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Amarou 'marron'

Amarou s.m. « marron d’Inde » (Gard). Composé du préfixe a- + marron.

Marron est un dérivé d’une racine préromane marr- « pierre, caillou » . Voir ici marela.

Marron a été emprunté à l’italien avec l’introduction de cette variété de châtaignes au XVIe s. dans la région lyonnaise. Le mot amarou et le dér. amarouni « marronnier d’Inde »  est limité au Valais et Genevois en Suisse, la Hte Savoie les Htes Alpes et le Gard. Vous trouverez plus de renseignements sur châtaignes et marron en cliquant sur ce lien.

Le mot est peut-être formé avec amar « amer » comme dans le Gard et l’Hérault amarou(n)  » lathyrus alphaca, esp. de gesse  ou plus précisément  « sorte de gesse dont la semence mêlée avec le blé communique un goût amer au pain . » Quoi que, dans notre région, ce n’est pas le seul exemple où un a- précède la racine : p.ex. à Mende amouros d’aze « mûres de ronce »; agriotto « cerise griotte ».  Alès, Nîmes aroundze « ronce », aglan « gland » (Joblot).

Pour les autres sens donnés par Alibert dans son Dictionnaire, voir l’article amaroun

 

Amarinier, amarino

Amarinier s.m. « (souche d’- ) osier », amarina « osier ». Du latin amerina « osier  » un adjectif formé sur le nom de la ville Ameria (maintenant Amelia) en Ombrie,  à une centaine de km au nord de Rome.

Cela me laisse pantois, qu’un mot bien connu des Romains  et attesté chez Virgile, Pline etc.,  survit uniquement dans un grand domaine du sud-est du galloroman, de la basse vallée du Saône jusqu’à la mer.    Comment est-ce possible? .

Il est attesté en ancien occitan depuis 1204 et il y a de nombreuses attestations dans les parlers modernes. Le remplacement du -e- par -a- s’explique par l’influence du mot amarus « amer », parce que l’écorce des saules contient une substance amère utilisée comme fébrifuge depuis l’antiquité. Ceci  peut expliquer le maintien du mot, mais pas le fait que c’est seulement le cas en Gaule.

Il y a beaucoup de dérivés comme par ex. amarineto « petit brin d’osier », amarinà « assouplir, tordre; amadouer » etc. qui s’expliquent facilement. Pan amarinous  = pain ramolli1.

D’après Pouzolz, le saule s’appelle saouse (du latin salix)  dans le Gard, pourtant dans le Compoix de Valleraugue (1625) c’est amarinier.

          

Au pluriel  amarinos   a pris le sens de « verge, baguette ». En 1347 Jeanne I, reine des deux Siciles et comtesse de la Provence, a voulu régler le problème de la prostitution à  Avignon.  Elle a ordonné que les filles « fautives » soient enfermées dans un genre d’Eroscenter, appelé Bourdeou  et elles devaient  porter une aiguillette rouge sur l’épaule gauche.  (Nos gouvernants du XXIe siècle préfèrent punir les clients.) Au cas où on les trouvait en ville, elles étaient punies avec les amarinos …

Si le texte complet vous intéresse

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  1. Bernard Giély,

Albar

Albar s.m. »peuplier, tremble » au sens propre « peuplier blanc ». Etymologie : latin albāris « blanc », qui en occitan a abouti à trois sens différents:

  • « aubier, la partie tendre et blanchâtre qui est entre l’écorce et le coeur de l’arbre ». Sens qu’on trouve dans l’ouest, Limousin, Agenais, Gascogne.
  • « saule blanc » à l’ouest du Rhône jusqu’en Béarn.
  • « tremble, peuplier blanc » en franco-provençal et en ce qui concerne l’occitan principalement dans les départements de l’Aude et de l’Ariège (Thesoc).

Mme Germi mentionne la forme oubère s.f. pour le Champsaur.

D’après le FEW, l’étymon de cette forme est latin álbarus « populus alba L. » avec un déplacement de l’accent qui semble assez fréquent en occitan pour les proparoxytons.  Cf. Mistral aubrero, aubro, aubrio, ourbrero.

  • Voir Pégorier pour les très nombreux toponymes Aubaredo, Aubarou, Aubrée, etc.

salix alba populus alba

Ajas, ayas, ayar

Ajas, ayas, ayar s.m. « érable; érable noir; alisier », vient d’après Hubschmied, suivi par le FEW d’un gaulois *akaros « érable ». Nous le trouvons dans le Sud-ouest (Deux-Sèvres, Charente, Saintonge; Tarn et Garonne, Lot, et Corrèze) et en franco-provençal, Suisse, Dauphiné et la Drôme.

Toponyme : Vallée d’Aoste : Ayas vient d’un latin agatius (? Wikipedia)

Voir aussi  agast

ayas

Automne en Vallée d'Aoste

Agast, agas

Agast, ou agas s.m. « érable; érable à feuilles d’aubier ». Étymologie : grec akastos « érable » . D’après les dictionnaires agast n’est connu qu’en provençal et en est-languedocien.  L’abbé de Sauvages ajoute que le bois d’agas sert pour le charronage. Pour Mistral l’agast est « l’érable de Montpellier ». (Acer monspessulanum L.)

Ce nom est limité au parlers à l’est du Rhone et une zone du est-languedocien. Pour le moment on n’a pas d’explication de cette limite géographique.  Le FEW signale le mot basque gaztigar « érable » qui pourrait être un emprunt à l’occitan avec un suffixe basque. FEW XXIV,276

 

Érable de Montpellier