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Alandà

Alandá v.tr et r. « ouvrir en grand » est attesté des Cévennes gardoises jusqu’aux Pyrénées Orientales. (Thesoc). Avec le sens « brûler’ seulement dans les Cévennes gardoises. Le témoin de St-Hypolite du Fort a ajouté la remarque « brûler rapidement ». L’abbé de Sauvages (S1) donne alandà « étendu ». Dans la deuxième édition, il ajoute l’infinitif  alanda « ouvrir tout à fait une porte, une fenêtre, ouvrir les deux battants. Etaler une marchandise. Lâcher le troupeau. »  Alanda lou fio est « faire brûler le feu ». Ces dernières significations  ont échappé au FEW.

D’après le FEW il faut rattacher ce groupe de mots à un gotique *landa « gros bâton, barre ». A Ossau (Pyr.Atl.) est attesté lande « barre de fer servant à fixer un battant de porte » et dans le Val d’Azun (Htes-Pyr.) landèra « bâton recourbé pour tourner le lait du fromage ». Le sens « ouvrir en grand » s’explique facilement comme « enlever la barre des deux battants ». Pour « lâcher le troupeau » (S2) on le fait également.

« Etaler la marchandise »(S2) est imaginable, mais je ne comprenais pas par quelle évolution sémantique le verbe alanda a pu prendre le sens « brûler » dans les Cévennes.  C’est chez l’abbé de Sauvages que je trouve qu’ alanda lou fio signifie  « faire brûler le feu »  C’est une action que l’on fait avec un bâton ou une barre de fer.

C’est la même barre qu’on enlève pour ouvrir en grand une porte ou faire brûler le feu.

alanda loi fio

Alanda lou fio.                                             La lande tient une porte de garage.

 

Aissada

Aissada s.f. »bèche, houe » d’un latin asciata participe passé du verbe asciare « travailler avec la houe », est attestée en ancien occitan depuis le XIIe siècle, et très répandue dans tout le domaine occitan, en catalan aixada, espagnol azada et portugais enxada, mais ne se trouve pas dans le domaine d’oïl. Les deux mots aissou et aissado cohabitent à Valleraugue et désignent le même outil.
A Trèves (Gard)  aousado a été donné pour « houe triangulaire », comme celui  dans le Musée Cévenol cité sous aissou

Aire,airiel

Aire, airiel

‘avec plusieurs membres quarantes deux cannes cinq pans aire airiels trelhatz et pollallier du coté du couchant trente quatre cannes’. (compoix Valleraugue 1625 tome 2 page 26)

Etymologie : latin area « espace libre, sol uni ». Eira ou aira en ancien occitan signifie « lieu vide et libre autour de la maison »        ( XIe siècle) mais déjà à la fin du XIIe aussi « aire à battre le blé ».

Plus tard a été créé le dérivé airée ou ayrie « quantité de gerbes qu’on met en une fois sur l’aire pour la battre », yerado ou eyrado dans le Gard, et naturellement on s’en est servi pour désigner cet espace et le verbe enairá « mettre le blé sur l’aire ».

Dans beaucoup de villages occitans nous trouvons une Rue des Aires ».

La forme airiel, airiel du Compoix n’a été attestée nulle part ailleurs à ce que je sache, mais je pense que le destrador local a voulu bien distinguer la place libre autour de la maison et l’aire à battre le blé.


le cercle est l’aire à battre le blé

Aigavers

Aigavers, aigovers « ligne de partage des eaux ; arête d’une montagne » déja attesté en ancien occitan, qui avait crée aussi le verbe aigaversar « faire le partage des eaux ». Il y a quelques attestations du XIXe siècle et 146 sites (Google) en occitan moderne!

Dans le Compoix de Valleraugue (1625) la forme a été orthographié aiguevers, ce qui me semble une francisation. Etymologie aqua + versare ‘eau’ + ‘retourner’. En ancien béarnais: « l’augabes a la part d’Ossau et deu port d’Anolhaas » Voir le Dictionnaire de l’ occitan médiéval.


avec l aiguevers du Serre del col de Lunda

Trissa; tris

Trissar « piler, broyer, fouler aux pieds » voir tris ci-dessous.

Trisson, trissou(n), trissadou (S) « pilon du mortier »; estrissar « broyer, écraser les mottes de terre ». Composé : trisso-moutos « maillet pour émotter », ancien occitan atruissar « opprimer moralement ». Il y a quelques attestations du dérivé trissouiro, trissadouiro(s) avec le sens « dents ».

Tris, trissa adj. « pilé, broyé », saou trisso « sel fin », est un dérivé du verbe trissa « piler, broyer » issu du latin *tritiare « frotter, piler, broyer ». Les représentants de *tritiare se trouvent en espagnol triza, hacer trizas « casser en mille morceaux », catalan estrijolar
« broyer »,  en occitan et dans l’Est de la Galloromania jusqu’en Champagne et les Ardennes. Le -ss- dans beaucoup de formes galloromanes doivent s’expliquer par une assimilation à l’adjectif tris.
D’autres mots qui ont la même origine : trissou(n), trissado, (etc. cf. Thesoc) « pilon, mortier », trissadouiros « les dents » à Marseille, trissagi « action de piler »; un composé en Dauphiné: trisso-krousto « un gros mangeur ».

Voir aussi le verbe triar « trier, choisir » et trida adj. « arable, meuble ».

Français triturer < latin triturare est un emprunt du XVIe s. au latin classique.