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aluca ‘allumer’

Aluca « allumer, éclairer » vient du latin ad + lūcere  « émettre de la lumière » ou bien un verbe *lucicare  a été créé à partir du substantif lux « lumière » . A Valleraugue oluca 

Aluca est très courant en languedocien et en gascon, mais inconnu en provençal1Ceci est assez curieux parce que des représentants de  *lucicare se trouvent aussi en Italie : luccicare  « émettre de la lumière ».

Lucado est un « rayon de soleil ». S’esperluga signifie « s’éveiller, ouvrir les yeux ». Un esperlucat « quelqu’un qui l’œil ouvert, qui est difficile à tromper » , un mot qui a vécu brièvement en français au XVIe siècle .

Dans la langue d’oïl a existé un verbe avec la même étymologie aluchier « cultiver, planter, favoriser », mais l’évolution sémantique  de ce verbe  demande encore des éclaircissements.

FEW V, 432

Alucard le nom du personnage principal du manga Hellsing de Kōta Hirano. serait une simple anacyclique de Dracula. ‘Wikipedia). Pourtant regardez son image

alucard

  1. Le Thesoc s.v. allumer ne donne pas d’information à ce propos; le FEW V, 432 ne cite aucune forme provençale

dalio, dalià ‘faux, faucher’

Dalio, dalia (S), dalh, dalha (Alibert) « faux; faucher ». Étymologie : vient d’un bas latin *daculu, dacula « faux », mais cette origine reste discutée. Peut-être ligure parce qye  le mot existe en piémontais daj « faux », ou gaulois *daglis « faux », qui n’est pas non plus attesté.  Le première attestation en occitan date du XIIIe siècle, ce qui ne facilité pas la recherche.  Il existe  aussi en catalan dalla « faux »  et en basque tailhu.

En gallo-roman  on le trouve dans le domaine occitan (cf. le Thesoc, faucher),  en franco-provençal et dans le sud-ouest du domaine d’oïl (Atlas linguistique de la France carte 546) .

L’abbé de Sauvages (S1) mentionne que les faux de fabrication allemande sont de la meilleure qualité. Cette réputation ne date donc pas d’hier. Henri Bel , Le patois de Valleraugue, précise que doja « faucher avec la faux » et sega « faucher l’herbe avec la faucille »(du latin secare)

Il nous fournit aussi un dicton : Aco’s lou pica dë la dâlio  » c’est là où gît le lièvre; c’est là le nœud de la difficulté ».

FEW III, 2-3

faucille   faux-ancienne

 Dans La Gazette n° 894 du 21/7/2016,  Joanda écrit qu’en français régional le verbe dailler  est  utilisé avec le sens « tacler »     » Il s’est fait dailler  » pour signifier qu’un joueur s’est fait tacler de façon pas très réglementaire.

 

brèle, brelon et Voilà

Brèle, brélon : A l’origine, la brèle, c’est le mulet. Et malgré que le bestiau soit très robuste,
et très dégourdi dans les chemins escarpés, le mot a pris un sens inverse aujourd’hui.
La brèle, c’est devenu le nul, le bon à rien, le négligeant :
<< Regarde-moi ce Reynald Pédros, qué brèle, celui-là encore !… >>
Par extension, la brèle (ou le brélon) désigne un deux-roues à moteur dont on se demande
comment il (ou elle) marche encore :
<< Si tu me promets qu’il tiendra jusqu’au ballètti, j’accepte que tu me chales sur ton brélon >>

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Pourquoi cet article dans ce site? Parce que ma source a simplement été supprimée; cliquer sur « source » donnait :

PAGES PERSO VOILA

Le service de Pages perso Voila est fermé depuis le 17/11/2015.

Les utilisateurs de ce service ont été prévenus par mail de cette fermeture et via des encarts d’information sur les pages de ce service, depuis le mois de juin 2015.
Des fiches d’aide ont été mises à leur disposition pour récupérer le contenu de leurs Pages Perso Voila afin de le recréer sur un autre service de Pages perso de leur choix.

Depuis le 17/11/2015, date de fermeture du service, il n’est plus possible d’accéder aux Pages Perso Voilà créées, ni aux interfaces de gestion et de publication de ce service.

Heureusement, l’auteur l’a ré-éditée ici quelques expressions marseillaises.

L’étymologie est dans le  CNRTL:

A.− Arg. milit. Mulet :

Nous avons entendu dire que c’était « le brèle » qui avait gagné la guerre du Rif ou conquis le Maroc. En 1943-45 on avait surnommé plaisamment les compagnies dotées de mulets (les goums en particulier) la « Royal Brèle Force ». En 1956 on disait fréquemment qu’il ne fallait pas de tanks contre les fellagha mais des « brèles ». Lanly, 1962, p. 59.

