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Quiquette ‘pénis’

Quique ou quiquette: Sexe de l’homme. (Lexiue marseillais ) D’après l’excellent  Dictionnaire marseillais     quique  est aussi « Affectueux pour s’adresser à un enfant ou une femme ». L’étymologie d’après le FEW est une onomatopée kik-  » « . En français c’est la forme parisienne quéguette qui s’est imposée. Le TLF cite l’étymologie du FEW, mais ajoute celle de Sainéan, qui propose comme origine le mot bistoquette qui a le même sens et est dérivé du verbe bistoquer « faire l’amour », une forme ancienne  du verbe biscoter (TLF), emprunté au parlers flamands besteken proprement « accrocher, fixer qqc. à qqn » d’où « piquer des ornements sur des habits, parer », « faire des cadeaux, fêter ». Le sens actuel le plus courant en néerlandias est « corrompre’.

De « fêter » est issu le sens de « faire la cour à une femme » puis « faire l’amour ».

Lein Geschiere, Éléments néerlandais du wallon liégeois, Amsterdam, 1950, écrit que le –o-  de bbistoquer fait difficulté. Je n’ai pas pu consulter le livre de Geschiere, mais je pense qu’il ne savait pas que participe passé de besteken,  est   bestòòke  avec un –ò– long.

Le verbe besteke était vivant au Limbourg néerlandais quand j’étais jeune. A Roermond on chantait  en dansant autour de la table,  les paquets cadeau à la main, la veille de l’anniversaire de quelqu’un :

Vandaag is ‘t de aovend, morge is ‘t de daag

Dèt ich ……(le prénom) bestèèke maag.

‘T is neet om te aete

‘T is neet om te drinke

‘t is om ……(le prénom) ziene verjaordaag te gedinke.

 Dans l’excellent  Dictionnaire marseillais     quique  est aussi « Affectueux pour s’adresser à un enfant ou une femme ».

 

 

Saussola 'pain trempé'

Saussola « pain trempé dans du vin, du café, etc.’ est dérivé du latin salsus « salé », attesté à  Clermon-l’Hérault et à Pézenas, chouchoule  à Bayonne. Suite à mon article sansouïro, où je parle  du mot salsola « salicorne « , Gérard Jourdan, fidèle et précieux commentateur de mes articles, m’écrit :

Bonsoir Robert,
j’ai lu avec plaisir, et un peu de nostalgie, cet article sur la salicorne avec l’indication du terme « sausola »
Quand j’étais gamin, à Montagnac (34), donc tout proche de Pézénas et de Clermont-l’Hérault, ma mère me préparait, souvent le jeudi quand je rentrais de travailler à la vigne avec mon père, un bol rempli d’eau fraîche, avec du vin rouge et quelques morceaux de sucre ; j’y trempais une ou deux tartines de pain et c’était un plaisir rafraîchissant incomparable ; peut-être que certains, plus riches, y trempaient des biscuits, mais il n’y en avait pas chez nous.
J’appelais ça « faire saussole ».

j’ai trouvé, sur un site de Cessenon, l’indication suivante :

« Léon Cordes raconte que les habitants de Minerve, en 1907, manifestèrent sous la pancarte:

Avèm de vin, mas cal de pan per far saussòla.

Le petit livre de Minerve, Lodève, 1974, p. 24.

Bachin, bachino 'Génois'

Bachin « Génois, Sarde » vient du nom de personne Baptiste,  du latin baptista « celui qui baptise ». Le nom Baptiste  est souvent utilisé dans les théâtres de foires pour un personnage « niais, crétin« .  Nous le retrouvons en piémontais  batšitša , en piémontais et en lombard tištša et à Como batista.

Dans Les Cris de Marseille, (Voir Sources s.v. Marseille), j’ai trouvé la description que voici:

Les attestations dans le premier volume du FEW qui date de 1928 sont rares. Heureusement nous avons à notre disposition sur internet le Lessico Etimologico Italiano  (abrégé LEI), s.v. baptista de nombreuses attestations dans les parlers nord-italiens. Ci-dessous  l’extrait de l’article du LEI avec l’explication de l’évolution sémantique.

