cat-right

Chouio, cholha

Cholha, chouio (M), « émincé, griblette, tranche mince de viande pour le gril; côtelette; ami préféré (M): laido chouio « vilain, laideron, maritorne grossière (M); bévue (Alibert) ».  L’occitan chouio, cholha attesté principalement en provençal et  d’origine inconnue.
Le renvoi de Mistral vers l’espagnol chulla « tranche de viande », m’a incité à continuer mes recherches. Le DRAE donne comme origine de chulla le catalan xulla « lard; côtelette ».

Catalan xulla est attesté depuis le 15e siècle  et vient du latin axungia « graisse d’essieu ou de porc » d’après le  DEC , devenue ensunya dont une variante *enxunya a été dissimulée en enxulla et réduite à xulla.

Les deux langues, le catalan et l’occitan formaient une grande zone géographique il n’y a pas très longtemps.  Le mot catalan xulla est mentionné comme faisant partie des représentants d’ axungia (composé de axis « essieu »+ unguere « oindre »)  dans la nouvelle rédaction du premier volume du FEW  (vol. XXV, p.1303b), mais  notre cholha provençal placée dans les Incognita (FEW XXI;490b) a été oublié.

Chichourles

Chichourles voir didoule et fan pour l’expression  fan de chichourles.

Chichouiller

Français régional chichouiller  signifie « faire des manières à table, triturer les mets » (And; confirmé par un Nîmois de souche, le 29 janvier 2005). Chichouiller fait partie d’une famille de mots dont l’origine est une suite de sons avec une valeur expressive tšitš- qui, comme une suite analogue tšikk-, désigne « quelque chose de petit », et au figuré « de peu de valeur ».  En français  nous avons par exemple chiche « avare » et chichi  « boucles frisées » . (Comme chichis  signifie « seins » en espagnol je ne trouve pas d’images des  chichis  « boucles frisées » sur internet).

ortolan

chichi-begu

Dans le domaine occitan nous trouvons en provençal chichi  « oiseau; pou (terme enfantin) » , en Vaucluse chichi-begu « ortolan » un tout petit oiseau et chichet « petit chien » (Toulouse). Des formes du type chichoul- se trouvent surtout en dauphinois jusu’à Montélimar et désignent des « mouillettes de pain dans du vin ».  A Pézenas est attesté le verbe s’enchichourlá « s’enivrer légèrement ».
Il semble que chichouille revit. J’ai même trouvé une Confrérie des amamateurs de Chichouille. et un site www.chichouille.net ….
Les attestations de cette famille de mots dans les dictionnaires patois sont relativement rares et d’autre part il y a peu de continuité géographique, à l’exception du type chichoul- . Il est possible que les dictionnaires l’ont négligé parce que souvent il s’agit de termes du langage des enfants. Une autre possiblité est que les mots sont créés localement: Nîmes chichouiller , mais à Paris chichiter et chichiteux « qui fait des difficultés ». Un lecteur du Vaunage, à l’ouest de Nîmes, m’écrit que sa grand-mère disait toujours chauchiller, ce qui renforce l’hypothèse d’une origine onomatopéique avec une forte valeur expressive.

Cers

Cers « vent du NO ». Gellius, un historien romain du 1er siècle avant JC a écrit que le mot circius « vent de l’ouest » est typique pour la Gallia Narbonensis.

On le retrouve en ancien occitan  cers « vent du nord-ouest » dans des textes provenant de Nîmes, de l’Ariège et de Toulouse,  chez Rabelais (cyerce)  et dans les parlers modernes  du Languedoc. Il semble probable que le mot a été apporté directement par la colons grecs,  le mot latin circius, cercius étant un emprunt au grec kirkios. D’après les sites internet consultés le cers est surtout connu dans le Bas-Languedoc (Hérault, Aude) . Il n’y a aucune raison de supposer une origine celtique.

