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Ribeyrolle et condamine

Riba « terrain qui borde une rivière, un lac, etc. »  est  le mot courant dans tout le domaine occitan.  Riba  prend des sens secondaires comme « bord du chemin, lisière d’un champ ».  Le dérivé ribàs   désigne un « talus, talus couvert de ronces, une planche de jardin le long d’un mur; bord du fromage gras »; ribéjà est  » confiner, limiter » à Alès.  Toute cette famille de mots a le latin ripa « rive »  comme origine. En latin a été créé un adjectif  riparius « qui se trouve sur la rive », qui en combinaison avec un substantif comme terra  est devenu substantif  *riparia avec le sens  » bords d’un cours d’eau, terrain qui borde une rivière; rive de la mer »,  en ancien occitan  ribièra, ribèira, ribera.   Ribièra  a donné des  dérivés comme ribeyrolo « airelle des marais » à Chavanat (Creuse), ribeiròu « celui qui habite sur la rivière »,  « portefaix » à Marseille, ribeiroun « habitant des terrains le long d’une rivière » ribeirés « variété de châtaignier » dans les Cévennes. Il est difficile de déterminer le sens des noms de lieux comme Ribeyrolles qui ont  *riparia comme origine.  Cela peut être  un  « mur de soutènement de terrasses le long d’un rivière » ou un « terrain où poussent des airelles ou des châtaigniers », mais on peut supposer que dans des cartulaires et autres documents ribeire  est synonyme de condamine, abstraction faite de la notion fiscale.

Condamine « terre alluvionnaire » . Etymologie *condominium « domaine commun » ( composé de con + dominium ) une expression qui vient de la constitution féodale.  Dans le latin médiéval on le trouve dans la forme condamina, condemina,  etc.  probablement créée à partir du pluriel.  Le terme est courant dans le Midi et en catalan.  Le sens est en général « terre affranchie de charges » , en occitan « terres fertiles » ou « bonne terre réservée dans un domaine » (Nant dans l’Aveyron, Paulhan dans l’Hérault, Ladern et Axat dans l’Aude; quatre attestations dans le Supplément de l’ALF p.217). En catalan le sens de conomina, coromina a évolué jusqu’à «  »péninsule dans une rivière ».  Condamine  est surtout conservé  comme toponyme. O. de Labrusse  donne  dans UN ESSAI de GEOHISTOIRE du FONCIER des GARRIGUES du GARD et de l’ HERAULT la description suivante :

Condamine: au moyen-âge, terres lourdes, « grasses », alluvionnaires, en général situées près de cours d’eau, particulièrement fertiles consacrées, essentiellement, à la céréaliculture intensive. Très présentes encore dans la toponymie, elles témoignent de l’appropriation seigneuriale ainsi que de l’aménagement et de la mise en valeur des « rives » des cours d’eau entre l’an Mil et le XIIIe siècle. Ce sont, le plus souvent de très grandes parcelles avec des moyennes d’une trentaine d’hectares au XIIe et XIIIe siècles, alors que les parcelles « ordinaires » n’ont des moyennes que de 0,25 hectares. Elles jouxtent souvent les ortales* et les ferragines*(d’après A.Durand, 2003, p.259-256). Elles sont travaillées à l’araire tractée par des boeufs, ce travail étant 15 fois plus productif que le labour à la main à l’aissade (la houe coudée) (A.Durand, 1999, p.1).

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