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le bolsín est une petite Bourse

Il y a quelques jours j’ai reçu un mail:

La demi finale du bolsin aura lieu à Manduel le jeudi 17 août 2017 à 18 heures aux arènes de Manduel.

Habitant  Manduel depuis plus de 20 ans,  connais un peu la course camarguaise, l’abrivadole raset et le raseteur, les spectateurs qui avertissent le raseteur avec  avisa lo biou et le toro piscine bien sûr, mais pas le bolsin non. Google m’indique qu’il y en a plusieurs dans la région, mais pas la signification du mot, qui est aussi  introuvable dans les  dictionnaires occitans et français.

Enfin dans l’article becerrada Wikipedia m’explique qu’il s’agit de tauromachie et pas du tout  de course camarguaise, une manifestation pour les aficionados et une nouveauté:

Entre becerrada et novillada est apparu un nouveau type de corrida pour débutants : le bolsin, qui n’est répertorié dans aucune encyclopédie. C’est aussi une corrida d’apprentissage qui se déroule avec des erales (veaux de moins de deux ans) et qui répond aux mêmes règles que la becerrada, que la novillada, que la corrida, et qui se déroule en habit de lumières11.

La note 11 « définition de bolsin »,,  m’amène à une page avec plus de détails(www.imagesplus.fr) :

BolsinPhotothèque

L’auteur écrit « le mot bolsin signifie « coulisse » en espagnol.  Comme d’habitude je vérifie. Le mot espagnol n’est pas bolsin, mais bolsín
(On prononce le  -i- et le -n). Ce sens ne se trouve pas dans le dictionnaire de la Real Academia, qui le définit comme une petite bourse ou marché:

bolsinRAEIl s’agit donc d’une réunion de boursiers en dehors des heures et du site réglementé.  L’etymologie est le mot bolsa « bourse » c’est-à-dire au sens de « Lieu où des personnes (négociants, agents de changes, courtiers, etc.) s’assemblent périodiquement » etc.  La Real Academia écrit:

bolsa deuxL’étymologie fournie par la Real Academia est le nom de famille flamande van der Bourse à Bruges.
Cela m’étonne, mais elle est aussi mentionnée avec réserve, dans le Trésor de la languefrançaise (CNRTL):

Guichardin dans sa Description des Pays-Bas [1567] chapitre Il Ritratto della Borsa d’Anversa, le mot borsa, d’abord appliqué à la bourse de Bruges, devrait son nom à une place où se trouvait la maison, ornée de trois bourses d’une noble famille appelée della Borsa [van Der Burse], lieu de réunion des commerçants de la ville

et  par le dictionnaire étymologique du néerlandais, qui y ajoute  :

Le mot flamand/néerlandais Beurs a été emprunté par différentes langues: allemand Börse [1531]; Anglais bourse; danois Børs; suédois Börs; norvégien Børs; français Bourse (encore avec majuscule) [1549]; Italien (via français) Borsa [18ème siècle]; espagnol bolsa.

L’hstoire de bolsin est récente. Une discussion dans le forum de  Wordreference   nous explique  que

Hoy en día el término[bolsin taurino] se refiere a un concurso para maletillas o aspirantes jóvenes (menores de 21 años) a toreros. Hay muchos al año y en distintas localidades de España. Pero hay referencias periodísticas de hace bastantes años en donde el término se empleaba con el sentido actual de « escalafón » [fr; hiérarchie; échelle]. Veamos unos ejemplos:

El origen del término « bolsín taurino » es el de « bolsa taurina« . Bolsa taurina era en el toreo, parece ser, lo que la bolsa de comercio en el mundo empresarial (comercial e industrial). Como ya dije anteriormente, lo que actualmente se denomina « escalafón ». He encontrado un artículo titulado « Alza y Baja » en el periódico madrileño « El Enano » del 23 de agosto de 1908, donde se puede leer:

« No hay cosa más variable y que esté sujeto á fluctuaciones que el papel taurino… En fin, lectores apreciables, que si todas las bolsas son inseguras, oscilantes y engañosas, la bolsa taurina es sobre cualquier otra de las que oscila más y alucina más. Y no hablemos del alza y baja de los matadores ya conocidos y juzgados de antes. Las corridas de provincias influyen en el mercado taurino con una eficacia aterradora… »

« Sigue subiendo el papel Quinito, que es el que más alto se cotiza este año en la Bolsa taurina. »
El País, Madrid, 9-5-1902.

