cat-right

Feda

Feda « brebis ».

Le latin avait un substantif fetus ou fœtus « enfantement » et un adjectif fetus « ensemencé, plein, gros ». Au féminin feta a pris le sens « qui a accouché » et substantivé « mère ». Ce sens s’est conservé en gascon hedo « femme qui vient d’accoucher », comme en italien feta et fetare « accoucher ». Feta a pris le sens spécifique de brebis déjà en latin; sens qui s’est maintenu en occitan, franco-provençal et dans certains patois en Italie.

Après le Moyen Age feta a été remplacé par les représentants de vervex (> brebis) dans le Nord-Est du galloroman. Pour les différends noms de la brebis en occitan voir le Thesocs.v. brebis

Uniquement en galloroman nous trouvons dérivé feto, fetonem avec le sens « petit d’un animal » faon en ancien français, sens qui se restreint à « petit de la biche » au XVe siècle (1re att. 1360 DMF). De là anglais fawn avec lez même sens. En occitan nous trouvons fedon, fedou(n) « poulain » mais aussi « agneau » et le verbe fedouna « mettre bas en parlant des juments et des ânesses ».

            

               

Fartalio fartaille

Fartalio (fartaille en  fr.rég.) « menues herbes potagères »(déjà S ; Job). « vieilleries »(Andolfi).

  à Bruxelles

Du latin fartalia (dérivé de fartum le part. passé du verbe farcire) attesté au VIe s. chez le médecin Anthimus, avec le sens « farce, hachis ».

Le mot, ainsi que les dérivés fartaiaire « marchand de jardinage »(Mistral) et fartaiá v.a.« cueillir et parer les herbages d’un potager, les préparer pour la vente », semblent être typiquement nîmois. Pourtant dans le dictionnaire de 8 langues de Junius, Hadrianus (1511-1575): Nomenclator octilinguis j’ai trouvé :

mais je connais pas l’origine de cette traduction en grec.

Farda

Farda « habits, linge, hardes, robes » représente le mot arabe farda «balle de marchandise » ou plus précisément « la moitié de la charge d’une bête de somme ».

una mummia del Perù ancora avvolta nel fardo; circa XII sec.

esp., pg. fardo « paquet de marchandises »,

Italien fardo, cat. farda « ensemble de choses inutiles » et « paquet de nourriture pour un voyage d’une journée », comme à Pézenas fardo  « besace dans laquelle les journaliers portent leurs provisions de bouche ».  Dans le Tarn fardel « paquet  de tripes »  et en Rouergue a la fardoulho « en désordre, à la hâte » (M).

D’après le FEW le mot aoc. fardel « paquet », comme français fardeau 1, ont été empruntés à l’italien ou directement à l’arabe comme terme technique de commerce. Ensuite on a créé une ‘racine’  *farda  avec les mêmes sens. Le mot arabe farda signifie aussi « étoffe, habits »  car, quand on voyage le ballot  ne contient souvent que des habits. De là languedocien fardo « vêtements, hardes », Alès fardos « trousseau de la nouvelle mariée » (S), et des dérivés comme languedocien. fardetos « layette d’enfant », fardá « habiller, équiper, ajuster » Aveyron fardasses « chiffons ».

les anges boutis font partie des  fardos  à Alès.

La répartition géographique du  type farde « étoffe » est limité au gascon et languedocien.

Fargasse s.m. « homme négligé ». Dérivé de farda avec un –g- sous l’influence de quel autre mot ?

Petite excursion :

Au XVIe s. les soldats gascons ont introduit le mot farda dans le français de Paris  avec leur prononciation à eux : h- au lieu de f- : hardes et cette forme s’est répandue de la capitale vers les provinces du nord principalement. Le sens péjoratif  du mot  hardes qui au XVIe s. signifiait «  bagage, vêtements, linge et coffre d’une personne »,  n’est attesté que depuis 1771. Le dictionnaire de l’Académie de 1762 parle encore de « belles hardes » ! De nos jours c’est un terme historique comme dans « les hardes et uniformes de matelots ». Voir TLF.

  1. Les mots farde, fardeau et le verbe farder en français, ont la même origine; voir le TLF

Farandoulo

Farandoulo « farandole » est passée dans  le Dictionnaire de l’Académie depuis 1835 (TLF) . Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle.

L’étymologie d’après le TLF, qui suit le FEW , est  » incertaine; peut-être altération du provençal barandello, brandello « farandole »  un dérivé de branda « remuer, branler », de même origine que brandir*, sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina « cajoler », flandrina « lambiner », flandrin « fainéant » 1

Je ne suis pas très convaincu par cette étymologie et ceci  d’autant plus que b(a)randello est définie comme une « farandole languedocienne »! Voir aussi mon article brandado.

Hector Rivoire Statistique du département du Gard, Tome premier, Nîmes, 1842, p.343 cette danse est décrite ainsi:

Dans un très petit nombre de communes des arrondissemens de Nimes et d Uzès et en traversant les cantons de St Quentin d Uzès de Montaren de Blauzac et de Lussan toute la musique se compose d un hautbois et d un très petit tambour qui sert d accompagnement Dans quelques unes de ces localités la danse y est appelée branle ou baran delle C est une sorte de valse russe extrêmement précipitée dans laquelle on tourne continuellement sur un même plan »

 

une  farandoles (en bas de l’image)

Catalan : farandola « Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya ».

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  1. FEW t. 15, 1, p. 252, note 14 et t. 15, 2, p. 136b; v. aussi Coromines.

Vueg, void, vog

Vueg, vueja « vide », void, voida, vog, voja;  vuejar « vider ». Etymologie: *vocitus « vide ». Pourquoi cette étoile * ? Parce que vocitus n’est attesté qu’au IIIe ou IVe siècle dans l’Itala, une traduction de la Bible en latin, antérieure à la Vulgate. Vocitus se trouve aussi dans des graffiti de la même époque. Ces graffiti sont très intéressants pour les historiens de la langue. Jetez un coup d’oeil sur les Graffiti de Pompeï dans ce site.

admiror o paries te non cecidisse ruinis qui tot scriptorum taedia sustineas (CIL 4, 1904, 2461 et 2487)

(Mur, je suis surpris que tu ne te sois pas effondré sous le poids des bêtises de tous ceux qui ont écrit sur toi.)

Cela montre une fois de plus que les langues romanes viennent du latin parlé. Le latin littéraire avait les mots vacuus, vacare « vider », mais dans des dérivés avec l’accent sur l’avant-derrière syllabe comme vacivus, le -a- était déjà passé à -o- au temps de Plaute (254 avant J.-C.) : vociva. 

En ancien occitan vocitus était devenu vuech, vuechia (XIIe s.), et la majorité des parlers occitans ont gardé la diphtongue; tandis que l’ancien français vuit, vuide a été simplifié en vide et le verbe en vider, le v- ayant absorbé le -u- suivant. (Bourciez).