cat-right
Recent Comments
Random Articles
Capitar Capitar, capiter « réussir »(Lhubac); en français régional également...
Majofa, amaousso Majofa, majossa, majofra « fraise (des bois) », majoufièr « fraisier »...
Drouya "bardane"... Drouya « bardane, herbe aux teigneux, oreille de géant ».  Rolland FloreVII,...
Galavar "gourmand&qu... Galavar  « gourmand (& non groumand), glouton, goulu; tous les trois...
Loubar "scier un arb... Louba, loubar « scier un arbre de travers; carder la laine avec la machine...
Abrivar Abrivar, ou s’abriva signifie  « se hâter, (s’) élancer ».  Ce...

Pompilh "mollet" et l'anglais "...

Share

Pompilh « mollet »  vient du  latin pulpa « partie charnue du corps des animaux, sans graisse et sans os »  et  par extension « partie tendre de quelque chose, e.a. mie de pain ».

Le sens de pulpe « partie charnue du corps » a été admis par l’Académie Française de 1694 jusqu’à 1878 comme « terme didactique » pour la langue française , mais il n’est vraiment vivant que dans les parlers occitans (poupo) et franco-provençaux (porpa, pourpa), comme ses dérivés poupu, paoupu « potelé ».

A Marseille un poupas est « un morceau de viande de mouton » mais à la montagne, à Barcelonnette un poupas de terre de la »terre trempée par les eaux ».

Le franco-provençal et l’occitan ont gardé poulpe avec le sens « mollet », sens  qui doit avoir existé en latin parlé, parce qu’on le trouve dans toutes les langues romanes, (italien polpa, catalan, portugais polpa « pulpe ») et le mot officiel du latin sura a disparu1.
En occitan comme en franco-provençal2 ce sont des dérivés qui gardent cette signification : Genève porpü, en Savoie porpé, porpet, à Trièves (Isère) pourpi, porpil (SchookT), et dans les Alpes-Maritimes pourpon.  L’italien a un autre dérivé polpaccio « mollet » attesté depuis  1385.

En languedocien on a inséré un -m- : poumpil sous l’influence de la famille pomp- qui dans la même région désigne des « galettes, des gâteaux ronds ». (Nous ne pouvons pas supposer que les Languedociens sont des cannibales, même si, parfois il y a des pompilhs tentants). A Castres pounpilhat se dit de quelqu’un « qui a de gros mollets ». Dans quelques endroits pulpa désigne d’autres parties du corps : Grenoble pourpi, Nice pourpoun « paume », dans le Tarn et Garonne poumpil est la « pommette ».

            

Au XVIe s. latin pulpa a été emprunté par le français avec le sens « partie charnue des fruits et légumes » et remplace l’ancien poulpe qui était homophone de poulpe < polypus « octopus ». Anglais, néerlandais pulp, espagnol pulpo

Anglais pulp a eu une évolution intéressante. Pulp est le mot pour « pâte de fruits » etc, mais aussi pour « pâte à papier » ce qui a abouti à « papier de mauvaise qualité » > « papier utilisé pour les livres bon marché » > « livres bon marché » > « littérature de gare » ou meilleure traduction « de sensation, parlant de crimes, violences, scandales ». dans Pulp fiction 

Il y a maintenant la  Pulp TV!

__________________________________________

  1. Poulpe « mollet » apparaît une fois dans un dictionnaire français, celui de Philibert Monet en 1636, mais le père Monet est Savoyard, il vient de Bonneville (Hte Savoie), et son témoignage est donc suspect
  2. cf. Thesoc pour la répartition géographique

Radasso "vadrouille; fainéant"

Radasso « vadrouille; fainéant ».  Il y a actuellement  une confusion entre le  provençal   radasso,  le verbe radassà, se radassà  et le mot de l’argot parisien radeuse, radasse   « prostituée », dont le sens  n’est pas compatible avec celui du  verbe marseillais :  « fainéanter »  et dont l’étymologie est pour le moment obscure1.

radasso vadrouille      

Radasso  « balai fait avec de vieux cordages, dont on se sert pour nettoyer le pont d’un bateau »  est à l’origine du verbe  radassà  « balayer avec la vadrouille, nettoyer avec le faubert ». Ensuite on a utilisé ce verbe au figuré   se radassà « se traîner, se rouler à terre »comme les bouts de la radasso dans l’image ci-dessus,  mais en parlant de quelqu’un,  en suite on a pu dire que de celui qui se radasse  > qu’il fainéante  et un radasso   est donc un « fainéant, vaurien ».