Voir aussi le TLF s.v. baptiste,  qui mentionne spécialement les Canadien français: « Nom donné au Canadien français… Par extension, Baptiste et Baptisse désignent aussi le contribuable canadien : Le gouvernement vient d’augmenter les taxes : paye, Baptisse!«  (Canada 1930). »

sansouïre 'salicor'

Saussouiro, sansouïro « salicorne, salicor »  . Mistral, Trésor:

Ma voisine Maryse, originaire de Cannes et excellente cuisinière, m’a raconté que la salicor(ne) était comestible. Wikipedia confirme dans l’article Salicorne d’Europe :

Les tiges tendres de la salicorne jeune, récoltée en mai/juin, peuvent se déguster crues, nature ou en vinaigrette. Plus tard, la salicorne devient un peu amère et il est préférable de la blanchir. Quelques minutes dans l’eau bouillante suffisent à lui ôter son amertume et le sel en excès. Elle sera alors cuisinée comme l’épinard, à la vapeur, à l’eau (non salée !) ou revenue à la poêle. La salicorne fraîche, très fragile, ne se garde pas plus de deux jours au réfrigérateur.

salicor   sansouïre

 Dans RollandFlore, IX,165 nous trouvons les attestations suivantes de saoussouïro pour la « soude1 »

En français : « Les sansouires sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières littorales, soit la partie haute des marais maritimes. Ce terme est employé en France méridionale (Camargue, Languedoc et Corse). » (Wikimedia Commons).   Littré propose l’étymologie  latin salsūra « saumure »,  mais  salsūra  aurait dû aboutir à *saoussura.

L’étymologie de de saussouïro   semble être inconnue. Je n’ai pas trouvé d’attestations anciennes, mais nous pouvons reconstruire une forme *salsoria.  Dans le FEW, que vous pouvez maintenant consulter sur le site de l’ATILF en mode image,   s.v. salsus , vol XI, p.110, il y a une série de noms de champignons du type sauceron  et l’occitan sausseiroun « fenouil de mer »  Les formes sont très proches mais le sens « salicor » ou « sansouire » n’y est pas.

Dans le site e-santé, je trouve la remarque suivante: « La salicorne est parfois confondue avec la criste-marine car toutes deux poussent presque dans la mer. Mais elles n’appartiennent pas à la même famille botanique et ne se consomment pas de la même façon. »

Si vous cherchez des images de « fenouil de mer » vous verrez qu’en effet il y a une forte ressemblance, mais la criste-marine est un ombellifère!

Salsola.Dans la même page du FEW je trouve le type saussola « pain trempé dans du café etc » attesté à Clermont-l’Hérault et à Pézenas.  Je ne pense pas que Linné  ait trouvé le nom salsola  en trempant le  pain dans son café en compagnie d’un botaniste montpelliérain (Linné, Genera Plantarum, p. 67 cf.TLF). En effet, la première attestation que nous avons vient de Bauhin2 1671, p.289 salsola

J’ai suivi le lien de Bauhin « Cæs. », qui renvoie à Andreas Cæsalpinus, De Plantis Libri XVI. Florence, 1583(De plantis (1583), 621 p.disponible sur Gallica). Je n’ai pas cherché la page exacte, mais nous pouvons conclure que le mot  salsola  est d’origine italienne ou a été créé par Cæsalpinus, d’autant plus que l’adjectif salso  « salé » y est à la base de nombreux dérivés:

Salicor, salicorne.

Le TLF  suit Corominas et propoe comme étymologie de  salicor,  (salicorne  en français)     le mot catalan salicorn attesté en 1490:

salicorne (id. » (Cotgr.). Empr. au cat.salicorn (att. dep. 1490 ds Alc.-Moll), plus prob. issu d’un b. lat. salicorneum, comp. de sal « sel » et de corneum « en forme de corne », que d’orig. ar. Voir Cor.-Pasc., s.v. sal et FEW t. 21, p. 154a.

Un petit détour historique.

L’utilisation de la salicorne a été très importante dans la fabrication du verre.

Voici un extrait du  site des verriers du Rouergue

Soude ou salicor employée par les verriers (3 parties)

Cet article est extrait du Dictionnaire raisoné universel d’histoire naturelle de M.Valmont de Bomare publié à Lyon en 1776.

SOUDE, soda, plante dont on distingue nombre d’espèces. Nous décrirons ici les espèces les plus en usage dans les Arts & dans la Pharmacie.

