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Comairèla

Comairèla « belette » (dans l’Aude, Hte-Garonne, Tarn, Thesoc) et le Gers (FEW II, /2, 945b et n.3) vient du latin commater « marraine, sage-femme ».

Le sens courant de comaire, coumaire est « marraine ». A Toulouse une coumayre est « une femme qui aime à se réjouir ». A Avignon une coumaire est « une bouteille de 3 litres » d’après Mistral. Tout cela est compréhensible. Mais la belette??. Et sans lien   avec ces régions, nous le retrouvons en Espagne: comadreja, en Sardaigne camedrenga (< *commatricula ),  à Naples , Molise, et Campobasso en Italie au sud-est de Rome cummatrella , ainsi qu’en Silésie  en Pologne. (AGl2, p.50). Voir mon article moustèlo sur le rôle de la belette dans la mythologie et une explication de la grande variété des noms de cet animal domestique.

Clau

Clau « cléf; robinet d’un fut (cf.Thesoc pour la répartition) du latin clavis « clef »

Clau de Sant-Pèire « lézard gris ». Etymologie latin clavis « clef ». Sant-Peire dans le l’Aveyron.  En grec moderne il y a une autre espèce de lézard qui a un nom apparenté : kleidoo tou …(clef de Saint-Jean).  En ce qui concerne  l’origine de cette liaison entre les Saints, leurs clefs et le lézard. Il y a deux suppositions:
1. St.Pierre règne sur la météo, sur le beau temps et quand le lézard  réapparaît il annonce le printemps.  St.Pierre est remplacé par d’autres comme St.Georges, le patron de la Catalogne.
2. Des clefs ou des heurtoirs ont souvent la forme d’un lézard.

Je croix avoir trouvé la solution dans un article d’Albert Dauzat (BDP 3.2.8.4.5.) qui signale qu’ autour du Mont-Dor (Puy de Dôme) le lézard s’appelle « croix al-iva ». A.Dauzat soutient donc ma deuxième hypothèse.

     

 

Clau de Sant-Jordi, Sant Jordi dans l’Aude et le Lot.

Clau tout seul dans l’Aude et l’Hérault.

Claveto diminutif dérivé de clau. Surtout dans l’Aveyron et le Tarn.

Croz al-iva Puy-de-Dôme (Dauzat, voir ci-dessus). Le passage de la clau de Sant Peire à la Croz(de St Peire) ou l’inverse ne pose pas de problème à mon avis. Voir les images ci-dessus.


Esclapaire

Esclapaire « celui qui fabrique des sonnettes » ou , »fendeur de bois; crabier vert, ardea virida » (Alibert), en ancien languedocien « bûcheron »et en français régional « personne de malhabile qui casse tout » (And), qui donne aussi le verbe s’esclaper « se blesser aux membres ».

Dans la course camargaise un barricadier est un biou qui se déchaîne et esclape tout dans l’arène. Cf. clapo et esclapeta ci-dessous.

ardea pupurea

Ceci est « ardea purpurea » et non pas le « virida »

Je n’ai pas (encore)  d »explication de ce nom du « crabier vert » et de « l’ardea virida » .  Un crabier est une  : « Espèce de héron d’Amérique qui se nourrit de crabes. « ,  cela nous n’avance pas.

Sernalha

Sernalha « lézard gris ». est limité à l’ouest du domaine occitan, en gascon, mais aussi dans l’Ariège, à Toulouse sernaillo, dans la Hte Garonne, le Lot sarnalhe etc. Orthographié Cernalha par Alibert, pourquoi?? D’après le Thesoc sernalha se trouvedans les dép. ARIEGE, AUDE GERS, HAUTE-GARONNE, HAUTES-PYRENEES LOT, LOT-ET-GARONNE, PROV. DE LERIDA (ESPAGNE) PYRENEES-ATLANTIQUES, TARN, TARN-ET-GARONNE.

                            sernalha                                                                                                     Lucerna

Gerhard Rohlfs (1892-1986), linguiste spécialiste du gascon, suppose qu’il s’agit d’un dérivé en -acula du latin lucerna « lampe »(RLiR 7(1931)p.131, suivi par von Wartburg dans le FEW.  Le transfert sémantique sur un animal a déjà été fait en latin, comme en témoigne  lucerna « poisson de mer qui brille quand les nuits sont claires » (Pline).
Lucerna a été conservé avec le sens « lampe » en ancien occitan luzerna et le verbe qui en est dérivé luzernà « paraître par intervalles, en parlant du soleil; épier, regarder de près » en occitan modene. En provençal et en est-languedocien luzerno, luerna désigne le « ver luisant ».