B.− Au fig. et péj. [En parlant d’une personne bête ou têtue] Brèle! espèce de brèle! bande de brèles!

Rem. Ibid., p. 60 note que ,,Dire de quelqu’un qu’« il est un brèle » c’est dire qu’il est entêté, obstiné comme un mulet. Il ne faut pas s’étonner qu’un enfant de ce pays dise que l’âne « brèle » pour brait.« 

Orth. Brêl dans Esn. 1966. Étymol. et Hist. 1. 1914 brêl « mulet » (arg. des soldats d’Afrique dans Esn.); 1940 (soldats à Grenoble, ibid.); 1943-45 brèle (Lanly, p. 59); 2. 1952 brêl « imbécile » (Esn.). Empr. à l’ar. algérien bġ əl « mulet », la gutturale étant prononcée comme un r (Lanly, p. 59 et 114). Ar. classique baġl « mulet » (G.-W. Freytag, Lexicon arabico-latinum, éd. C.A. Schwetschke, Halle, 1830-37, t. 1, p. 189b).

Botanique et occitan

La valeur des noms vernaculaires et patois  des plantes.

Un article de Jacques Rousseau, Le champ de l’ethnobotanique dans le Journal d’agriculture tropicale et de botanique appliquée Année 1961 Volume 8 Numéro 4 pp. 93-101, a attiré mon attention parce qu’il y a un grand nombre de noms de plantes dans ce site. Dans Plantnet vous trouverez une liste de noms de plantes en français suivis des noms occitans liés aux articles dans mon site. Ensuite les mêmes à partir des noms scientifiques.  Voici le paragraphe concernant les noms:

RousseauEthnobotaniqueUn bon exemple dans l’article  de R.A.A .Oldeman « Sur la valeur des noms vernaculaires des plantes en Guyane française« de 1968 qui ouvre un large horizon sur la valeur des noms patois et la compréhension des variations.  En patois les plantes ont des noms qui correspondent à des critères qui n’ont aucun rapport avec le concept scientifique de species. Oldeman écrit :

Oldeman-Oldeman-2

La classification des arbres en Guyane est basée entre autres sur le critère   « l’écorce  se détache en larges bandes textiles« . Ces arbres sont classés dans la catégorie  mahot.

L’ethnobotanique ne se limite pas à l’ethnopharmacologie ! Un exemple intéressant Les noms des plantes des femmes

1. Intéressé par la botanique et l’occitan ?

Il y a dans le même site une Introduction  au Flore Populairee ou histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore. Paris 1896-1914  d’Eugène Rolland avec des liens vers 11 tomes de ce travail de géant.

A vos téléphones mobiles !telephone

Dans le site de Plantnet vous trouverez aussi une application d’aide à l’identification des plantes  pour téléphones mobiles. Ajoutez-y le nom en occitan de votre région ainsi que des informations complémentaires comme utilisations, traditions, jeux, médicaments,  etc. Par exemple lafatou (origine inconnue  FEW 21, 299) ou prunier de Briançon sert à faire  Huile de marmotte .  Wikipedia : En patois on dit l’arbre l’Afatoulier et le fruit l’Afatous ou « abrignons ». Le fruit, proche de l’abricot, est comestible. Ils sont de petite taille, 2,5 cm , arrondis, à peau jaune, à chair verdâtre, consistante et acide et arrivent à maturité en septembre-octobre.

goudjo ‘courge’2

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Goudjo « courge à sel »à Valleraugue (Auge). Pour l’étymologie voir mon article coujo, coja « courge ». Je veux revenir sur le mot grec κωδια (kodia), qui était aussi le nom de la clepsydre«  l’horloge à eau, un transfert est motivé par la forme arrondie des vases qui servaient pour ces horloges et faire un peu de publicité pour Noria  la Maison  de l’eau à  St-Jean de Bruel (Aveyron) oùvous pouvez voir des clepsydres anciennes et modernes.].clepsydre     WasseuhrHerophilusClock

En plus j’ai retrouvé le livre de Charles Atger qui nous donne un dicton de Valleraugue:

Sa pa dé qués qué tené sal en goudjo  » Il ne sait pas ce que c’est que de tenir du sel dans la courge (soucis ménagers).

Ils étaient économes les Cévenols!

goudjo

Cette forme goudjo   est assez rare, seulement attestée dans dans le haut canton du Gard, (Cf. Thesoc),  auquel il faut ajouter trois points dans l’Hérault1 (ALF d’après FEW II, 833 ).

