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Bouf-

Boufadou, « soufflet rustique en sarbacane », dérivé de l’ancien occitan bufa « soufflet de forge ».  Un bouffadour  à Murat (Cantal) était un « canon de fusil avec lequel on allume le feu en soufflant dedans ». Un des nombreux représentants d’une onomatopée *bouf ou *pouf- qui désignent quelque chose de « gonflé », puis « souffler », aoc. bufar, bofar « souffler ». Bouffer, fr.rég. « souffler » dans l’expression « le vent n’arrête pas de bouffer. » (Mathon,2003).

Boufounados « facéties » dans le titre du livre du nîmois Roustan, Boufounados en vers patois ounté y a dé qué riré é dé qué ploura, Nîmes, Durand-Belle, 1829, fait partie de la même famille de mots, mais le sens a été emprunté à l’italien buffone comme le français bouffon.

En néerlandais existe le mot bof  « oreillons, maladie des enfants ». Le sens le plus ancien de bof est « coup, baffe » (ca.1350). Cf. EWN. Le résultat d’un coup est souvent que la partie du corps frappée *boffe « gonfle », sens attesté en moyen néerlandais. Mais à la fin du XIXe siècle l’évolution du sens a pris une tournure inattendue > « chance », et le verbe boffen « avoir de la chance » a été créé, probablement sous l’influence d’expressions een slag slaan comme français réussir un coup.

Boufarèou  « santon de la crèche, l’ange boufarèou » Ce dérivé de bouf est déjà attesté dans S. avec le sens « joufflu ». Dans la chanson des santons : « L’ange Boufareou qui sonne la trompette ».

Boufaire, « jeune lapin ». Le sens attesté est « grand mangeur », du verbe boufa « manger gloutonnement », dér. de l’onomatopée *bouf  « gonflé ».

Boufigue « ampoule dans les mains » . Dér. de *bouf-  En occitan le sens va de « petite enflure » jusqu’à « vessie ».

Boudéflà, bodiflar

Boudéflá, bodiflar « s’enfler ». L’abbé de Sauvages écrit que boudëfla signifie aussi « tourner = mûrir en parlant des figues uniquement ». Un emploi du verbe tourner qui doit être du français régional de l’époque.
Il connaît toute une série de mots qui font partie de la même famille *bod « gonflé, renflé, lippu »,  (voir boudego « cornemuse ») comme boudëna « crever d’embonpoint », Boudiflo, boudouflo « vessie urinaire d’un animal ».

Au pluriel boudouflos   sont « les cloches ou ampoules qui s’élèves sur l’eau par la chute des grosses gouttes de pluies ».  Avez-vous un nom pour ça? J’ai cherché des images sur internet des boudiflos ,  mais je n’en ai pas trouvé!  Peut-être parce que je n’en connais pas le nom.

Un boudoli « un nabot; un outre ou un bouc à huile »; boudougno « une loupe = une excroissance sur le bois; une bosse, enflure »; boudissou « terme d’injure: grosse et petite femme » ; boudoul « ventru ».

Bourre

Bourre « brun, couleur fauve », en languedocien bouré, bourélo « brun » et l’adjectif de l’Aveyron bourrèl « qui a des taches sur le museau » viennent du latin burrus « roux ». (Il y a peut-être un lien avec burra « laine » > boura « laine » en occitan.) A partir de cet adjectif on a formé des dérivés :

    Borret, bouret « (jeune) taureau » , languedocien bouréta « génisse », bourretaillo « troupe de taureaux », etc. Ensuite le mot a été utlisé pour d’autres animaux, qui avaient des poils roux ou bruns, comme le

    Borrec, borrega « agneau, brebis », prononcé bourek (voir Thesoc agneau) dans l’Ariège; les ¨Pyr.Atl. et les HtesPyr. et dans quelques endroits de l’Ardèche même à des « fourmis » bourola; je pense qu’il s’agit de fourmis rousses. D’après Mistral on appelle une « petite bécassine » une bouriolo, un mot que Littré a repris dans son dictionnaire bouriole.