1°. La Soude appelée Salicor : c’est une plante annuelle qui croît dans les pays chauds, sur les bords de la Méditerranée. …    La plante appelée salicor, dit M. Marcorelle, est utile par le revenu qu’elle rapporte ; précieuse par ses usages ; curieuse par ses diverses métamorphoses; & agréable à la vue par la variété de ses couleurs & sa forme régulière : elle figurerait dans un parterre & y réussiroit très bien, mise dans une terre appropriée. Cette plante de salicor est connue en Latin sous le nom de kali majus cochleato semine. C. B. Tournts infl. p. 247, salsola (kali ), Linn. N°. 1 : en Arabe sous celui de kali : en François sous celui de soude, & en Languedoc & dans le Roussillon, sous celui de salicor. C’est le boucar des Poitevins & des Saintongeois.

2°. La Soude SAlicor appelée Salsovie Ou Marie épineuse, kali spinosum : elle naît aussi dans les pays chauds, sur les rivages sablonneux de la mer, le long des lacs salés, quelquefois même dans les champs éloignés de la mer.

3°. La Soude appelée la Marie Vulgaire Ou la Grande Soude, est le kali geniculatum majus, C. B. salicornia articulis apice crassioribus, Linn. Il y en a de deux espèces, l’une est le salicornia annua, l’autre est le salicornia semper virens.

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  1. Saeda (genre)L. et Salsola (genre)L.
  2. Bauhin Caspar (Caspari Bauhini Viri Clariß.) – Pinax Theatri Botanici sive Index In Theophrasti Dioscoridis Plinii Et Botanicorvm qui à seculo scripserunt Opera: Plantarvm Circiter Sex Millivm Ab Ipsis Exhibitarvm Nomina cum earundem Synonymiis & differentiis methodice secundum genera & species proponens. Bâle,1671. Plusieurs numérisations en ligne, dont Google books

baragane 'poireau sauvage'

Baragane, barragane s.f. « poireau sauvage ». Deux attestations dans le FEW  venant de la Saintonge,et une du Gers.

Nouvelles attestations: Wikipedia : 1. « Il est également appelé baragane, pouragane, poireau des vignes, poireau sauvage. » 2. Un blog avec une recette. 3. Dans Acabailles gerbebaude pampaillet: les régionalismes viticoles dans les Graves... Par Sabine Marterer :

4. Dans  un commentaire du site de Bonnetan  c’est maragane : Dans la région de Ste Foy la Grande (33) et Puyguilhem (24), sur un axe allant de Ste Foy à Eymet (24), on disait aussi « maragane« , comme en attestent plusieurs témoignages.

5. Dans Le régal végétal: Plantes sauvages comestibles Par François Couplan, avec un avertissement concernant la cueillette :

L’étymologie  de barragane étant  inconnue (FEW XXI, 129b), j’ai écrit à l’auteur du Dictionnaire étymologique du basqueMichel Morvan : J »ai vu quelques mots basques pour « ail »  et « poireau » qui ont une ressemblance. Avez-vous une idée sur l’origine? Il a eu la gentillesse de me répondre ;

Pas simple en effet. Pour ce qui est du basque, il y a deux mots pour désigner l’ail: baratxuri et berakatz. Le premier semble formé de baratze « jardin » et xuri « blanc » (le blanc du jardin) et le second de berar « herbe » et katz « amère ». Quant au poireau c’est un emprunt roman, porru. Pour « poireau sauvage » on rajoute basa « sauvage » devant, soit basaporru.

Une idée au hasard qui vaut ce qu’elle vaut: le poireau étant appelé aussi « asperge du pauvre », on pourrait envisager peut-être une sorte de croisement entre deux mots, vu qu’il y a une variante pouragane qui fait penser à poireau. L’autre partie serait issue de *asparagus ?

Une piste à explorer….

Pouragane  ne se trouve pas dans l’article porrum du FEW, mais des formes assez proches comme  pourrigal « ail des vignes » à Béziers et Pézenas, porregal  à Puisserguier,, pourracho « asphodèle » dans le Périgord, pourracha id. ,  près de Barcelonnette  etc. FEW IX, 196b. Français pourragne « espèce d’Asphodèle » (Académie 1842). A propos de ce dernier le FEW remarque qu’il doit certainement venir du Midi, même s’il n’y a aucune attestation en occitan.

 Une influence d’un des nombreux dérivés de asparagus « asperge » (FEW XXV, 464) comme ancien occitan aspargula,   occitan espergasso « asperge sauvage » est probable.