Cogorda, cogorla sont des formes de l’ancien occitan, coucourdo, cougourlo en occitan moderne.cŭcŭrbĭta « citrouille ». FEX II, 1458

Courge poire à poudre.   La courge poire à poudre est une variété non comestible (Lagenaria sicerana) du genre Gourde. D’après Rolland Flore,  le Cévenol coujo n’est pas la plante mais l’objet  poire à poudre.

gourde-poire-a-poudre-ab.netA Campan (Hautes-Pyr.) couyo est le nom d’un panier rond et profond, en Lozère goujo « un entonnoir pour tonneaux ».

Cojada « claterium; bryone » (Alibert).   Claterium est un nom  du  concombre sauvage ou concombre d’âne. (Ecballium elaterium Wikipedia) – claterium. Appelé aussi cojarassa ,

claterium

concombre d’âne Ils mesurent quelques centimètres.

La bryone est une plante grimpante Bryone dioïque (Bryonia dioica) (Wikipedia).

bryoneblancheavec une racine spéciale. Elle s’appelle aussi « navet du diable, herbe de feu, rave de serpent, coja de serp, etc.La bryone est toxique.

Cojassa, « aristoloche »,  Cojanela dans le parler de Guyenne (Alibert). Image dans mon article faouterno. .

Et bien d’autres plantes, coja d’aiga  » le nénuphar jaune  appartient à un autre famille (voir Wikipedia) ; coja melona « citrouille iroquoise » (cucurbita pepo); cojarassa de bosc  « tamier » (tamus communis).

 

  1.  Je suis très content que Charles Auger n’a pas regardé le Dictionnaire d’Alibert et qu’il a écrit comme il prononçait: goudjo. Ortografia est d’ailleurs absent du Dictionnaire d’Alibert.

Fretado. Le changement …

Fretado « volée de coups ». FEW III, 785 Pour l’étymologie  voir aussi mon article freta.

Dans le post du 19/03/2016 Christine Belcikowski raconte l’ histoire d’Antoine Fontanilhes, un homme dont le programme peut se résumer ainsi « le changement c’est maintenant! » . Antoine Fontanilhes s’installe définitivement aux Pujols , où, inspiré par la théorie des Physiocrates, il s’applique à mettre en oeuvre les principes d’une agriculture de type “éclairé »

Quand les Fontanilhes, père et fils, suscitent l’hostilité aux Pujols

“Ce 31 de janvier 1807 a comparu à notre municipalité le Sieur Antoine Fontanilhes, le père, propriétaire, habitant de cette commune, lequel est venu se plaindre des insultes graves et menaces dangereuses de la part de Philippe Cathala, habitant aussi de cette commune, lequel plaignant nous a dit et affirmé, sur l’offre de son serment, le fait suivant : que, jour de hier, environ les onze heures du matin, se trouvant à [Illisible], l’extrême dégradation du chemin vicinal d’Espujols à Arvigna au local appelé Perrot, le dit Cathala, passant avec ses boeufs et ayant une grosse aiguillade en ses mains, lui dit foutre de boleur (voleur) en plusieurs reprises et, le menaçant avec son aiguillade, il ajouta encore foutre boleur, si nous pouden trouva cap à cap et que nous sion pas embarrassats de nous, birious une belle fretade que ten soubendras. Sur quoi, le plaignant s’écarte sur son champ de Perrot et à défaut de porte de la maison commune ouverte.”

Afatoun ‘prunelier de Briançon’

Afatoun prunelier (ancienne graphie prunellier). L’étymologie est d’après le FEW un mot  préroman *fattua , dont l’origine est pré-indo-européen.  Vous trouverez toute une série d’attestations dans le  FEW XXI, 101  Dans la Vaucluse afatoun est aussi utilisé au figuré d’après Mistral « prunelle de l’oeil ». : Le fruit  est parfois appelé, selon les régions, Buisson noir, Épinette, Belossay, Créquier, Fourdinier, Fourdraine, Mère-du-bois , Pelossier ou Prunellier1 commun.(Wikipedia).

Prunus brigantina (Prunus brigantina Villars, Prunus brigantiaca Chaix). photo de Luc Garraud, prise en Névachie, près de Briançon.