La vieille corde dont on fait la vadrouille peut aussi servir à la pêche aux oursins quand on y attache de petits filets (Voir la définition de Mistral ci-dessous) Voici ce qu’écrit un amoureux de la Madrague de Gignac:

PPour commencer cette page historique,je voudrais vous poser une question : savez-vous ce qu’est une « radasse » ? J’en vois déjà parmi vous qui sourit mais le sens premier de ce mot est peut-être moins connu. Pour les pêcheurs de la Côte Bleue, une radasse est un vieux filet qu’on utilisait pour arracher les oursins sur les fonds rocheux en le traînant derrière une barque. Cette façon de pêcher les oursins dévastait les fonds marins en ramenant dans les filets non seulement les oursins de toute taille, mais aussi une moisson d’algues et de plancton. C‘est la raison pour laquelle la pêche à la radasse a été interdite,

L’étymologie n’est pas tout à fait  claire.  Une forme *rasitoria « baguette qu’on passe sur une mesure quand elle est trop pleine »  aurait abouti irrégulièrement à *raditioria  qui  a donné en ancien occitan rasdoira, radoyra  et avec ce substantif on a créé le verbe rada(r) « mesurer à ras avec une baguette ». [ 2.  FEW  X, 92a rasitoria ]  Ci-dessous l’article de Mistral:

Le  sens  « rader »  s’est développé en  « frôler, glisser sur, mettre à niveau » et  appliqué à un oiseau devient « planer » en provençal et en limousin.

Ce qui tombe par terre quand on rade, n’a pas beaucoup de valeur, ce sont des restes, des radas « guenilles » (Mortagne)  et le dérivé radasso  une « vadrouille, écouvillon »;  le verbe radassà  « nettoyer avec une radasso ».   Enfin une radasso  peut être tout ce qui n’a plus de valeur « une vieille bête de somme » à Aix  ou un « vieux canapé » à Marseille.

Faire la radasso   ou  se radassa  « se traîner; se rouler par terre » devient « fainéanter » à la plage du Prado, ou sur un vieux canapé à l’Estaque.  Une activité qui n’a rien de répréhensible.

Marseille Radassà (se) fainéanter, paresser, de préférence allongé. « L’été, c’est agréable de se radasser au soleil sur la plage ».

  1.   Radeuse , radasse est probablement un dérivé de rade « trottoir ».  Voir le TLF rade3

Favouille "crabe vert"

Favouille : 1) Petit crabe du genre étrille, 2) par extension, surnom familier d’enfant.« La soupe de favouilles, c’est ce que je prefère. » « Viens ici, favouille ! Viens embrasser ta tante ! ».

D’après ce spécialiste  c’est un petit crabe vert foncé à brun mesurant une demi-douzaine de centimètres en moyenne.

Favouille  est un mot provençal, uniquement attesté à l’est du Rhône. Première attestation en 1439  favol.  Les définition varient de « crabe » à « crevette » et « écrevisse de mer ».

L’origine du mot est inconnue.1. Il pourrait s’agir d’un dérivé de faba  « fève », mais je n’ai d’autre argument que  la définition de Mistral  « sottise, balourdise ». Les mots qui désignent les fèves et les haricots sont souvent associés à la notion « imbécile, niais » etc.. En plus d’après les lexiques une favouille  est un crabe vert,  la couleur des fèves.

favouillefavouio Mistral

Voici un exemple d’une ancienne monnaie marseillaise avec une  favouille:

Pour voir d’autres très belles photos des anciennes monnaies marseillaises, suivez le lien.

 

  1. FEW XXI, 268b

Rumat. La fête du Rumat à Mirepoix

Dans son blog du 24 juin 2012 la dormeuse se demande Le Rumat, qu’ès aquò ?

