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Asirar

Asirar, s’asirar « se mettre en colère, haïr; abandonner le nid » < *adirare « mettre en colère ».(FEW XXIV, 142b en français).

L’étymologie doit être le dérivé *adirare « courroucer, irriter » qui a été formé à partir du substantif ira « colère ». Nous en trouvons des représentants dans presque toutes les langues romanes : l’italien du 14e s. adirare « irriter », l’espagnol et le portugais airar « courroucer », l’ancien français (s’)airer « (se) mettre en colère » et l’ancien occitan azirar « haïr, se courroucer ». Le dictionnaire Panoccitan fournit les données suivantes : asir nom m. 1. haine nom f.; 2. aversion nom f.; asirable adj., asiradís, asiradís, asiradissa adj. haïssable; asirança nom f. haine; asirar verbe tr. 1. haïr; 2. prendre en aversion loc.
Toutes les significations qu’on trouve dans les parlers occitans et français  » haïne, aversion, violence, ardeur, dégoût  » etc. s’expliquent facilement à partir du sens « colère ».

D’après le Thesoc,  le verbe   aver asir dans les parlers des départements de la Hte-Vienne, de la Corrèze, Creuse et asir dans le  Puy de-Dôme ou prendre asir  dans la Creuse ont sauvegardé dans leur langue le sens « abandonner le nid en parlant des oiseaux »  qui témoigne d’une sagesse ancestrale.

Il m’a fait penser à l’époque où mes enfants étaient ados. « L’adolescence est une période d’éloignement et la colère ou l’ « ira », est un des éléments nécessaires pour provoquer cet écartement, cet éloignement. (d’après un des nombreux sites consacrés à la psychologie de l’adolescence, p.ex. celui-ci).

     asir

Sur le point d’asirar   

Badar

Badar « béer, bayer » bader en français régional, badailler, badetcher (Lhubac). L’étymon doit être un latin vulgaire batare « bayer, béer » (FEW I, 282 ), qui n’est pas attesté avant le VIIIe siècle. Déjà en ancien occitan badar signifie: « être ouvert, s’ouvrir; ouvrir la bouche; béer; regarder bouche béante » etc. Dans le Donatz proensal du XIIe siècle : badar = os aperire.

Vous pouvez consulter et télécharger en format pdf. la nouvelle version de l’article du FEW batare à cette adresse.  Voir aussi le riche développement de cette famille de mots en Italie décrite dans le LEI s.v. batare.

Badar  a eu un riche développement sémantique, souvent plus ou moins péjoratif.  Dans les arènes camarguaises un taureau peut bader les gens en contre piste ou sur les gradins : les regarder en se désintéressant des raseteurs. (Domergue).  A Nîmes badar « regarder », signifie aussi  « admirer ». Ma grand-mère disait :‟celui-là il bade tellement sa femme qu’elle le mène par le bout du nez”.  Dans la pétanque un  Jeu qui bade est un  jeu facile. V+ G+ C+ M+. Boule qui bade, boule facile à tirer.(Domergue, Avise, la pétanque!)

On a créé de nombreux dérivés, surtout des adjectifs,   avec le sens « fou, niais, sot »  badaul, baduel, badaluc, badarel, baduec. En ancien occitan: badoc  subst. est le  « fou » du jeu d’échecs.  (Raynouard) . D ‘après Mistral ma badino a un sens positif  « ma mignonne » en languedocien.

Dans l’Aveyron est attestée une jolie expression: un badobec « une parole ou une action qui jette dans l’étonnement ». Alibert donne les sens: « musard, badaud, nigaud, bâillon ».
Dérivé : abadalhar « ouvrir; faire bailler », en v.r. « se crevasser » (Alibert).

Anglais bay dans bay window a la même origine, comme français baie et néerlandais baai « petit golfe ». (Voir TLF). Anglais abeyance de l’ancien français abeance a pris le sens « propriété qui n’apparient à personne temporairement ».

Français badiner, badinage sont dérivés de badar  et empruntés au provençal badin « nigaud », adj. et subst. (Mistral). L’adjectif estseulement  attesté à la fin du XVIe s. (PANSIER, t. 3), dérivé du provençal badar « bayer » fin XIIe s.-début XIIIe s. . Le changement de sens au XVIIe s. s’explique par le fait que badin a été employé pour désigner le bouffon dans les comédies au XVe s. et au XVIe s., personnage qui fait le sot, par conséquent qui provoque un rire facile. Voir TLF qui donne comme « vieilli » le sens « Plaisanter, taquiner, amuser, tromper par jeu « , mais en Camargue badiner s signifie bien  « tromper »  (Domergue)
Badarela adj fem. « qui ne fait que bailler ou crier » d’après Alibert, « femme qui n’arrête pas de pleurnicher« , d’après Nicole de Rodilhan (30). Un dérivé de badar. Badarel est déjà attesté en ancien occitan avec le sens «  »badauderie ».

