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Gamas ‘cépée, taillis’

Gamas, gamasses « taillis, cépée, jeune chêne, broussailles ».

gamasses

Dans   la Troisième partie. La Terre. de Les campagnes du Lauragais à la fin du Moyen Âge,   Marie-Claude Marandet  a relevé un grand nombre de mots pour « jachère », dont

 Gamaduro : cépée, rejetons, taillis (F. Mistral);  gamasses : rejetons qui poussent au pied des arbres dans les taillis, broussailles (F. Mistral) ; gamassado : taillis, bois taillis (F. Mistral) ; gamasso : chêneau, jeune chêne, taillis (F. Mistral)

Il est bien possible que dans les documents du  Lauragais le mot gamaduro est utilisé avec le  sens « cépée, taillis », mais pour Mistral gamaduro  signifie  » langueur »; il renvoie d’ailleurs vers son article gamaduro que je reproduis ci-dessous1 . Pour lui gamas avec le sens « cépée, etc » est  limité au Rouergue, le pluriel gamasses est languedocien.

gamasMistral          GamaduroMistral

Mistral a mis les deux sens « maladie » et « taillis » dans le même article. D’après le FEW il s’agit de homonymes.

Dans le FEW XXI, 63  nous trouvons plusieurs attestations de gamas, gamasso avec le sens « taillis, cépée, buisson » à Castillon-en-Couserans (Ariège), dans le Lot et à St-Chely-d’Apcher.  Dans l’Aveyron  le « chêne » s’appelle aussi gomasso.  Il s’agit d’une famille de mots d’origine inconnue pour le moment. Le spécialiste de l’indo-européen J.Hubschmid a publié un article sur gamasso, dans lequel il propose une racine préromane *gam- comme nom de plantes avec des tiges très longues, des rejetons etc.

Hélas, ce volume de la revue n’est pas encore dans le domaine public. L’année prochaine peut-être.  La rareté des attestations et leur répartition géographique suggère un manque d’informations, la preuve:

Toponymie

Gamassado « taillis » est aussi un toponyme en Provence et  Gamasso « jeune chêne, bois taillis » également, avec la variante gamassa en Aveyron. (Pégorier). Ces toponymes  (à vérifier !) prouvent que l’extension géographique a été plus importante que ne montrent les données des dictionaires; Le FEW fournit un nom de lieu dans le département du Lot La Gamasse « terre maigre avec des plantes rabougries ».

Gamaduro ou bamadouro en Rouergue fait partie d’une autre famille de mots, très répandue en occitan. J’y reviendrai dans un autre article.

 

  1. J’ai posé la question à Mme Marandet et elle m’a confirmé  » ce terme ne peut, dans le type de document que j’utilise, que correspondre à une formation de type taillis », mais elle ne m’a pas fait parvenir la source.

pancossier ‘boulanger;revendeur de pain&rsqu...

Pancossier « boulanger ». Etymologie panis « pain » + coquere « cuire ». Pancossier est attesté dans la région de Toulouse et en gascon depuis le XIVe-XVe siècle.  En languedocien pangoussie signifie  « revendeur de pain » et pas « boulanger ».  (Mistral). FEW VII, 550b

Il me semblait que marchand ou revendeur de pain était une activité récente, genre « pain show », où on n’achète le pain qu’en cas de besoin extrême.  En bas-limousin on a créé un verbe pongoussa « manier maladroitement, faire quelque chose sans goût et sans adresse ». Le pongoussié n’y avait pas une bonne renommée, comme le painchaud moderne.

p.257 du Bulletin de la Société Ariégeoise des sciences, lettres et arts. Vol. IV(1891) pp.253 ss;   Coutumes municipales de Seix en Couserans, confirmées par Philippe le Hardi. Copie datant de 1669.  Publié par F.Pasquier. En ligne sur Gallica.

pancossier

« Les boulangers gagneront  4 deniers au coûts  du froment, s’ils en tirent davantage, ils donnent 20 deniers d’amende et le pain est confisqué, selon le dit de la cour. »

(Costier « coûts » est absent du FEW)

Paratge ‘égalité’

Paratge

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Arrêt sur images. Dans la chronique de ce matin intitulé Les migrants, les crêpes et le routier, il y a le commentaire que voici:

Ah, ce droit d’asile! Ce lieu inviolable ou une personne en danger trouve refuge…ce lieu qu’on ne peut piller, inverstir, pénétrer

Ce paratge cher aux Occitans,  » Le Paratge, ce terme intraduisible littéralement dans d’autres langues, était à la fois le sens de l’honneur, l’amour courtois, le respect de soi et de l’autre, quel que soit son sexe, sa race, sa religion ou son origine sociale, ainsi que la négation de la loi du plus fort. »

L’étymologie de paratge  est le latin pār « égal, pareil, convenable, juste » > pair en français.

Bernart de Ventadour :

paratge_Rayn

Le sens le plus courant de parage/ paratge en français et en occitan est  » extraction, noblesse, haute naissance ». Comme terme juridique paratge signifie : « égalité de conditions entre aîné et  puinés, malgré l’inégalité du partage de l’héritage ».

 

 

grazaou ‘auge’

Grazaou « auge de bois » elle se fait d’une pièce de bois creusée dans la longueur en forme de canal, telle que l’auge des maçons. (Sauvages, 1756). Alibert veut qu’on écrive grasal, Mistral grasau.

Etymologie : latin crātis « panier tressé » FEW II, 1293 colonne b, où vous trouverez les différentes significations et formes dans les parlers occitans, à partir de Rochemolles, (Piemont en Italie) jusqu’en poitevin.  Grazaou fait partie du groupe de mots qui viennent d’un dérivé du latin tardif gradalis attesté au VIIIe s., XIe s.  d’après le CNRTL,  et qui a donné graal en ancien français. Voir Wikipedia  à propos du Graal.

Grazalé « une petite auge » et uno grazalado « une auge pleine de mortier, plâtre etc.  »

En vallée d’Aoste  une grolla  est une coupe de l’amitié, dans laquelle on verse du cafe corretto qu’on partage.  C’est la fête!

grolla2   grolla1

cafe avec le  corretto à part

cafe avec le corretto à part

gusard ‘vaurien’

Dans la description de la Révolution française telle qu’elle s’est produite à Mirepoix En 1791, en Ariège, on se traitait communément de cacaracà, Christine Belcicowski  écrit:

A Pamiers, on faisait alternativement la chasse aux prêtres réfractaires et aux prêtres constitutionnels, on commettait des abominations à l’église du Camp, on portait des charognes dans l’église des Carmes, on se traitait communément « de gusard 6 et de jean foutre, de pouf 7 et de cacaracà » 89.

Note 6 : Gusard « fripon » en occitan.

L’étymologie est selon le FEW XVI,98 le moyen néerlandais guit  prononcé [gœüt] « vaurien ». Gueux a  fait l’aller – retour entre la République des Pays Bas et le Royaume France, gueux, gueuse m. et f. « vil mendiant, vil personnage » attesté depuis 1452, gus « gueux » à Marseille,  en languedocien et en Bigorre. Le dérivé gusard, guzard « gueux, scélérat, canaille » est attesté dans plusieurs parlers, dont le normand, le dauphinois et le gascon.

Le 6 avril 1566 les nobles hollandais ont adopté le nom geus    comme nom d’honneur  pour exprimer leur indignation d’être abaissés à l’état de mendiants par le régime espagnol, en criant Vive les gueus.  Une ébauche concernant la Révolte des gueux en Hollande se trouve dans Wikipedia.

les Gueux

les Gueux en 1572