Anno 2012, fait ce 24 juin, jour de la fête annuelle du Rumat.  En 1362, menés par un certain Jean Petit, les routiers attaquent Mirepoix. Ils pillent et incendient une bonne partie de la ville. Le Rumat, c’est le quartier de Mirepoix que les routiers, en 1362, ont “grillé comme une volaille”.

A la fin de son article elle ajoute :

…..tout le monde sait de quel quartier il s’agit, mais quant à dire d’où vient qu’on nomme ce vieux barri“le Rumat”…

Rumat… rumat… ?

ayant oublié de  faire appel à son étymologiste de service.

Le verbe rumar  est attesté en ancien occitan comme verbe réfléchi avec le sens « se ratatiner, se crépir sous l’action d’une grande chaleur »;  par la suite ce verbe et ses dérivés sont appliqués à tout ce qui présente un aspect de « brûlé »,  comme à Die et dans le Queyras  rimar « brûler et s’attacher au fond d’une marmite »,  à Marseille « brûler un mets dans un pot », à Pézenas c’est  rumá « roussir »,,  dans l’Ariège rumá  « brûler ».  Le substantif rumá  prend souvent le sens de « odeur de brûlé » ou de « roussi par le feu « . Les deux sens ont dû s’appliquer au quartier du Rumat à Mirepoix.

L’étymologie est le latin rimari, rimare  « fendre, fouiller »1, qui s’est conservé dans plusieurs parlers  galloromans, comme en ancien occitan  rimar « gercer » et « se rider » comme verbe réfléchi.  En espagnol  rimar c’est « chercher ».  Dans le sud du domaine galloroman le sens du verbe   rimar, rumar  s’est spécifié  depuis le Moyen âge de « fendre » à « fendre sous l’effet d’une forte chaleur » > « brûler ».  Le texte de la dormeuse nous fournit une date précise pour Mirepoix: 1362.

La fête du Rumat se prépare

Cuscar, un lien entre l'Occitanie et les Flan...

Cuscar « parer, former, arranger, mettre en ordre; soigner un malade, un enfant, les servir, avoir soin de les vêtir, de les couvrir, les remuer, les faire manger,&c »  et descuscar « défigurer, meurtrir, balafrer »(Sauvages, S1),   viennent d’un mot germanique  kuski  « pur, vertueux, chaste » 1  qui  a abouti à  keusch en allemand,  kuis  en néerlandais « chaste ».

La première attestation vient du Gascon  Marcabru ( 1110-1150): cusc  « pur, vertueux ».

Les attestations du verbe  cuscar  et de son contraire  descuscar ne sont pas très fréquentes. Mais au XVIIIe siècle ils devaient être bien vivants en languedocien, parce que l’abbé de Sauvages complète sa définition entre la première et seconde édition de son dictionnaire.

Ce qui m’a frappé est le fait que l’évolution sémantique qui s’est produite en occitan  a eu lieu également en  flamand où a été créé le verbe  kuisen   avec le sens  « nettoyer, rendre propre », un emploi qui fait toujours sourire les Néerlandais.   Le fondateur de la lexicologie néerlandaise, le Flamand  Kiliaan donne l’exemple   kuyschen de boomen « tailler les arbres », un sens qui a peut-être existé en occitan; en tout cas  l’abbé de Sauvages connaît  son  contraire :  descuscar  « déparer un arbre en cassant les branches » (S2) .

descuscado______________________________________

  1. Il n’est pas impossible que kuski  a été emprunté au latin conscius  « conscient » dont  le sens s’est développé en « conscient  de ce qui est convenable » > « chaste, vertueux ».

Galopastre "bergeronnette"

Galopastre  « bergeronnette » (Mistral),  galapastre (Gard, Hérault) fait d’après le FEW partie de la même famille que galavar  « gourmand »; l’élément  gala-  venant d’un germanique wal « bon ».  Le deuxième élément pastre  vient du latin pastor « berger ».

Il y a différentes explications de ce nom.  D’après C.Nigra1 c’est le fait que l’oiseau suit les troupeaux, d’après d’autres c’est la vivacité de la hochequeue qui amuse le berger.  Si vous avez une idée plus précise contactez-moi!

