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Rasclauso "écluse"

Resclauso en occitan m’écrit un visiteur.  Il est vrai, en provençal et en languedocien les attestations  avec -e– sont majoritaires. Mais les Manduellois appellent le quartier du Mas du Moulin la Rasclauso1 et l’abbé de Sauvages leur donne raison.   Une rasclause  est une retenue d’eau qui sert à faire tourner un moulin à eau. Il y a une rasclauso  bien conservée et restaurée à Laudun. Mistral donne les formes que voici:

Le mot resclauso  est attesté depuis le Moyen Age en Provence et dans l’ouest du Languedoc (Gard, Hérault). L’abbé de Sauvages écrit:

Rasclaouzo construction de pierre ou de charpente qui sert à élever les eaux. Une écluse de moulin est une petite chuassée, élevée qui sert à amasser l’eau d’un russeau ou d’une fontaine. Das ce dernier cas le bassin que forme l’écluse ou la chaussée est appelé biez. Voy. BEZAOU ».  Le Bezaou est le bassin. Dans les champs c’est une tranchée pour recevoir les eaux de pluie.

Rasclauso vient du latin exclūsa qui a subi l’influence de clausus « close ». Resclauzo  se retrouve en catalan rescloza « écluse ».

rasclaouso éclusePhoto de la rasclaouso  de Laudun.

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  1. Marcel Jouffret, Manduel à travers les âges. Nîmes, 1990, p. 36

Eigagnaou "rosée"

Eigagno; eigagnaou, aigagnaou « rosée » . La première est plutôt  provençale, la seconde languedocienne. Dérivé de aqua « eau ».

Exemple tiré de Fabre d’OlivetLes Troubadours… A la fin du vol. II, pp. 586-617 se trouve un lexique « occitanique », qui présente des mots de la région de Ganges (Hérault).

eignanaou

Cruc 'cime'

Cruc« cime de montagne » (ALF), cruca « tête, crâne » en limousin, Périgord, Agen; cruc pelat  « tête chauve » à Teste  viennent d’un gaulois *krouka  « cime » et appartient à une famille pré-indo-européenne *carra « pierre ». Voir  l’article Crau.

Crau, La Crau

Crau s.f. « plaine couverte de cailloux » en Provence(Pégorier) .  La ferme appelé La Crau   à Manduel est l’attestation  le plus à l’ouest du domaine occitan.   Il n’y a pas d’autres Crau  dans le Gard ni dans l’Hérault d’après  les Dictionnaires Topographiques de ces départements.   J’ai trouvé un résumé des étymologies amusantes proposées au XIXe siècle, dans l’article très intéressant1 de  Rainaud A.. La Crau. In: Annales de Géographie. 1893, t. 2, n°6. pp. 189-211.

Craou, en provençal, signifie « terroir pierreux, lande couverte de cailloux » (Mistral, Dictionnaire provençal-français, v° Crau). L’étymologie de ce mot a été l’objet de nombreuses recherches. On l’a rapproché du roman grava, grève, gravier; — du celtique craïg, crag, krag, assez répandu dans la nomenclature géographique : Mont Cragus, Alpes Grées, etc., mot qui signifierait pierre, rocher, comme aujourd’hui encore crag en anglais. Bochart, qui rattachait tout à l’hébreu, y voyait un radical hébraïque de méme sens. D’autres érudits ont cru découvrir à ce mot une origine grecque, et l’ont rapproché de kerrauvos en souvenir d’Hercule foudroyant ses ennemis; — de kranaos, la Crau méritant à plus juste titre encore que l’Attique l’appellation de kranaon pedion : plaine pierreuse, sèche et aride; de krauros : sec, desséché; de kràdzo : crier. Pour effrayer ses ennemis Hercule aurait poussé des cris épouvantables. Ces étymologies sémitiques et grecques ne sont que fantaisies d’érudits. Il nous semble préférable de nous arrêter à l’étymologie dite celtique qui dérive Crau de crag « pierre, rocher ». Les Latins l’appelaient Campus Lapideus. Le nom de Cravus, Cravum, Gravis, transcription latine de Crau, n’apparaît qu’au XIe siècle de notre ère dans les privilèges impériaux accordés à l’Eglise métropolitaine d’Arles.

 

Le FEW  le suit partiellement   dans l’article *kraw- « pierre » avec un étymon préroman, qui est présent sous deux formes dans les parlers galloromans: *kraw- et *krawc-.  La première se trouve en wallon, lorrain, normand et dans le domaine occitan en Provence2.   La seconde ne se trouve qu’au sud de la Loire, comme aoc. crauc « stérile, aride (du terrain), crauc à Toulouse « vide, creux » . Godelin parle du craouc de pes calhaous  « le creux entre les cailloux » d’un chemin. L’auteur suppose que *kraw- a été formé à partir de *carra  et il renvoie vers les articles  *cracos, le gaulois *krouka  « cime »   > e.a. cruc « cime d emontagne » (Cantal) qui y sont liés. La famille de mots *carra « pierre » nous  vient de la nuit des temps, la période que les linguistes appellent pré-indo-européen.