Un lecteur me signale que le mot cers existe aussi en catalan:

 » Le cers devient la tramuntane à partir de Salces et jusqu’au sud de Barcelone, puis vers Tarragone, il redevient le cers.  » Il semble que mestral est aussi le « vent du nord-ouest.

Du point de vue  phonétique  les formes catalanes  cers, ces,  comme celles du Languedoc reposent plutôt directement sur la forme grecque kirkios, tandis que la forme espagnole cierzo vient d’un latin cercius (avec un -e- bref) attesté chez Caton.

Un visiteur originaire de la région  m’a fait parvenir la réflexion suivante:

Concernant les vents, pourquoi les Languedociens n’utilisent pas le nom « Cers » quand ils parlent français ? Ils disent « vent du nord », ce qui est faux car le « Cers » vient du nord-ouest. En écoutant la météo sur la Télé barcelonaise, j’ai remarqué qu’ils parlent de la Tramontane de Perpignan à Barcelone mais ensuite, au sud, vers Tarragone, ils reparlent du Cers.
Cers vient d’un dieu des vents romains appelé Cersus auquel l’empereur Auguste éleva un autel à Narbonne après un séjour dans cette ville.On se doute qu’il a dû y subir une météo mouvementée…

Si vous voulez en savoir plus, il vous faudra aller à Barcelone et consulter dans une bibliothèque les articles suivants:

  • Sobre els noms locals del vent, es pot consultar el Vocabulari de pesca d’E. Roig i J. Amades (Butlletí de Dialectologia Catalana, gener-desembre 1926)
  • Els noms dels vents en català de Mn. A. Griera (en el mateix Butlletí, juliol-desembre 1914).

Si le nom est encore connu chez vous dans un autre département s’il vous plaît écrivez-moi !

Lucien Aries  écrit dans son site:

« Les vents sont si fortement présents dans la vie quotidienne des habitants qu’ils sont utilisés pour indiquer les directions dans les compoix du Lauragais; on y trouve « Dauta » à l’Est, « Cers » à l’ouest et Daquilon au Nord (Midy indiquant le sud). »

Une rosace du Lauraguais

Un visiteur de Fleury dans l’Aude m’écrit :

NON, NON, NON, NON, IL N’EST PAS MORT CAR IL SOUFFLE ENCORE (bis)

Plutôt que d’alimenter en commentaires les articles concernés (accessibles d’un clic sur les liens ci-joints), un extrait de la REVUE FOLKLORE 1972.
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/692089987470599:0
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/696016180411313:0
Sous la plume de P. Andrieu-Barthe, à propos des vents de l’Aude en aval de Carcassonne, nous pouvons lire :
* «…un vaste couloir où les vents acquièrent la vitesse de courants d’air…» définissant, vers le Lauragais, la plaine minervoise qui se resserre entre la Montagne Noire et les Corbières.
** «…/… Le rival du Marin est le Cers…/… que les Romains, par crainte, déifièrent…/… Dans la plaine Minervoise toute habitation comporte une orientation, une muraille ou une haie de cyprès pour se défendre du côté du Cers et non du Marin… ».
*** «…/… Après la Toussaint s’installe habituellement une période de marin froid. Le Cers glacé règne ensuite en hiver et surtout au printemps où il effeuille impitoyablement les pétales des précoces amandiers, mais durant l’été, il tempère agréablement la chaleur, caressant et léger…».
**** «…/… La Tramontane reste localisée en Roussillon. Il faut arriver à Montpellier pour entendre parler du Mistral… »
***** «…/… Détestés des étrangers venant de pays plus calmes et qu’ils tourmentent, ils sont familiers aux autochtones qui, en fulminant sans cesse contre eux, ne peuvent s’en passer. S’ils viennent à se calmer, on entend dire : On ne respire pas, il n’y a pas d’air ou, dans le cas contraire : l fait bon, il fait de l’air.

