Fanny 13-0
Fanny, une abréviation pour tafanari.
Fanny, une abréviation pour tafanari.
Faouterna « aristoloche » (Montagnac), foterla s.f. « aristoloche clématite » (BotaniqueArles).
Far fauterna « troubler la vue » à Agde d’après Alibert. Comme le lien sémantique n’est pas clair, je ne sais s’il s’agit du même mot. D’après Mistral fauterno est une variante languedocienne de farfantello.
Le mot falterna « arristoloche » apparait pour la première fois dans un Dynamidia du Xe siècle, un genre de guide médical sur utilisation des plantes . Ensuite il y a quelques attestations médiévales de la région picarde, normande et wallonne, mais pour les parlers modernes les attestations viennent surtout du domaine occitan. La première date de 1355.
On n’ aucune idée de l’origine de ce mot. Il n’y a aucune trace de falterna en dehors des parlers galloromans. En googlant j’ai trouvé 3 suggestions :
Eras, quan plou et iverna
e fresca aura e buerna
s’atrai e chai e despuelha la verna,
fas sirventes per esquerna
d’amor, qu’enaissi s’enferna
que las joves an levad’a taverna.
Tant an apres de falterna
que lur cons vendon a terna:
plus son arden non es lums en lanterna.
10 Domnas tozas, sofrachozas, la vera paterna
vos cofonda, e·us rebonda selh que·l mon governa!
Qu’en Jausbertz non es tan certz, per los sanhs de Palerna,
qu’el pantais del pel no·i lais, si sec la vostr’esterna.
Si je comprends bien le texte falterna veut dire ici « voir trouble, sont aveuglé ». Faux! Heureusement j’ai demandé au prof. Gérard Gouiran de m’éclairer. Il a retrouvé son article cité dans la note en bas de cette page, où il avait écrit:
Or cette plante passait au Moyen Âge pour aider à l'accouchement. On lit en effet, dans le Livre des simples medecines (ms. British Museum Sloane 3525, 118 v°a) que R. Arveiller m'a fait l'amitié de transcrire : Por delivrer la feme de sa porteure, prennez la racine d'aristologe et cuisiez la en vin et en huile et faites laver la feme del nombril desi as quisses. La racine doit estre cuillie quant i n'i a ne foille ne flor ; et la foille et la flor, quant elle i est, par ce qu'eles traient tote la force a eus. On peut également songer aux vertus toniques et emménagogues reconnues à cette plante. Au lecteur de choisir laquelle de ces propriétés convient le mieux ici.
Il conclut aujourd’hui : « Je suppose que j’avais dû parler de ce passage à mon très regretté maître Arveiller, qui était très fort sur le vocabulaire de la botanique et il faut bien dire que, si l’on attribuait à l’aristoloche la vertu (si j’ose dire!) de faire avorter, il ne me semble pas nécessaire de chercher autre chose. » Falterna_Gérard Gouiran (texte complet de sa lettre)
Déjà l’abbé de Sauvages avait écrit pudiquement qu’il y a deux espèces, une avec des fleurs jaunes pâle appelée sarasine, et la seconde est « l’aristoloche ronde »; on l’emploie pour les maladies de femmes. Mais elle est très toxique:
l’Aristoloche clématite possède de l’acide aristolochique au niveau de ses parties souterraines. Cette molécule est toxique pour l’homme avec de multiples conséquences. (Wikipedia). Plus dans l’article en catalan: Tinguda des de l’antiguitat sútilitzaven algunes espècies com a planta medicinal basant-se en la teoria del signe. És, però una planta tòxica i cal extremar la precució en qualsevol ús que es faci. La bellesa de les seves flors en fan una planta de jardineria. (Wikipedia catalan).
Sur la théorie des signatures, dont je parle à propos de plusieurs plantes et leurs utilisations, voir l’article dans Wikipedia français et les autres langues.
Le fait que faouterna « aristoloche » apparaît dans le glossaire d’un viticulteur de Montagnac s’explique par le fait qu’il faut éviter d’en mettre avec les raisins, parce qu’il donne un goût âcre au vin.
Le nom faouterno a été transféré à la « morelle » en Lozère et dans l’Hérault, et à la fumeterre dans le Gard. Il s’agit peut-être d’erreurs?
Morelle (Solanum ambosinum) Fumeterre
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1
Farandoulo « farandole » est passée dans le Dictionnaire de l’Académie depuis 1835 (TLF) . Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle.
L’étymologie d’après le TLF, qui suit le FEW , est » incertaine; peut-être altération du provençal barandello, brandello « farandole » un dérivé de branda « remuer, branler », de même origine que brandir*, sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina « cajoler », flandrina « lambiner », flandrin « fainéant » 1
Je ne suis pas très convaincu par cette étymologie et ceci d’autant plus que b(a)randello est définie comme une « farandole languedocienne »! Voir aussi mon article brandado.