Prunus brigantina

Ci-dessous la photo du site les passeurs de mémoire .Le botaniste Luc Garraud m’écrit : « La photo que vous présentez sur votre site, trouvée sur le site des passeurs de mémoire est fausse, il s’agit ici de Prunus cerasifera var « mirobolan », qui présente soit des fruits jaunes d’or ou rouges »

fruits du marmottier

fruits du marmottier

 Intéressé par l’ethnobotanique qui peut souvent expliquer l’étymologie des noms patois des plantes, je suis tombé sur un article intéressant de Carole Brousse, L’ethnobotanique au carrefour du Muséum national d’Histoire naturelle et du Musée ethnologique de Salagon (Alpes-de-Haute-Provence) (lien direct),
Elle cite Dominique Coll qui en 2012 présenta le travail réalisé par le collectif de retraités « Passeurs de mémoire » et qui cherche à relancer les usages populaires de la prune de Briançon et notamment la confection de « l’huile de marmotte », fabriquée à partir des « afatous2», fruits du prunier briançonnais.

Mme Dominique Coll a eu la gentillesse de me communiquer d’autres attestations provenant des régions voisines. Elle m’écrit
affatous ou afatou est  le prunier de Briançon qui porte fièrement le nom de la ville  mais aussi celui de marmottier ou marmotier. Luc Garraud du conservatoire botanique de Charance3 précise:

Queyras, Haute-Provence, Piémont : Affatous, Affatoulier, Affatouyé, Afatourié, Afatounie, Afatou, Afatoun, Afatour, Affâtoua, Affouate, Fatouléra, Fâtoules.

Alpes-Maritimes en Roya, Cunéo, Tende : Piora, Pioré, Peyra, Priouré

Briançonnais, Névachie, Vallée de Suze et de Stura : Marmutié, Marmotté, Marmuti, Marmotta, Brignié, Brigné , Marmottier, Abrignon.

D’après Hubschmid, l’auteur de l’article du FEW XXI, 101 on ne peut pas séparer ces attestations des mots du galicien (Espagne) faton « variété de prunier » et fatão  » une grande prune  « .
ATTENTION. « Huile de marmotte »  non pas l’animal mais le fruit du marmottier, (Prunus brigantina), également nommé abricotier de Briançon, afatoulier, prunier de Briançon ou prunier des Alpes.

  1. Depuis la réforme orthographique de 1990, la graphie « prunelier » est également acceptée. Cette nouvelle orthographe bien que conforme à la prononciation, n’est pas répertoriée dans de nombreux dictionnaires de référence.Wikipedia
  2. Une faute de frappe a changé  afatous  en amatous  dans l’article de Mme C. Brousse
  3. Il doit s’agir de la Flore de la Drôme. Atlas écologique et floristique. Conservatoire botanique national alpin de Gap-Charance. 2003

Restanco ‘restanque’

Restanco « écluse; digue; morceau de bois qu’on place au travers du pétrin pour empêcher la pâte de s’étendre ». L’étymologie est la même que celle de pétanque  voir tancar, mais je viens d’apprendre d’un ami qui connaît bien la région niçoise que les restanques  sont les terrasses, un sens inconnu de Mistral:

restancoM

qu’on appelle traversiers à Valleraugue et bancels en Lozère, ribo à Pont-de-Montvert, faissa ou paredon dans l’Aveyron. Voici une image des restancos près de Toulon:

restanquesL’auteur donne la description suivante

Photo prise sur les pentes du Mont Faron à Toulon
Les cultures en terrasses traditionnelles (restanco), c’est à dire avec un système d’écoulement des eaux de ruissellement intégré, se font de plus en plus rares. Et on n’y fait plus guère pousser de légumes, seulement des fruitiers. Celles-ci sont très belles et, curieusement, quasiment en ville.

Cette description explique l’évolution sémantique qui s’est produite. Restanco vient du verbe *stanticare « arrêter » qui a aussi dooné tancar.  En ancier occitan est attesté le verbe restancar « étancher le sang », restanchier en ancien français. Dans les parlers occitans modernes on trouve restanca(r) « faire une digue, un barrage, retenir l’eau » à Cavalaire près de Draguignan  un restanco est « une barrière en bois le long  d’un chemin pour empêcher les eaux pluviales d’y passer ».   Quand on crée plusieurs de ces barrières en pierre sèche plutôt qu’en bois,  sur la pente d’un colline on obtient des restancos « terrrasses ».

FEW  XII, 232

Mon ami d’Ampus qui m’a parlé de ces restanques, m’a dit qu’à Ampus, au Nord de Draguignan;  on appelle ces murets en pierre sèche  et les terrasses qui sont ainsi formées des berges. L’évolution sémantique de berge « Bord d’un cours d’eau » > « muret avec système d’écoulement d’eau »  > « terrasses formées avec ces murets »  est la même.