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Tafanari, Fanny

Tafanari « fesse(s), cul  spécialement de Fanny (voir les règles de la pétanque)». Probablement emprunté à l’italien ou à l’espagnol. A Mâcon le tafanari  s’appelle tout court le fanny. A Lyon la forme prend un s- : stafanari. ce qui indique un emprunt récent.

     pour les collectionneurs : tafanari ou Fanny

J’ai surfé un peu en cherchant l’origine des mots Tafanari et Fanny et j’ai été surpris que tafanari se retrouve non seulement dans le sud de l’Italie à Cilento (note1) , mais aussi dans le Nord, à Milan et à Venise ainsi qu’en espagnol. L’auteur d’une liste des arabismes à Cilento écrit: « tafanario – s.m. deretano (= la parte posteriore del corpo; il sedere ) N460 ; sp. tafanario. » Comme étymologie il propose : arabe tafar + tafran  » qui n’a pas le sou » ; B.56 (note2) : tafran « homme malpropre. » Vedi S.(= voir S. =??) : tafnar ». Une autre source dit que tafanariu signifie « anus ».
Nous avons plusieurs propositions étymologiques pour tafanari :

  • 1) arabe tafar « croupière ».  Un visiteur m’écrit : « le mot arabe est thafar (th = th anglais dans thin) ». Leo Spitzer dans la Z 51(1931) p.296 émet des doutes pour deux raisons. D’abord pour une raison de principe. de recherche généralement admis. Il faut dans la mesure du possible expliquer l’histoire d’un mot en « interne », c’est-à-dire dans la langue de la région.  Secondo, dans le cas de tafario , cela suppose une dissimilation -r- / -r- > n- / -r- et en plus une dérivation avec un suffixe –ariu qui est plutôt savante.
  • 2) arabe tafar + tafran « qui n’a pas le sou ». Embrasser Fanny ou baiser Fanny n’est pas une récompense. Cela veut dire perdre une partie sans avoir marqué un seul point! un grand 0.
  • 3) D’après un dictionnaire italien, le Garzanti, tafanario est un dérivé de tafano « taon » à cause de l’habitude de ces insectes de piquer les postérieurs des quadrupèdes ». Alors tafano serait comme notre tavan et français taon. du latin tabanus. Spitzer penche pour cette étymologie donnée par Giuseppe Boerio dans son“ Dizionario del Dialetto Veneziano ” (Venise, 1856), s.v. tafanario. Celui-ci avait trouvé dans un vocabulaire sicilien le texte suivant : « Eo quod ibi confluant muscae tabani translate de hominis sede » . Le mot serait alors d’origine italienne pour des raisons d’ordre phonétique, parce que la forme tafano < latin tabanus ne s’est développé qu’en Italie.
  • 4)Dans le Diccionario de la Real academia española le mot tafanario est défini comme « nalgas« . Comme mon espagnol ne va pas jusque là, j’ai cherché la définition : « Chacune des parties charnues et rondes qui se trouvent entre le bout de la colonne vertébrale et le début des cuisses. » D’après le même vénérable dictionnaire l’étymologie de tafanario est antifonario (un dérivé de antífona) qui signifie : 1.livre des antiphones.      2. cul ou fesses, c’est-à-dire que antifonario c’est un synonyme de tafanario.
  • 5) Dans un autre site quelqu’un affirme que le mot arabe tafar signifie « fabricante y vendedor de lozas » (fabricant et vendeur de faïence) et non pas « croupière ». Difficile à vérifier pour moi.
  • 6) En catalan existe le verbe tafanejar  « fouiner, fureter dans des affaires de quelqu’un » et l’adjectif tafaner : d’origen incert, probablement alteració de tofoner, der. de tòfona, aplicat inicialment a persones o gossos cercadors de tòfones que furguen i ho remenen tot]. Et le tofona qui vient d’un « cat. ant. tòfera,1507; ll. dial. *tufara, ll.latin cl. tubera, pl. de tuber c’est notre truffe.

