Didoulo
Didoulo « jujube ».
En occitan nous trouvons au moins 11 formes pour « jujube »: 1) jousibo (St.Pons) 2) gijoula (Nice) 3) tchitchoulo (Marseille, Aix) 4) chichourla (Bouche du Rhône, Barcelonette) 5) dzindzourlo (région de Montélimar) 6) chinchourlo (région de Loriol) 7) guindoula (Montpellier) 8) Dindoulo (Marseille,Nîmes, Alès) 9) didoule (Nimes) 10) guindoulo (Pézenas, Ardèche) 11)guindola (Biterrois d’après Alibert). Dans la Pharmacie du maître apothicaire Jean Andrieu à Tarascon se trouvaient en 1529 : tres quarteyron de jujinbarum en latin tarasconais.(Revue des Langues Romanes 43(1900) p.30.
L’origine de ces formes, ainsi que du français jujube , emprunté à l’occitan, (puisque l’arbre est méditerranéen) est le mot grec dzidzuphon, emprunté par le latin comme ziziphus, et par dissimilation zizupus . Dans un texte du 3e ou 4e siècle, l’Appendix probi genre « dites ne dites pas » , nous trouvons : zizipu non zizups.
Au cours des siècles le mot a subi toutes sortes de déformations pour aboutir à cette variété de formes dans l’occitan.. En ce qui concerne les formes occitanes avec -nd-, von Wartburgpense à une influence du mot guindoul « grosse cerise, guigne » à cause de la ressemblance des deux fruits. En effet d’après Alibert languedocien guindola a les deux significations.
Dans http://www.marseillais.org/dico98.html: est mentionné
Chichourle. Très répandu, ce nom masculin désigne une « bosse », ou le « sexe de la femme ». L’affectif et le sexuel dominent, en particulier en composition avec l’expression fan de chichourle (chichoune). La chichourle est une sorte de jujube peu charnue, fruit sec aux vertus curatives de la dimension d’une olive que l’on achète principalement en cornets chez des marchands ambulants. Sa forme, sa petitesse le désignent comme un attribut sexuel féminin : « -Amuse-toi bien chichourle et quand tu vois les nègres, tu fais le détour pour qu’ils te mangent pas ! » (CAU). Plus rarement, le mot est pris pour « gifle » : « -Un vrai distributeur de chichourles, la porte tournante de l’hôtel » (Or.).
L’évolution sémantique « jujube » > « bosse » se comprend facilement quand on regarde l’image du fruit ci-dessus : « bosse »> « gifle » est la cause pour l’effet. L’évolution sémantique de « jujube » > « sexe de la femme » est analogue à celle de berlingot « sexe de la femme ».
Notamment à Barcelonette est attesté au figuré chichourle » personne qui ne sait jamais prendre un parti », comme à Marseille « jeune fille écervelée » un sens qui se retrouve en picard (!) « individu un peu niais ».
Mistral : chichourle, chinchourle « bruant jaune » et il renvoie vers chi-jaune. L’élément chi- dans ce mot est d’après lui une onomatopée du cri des certains oiseaux. De là une confusion avec l’ortolan? Dans l’expression enfant de chichourle, chichourle signifie « »chiche, ladre » et fait partie du groupe « jujube ».
Pour le sens « jujube » il renvoie vers son article ginjoulo dans lequel il donne une dizaine de formes (voir ci-dessus). Il reprend l’expression enfant de chichourle « chiche, avare ». En italien giuggiola « jujube » signifie au figuré « sans valeur, sans importance ». Catalan gínjol « jujube », et l’expression més content que un gínjol « plus content qu’un jujube » = très content. Les formes avec un -n- sont peut-être dues à une influence du catalan ou de l’italien.
D’après Mistral il y avait à Nîmes la Fiero di ginjourlo « la foire aux jujubes à Nîmes, à la St-Michel » (le 29 sept.). Georges Mathon, l’historien de Nîmes, décrit cette foire très ancienne dans son site!
Le tout est assez confus. Je pense qu’on a utilisé le mot pour sa jolie consonance, sans savoir ce que cela voulait dire. Quand on reçoit une « gifle » d’une porte tournante, ca fait chi-chou!