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brèle, brelon et Voilà

Brèle, brélon : A l’origine, la brèle, c’est le mulet. Et malgré que le bestiau soit très robuste,
et très dégourdi dans les chemins escarpés, le mot a pris un sens inverse aujourd’hui.
La brèle, c’est devenu le nul, le bon à rien, le négligeant :
<< Regarde-moi ce Reynald Pédros, qué brèle, celui-là encore !… >>
Par extension, la brèle (ou le brélon) désigne un deux-roues à moteur dont on se demande
comment il (ou elle) marche encore :
<< Si tu me promets qu’il tiendra jusqu’au ballètti, j’accepte que tu me chales sur ton brélon >>

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PAGES PERSO VOILA

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Heureusement, l’auteur l’a ré-éditée ici quelques expressions marseillaises.

L’étymologie est dans le  CNRTL:

A.− Arg. milit. Mulet :

Nous avons entendu dire que c’était « le brèle » qui avait gagné la guerre du Rif ou conquis le Maroc. En 1943-45 on avait surnommé plaisamment les compagnies dotées de mulets (les goums en particulier) la « Royal Brèle Force ». En 1956 on disait fréquemment qu’il ne fallait pas de tanks contre les fellagha mais des « brèles ». Lanly, 1962, p. 59.

B.− Au fig. et péj. [En parlant d’une personne bête ou têtue] Brèle! espèce de brèle! bande de brèles!

Rem. Ibid., p. 60 note que ,,Dire de quelqu’un qu’« il est un brèle » c’est dire qu’il est entêté, obstiné comme un mulet. Il ne faut pas s’étonner qu’un enfant de ce pays dise que l’âne « brèle » pour brait.« 

Orth. Brêl dans Esn. 1966. Étymol. et Hist. 1. 1914 brêl « mulet » (arg. des soldats d’Afrique dans Esn.); 1940 (soldats à Grenoble, ibid.); 1943-45 brèle (Lanly, p. 59); 2. 1952 brêl « imbécile » (Esn.). Empr. à l’ar. algérien bġ əl « mulet », la gutturale étant prononcée comme un r (Lanly, p. 59 et 114). Ar. classique baġl « mulet » (G.-W. Freytag, Lexicon arabico-latinum, éd. C.A. Schwetschke, Halle, 1830-37, t. 1, p. 189b).

Pacholo une ‘bagatelle’?

Pacholo (pachole en français régional, vulgaire)  signifie « sexe de la femme » d’après Lexique de Marius Autran.  en provençal, confirmé par d’autres attestations. Étymologie. Il doit s’agir d’une évolution récente, en tout cas Mistral ne le mentionne pas tout en distinguant deux pacholos  différents:

PacholoMistral

Le premier pacholo est un dérivé de pacho  « pacte » du latin pactum « traité, contrat ». Le FEW VII,461 nous donne plusieurs significations proches de « petit marché » : à Marseille « tripotage, mélange d’accords ou de pactes », pachouliá « faire des petits marchés, brocanter », un pachouliaire est un « brocanteur ».

Le second pacholo vient d’après le FEW VIII,28 d’une onomatopée patš qui en occitan a donné pachoulha « faire un mélange hétéroclite », pachôlo « tripotage, mélange qu’on fait de plusieurs choses qui se voyent rarement en semble » (Sauvages S1), pachoukë « chipotier, vétilleur » (idem), etc. Alibert donne une grande quantité de dérives dans son article pachaca.

Il reste la problème de l’évolution sémantique 1. »petit marché » ou 2. « mélange »  > « sexe de la femme ». Je penche pour le premier, le latin pactum, parce que nous trouvons une évolution sémantique analogue dans le mot bagatelle. emprunté à l’italien bagatella au XVIe siècle avec le sens « chose de peu d’importance, babiole »  >  « frivolités féminines » >  « galanteries, amourettes » > « amour physique ».  (CNRTL bagatelle)

En occitan il y a un second exemple cf. Mistral p.538-9   chaucholo « sauce abondante, soupe au vin, gourme v. pacholo; fadaise, vétille, niaiserie, baliverne, sornette »  nous voyons un glissement de sens comparable. En français « Jeter sa gourme. Faire des folies de jeunesse.