Hector Rivoire Statistique du département du Gard, Tome premier, Nîmes, 1842, p.343 cette danse est décrite ainsi:
Dans un très petit nombre de communes des arrondissemens de Nimes et d Uzès et en traversant les cantons de St Quentin d Uzès de Montaren de Blauzac et de Lussan toute la musique se compose d un hautbois et d un très petit tambour qui sert d accompagnement Dans quelques unes de ces localités la danse y est appelée branle ou baran delle C est une sorte de valse russe extrêmement précipitée dans laquelle on tourne continuellement sur un même plan »
une farandoles (en bas de l’image)
Catalan : farandola « Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya ».
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Ase « gros boyau » et l’expression farci l’ase « manger goulument » voir ase.
Farda « habits, linge, hardes, robes » représente le mot arabe farda «balle de marchandise » ou plus précisément « la moitié de la charge d’une bête de somme ».
una mummia del Perù ancora avvolta nel fardo; circa XII sec.
esp., pg. fardo « paquet de marchandises »,
Italien fardo, cat. farda « ensemble de choses inutiles » et « paquet de nourriture pour un voyage d’une journée », comme à Pézenas fardo « besace dans laquelle les journaliers portent leurs provisions de bouche ». Dans le Tarn fardel « paquet de tripes » et en Rouergue a la fardoulho « en désordre, à la hâte » (M).
D’après le FEW le mot aoc. fardel « paquet », comme français fardeau 1, ont été empruntés à l’italien ou directement à l’arabe comme terme technique de commerce. Ensuite on a créé une ‘racine’ *farda avec les mêmes sens. Le mot arabe farda signifie aussi « étoffe, habits » car, quand on voyage le ballot ne contient souvent que des habits. De là languedocien fardo « vêtements, hardes », Alès fardos « trousseau de la nouvelle mariée » (S), et des dérivés comme languedocien. fardetos « layette d’enfant », fardá « habiller, équiper, ajuster » Aveyron fardasses « chiffons ».
les anges boutis font partie des fardos à Alès.
La répartition géographique du type farde « étoffe » est limité au gascon et languedocien.
Fargasse s.m. « homme négligé ». Dérivé de farda avec un –g- sous l’influence de quel autre mot ?
Au XVIe s. les soldats gascons ont introduit le mot farda dans le français de Paris avec leur prononciation à eux : h- au lieu de f- : hardes et cette forme s’est répandue de la capitale vers les provinces du nord principalement. Le sens péjoratif du mot hardes qui au XVIe s. signifiait « bagage, vêtements, linge et coffre d’une personne », n’est attesté que depuis 1771. Le dictionnaire de l’Académie de 1762 parle encore de « belles hardes » ! De nos jours c’est un terme historique comme dans « les hardes et uniformes de matelots ». Voir TLF.
Farrouch « trèfle incarnat » . Farratchal « champ de farrouch » en Ariège. Étymologie: latin farrago « mélange de divers grains pour les bestiaux ». Si l’étymologie s’arrête là, elle a peu d’ intérêt. Ce serait comme une description du Rhône dans ce genre:
Le Rhône qui se jette dans la Méditerranée à Marseille, prend sa source vers 1 900 m d’altitude, au glacier de la Furka, à l’extrémité inférieure du glacier du Rhône, sur les pentes du massif de l’Aar-Gothard.
Pour en savoir plus nous devons retracer l’histoire 1. de la forme du mot, 2. du sens et 3. de la plante.
1. Les Romains disaient aussi ferrago , ce qu’on explique comme une dissimilation des deux –a-. Ferrago est à l’origine de toutes les formes romanes, catalan ferratge, italien ferrano, espagnol herrén, portugais ferrãn. Dans les parlers occitans nous trouvons aussi bien les formes ferratje ou farratge, par l’effet d’une re-assimilation au cours des siècles. Les premières attestations comme ferratja, ferraya « terrain planté en fourrage » viennent des Alpes-Maritimes. L’abbé de Sauvages (S1) écrit : fëraâjhë « escourgeon » s.m. espèce d’orge qu’on fait manger aux chevaux en verd. » A Cahors ferratse est le « maïs à fourrage ».
2. Dans toutes ces attestations le sens est assez proche de celui du mot latin farrago et désigne une plante verte qui sert de fourrage pour les bestiaux, mais en Espagne le sens de farratge s’est restreint dans la pratique à « trèfle incarnat », probablement parce qu’il y réussissait très bien. En tout cas en espagnol il s’appelle aussi Trébol del Rosellon et en français trèfle du Rousssillon.
