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Pichon, pitchoun

Pichon, pitchoun et pichouline « petit » viennent d’ une racine pitch- dont nous trouvons des représentants en occitan, en franco-provençal et plus au nord jusqu’en franc-comtois et dans l’Ouest jusqu’au Nord de la Loire. En dehors du galloroman  nous le retrouvons  dans les parlers italiens, par exemple le ligure pchitu, jusqu’en serbo-croate et en albanais.(Z 15, 112;Z 54,488).

Une variante se trouve déjà au Ier siècle chez Martial pisinnus qui s’en sert avec le sens « garçon ». Les formes avec –i-,   pitch , sont beaucoup plus fréquents que les formes avec –e- petch-, pech-.

Le dérivé le plus connu à Manduel est La Pitchouline, le bulletin de communication de la mairie. Ailleurs c’est une « variété d’olive, bonne pour être confite » En marseillais la pichoulino a un bout pointu et on la mange marinée. Elle est mentionnée comme olive picholine dans le dictionnaire de l’Académie de 1835, le  masculin  picholin désigne l’arbre.  A Bayonne un pitchoun est un « gagne-petit, rétameur ».

La picholine : Originaire de Collias, petit village gardois, c’est la principale variété française d’olives vertes mais c’est lorsqu’elle est bien noire et pleine d’huile qu’on la ramasse pour en faire la fameuse huile d’olive Picholine. Huile de si bonne qualité qu’elle est en passe d’obtenir l’appellation d’origine contrôlée.

Pisar

Pisar « battre les chataignes » du latin *pinsare « broyer »‘.

Autrefois on frappait des sacs revêtus d’une peau de mouton et remplis de chataignes sur un billot. Dans une page d’images  du Musée des vallées cévenoles il y a un dessin de l’utilisation  d’un  sà pisadou. En languedocien appelés des sa pizadou  ou pisador,   dérivé d’un verbe *pinsiare « piler, broyer », devenu  pizar en ancien provençal, qui a donné dans le Gard et en Ardèche  pisár avec une spécification du sens « décortiquer les châtaignes en les battant ».

Un pizaire devient ainsi « celui qui décortique les châtaignes ».

A la même famille de mots appartiennent  piza « auge en pierre à huile », attesté dans le Gard au XIVe siècle, piso « auge ; lavoir » (Alès) et pisouót « petite auge pour la volaille »(Aveyron).

Français piser « battre la terre » est emprunté au lyonnais à l’époque de Voltaire. Nous constatons de nouveau que les mots s’adaptent aux besoins des locuteurs.

Une description intéressante dans Le-Musee-des-vallees-cevenoles  à Saint-Jean-du-Gard.

Pastenaga

Pastenaga « carotte ».  En ancien occitan comme en occitan moderne pastenaga signifie «carotte»; le mot a été emprunté au latin pastinaca « panais, carotte ». Cf. Wikipedia panais  « pastinaca sativa ». (FEW t.7, p.756a)

Le mot gallo-roman s’est répandu dans toute l’Europe sous des formes plus ou moins savantes, p.ex. néerlandais pastinaak, pastenaak, allemand Pastenach.

Panis

Panis s.m.« setaria italica »  est une sorte de millet, qui n’a rien de commun avec le « pois chiche » (voir panisse).

        
panis
setaria italica                                                            panis-setaire

Ce panis-ci vient du latin panicium « sorte de millet », une forme secondaire de panicum. La première attestation en occitan date de 1100. Le -s final est toujours présent dans les formes occitanes. En occitan a été formé un dérivé féminin panissa toujours avec le sens « sorte de millet », et panisset « sétaire verte ».

Panicium est aussi à l’origine des mots du Nord de l’Italie, comme piémontais panis et de la péninsule ibérique, catalan panis, espagnol panizo, portugais paínzo.   En provençal a été formé un dérivé féminin panisso « sorte de millet » , panissa à Nice, panisso dans la Vaucluse, (Mistral), à Marseille (Avril), et à Aix (Pellas), toujours avec le sens »millet ». Piemontais paniss  « millet ». La forme féminine panissa se trouve aussi ailleurs, par exemple à Vic(h) en Catalogne où elle a pris le sens de « maïs ».

Latin panicum est à l’origine du français panis, panic (voir TLF) ou dans des parlers locaux panil, pané « sorte de millet », et a été emprunté par des langues germaniques: anglais pan(n)ick, néerlandais panik.

Guinsal, guissal

Guinsal, guissal « hart, corde, lien; corde de pendu »  a un lien étymologique avec guindre. Dans le site Panoccitan, sont mentionnés : guinsa nom f. » mèche de cheveux » loc ; guinsal nom m. « hart » nom f. et guinsalh nom m. guinsal. Il s’agit d’un groupe de mots dont les attestations sont très rares. La première vient de Giraut de Bornelh (c. 1138 – 1215) ginsaill « laisse pour conduire les animaux ». Louis Rouquier de Puisserguier (début XXe s.) utilise le mot guissal avec le sens « hart ou corde de pendu »; à Toulouse c’est le guinsal. D’autres attestations viennent du Béarn guissalh « hart, corde, guenille; petit serpent ».

D’après le FEW c’est un représentant du gotique *windseil « laisse ». Le verbe winden « se tortiller, serpenter; envelopper en tournant une corde, une bande de tissu  » est très répandu dans les langues germaniques. Je ne crois pas qu’il est nécessaire de supposer le composé windan « tortiller » + seil « corde », puisqu’un un dérivé windsel « bande de tissu pour envelopper ou lier » est un dérivé courant en néerlandais en tout cas. En moyen français existaient des emprunts au néerlandais comme windelingue avec une significations très proche. (Voir DMF). Néerlandais windeling a le même sens et est attesté depuis le Moyen Age.

Je suis étonné d’autre part que personne n’a suggéré à ce que je sache, qu’il y a peut-être un lien avec les mots issus de vinculum et *vinciculum qui existent dans la même région avec la même signification « lien ». Voir vencilh.

Je ne sais si guinsa « mèche de cheveux » appartient à la même famille de mots.