              

Bòrda

Bòrda « bergerie, bergerie de montagne, chaumière, étable à cochons, remise agricole, ferme, métairien domaine agricole » (Alibert) est un mot d’origine germanique : bord « planche ». Ce sens existait encore en moyen français bort « planche d’une certaine grosseur ». (cf. DMF sous l’étymon bord). Bord est courant en néerlandais bord  « planche pour jouer, échiquier, damier, etc; assiette, panneau; tableau noir ». D’après l’EWN il s’agit d’un mot pré-germanique. Il est neutre dans toutes les langues germaniques et a été romanisé en bordus (> afr. bort) et en bordum pluriel borda.

Un bord aux Pays Bas

C’est surtout cette dernière forme, prise pour un féminin qui a survécu, comme francais borde « petite ferme ».  Voir le TLF qui ajoute cette remarque « Terme usité surtout dans la France du Sud-Ouest… » Depuis Clément Marot borde a pris le sens « maison de campagne ».

En languedocien le sens est plutôt « ferme, métairie », mais quand on va vers l’ouest la bordo devient « une bergerie, un étable à cochons, une grange, un parc à brebis ». Dans la même région c’est le dérivé bourdil, bourdiu qui désigne la métairie et le bourdiley le « métayer ». D’après le Thesoc il y les types: bordalièr, bordassièr, bordier, bordilhièr pour « métayer ».

  

bordas

borda

Le dérivé de bord le plus connu est le mot bordel « maison close », connu en galloroman de Liège jusqu’en Béarn et il a joyeusement passé toutes les frontières : allemand, anglais (par l’intermédiaire de l’italien bordello) espagnol, etc.

D’après Wikipedia  existe une étymologie populaire amusante : « mot venu dit-on du Moyen Âge lorsque Saint Louis cachait des « femmes de petite vertu » (surnommées les bordelières) au bord de la Seine dans des maisons appelées bordeaux (bord d’eau). »

Mais attention à Nancy un bordel est « un lavoir public avec un petit abri », en Lozère un bourdel « un petit tas de fumier sur le champ », et à Ytrac dans le Cantal « un petit tas de foin »;  le verbe debourdelà y signifie  « défaire les tas de foin ».

A Vauvert d’après Google maps, Le Bordel, 30600 Vauvert, Gard, Languedoc-Roussillon,  se trouve en plein champ.

 Bourdic  est un village et  une bonne cave dans le Gard.

Bugne, bonha

Bonha « bigne, bosse, enflure; souche d’arbuste; maladie du maïs; écrouelles » (Alibert), en français régional : baigne, bugne; bugner « toucher, heurter »(Andolfi), bougne « griffe, coup »(Lhubac).

Ancien français bigne, bugne signifie « bosse à la tête provenant d’un coup »  et de là, en prenant la cause pour l’effet : « gifle », représente un celtique ( ?) *bunia « souche d’arbre ». Languedocien bougno  et bougnas, bonhas « vieux tronc d’arbre ; petite souche » ;  bougneto « petite souche ». (S.).  L’évolution des sens a dû être « nœud d’arbre » > « bosse » > « coup ».
Pour l’ informateur ardéchois de Gravières de lAtlas linguistique la bugno est carrément « la tête ». Est-ce que la violence y règne?

Probablement de la même famille sont français beigne, italien bugna « bosse » et le catalan bony.  Anglais bunion « Callosité qui se forme au niveau des articulations du pied, en particulier à la naissance du gros orteil ». Peut-être même le néerlandais bonje  « bagarre ».
Un rustre ne connaît que la force de ses poings, de là bougnat « paysan rustre, grossier ». (And.). Bougno « tache » et bougneto « petite tache » sont  peut-être  dérivés de l’aspect d’une  « bosse » après un certain délai…
Par contre quand un Lyonnais vous donne une bugne, c’est un geste d’amitié! D’après le grand nombre de visites le 24 février 09, une patisserie pour le Mardi Gras . Pour une recette cliquez ici !

Est-ce que l’argot lyonnais bigne « prison », et bignolle « agent de sûreté » argot français bignole « concierge » appartiennent à la même famille?? (FEW XXIII, 129b)

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