en -ido. Le fait que ce nom ne se trouve que dans le Midi permet de supposer qu’il y a été introduit  directement par les Grecs, surtout parce qu’il était très utilisé en médecine, en particulier pour le traitement des varices.

FEW XXI, 189 chardon

Capeirou

Capêirou (chaperon),«  filet de pêcheur fait en cône » voir rasal.

Capejado

Capejado. Mistral donne le dérivé capejado « sorte de filet fixé sur des perches dans les étangs ». La capechade = « filet nasse » (Covès).

Il faudrait une meilleure image pour comprendre le lien sémantique. Si vous savez ce que c’est contactez-moi! Ma visite à Bouzigues (Hérault) l’a confirmé. Une des places du camping Lou Labech, nommée d’après les façons de pêcher s’appelle La Capechade. Il me faudra y retourner pour demander plus de renseignements.

Nouveau  Une vidéo dans laquelle Robert Isoird, pêcheur aux petits métiers sur l’étang de Thau, parle des  capéchades.

capejado?

Capejar

Capejar « dodeliner; avancer la tête avec précaution pour voir sans être vu » (Alibert).

Pendant l’été 2010 il y avait  dans le Midi Libre une rubrique « Avé l’accent » tiré du livre de Raymond Covès, Sète à Dire, où il parle de ce verbe qui d’après lui est surtout utilisé dans ouest-languedocien, mais il ne donne que le sens « dodeliner, avant de s’endormir » qui d’ailleurs existe également en catalan : « Ella capeja mentre les seves pupil·les llancen espires al jove immòbil. » (Josep Noguerol) .

La deuxième signification et d’autres qui s’en rapprochent, sont pourtant assez répandues : à Clermont et Puisserguier capejá « montrer seulement la tête, émerger », à Béziers « montrer la tête de temps à autre », à St.André dans l’Aveyron « affirmer ou nier qch. en branlant la tête » jusque dans le Gers cabejá « secouer la tête » et le béarnais «  »dresser la tête ».
Rouquier
donne aussi le sens « comprendre » que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs.

J’ai failli oublié l’étymon, qui est bien sûr le latin caput « tête ».

Capelan

Capelan « prêtre, curé d’une paroisse ». Bien sûr l’étymologie est la même que celle du fr. chapelain, mais j’en parle quand-même parce que

  • 1) L’histoire de cappella + -anus est intéressante.
  • 2) Le sens du languedocien capelan « curé » n’est pas identique à celui du mot français « chapelain » prêtre chargé de dire la messe dans une chapelle particulière ».
  • 3) Dans ma langue maternelle, le néerlandais il y a le kapelaan « prêtre qui assiste le pastoor« ; le pastoor n’est pas le « pasteur », mais le « curé », le responsable de la paroisse! Une série TV intitulé « Le chien berger » montrait la vie d’un kapelaan dont voici la photo:

    Le sens du mot français, mais avec la forme occitane ou latine se retrouve en allemand Kaplan, italien cappellano, espagnol cappelan, catalan capellà (qui signifie aussi « salive » dans l’expression quan parla de pressa tira capellans (quand il parle à toute allure il envoie des postillons) , etc.

  • 4) Dans la région de Narbonne et d’Albi le capelan s’appelle rector Pourquoi? A  Montagnac (34) il y a un proverbe :Michanta afaire quand los capelans lauran. « Mauvaise affaire quand les curés labourent. »
  • 5) A la fin du 19e siècle, la personne interrogée à Sumène (Gard) par Edmont pour l’Atlas Linguistique de la France a donné la forme capelan avec le sens « coquelicot » (parce qu’il est noir quand les pétales sont tombées?). Si vous connaissez ce sens contactez-moi.
  • D’après  le Statistique du département du Gard par Hector Rivoire, 1842 p. 220  c’est la  Centaurée laineuse Carthamus lanatus L., 1753,  qui s’appelle lous capelansCette  liste des plantes pour le Gard a été dressée par Pouzols1.
  • La bourse-à-pasteur ou tabouret s’appelle d’après la liste de Pouzols herba de l’evangile  ou bonnet dé capélan  en languedocien. En surfant sur le net, je trouve en plus un toponyme Bonnet du Capelan « Au nord du circuit pédestre de Valescure se dresse le bonnet du Capelan. Imposant, sur sa colline mise à nue par les incendies. « 
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  • Un lecteur très attentif m’écrit que pour Max Rouquette c’est une autre fleur:  » Une fleur splendide poussait entre les épis de blé, grasse et violette, toute chargée de clochettes. Nous l’appelions « capélan  » pour sa couleur de semaine sainte  » in « Vert Paradis » ( Éditions le Chemin Vert, 1980, page 108, avant dernier paragraphe, dans le texte : « Le secret de l’herbe »). Je n’ai pas pu l’identifier. Si vous avez une idée, contactez-moi
  • Un visiteur originaire de Montagnac (34) l’a fait; il m’écrit : . lou capelan ou compagnon bleu : plante de la famille des liliacées appelé « Muscari neglectum » (ou muscari négligé) de couleur violette, qui, pour nous était le signe de l’arrivée du printemps. Il existe un autre Muscari, plus grand que le précédent, qui pousse plus tard, appelé « Muscari comosum ». Max Rouquette était originaire d’ Argilliers, un village à 40 km de Montagnac. Voir Wikipedia pour plus de renseignements sur le muscari neglectum.
    Différents insectes: « bruche, ver blanc à tête noires, grande sauterelle verte, grande araignée, libellule et traquet s’appellent capelan en occitan. Et puis à Tréminis dans l’Isère est attesté chapelan « tussilage ». Mais le tussilage est une fleur jaune.
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D’après l’abbé de Sauvages capelan est aussi un « ver à soie mort d’une espèce de maladie qui le fait devenir noir.
  • 6) Le mot capelan a été prêté au français avec le sens : « Espèce de petite morue qui vit dans nos mers et dont la chair est estimée : Les pêcheurs de morue se servent de CAPELANS pour appât. (Acad.). Les pêcheurs donnent aussi ce nom à plusieurs poissons qui ressemblent plus ou moins au véritable capelan Le capelan a l’intérieur de l’abdomen noir. On appelle également capelan un petit gade de la Méditerranée, mais on n’est pas certain qu’il soit de la même espèce que celui de l’Océan. »(Pierre Larousse). La première attestation en ancien occitan dont le sens donné par le FEW est « gadus minutus » date de 1433. Il existe toujours en français régional (Lhubac). La raison de cette évolution sémantique n’est pas claire. Il faudrait voir le « gadus minutus » et demander à un pêcheur. Le même poisson s »appelle aussi praire « prêtre »!