3. Le FEW propose avec hésitation d’expliquer le –ou- ( farroutcho) des formes languedociennes et gasconnes par influence du mot rouge. Le fait que j’ai trouvé la forme farrucha pour l’espagnol avec la localisation de la plante en Catalogne, où cette plante s’appelle farratge reste contradictoire. 1
3. C’est à partir de l’Espagne que le farouch s’est répandu comme plante de fourrage dans tout le Midi et ensuite vers le Nord du pays. En 1795 farouch est attesté en français. Je dois vous renvoyer vers le livre de Pierre Joigneaux si vous voulez en savoir plus2 Voici un extrait concernant le farouch en Ariège:
Catalan:
farroig ‘fenc’ m BOT/AGR Fenc 1.
farratge « Blat de moro tallat abans de granar que hom dóna com a aliment al bestiar. » Le Diccionari catalan complète : « 1364; del ll. farrāgo, -agĭnis ‘grana per al bestiar’, der. de far, farris ‘blat’.
Fartalio (fartaille en fr.rég.) « menues herbes potagères »(déjà S ; Job). « vieilleries »(Andolfi).
Du latin fartalia (dérivé de fartum le part. passé du verbe farcire) attesté au VIe s. chez le médecin Anthimus, avec le sens « farce, hachis ».
Le mot, ainsi que les dérivés fartaiaire « marchand de jardinage »(Mistral) et fartaiá v.a.« cueillir et parer les herbages d’un potager, les préparer pour la vente », semblent être typiquement nîmois. Pourtant dans le dictionnaire de 8 langues de Junius, Hadrianus (1511-1575): Nomenclator octilinguis j’ai trouvé :
Fataire “chiffonnier”
Gargalhau, crida deforo:
« Pelharot, ferre vielh,
Pel de lebre, pel de lapin »
Rouquier2, p.10
vient du gotique et burgond fatt-. Il existe encore en néerlandais: vod « chiffon » et en allemand Fetze « chiffon » et le verbe fetzen « déchirer en chiffons » qui d’après le Dictionnaire des frères Grimm viennent d’un ancien fat. Le mot burgond se retrouve en franco-provençal fato « sac, pochette », en suisse-allemand et en alsacien fëtze. Espagnol hato « vêtements », et portugais fato , basque atu « bagages, meubles » appartiennent à la même famille..
Fataire et sa racine fato « chiffon, guenille ; linge à panser une plaie » (S) se trouve surtout dans une zone qui comprend le Gard, l’Ardèche et le Velay. A Manduel ‘lavette’ a été traduite avec fata (Thesoc). Le languedocien est particulièrement riche en dérivés : fatá v.a. « envelopper d’un linge ; étouper une futaille qui fuit » (S), fatéto « petit chiffon, pécule d’une femme » ; Nîmes esfata « défricher » ; esfataire « celui qui déchire ; défriche » Valleraugue defata v.a. « effacer ».
(Je suis le FEW qui maintient l’étymologie proposé par Brüch (Z 38,1917,p634), contre Corominas (2.888) qui propose une origine arabe.)
Fato, fata s.f. « chiffon », en français régional une fate « un bout de chiffon » (Manduel), . La fato cremado est la « mèche pour faire du feu avec le fusil. » La mèche tient lieu d’amadou et prend feu plus aisément d’après l’abbé de Sauvages. Plus d’informations dans Wikipedia dans le paragraphe Système de mise à feu
Pour l’étymologie voir l’article fataire.
Fatras « haillon » (S). Probablement un dérivé de fato, voir fataire. A cause de l’attestation tardive du mot français fatras au XIVe siècle seulement et du mot provençal et languedocien au XVIIIe , von Wartburg pense que l’occitan l’ a emprunté au français (FEW).
Vu le fort développement du mot et des dérivés de fato, en occitan, je pense qu’il s’agit plutôt d’un dérivé de celui-ci. Les mots expressifs en –as sont très nombreux en occitan et l’insertion du –r- peut s’expliquer par l’influence de mots comme pataras « sale ». Il est également possible que le -r- a été inséré par association avec des mots comme fatrassou « petite guenille ; petit marmouset ». Fatrassou vient de *fatelassou Occitan fatras a ensuite été prêté au français.
Afatrassir 1. v.tr. »rendre mou, lâche » 2.v.r. « s’avachir » (Mathon ; Alibert ) composé de ad + fatras ‘rendre comme un haillon’.
Alibert mentionne faterassa « chiffon; molène « . Connaissez-vous la molène? Cliquez sur le lien! La description « Ses feuilles sont épaisses et ovales, mais surtout laineuses au toucher » explique le nom. En Angleterre on en faisait des mèches de bougies et la plante s’appelle « candlewick plant »ou « flannel plant ».
Voir fato cremado ci-dessus s.v. fato.