    

tafanario ………………………. et ………………………….. antifonarios (espagnol)

Etymologie. Je suis le plus séduit par la proposition du Diccionario de la Real academia española. Je vois bien un Espagnol dire à un copain: « siéntate en tu antifonario »,  pas seulement parce qu’un antifonario est un gros recueil des chants liturgiques ennuyeux et répétitifs mais parce que les antiphones sont chantés par deux choeurs, alternativement. Dans le TLF antiphone est défini comme : Psaume ou chant d’église exécuté en alternance par deux chœurs, l’un disant les versets, l’autre répondant par une antienne.

Amando de Miguel dans une rubrique Frases y palabras du 26 mai 2006 soutient cette  explication: « África Marteache quiere saber el significado de tafanario. Como ella misma indica, es una variante jocosa de lo que por otros nombres es el culo, las asentaderas, las nalgas, el trasero, el pompis, el culete. Tafanario es una corrupción de « antifonario« , un libro de regulares dimensiones que figura en el coro de las catedrales, donde se recogen los textos de las antífonas o cantos rituales. Quizá sea la magnitud del objeto y sobre todo su índole ( caractère solennel) solemne y sagrada lo que determina que, por antífrasis, se pueda aplicar al culo. Recuérdese una expresión que recoge ese mismo juego de la antífrasis: « confundir el culo con las témporas ».(confondre le cul et les quatre-temps = chacune des quatre périodes (au début de chaque saison) qui dans l’année liturgique comporte trois jours de jeune et de prière).

Quelle histoire est la plus probable?  la proposition de Giuseppe Boerio, suivi du dictionnaire Garzanti, qui le rattache à tabanus ?. Mais il faudra mieux connaître l’histoire du mot et surtout les dates des attestations dans les parlers italiens. Une origine sicilienne n’exclut pas l’étymon arabe thafar « croupière ». En ce qui concerne le mot espagnol antifonario il faudrait également savoir depuis quand il est utilisé pour désigner las nalgas.

Michel Wienin ajoute une attestation de l’Algérie:

TAFANARI           :              Ouï du Gard, c’est du provençal/marseillais même si le mot est connu un peu partout. C’est aussi du « pied noir », au moins de l’est de l’Algérie d’où la famille de ma femme est originaire (donc probablement d’origine italienne). Pourquoi ne pas relier ce mot au corse tafonu (trou)… ? etc. Le popotin, c’est bien l’emballage du trou du cul.

1) NIGRO, M., Dizionario Etimologico del Dialetto Cilentano. Centro Grafico Meridionale, Agropoli, 1990.

2) BELOT, J.B., Dictionnaire Al-Fared Arabe-Francais. Librarie Orientale, Beyreuth, 1964. tafar est suivi de la réf. B. 452; tafran de B56.

Fanny 13-0

Fanny, une abréviation pour tafanari.

Français régional, la Cigale et la Fourmi

Plusieurs visiteurs ont eu la gentillesse de m’envoyer la  fable  LA CIGALE ET LA FOURMI façon provençale !!!  écrite par Caldi Richard . Je crois qu’elle voyage librement sur le web. Une excellente occasion pour moi de m’en servir pour illustrer la notion de français régional.

Mode d’emploi :
gras rouge = lien vers l’article dans mon site.
gras bleu = note en bas de page.
gras marron = lien vers le Trésor de la langue française TLF.

 CIGALE ET LA FOURMI façon provençale ! par Caldi Richard

Zézette, une cagole de l’Estaque, qui n’a que des cacarinettes dans la tête, passe le plus clair de son temps à se radasser la mounine au soleil ou à frotter avec les càcous1 du quartier.

Ce soir-là, revenant du baletti2 où elle avait passé la soirée avec Dédou, son béguin, elle rentre chez elle avec un petit creux qui lui agace l’estomac.