Los Márquez, que tan lisonjera subida experimentaron en la bolsa taurina el lunes de Pascua, tuvieron el domingo último una lamentable depreciación. Es lástima. Estos valores, en alza durante el año anterior en casi todos los mercados de provincias, se cotizaron muy altos también en Madrid. ¿Por qué esta baja tan sensible? El pánico en las operaciones últimas pudieran explicar el fenómeno. Un poco de buena voluntad, más ánimo y menos mandanga es lo que falta a los Márguez para volver a recuperar el valor momentáneamente perdido.
Muchas Gracias, Madrid, 25-4-1925.

En français la même évolution s’est produite.(Voir bourse2 CNRTL). On parle de la Bourse du Travail, d’une bourse de timbres, et quand j’étais artisan lapidaire j’allais à des Bourses aux minéraux et fossiles.

 

 

 

 

Val de Susa francoprovenzale

Val_di_Susa_mappaCarte Wikipedia

Ci-dessous  le début d’un enregistrement de la parabole du fils prodigue en patois de la vallée de Suse fait dans les années ’60   par le prof. Hans-Erich Keller, que j’ai retrouvé dans mes documentations. Ce document audio est précieux  par sa qualité d’enregistrement  et comme témoignage de la vitalité des patois à cette époque.

Ci-dessous 1 côté  de la cassette. A un certain moment, mon lecteur a cessé de fonctionner et je n’ai pas pu enregistrer le côté 2 de la cassette. Les noms des villages visités sont écrits au crayon sur la cassette et partiellement effacés: Giaglione, Meana, Gravere , Madtie (??),….panter.. ?, S. GiorioVilla techiardi (?), Ferrera.

Le début grince un peu… Durée total 29 minutes.

Je veux bien envoyer la cassette

à une association ou une personne qui peut publier et veut sauvegarder cet élément du patrimoine de la Vallée de Suse.

Je l’ai en effet envoyée à quelqu’un de Giaglione que j’avais trouvé par Faceboork, mais je n’ai jamais eu la confirmation de la réception et je ne sais pas où la cassette est actuellement.

 

Bazarutà ‘jacasser’

Dans le blog Marseille  je trouve la définition  suivante du français régional

bazarette Du provençal basaruta « jacasser ». Par rapport à barjaquer, c’est le concept de prolixité qui est ici prépondérant. Indiquer qu’une bazarette est atteinte de logorrhée profuse constitue en soi une redondance facile. 

L’étymologiede basaruta est le persan bāzār « marché ». Il y a des attestations anciennes du mot bazar, mais le riche développement sémantique et lexical ne date que du XIXe siècle.  Le dérivé baruta est limité à la région marseillaise.

FEW XIX,33 :

Bazarut FEW

Mais qu’est-ce que font les habitants de l’île  Bazaruto ?

 

acucha ‘charger’

Acucha « charger (le foin) » vient probablement du gaulois *kūkka que nous retrouvons dans les parlers du sud-est, en franco-provençal avec le sens « cime » et en provençal avec le sens « tas ». Certains parlers du Nord de l’Italie le connaissent également. Voir FEW II, 1491

En ancien provençal est attesté cucho « tas de paille », en provençal moderne au Queyras cucho « tas, tas de bois qu’on met dans le four ». Le verbe acuchar « entasser, amonceler » se trouve dans les parlers de l’Est du franc-comtois jusque dans le Var. A Die on dit acucha lo ben! en offrant du vin (Han Schook). Claudette Germi, Les mots de Gap écrit « entasser; charger au maximum (un véhicule) ». Le verbe acucher est encore très vivant à la campagne:

AcucherGap

Étymologie:*kukka (gaulois) « cime » FEW II, 1491

Article doublon!

Bouligoulo

Bouligoulo, boligoulo « agaricus eryngii », un genre de pleurote.  Je trouve par hasard  ce nom  dans le tome V du Dictionnaire des sciences naturelles  de 1817 :

bouligoulo autre

J’ai déjà écrit un article sur ce champignon: barigoulo.

Vous verrez qu’il faut se méfier des auteurs de dictionnaires. Le mot boligoule n’est pas « provençal et languedocien, mais limité à Aix en Provence, Et  l’étymologie bonis gulae  littéralement a « bonne gueule » mais a aucun fondement.

Par contre il me semble que la recette  À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile (TLF)  vaut **

èso ‘corsage d’Arlésienne’

èso « corsage près du corps du costume  des Arlésiennes ». Étymologie : latin adjacens « qui est proche ». FEW XXIV,144  J’y reviendrai pour expliquer l’évolution sémantique.