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  1. Il aurait pu l’intituler L’Histoire et l’Avenir de la Crau
  2. L’attestation donnée par le FEW pour  le Cantal, vient du Glossaire  de la Langue d’oc de P.Malvezin, BDP 3.2.8.3.1,  qui écrit que Crau est la plaine caillouteuse d’Arles

Sedas "tamis"

Sedas « tamis de crin ou de soie. entouré d’un cercle en bois, pour passer de la farine, etc. » vient du latin sætacium « tamis de crin ». Pour les Romains  la  saeta « soie »  étaient les poils des chevaux ou des porcs. Voir mon article sarga et seta, qui décrit l’histoire de la soie.

La graphie  sedaç est réservée aux « occitanistes spécialistes ». On écrit  sedas  en provençal et en gascon. En français il n’en reste que trois lettres : sas

Thesoc : sedaç ALLIER, ARIEGE
GERS, GIRONDE, HAUTE-GARONNE
HAUTES-PYRENEES, LANDES, LOT-ET-GARONNE
PROV. DE LERIDA (ESPAGNE), PYRENEES-ATLANTIQUES, TARN-ET-GARONNE.

Le  seden est le lasso camargais.

(copié du Dictionnaire provençal-français: ou, Dictionnaire de la langue d’oc … Par Simon Jude Honnorat)

Pégosité

Français pégosité « Faculté d’un adhésif de maintenir ensemble instantanément deux supports. » n’est pas dans le TLF. J’ai  trouvé sur le web  l’histoire suivante:

Et bien, les scientifiques qui aiment à tout expliquer par des échelles de valeurs, ont inventé le terme de « Pégosité » (voir  wikipédia.

On m’a dit, je ne sais si c’est vrai, que lorsque qu’une navette spatiale rentre dans l’atmosphère, son enveloppe extérieure tend à fondre sous l’effet de la chaleur… et lorsque la navette est au garage, les scientifiques « mesurent » le coefficient de « fonte » de la carlingue…

Puisqu’il fallait créer un néologisme pour définir ce « plus-ou-moins-collant-de-la-carlingue-après-pénétration-dans-l’air », un ingénieur provençal, travaillant sur le site de Kourou, à dit :

« chez nous on a un mot simple qui pourrait dire cette chose compliqué, on dit que ça pègue, on appellera ça le coefficient de pégosité »

Une histoire vraisemblable.  Pour l’origine de peg-  voir l’article  pagar, pegasse, pego, pegous

Courbe contrainte déformation mesurée au cours d'une épreuve d'adhérence.

Courbe contrainte déformation mesurée au cours d’une épreuve d’adhérence. (Wikipedia)

Amoussà ‘éteindre’

Amoussà « éteindre  » en parlant des bougies, d’une lampe , synonyme de  tuia « tuer » d’après l’abbé de Sauvages (S1).  L’étymologie est un *admortiare  « éteindre »   dérivé de mortuus  le participe passé de morior « mourir ». Attesté en ancien occitan amorsar « éteindre, amortir, calmer » et en occitan moderne amoussá, amoussar « éteindre »,  seulement en provençal et en languedocien.  D’après les données du Thesoc  amoussà  est  limité au Gard, l’Hérault, l’Aveyron et la Lozère.  Dans l’Hérault et au Grau du Roi on dit aussi damoussà,  A Nice il y a eu un changement de conjugaison : amursi , attesté aussi dans l’Aveyron  omoursi

Un  amoussadou  est un « éteignoir », francisé en amoussoir  à Marseille.

Le mot a aussi vécu dans le Nord de l’Italie, par exemple en ancien dialecte de Verona   amorçar, graphie qui doit être à l’origine de celle qu’on appelle « classique » (Alibert)

Artiga "terre défrichée"

Artiga « terre défrichée »est un mot fossile,  plutôt gascon, probablement d’origine préromane1 et qui n’a survécu que dans des noms de lieux. Il est rare dans le Var, mais devient  de plus en plus fréquent en allant vers l’Ouest.

Le Pégorier mentionne Arteaga  « lieu défriché » pour le basque, artiga, artigou « parcelle de terrain défrichée sur les hauteurs »  pour la Gascogne et le Languedoc, artigue  dans le Var.

Le village d’Artigue correspond à 100% à la définition  donne:

Artigue (Hte-Garonne)

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  1. FEW XXV, 387b *artīka