Sans doute que la soirée passée avec son frotadou lui a ouvert l’appétit, et ce n’est certainement pas le petit chichi  qu’il lui a offert, qui a réussi à rassasier la poufiasse. Alors, à peine entrée dans sa cuisine, elle se dirige vers le réfrigérateur et se jette sur la poignée comme un gobi  sur l’hameçon.
Là, elle se prend l‘estoumagade3 de sa vie.
Elle s’écrie :
–  » Putain la cagade! y reste pas un rataillon4, il est vide ce counas.
En effet, le frigo est vide, aussi vide qu’une coquille de moule qui a croisé une favouille. Pas la moindre miette de tambouille.
Toute estransinée5  par ce putain de sort qui vient, comme un boucan, de s’abattre sur elle, Zézette résignée se dit :
–  » Tè vé, ce soir pour la gamelle, c’est macari, on va manger à dache6 « .
C’est alors qu’une idée vient germer dans son teston.
–  » Et si j’allais voir Fanny ! se dit-elle.
–  » En la broumégeant un peu je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube « .
Fanny c’est sa voisine. Une pitchounette brave et travailleuse qui n’a pas peur de se lever le maffre7

 Aussi chez elle, il y a toujours un tian qui mijote avec une soupe au pistou ou quelques artichauts à la barigoule.
Zézette lui rend visite.
–  » Bonsoir ma belle, coumé sian ! Dis-moi, comme je suis un peu à la dèche en ce moment, tu pourrais pas me dépanner d’un péton de nourriture ! Brave comme tu es, je suis sûre que tu vas pas me laisser dans la mouscaille.
En effet, Fanny est une brave petite toujours prête à rendre service.
Mais si elle est brave la Fanny elle est aussi un peu rascous (= rascas « teigneux »?) et surtout elle aime pas qu’on vienne lui esquicher les agassins quand elle est en train de se taper une grosse bugade; ça c’est le genre de chose qui aurait plutôt tendance à lui donner les brègues.
Alors elle regarde Zézette la manjiapan8 et lui lance:
–  » Oh collègue ! Tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ? Moi !!!, tous les jours je me lève un tafanari comaco pour me nourrir ! et toi pendant ce temps là, qu’est-ce que tu fais de tes journées?
–  » Moi !!???? « , lui répond la cagole
–  » J’aime bien aller m’allonger au soleil ! ça me donne de belles couleurs et ça m’évite de mettre du trompe couillon.  »
–  » Ah ! Tu aimes bien faire la dame et te radasser la pachole9  au soleil, et bien maintenant tu peux te chasper.
–  » Non mais ???!!!! , qu’es’aco ? C’est pas la peine d’essayer de me roustir10 parce que c’est pas chez moi que tu auras quelque chose à rousiguer, alors tu me pompes pas l’air, tu t’esbignes et tu vas te faire une soupe de fèves.

Texte de Caldi Richard

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  1. Cacou (ou kakou) : Jeune qui veut se montrer. Orthographe incertaine. on voit aussi caique, quèque, kaike. »Les bandes jaunes sur la carosserie noire, ça fait cacou! »
  2. Dérivé récent de ballare « danser »
  3. « douleur d’estomac » et puisque  l’amour passe par l’estomac « serrement de coeur »
  4. en provençal : retaïoun  « petit morceau, rognure » de re– + tailler
  5. du verbe estransinar « harasser; v.r. se dessécher d’inquiétude, pousser des cris perçants » d’après Alibert;  du latin ex + transire passer au-de là
  6. Voir Wiktionnaire à dache
  7. Terme d’origine obscure qui désigne le postérieur dans l’expression : se lever le maffre. « Mon père, y s’est levé le maffre toute sa vie aux Chantiers ». tous les jours pour remplir son cabas. Marius Autran
  8. manja  « mange » + pan « pain »
  9. D’après Alibert « pot-pourri, tripotage; potée pour la volaille ».  D’après le Wiktionnaire :(Provence) (Marseille) (Vulgaire) Sexe féminin (organe sexuel).(Marine) Filet de pêche en forme de poche pour attraper les petits poissons
  10.   Occitan  rostir  « escroquer » du germanique raustjan