         
capelan
Et maintenant il y a le « Mas des capelans » à Nîmes, transformé en salle de fête. Un visiteur m’informe que son vieux mas à Montfaucon a le même nom.

L’origine de capelan est latin cappella « petit manteau » un dérivé tardif du VIIe siècle de cappa « sorte de couvre-chef », mot également attesté tardivement. Capella désigne « le manteau de St Martin » qui, en 338, en avait donné la moitié à un pauvre.

et un vitrail moderne avec le même sujet :

Au VIIe siècle ce manteau ou ce qui en restait, est rentré dans les reliques du roi des Francs. La cappella était conservée dans un petit bâtiment à Tours près de l’église qui à l’époque s’appelait oratorium. Pendant un siècle capella signifie aussi bien ce manteau que ce bâtiment. Dans un texte on trouve in oratorio nostro, super capella domni Martine. (où capella signifie « manteau »).A partir du VIIIe siècle le mot cappella désigne « l’oratorium du roi ». D’autres cappellae sont construites entre autres à Dijon et à Aix-la-Chapelle par Charlemagne.

Entrée de la chapelle à Aix-la-Chapelle (Maintenant une cathédrale)

A partir de la Gaule le mot capella « lieu de prière du roi » remplace oratorium dans les autres pays: italien cappella, allemand Kapelle, néerlandais kapel, anglais chapel etc.
Un prêtre était chargé de la conservation de ces reliques qui appartenaient au roi. A partir du VIIIe siècle le capellanus est « celui qui doit garder et entretenir les reliques » et comme il avait probablement du temps libre, le capellanus devait à partir du Xe siècle s’occuper aussi de la correspondance du roi » et enfin au XIIe siècle nous trouvons le sens actuel : « le prêtre chargé de dire la messe dans un chapelle », et dans le Languedoc « prêtre » > « curé ».
Il faudra la collaboration d’un historien de l’église catholique pour savoir pourquoi le capelan est devenu le « curé » dans le Midi de la France. En principe un capellan est un subalterne et le curé est « responsable de la paroisse ».

J’aurai besoin du même spécialiste pour expliquer pourquoi dans le Midi, et plus spécialement dans le ouest-Languedoc et en Gascogne, mais aussi dans le nord-ouest de la France, le curé est appelé recteur », en languedocien ritou du latin rector « celui qui gouverne, maître, chef, guide ». Dans l’église ce mot désignait un « supérieur ecclésiastique, un prelat; un directeur de certaines maisons religieuses ». Je crois savoir que dans le droit canonique, une recteur n’est pas à la tête d’un paroisse, mais qu’il gère une église qui fait partie d’une paroisse. D’après des Coutumes, le même sens se retrouve en Bretagne , TLF: 1575 en Bretagne « curé d’une paroisse »


Un prelat

En ancien occitan déjà retor signifie « curé », mais les attestations des parlers modernes proviennent surtout du Languedoc et de la Gascogne d’où viennent également les dérivés reitouret « petit recteur », retouras « gros ou vilain curé » et ritouraille « prêtraille ». (Mistral).Y a-t-il un lien avec les Alibigeois ou le protestantisme dans la région??

  1. Pouzols est aussi une des sources d’E.Rolland:  POUZOLZ P.M.C. de, 1856-1862 – Flore du département du Gard ou description des plantes qui croissent naturellement dans ce département. Tessier, De Poulolz, Garve, Waton, Nîmes, 2 vol.: 660 p.

Capelan

Capelan  plusieurs significations. Voir la page capelan