L’étymologie *lucernacula > sernalha pose quand même un problème: comment justifier la chute de la première syllabe lu- ? Du point de vue sémantique on peut penser que les petits yeux brillants du lézard font penser à des petites lampes (FEW).

Je pense qu’il s’agit  par association avec le mot ser « serpent ».  On a interprété lusernalha comme *lu+ ser+nalha  par étymologie populaire. L’association du lézard au serpent est assez fréquente comme il ressort des types lauserp (Hérault, Hte Garonne, Tarn, Béarn),aussi luserp en gascon, serpauda (Hte Vienne), serpelèta (Corrèze) serpentina (Puy-de Dome) serpèta (Creuse).( Thesoc). Mais je ne sais ce que *nalha pourrait signifier.

Voir aussi le mot langrola qui par étymologie populaire est devenu grisolo et lacerta > luserp (Tarn), lauserp (e.a. Hérault, gascon) > laïmbert « lézard vert » en ancien provençal, limber à Marseille.

Et la luzerne alors? La culture de la luzerne comme plante de fourrage commence au XVIe siècle. Au début la luzerne était appelée herbe d’Espagne ou foin de Bourgogne., mais rapidement le mot occitan luzerno s’est imposé. Voir le CNRTL : « Emprunté au prov. luzerno, de même sens, emploi métaphorique, en raison de l’aspect brillant des graines de la plante, de luzerno «ver luisant» (encore attesté dans les patois, v. FEW t. 5, p. 433b), issu de l’ancien provençal luzerna «lampe» (Rayn. t. 4, p. 109a), du latin lŭcerna,  (u court) devenu lūcerna (u long) sous l’influence de lūcere «luire» (u long) « .
(Le CNRTL utilise l’abbréviation prov. pour désigner l’occitan comme avant la guerre).

Gous, gos

Gos, gous « chien ».  Dans beaucoup de langues il y a un genre d’onomatopées pour exciter ou appeler des chiens qui consistent dans les sons k et s, avec ou sans voyelles entre ces deux sons : en suisse-allemand ks-ks , néerlandais koest (1) , espagnol cuz-cuz (?), allemand kusch, occitan cuss-cuss, gous-gous, ou guiss-guiss. A partir de ces sons a été créé le verbe agoucer « exciter (un chien) » d’ou le dérivé gos, gous « sorte de chien », attesté depuis le Moyen Age en wallon, picard d’un côté et en occitan à l’ouest du Rhone (Thesoc: Ariège, Aude, Hte Garonne, Hérault, Pyr-Orientales , Prov. d’Huesca; d’après les dictionnaires cités par le FEW aussi dans l’Aveyron, le Cantal, le Limousin, le Périgord et en Béarn). Voir la carte dans l’article can  « chien »

Un visiteur précise: Mes interlocuteurs en occitan (ils se font rares) prétendent (à Pézénas) que le mot « gos » vient de la montagne, tandis que le mot « chin » serait le plus courant en plaine. Cela ne les empêche pas de dire « ai una canha de gos« , m. à m. « j’ai une flemme de chien » ou encore « Es coma la gossa de Cacari » (i accentué). J’ignore qui était ce Cacari mais il devait avoir une chienne particulièrement paresseuse.

Malgré l’attestation à Prades gousa « jeune fille qui court après le garçons », les étymologistes ne croient pas que français gosse « enfant » a la même étymologie, mais on n’en a pas encore trouvé l’origine. La dernière proposition est le suédois! Voir TLF.

Le mot occitan gos, gous a été transféré à des outils : ancien occitan gosa « machine de guerre » (laquelle ?), Aveyron engoussos « machine pour assujettir un fuseau dont on dévide la fusée »(image?) et à une série de plantes: gousses « capitules de la bardane » (Carcassonne), gousséts « cynoglosse » (Pamiers, goussés « orlaya grandiflora » (Aude), mais « fruits du renoncule des champs » en Lauragais.

                                   

le gos d’Obama            capitules                        orlaya                   renoncules

Note: (1) Interprété par les dictionnaires étymologiques allemand et néerlandais comme un emprunt au français couche-toi. Mais je me demande pourquoi on parlerait français aux chiens. ?