Anca

Anca s.f. « hanche; fesses ». J’étais étonné que l’informateur pour Manduel de l’Atlas linguistique avait traduit ‘fesse’ par anca qui normalement signifie « hanche », mais anca, anco « fesse » est assez fréquent en languedocien. Alibert donne aussi ce sens, ainsi que les dérivés ancal, ancada « fessée » (déja chez l’abbé de Sauvages : ancado), ancalhar « fesser; marcher avec peine » et l’adjectif anquier« qui joue des hanches » au figuré: « débauché »! A Montagnac on connaît le dicton :Tala testo, talas ancas. « Telle tête, telles fesses. »  ( ce qui signifie ??)

L’origine est le mot germanique *hanka « hanche », qu’on peut déduire d’un moyen néerlandais hanke et de l’allemand Hanke « hanche; croupe du cheval ». Le mot a été introduit en latin à une époque ancienne. Les étymologistes se sont demandés POURQUOI? puisque le latin avait le mot coxa pour désigner la « hanche ».

Ils ont trouvé l’explication suivante:

Dans la prononciation populaire  fimus « fumier ». était devenu femus, dans l’accusatif  femor et devenu homonyme de femor « cuisse ». Une phrase comme « Oh, euax, bella femora ! » pouvait signifier  » Oh la la, les belles cuisses » ou  » Oh la la, les jolis tas de fumier ». Dans certaines situations cela résultait dans une gifle. Pour l’éviter on se servait du mot coxa pour désigner aussi bien la hanche que la cuisse, mais ce n’était pas une solution satisfaisante dans d’autres situations. Or les soldats romains qui s’étaient battus contre les Germains distinguaient bien les blessures de la hanche de celles des cuisses et ils connaissaient le mot germanique hanka « hanche » qu’ils ont introduit  auprès des médecins et dans la langue populaire.


Les mots qui désignent les parties du corps n’ont pas toujours un sens bien précis, par exemple gorge dans soutien-gorge. Dans le TLF je trouve une vingtaine de synonymes pour « fesses » : derrière, fessier, cul, postérieur, croupe, etc. dont hanche. Par pudeur? en français peut-être, mais d’après le Thesoc c’est le mot courant dans les départements du Gard, de l’Hérault, de l’Aude et de l’Aveyron, avec quelques attestations ailleurs. Il faut noter que dans l’Aveyron et la Lozère on a maintenu le représentant de coxa ou s’agit-il d’un gallicisme ou l’utilisent-ils par pudeur?

Marélar

Marélar v. 1) « distribuer le brin de soie sur l’écheveau de la roue à ce qu’il y  fasse des losanges »(Alès). 2)« tromper au jeu ».  

La marélo est  « le petit caillou » dans le jeu de la marelle.  L’ évolution sémantique de marelar « jouer » à « tromper au jeu » se comprend facilement, non?.
Dans le jeu de marelles on fait des carreaux. C’est à partir de cela qu’on disait déjà au XVIIIe siècle à Alès se marrela « se diviser en losanges », maréla « vitrer » cf. auvergnat marrelatge « vitrage en losanges » et marelar « diviser en losanges » Alibert.  Ensuite le mot  s’est spécialisé dans le milieu de la sériciculture, de là  le sens 1).

Quand ce travail est mal fait marela prend le sens de « rayé, bigarré »

Au Moyen Âge le mot mereau désigne en français un  « jeton » ensuite,   au XVIIe s.  le « jeu de la marelle ».

Marélaire « fripon, trompeur ». Dérivé de maréla « tromper au jeu ».

Dérivé d’une racine marr- « caillou, roche » d’origine préromane, obscure. En provençal existe marro « tuf » ou « auge dans laquelle tourne la meule d’un moulin à huile » , et marrado « le contenu de cette auge ». Cf.  l’article marron.

Alandà

Alandá v.tr et r. « ouvrir en grand » est attesté des Cévennes gardoises jusqu’aux Pyrénées Orientales. (Thesoc). Avec le sens « brûler’ seulement dans les Cévennes gardoises. Le témoin de St-Hypolite du Fort a ajouté la remarque « brûler rapidement ». L’abbé de Sauvages (S1) donne alandà « étendu ». Dans la deuxième édition, il ajoute l’infinitif  alanda « ouvrir tout à fait une porte, une fenêtre, ouvrir les deux battants. Etaler une marchandise. Lâcher le troupeau. »  Alanda lou fio est « faire brûler le feu ». Ces dernières significations  ont échappé au FEW.

D’après le FEW il faut rattacher ce groupe de mots à un gotique *landa « gros bâton, barre ». A Ossau (Pyr.Atl.) est attesté lande « barre de fer servant à fixer un battant de porte » et dans le Val d’Azun (Htes-Pyr.) landèra « bâton recourbé pour tourner le lait du fromage ». Le sens « ouvrir en grand » s’explique facilement comme « enlever la barre des deux battants ». Pour « lâcher le troupeau » (S2) on le fait également.

« Etaler la marchandise »(S2) est imaginable, mais je ne comprenais pas par quelle évolution sémantique le verbe alanda a pu prendre le sens « brûler » dans les Cévennes.  C’est chez l’abbé de Sauvages que je trouve qu’ alanda lou fio signifie  « faire brûler le feu »  C’est une action que l’on fait avec un bâton ou une barre de fer.

C’est la même barre qu’on enlève pour ouvrir en grand une porte ou faire brûler le feu.

alanda loi fio

Alanda lou fio.                                             La lande tient une porte de garage.