   

Il y a beaucoup d’autres noms pour ces oiseaux.  Voir le Thesoc pour les détails.

bovaira, bovaireta, brandacoa, chinchorlina, coacha, coadièra, coalonga, cuol blan, enganapastre, gardabuòu, guinha-coa, guinhusa, lauraire, marioneta, pastorèla(ta), pastressa, pastressona, pescairòla, porcaireta, rosseta, tèsta negra, trempacuol, vaquièra, vaquièreta, vaquièrona.

Un trésor lexical qui disparaîtra si les occitanistes normatifs gagnent du terrain. Pour Panoccitan  bergeronnette nom f. ZOO oiseau, brandacoa.

__________________________________________________________________________

  1. Archivio glottologico 14, p.275

Galavar "gourmand"

Galavar  « gourmand (& non groumand), glouton, goulu; tous les trois mangent avec excès » écrit l’abbé de Sauvages en 1756. Un fidèle visiteur  m’écrit:

Robert, n’ayant pas trouvé le mot « galavar » dans ton site, je te raconte ce que me disait ma grand-mère quand j’étais gamin, et que je me précipitais sur les friandises ou les gâteaux: – Tu es un galavar, ce qui voulait dire un gourmand un peu goinfre.
En vieillissant, on devient moins galavar, car on apprend à apprécier les bonnes choses et on prend son temps pour les déguster….

Galavar, galavard se trouve en franco-provençal et en occitan  dans la partie provençale et languedocienne jusqu’à Castres; il y une attestation en béarnais galabar  avec le sens « gros gaillard ». En franco-provençal le sens est plutôt péjoratif : « fainéant, dissolu, tapageur », à Lyon « vaurien, vagabond ». A Die on a créé le dérivé galavardise « fainéantise ».

La première attestation date de 1356 dans un texte écrit à Castres, mais le sens de ce  galavart  est « boudin » , sens conservé à  Pézenas et Puisserguier jusqu’aux temps modernes.

D’après le FEW,  galavar  fait partie d’une très,très  grande famille de mots d’origine franque wala « bon », attesté en ancien néerlandais  wal, wel « bon, bien », dont est dérivé un verbe en ancien français galer « s’amuser, mener joyeuse vie », en occitan moderne  se galar  « se réjouir ».  Le sens de galavar  va bien avec celui de ce verbe.

Voir aussi l’article galopastre  « bergeronnette ».

Tenco "tanche" et la celtomanie

Tenco « tanche »  ou « tinea vulgaris »  un poisson d’eau douce. Etymologie : le latin tinca « tanche ».  Sans intérêt, vous me direz et vous avez raison. J’en parle parce que dans le domaine de l’étymologie comme en archéologie  la celtomanie est encore très vivante.  Par exemple l’auteur  de l’article tanche  de Wikipedia,  écrit : « La Tanche (du gaulois tenche) », sans donner sa source; et celui-ci, pareil.  Pourtant le TLF, qui suit le FEW, nous renseigne : « Du bas latin  tinca (ives. Ausone). »

Pour en avoir le coeur net, j’ai cherché l’article tinca  dans le FEW. La première attestation connue vient en effet d’Ausone.  Ausone était  un poète de langue latine, qui s’appelait ou Decius ou Decimus Magnus Ausoniu,  né et mort en Aquitaine au IVe siècle. (Wikipedia).   Nous ne pouvons savoir si Ausone a simplement latinisé un mot gascon, ou s’il l’a connu d’une source romaine.  Le fait qu’il utilise beaucoup de mots gaulois ne suffit pas pour dire que tenco  est d’origine gauloise.

tenco     Ausone

Pour cela il faut qu’il soit attesté dans une ou plutôt plusieurs langues celtiques.  Ensuite la répartition géographique doit correspondre à celle des peuples celtiques avant la romanisation.  Dans le cas de tinca  la présence du même mot dans le sud de l’Italie, tenge à Naples, tenchia, tenga  en Sicile, tinca   en Sardaigne, où il n’y a jamais eu des Celtes, rend  cette hypothèse improbable.

Tinca    se trouve aussi en anglais  tench, néerlandais tinke,  espagnol tenca.