Dans le blog Nadine de Trans en Provence j’ai trouvé une description et une belle photo de l’èso de l’Arlésienne:

eso costume d'Arlesienne

Mistral nous fournit deux définitions: 1. grand linge  et 2. corsage.

eso Mistral

Bourilly Joseph, La vie populaire dans les Bouches-du-Rhône. Marseille, impr. Barlatier , 1921 décrit la capello et l’éso :

eso et capello_Bourilly

Mon ami Michel Fournier source inépuisable de renseignements sur le provençal m’écrit:

l‘eso est bien le corsage ou caraco, très ajusté, très près du corps, il est généralement de couleur noire, avec une jupe d’autres couleurs. Pour les tenues très habillées, l’eso est du même tissus que la jupe.

La chapelle ou « devant d’estomac » est une pointe plus ou moins riche de dentelles blanches qui s’épingle devant sur le caraco et que vient border le fichu plissé.

La chapelle, par ce qu’il permettait aux arlésiennes qui portaient une croix moins riche , de porter aussi, dissimulé sous la pointe de dentelles, de petits reliquaires.

L’évolution sémantique de èso.

Dans la Chanson de Sainte Foy (première moitié du XIe siècle)  le mot aitz isssu du latin adjacens signifie « région, pays, endroit ». Un peu plus tard aussi « demeure, habitation ».  Quand on est dans son habitation on se sent à l’aise  et le mot aise   prend dans des expressions comme  esser, estar, tener, viure ad ais le sens « à l’aise, dans un état de bien‑être [matériel, physique ou moral » (Voir le Dictionnaire Occitan Mediéval s.v. aitz pour l’importante discussion de cette étymologie et la riche documentation! ).

Les Arlésiennes se sentent probablement très à l’aise dans leur èso. Cela doit aussi être valable pour le premier sens donné par Mistral.

Capello ou chapelle « partie des vêtements des Arlésiennes qui couvre les seins » d’après Auguste Brun1 vient d’après le FEW III, 286  du latin cappella « petit manteau »,un mot qui a en effet pris de nombreux sens plus ou moins techniques.

 

 

  1. Le français de Marseille; étude de parler régional. Marseille, 1931

mascaret

Mascaret « onde lourde qui devient lame de fond aux marées d’équinoxe et qui remonte au plus profond  des terres les humeurs océanes » Définition trouvée dans le Guide de l’abbaye de La Sauve-Majeure, lors d’une visite de ce site magnifique de l’Entre-deux-Mers.

Étymologie. Le FEW VI/1,430b rattache ce mot à la racine pré-indo-européenne mask- « noir » et plus précisément au dérivé diminutif mascaret, mascarete « petite bovine dont la face est tachetée de noir, de blanc, de gris »  dans la note 11, p.439b. C’est Lazare Sainéan, dans Les sources indigènes de l’étymologie française volume1, p.261 qui propose ce rattachement. Il écrit : « C’est au fond la même image que la mer  moutonnante couverte de vagues blanchissantes précipitées par  le vent ».

Grâce à YouTube nous pouvons voir des mascarets ! Ci-dessous une image tiré d’une vidéo dans YouTube Il faut avoir un peu de patience, la boue n’arrive qu’au bout d’une minute de film.

mascaret une onde lourde de boue s’étend sur le terrain.

Le mascaret ne me fait pas du tout penser à un troupeau de bovins noirs. Cela ressemble plus à un gros nuage: 

mascare le ciel se mascare

Je rattache donc le mascaret directement au sens le plus répandu du verbe mascar « noircir, barbouiller ».  Regardez la vidéo ! Impressionnant.

Un mascaret pour les surfeurs en Gironde.

Un mascaret chinois Le dragon d’argent.

 

 

 

olva ‘balle; étincelle’

Olfa, olva,olvas au pluriel signifie « balle de céréales, de blé ou d’avoine ». Le Thesoc donne les attestations des  Atlas linguistiques:  olfa dans ARIEGE, AUDE , olva dans AVEYRON, CANTAL, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN-ET-GARONNE. olvas  dans DORDOGNE, LOT, LOT-ET-G

Ce qui m’a intrigué est le fait que dans plusieurs endroits le mot  signifie « étincelle(s) » mais le Thesoc n’indique pas s’il signifie également « balle de blé etc; » dans ces villages. Pour le savoir il faut les comparer  aux données des des articles « étincelles » dans les départements ALLIER, ARDECHE, AVEYRON, HAUTE-LOIRE, LOZERE.  et surtout consulter l’article ūlwo, ūlwa du FEW XIV,16-17.

olva--paille-d-avoine-de-plan-rapproché      olva-Étincelles

L’étymologie de cette famille de mots nous a éclairé. Il s’agit du mot gaulois ūlwo, ūlwa « poussière » qu’on retrouve entre autres dans le breton ulfenn « duvet qui s’élève du lin, en le peignant ».