Tueis, tuy ‘if’

Tueis, tueï « If [et non thuya], arbre de la famille des taxacées (Taxus baccata) est attesté en Provençal (par exemple à La Seyne) et dans le Périgord.  Il y a dans le domaine occitan et franco-provençal deux formes : teis tech, tatch   « if » ou le dérivé  tasiñe « laurier-tin » (Alès)  qui viennent du latin  taxus  « if », mais aussi les formes tueis, tuei, tuy « if » qui ont subi l’influence ou viennent directement du grec τόξον (toxon) « arc à tirer ». L’explication de cette évolution sémantique  se trouve dans le fait que le bois de l’if était considéré comme le meilleur pour la fabrication des arcs  et des arquebuses. Grâce à Internet archive  j’ai pu retrouver la source de cette information :  Warburg Otto,  Die Pflanzenwelt 1, p. 343:

Warburg O DiePflanzenwelt1_343

If millénaire breton.

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                                                               Chalet Les Touisses

Dans le FEW XIII/1, 147b   von Wartburg écrit que la présence du mot en Périgord ne peut être un argument contre  cette étymologie grecque, parce que ce n’est pas rare de trouver des mots grecs qui se sont répandus à partir de Marseille dans tout le domaine occitan.  Nous retrouvons la forme provençale dans le toponymes comme La Touisse, Les Touisses. Voir le Pégorier, s.v. Tueis et Tuy

La latin taxus est aussi à l’origine de l’italien tasso, du catalan teix, de l’espagnol tejo, du portugais teixo et a été emprunté par le breton ; taouz.

Corominas propose une influence du mot thuya ce qui est rejeté par von Wartburg   pour des raisons  d’ordre phonétique.

Rapégon, rapegon

Rapégon, rapegon « fruit de la bardane ». L’étymologie est probablement le verbe germanique rapôn « saisir, attraper ».  Voir l’article rapar.  Rapégon appartient à la même famille de mot que <arrapar et rapugaire « grapilleur ». Il est à ajouter à l’article rapôn du FEW. XVI,664-667.

Vu l’attestation suivante ; Pégon (ou rapégon) : (Prov.) Personne collante, importun. « Il m’a parlé pendant au moins une heure. Un vrai pégon », il est aussi possible que rapégon est composé de rapar + pégon dérivé de pégar « enduire de poix ». du verbe latin picare. D’après Alibert un pegon est un « amas de résine sur une branche de confère; torche de résine ».

Je penche plutôt pour la première hypothèse, parce que le fruit de la bardane ne colle pas mais s’attache avec des petits crochets aux cheveux ou au vêtements. Mais Mistral donne toute une série de mots rapega ou rampega qui ont les deux sens  « s’accrocher »  et « se coller ».  Difficile de se décider.

rapegon_bardane fruit

Bachin, bachino 'Génois'

Bachin « Génois, Sarde » vient du nom de personne Baptiste,  du latin baptista « celui qui baptise ». Le nom Baptiste  est souvent utilisé dans les théâtres de foires pour un personnage « niais, crétin« .  Nous le retrouvons en piémontais  batšitša , en piémontais et en lombard tištša et à Como batista.

Dans Les Cris de Marseille, (Voir Sources s.v. Marseille), j’ai trouvé la description que voici:

Les attestations dans le premier volume du FEW qui date de 1928 sont rares. Heureusement nous avons à notre disposition sur internet le Lessico Etimologico Italiano  (abrégé LEI), s.v. baptista de nombreuses attestations dans les parlers nord-italiens. Ci-dessous  l’extrait de l’article du LEI avec l’explication de l’évolution sémantique.

Voir aussi le TLF s.v. baptiste,  qui mentionne spécialement les Canadien français: « Nom donné au Canadien français… Par extension, Baptiste et Baptisse désignent aussi le contribuable canadien : Le gouvernement vient d’augmenter les taxes : paye, Baptisse!«  (Canada 1930). »