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Trast

Trast « soupente, galetas » du latin transtrum « poutre transversale », sens conservé en wallon.

En Occitanie c’est ce qui se trouve au dessus des poutres : le grenier, et ce qui  intéresse  les chineurs « les vieux objets, les vieux meubles, les guenilles,etc. » qu’on descend vers les  vide-greniers. Une relation de contenant > contenu.

Trastes est le plus souvent au pluriel!  Dans le Tarn on traite des « personne chétives » aussi de trastes.

       

Le mot a existé en ancien français, mais a dû céder la place à tréteau. Le catalan l’a également conservé: traste « meuble, ustensile de cuisine » et espagnol trasto « chose inutile ». Anglais transom « linteau », ancien anglais « poutre », breton treûts, trest.

Tibla, tribla

Tibla, tiblo, tribla « truelle »; tiblado « truellée ». L’abbé de Sauvages (S1) ajoute

« en style bas une tapée, donne-moi une bonne tapée de soupe. »

Tibla   est attestée en truelle Arles St_Blaiseprovençal depuis le XVe siècle seulement. mais comme  il y a encore beaucoup de documents à dépouiller, nous pouvons espérer des datations bien antérieures.

D’après le FEW tibla représente le mot grec tryble, τ ρ υ β λ η « écuelle, plat ». La forme, plus spécialement le -i-,  et l’extension géographique, provençal, languedocien et auvergnat, indiquent qu’il s’agit d’un des mots qui ont rayonné à partir de Marseille.

Beaucoup de mots techniques  nous ont été légués directement par les ancêtres helléniques des Marseillais et non pas par l »entremise des Romains. Les Grecs  ont apporté pas mal de techniques notamment dans le domaine de  la viticulture, cf. empeutar, et de la construction, cf. androune. Voir aussi le l’article petas, pedas une histoire de Grecs et de Romains. Si vous jetez un coup d’œil sur mon Index Etyma, vous verrez qu’il y a toute une série de mots occitans qui viennent directement du grec, sans passer par le latin.

Il n’est pas toujours facile de déterminer l’origine d’un étymon, grec ou latin, parce que les Romains étaient friands de mots grecs, un peu comme nous adoptons  des mots anglais, ou comme faisaient les Anglais qui empruntaient  des mots français depuis la Bataille de Hastings,1066 jusqu’au XXe siècle; cf. l’Index anglais.

Pontet

Pontet a les mêmes sens qu’  en français pontet qui l’a d’ailleurs emprunté à l’occitan.

Caractéristiques pour  notre région sont  les pontets dans certaines bastides qui « enjambent les carrerots, le plus souvent au croisement d’une rue plus grande c’est à dire d’une carreyra (rue charretière) ou d’une rue secondaire. Cette excroissance privée (le pontet) sur domaine publique (le carrerot) permet, le plus fréquemment, l’adjonction d’une pièce supplémentaire à l’une des maisons « porteuse ». (Site extra-ordinaire dédié aux bastides).

Pontet (XIIIe s.) est dérivé de pons « pont ». Les rares attestations dans le FEW avec des sens qui ont un rapport avec l’architecture, viennent de la Suisse alpine. e qui s’explique par le fait que le terrain constructible est rare en montagne. Peut-être que l’idée de faire des pontetes vient des montagnards. Un sujet d’histoire à approfondir.

La photo vient du site dédié aux Bastides.

Question: Y a-t-il un pontet  à Le Pontet?

Plan

Plan s.m. « surface plate », adj. « bon, bien; lisse, plat « . Etymologie :  latin planus « plat, uni ».

En langue d’oïl il y a eu confusion entre les représentants de planus  devenu [plain] et  plenus [plein] avec une prononciation identique. (Cf. le mot  néerlandais plein  « place ».)  Cela ne  s’est pas produit en occitan plan<mais > plen.

Les expressions citées par Alibert planponh « une poignée de main pleine » et plan-cant « plein chant » sont donc des emprunts au français. D’autre part l’adjectif plan n’est attesté en français que depuis 1520 et pourrait être un emprunt à l’occitan et non pas au  latin comme prétend le TLF. qui écrit  que l’expression plan-plan « doucement » vient du provençal, où plan « doucement » est attesté depuis la 2e moitié du XIIIe siècle, dans le roman Flamenca.

Dans le  Compoix de Valleraugue est mentionné un  plan cayriel. Je pense que cela veut dire : « un plan  « surface plate » où peut passer une charrette » un  cayriel,   dérivé de carrus « voiture » emprunté par le latin au gaulois. J’ai l’impression que le scribe a voulu franciser le mot (déjà ancien) occitan (camin ou pon) carral « praticable aux voitures ».  Comparez aussi ancien occitan Planil, planayo, planoulet « petit terrain plat ».

Une autre possibilité : cayriel = cairel  « un plat pavé » d’après Alibert. Dans ce cas l’étymon est latin vulgaire *quadrellus « carreau ». Voir Carrel.

Passièra, pansièire

Passièra « barrage de rivière, digue; chaussée d’un moulin; écluse, réservoir à poissons; (meule de moulin à huile , Cévennes ?) » (Alibert). Pansieire à Valleraugue (Gard) est  attesté en 2013 par mon petit-fils Aymerik, originaire du village. Voici une photo de la pansiere du pre du Rouve à Taleyrac,Valleraugue:

Etymologie: le latin paxillus « échalas » est devenu paxellus  et  paxillus.  Paxellus, un dérivé de palus « pieu »,  est conservé en  ancien français paisseau « échalas », en occitan paissel, à Alès pansel, mais pas en provençal, en tout cas je ne l’ai pas trouvé dans le Trésor de Mistral.  Paisieyre est la forme du Compoix de Valleraugue.

Quand on met une série d’échalas les uns contre les autres dans une rivière, on obtient une paxaria > paisièra « petit barrage dans un cours d’eau » attestée en occitan depuis le XIIe siècle.   Le sens précis s’adapte bien sûr au terrain, tantôt un petit barrage, tantôt un canal d’arrosage, une digue etc.

Une paisieyre à Valleraugue

Il y a quelques attestations en occitan de pax avec un troisième suffixe : + one > paison « pieu, poteau », comme béarnais paxou « piquet ».