En ancien rouergat est attesté olpha avec le sens  « paille d’avoine dont on se servait pour garnir les paillasses et les traversins ». D’après le FEW XIV,16-17 le sens « balle » se trouve principalement dans les Alpes de l’Ouest et en languedocien central, mais les attestation du Thesoc montrent que la répartition géographique va jusqu’à la Garonne.

Le sens « étincelles » qui s’est développé à partir de « cendre, poussières qui s’échappent du fer chauffé à blanc »,   est beaucoup plus répandu et se retrouve en Gascogne, en franco-provençal et dans le domaine d’oïl.  Le Thesoc ne nous fournit que des attestations dans les départements ALLIER, ARDECHE, AVEYRON, HAUTE-LOIRE, LOZERE.  Allez revoir l’article du FEW.

Cabessaou ‘coussinet de tête’

Cabessaou « tortillon, coussinet qu’on met sur la tête pour porter un fardeau ». Étymologie : dérivé du latin capitium « ouverture de la tunique par laquelle on passe la tête ». FEW II, 261b en bas de page.

La géolocalisation de ce mot avec ce sens  est limité à l’occitan à l’Ouest du Rhône. Je ne sais si l’objet et son utilisation est également limité?

cabessaou

cabessaou du XXIe siècle

Le sens le plus proche du mot latin se trouve dans l’Aveyron lo cabesso,dans l’expression otopà pel lo cabesso « saisir par le collet ».

Le sens le plus répandu de cabès   (chevet en français) latin est « traversin ».

Un chef 3*** a appelé cabessàou une crêpe roulée ». Un visiteur me le signale:

Je viens de lire l’article consacré à cabessaou et je voudrais signaler que ce mot désignait les » crêpes roulées ». L’;analogie de la forme de la crêpe roulée avec la forme du traversin explique sans doute cela.
Cette dénomination pour les crêpes était en usage dans la région de Tonneins, Le  Mas d’Agenais Damazan et environs.
Amicalement

 

 

Lozère

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Lexique pour les touristes en Lozère

Lieux touristiques où vous utilisez le vocabulaire occitan ci-dessous.

 

Dans la page Facebook de Independance de la Lozère  quelques beaux exemples de français régional:

Un lozerien:

il ne finit pas dans le fossé, mais dans le bartas
il ne met pas ses courses dans le coffre, mais dans la malle
il ne glande pas, il sane1
il ne ferme pas sa porte à clé, il la clave
il n’est pas surpris, il est espanté
il ne fait pas des exploits, mais des espets
il ne lance pas un objet, il l’escampe
il n’a pas soif, il a la sécade (= la sécheresse)
il ne glisse pas, il rippe2
il ne s’endort pas, il s’assuque, s’ensuque
il ne défèque pas, il cague
il ne crie pas, il brame
il ne s’étouffe pas, il s’escanne
il ne colle pas, il pègue
il ne titube pas, il tranboule3
il ne renverse pas, il abouque 4
il ne sommeille pas, il cabeque5
il ne tombe pas sur ses fesses, il s’aquioulle
il ne fait pas sa cuisine dans une marmite mais une toupine
il n’est pas une tête brulée, il est cabourd et même carbourdas6
il ne ferme pas le portail mais la clède ou le po(u)rtanel
il préfèrere macarel, boudiou ou miladiou à toute interjection française
il n’utilise pas un chiffon mais un pétass

et me fournit quelques titres d’articles à écrire.

  1. sanar signifie « guérir, réparer »  pour les autres Occitans; mais les Lozériens sont tellement durs au travail, quepour eux se reposer pour guérir  c’est glander.
  2. Un mot d’origine germanique rippen,peu connu en occitan
  3. Du latin reconstitué tremulare « trembler ».
  4. Il renverse quelque chose comme un bouc, avec violence
  5. Comme une cabeco « chouette » ? du latin cavannus .
  6. Composé de caput > cap « tête » et burdus « âne » > bourd,  cabourd  » atteint d’un coup de sang, en parlant des bêtes à cornes » dans l’Aveyron. FEW I, 633b