Cernalha

Cernalha « lézard gris » voir sernalha

Sernalha

Sernalha « lézard gris ». est limité à l’ouest du domaine occitan, en gascon, mais aussi dans l’Ariège, à Toulouse sernaillo, dans la Hte Garonne, le Lot sarnalhe etc. Orthographié Cernalha par Alibert, pourquoi?? D’après le Thesoc sernalha se trouvedans les dép. ARIEGE, AUDE GERS, HAUTE-GARONNE, HAUTES-PYRENEES LOT, LOT-ET-GARONNE, PROV. DE LERIDA (ESPAGNE) PYRENEES-ATLANTIQUES, TARN, TARN-ET-GARONNE.

                            sernalha                                                                                                     Lucerna

Gerhard Rohlfs (1892-1986), linguiste spécialiste du gascon, suppose qu’il s’agit d’un dérivé en -acula du latin lucerna « lampe »(RLiR 7(1931)p.131, suivi par von Wartburg dans le FEW.  Le transfert sémantique sur un animal a déjà été fait en latin, comme en témoigne  lucerna « poisson de mer qui brille quand les nuits sont claires » (Pline).
Lucerna a été conservé avec le sens « lampe » en ancien occitan luzerna et le verbe qui en est dérivé luzernà « paraître par intervalles, en parlant du soleil; épier, regarder de près » en occitan modene. En provençal et en est-languedocien luzerno, luerna désigne le « ver luisant ».

L’étymologie *lucernacula > sernalha pose quand même un problème: comment justifier la chute de la première syllabe lu- ? Du point de vue sémantique on peut penser que les petits yeux brillants du lézard font penser à des petites lampes (FEW).

Je pense qu’il s’agit  par association avec le mot ser « serpent ».  On a interprété lusernalha comme *lu+ ser+nalha  par étymologie populaire. L’association du lézard au serpent est assez fréquente comme il ressort des types lauserp (Hérault, Hte Garonne, Tarn, Béarn),aussi luserp en gascon, serpauda (Hte Vienne), serpelèta (Corrèze) serpentina (Puy-de Dome) serpèta (Creuse).( Thesoc). Mais je ne sais ce que *nalha pourrait signifier.

Voir aussi le mot langrola qui par étymologie populaire est devenu grisolo et lacerta > luserp (Tarn), lauserp (e.a. Hérault, gascon) > laïmbert « lézard vert » en ancien provençal, limber à Marseille.

Et la luzerne alors? La culture de la luzerne comme plante de fourrage commence au XVIe siècle. Au début la luzerne était appelée herbe d’Espagne ou foin de Bourgogne., mais rapidement le mot occitan luzerno s’est imposé. Voir le CNRTL : « Emprunté au prov. luzerno, de même sens, emploi métaphorique, en raison de l’aspect brillant des graines de la plante, de luzerno «ver luisant» (encore attesté dans les patois, v. FEW t. 5, p. 433b), issu de l’ancien provençal luzerna «lampe» (Rayn. t. 4, p. 109a), du latin lŭcerna,  (u court) devenu lūcerna (u long) sous l’influence de lūcere «luire» (u long) « .
(Le CNRTL utilise l’abbréviation prov. pour désigner l’occitan comme avant la guerre).

Ceba

Ceba « oignon » vient directement du latin cepa « oignon », qui a été conservé en roumain ceapa, en galloroman et en catalan ceba. Dans le nord de la France, cive a été remplacée dans de nombreux endroits par le type oignon. Dans les autres langues romanes c’est le diminutif cepulla qui a pris la place de cepa : italien cipolla; espagnol cebolla, portugais cebola, et emprunté par le basque kipula, tipula. A partir de l’Italie cepulla est arrivé en Suisse et en Allemagne Zwiebel et de là même en frison siepel, une langue régionale du nord des Pays Bas.

Le type oignon a gagné l’anglais onion et le néerl. ui.

Causses

Causses « plateaux calcaires du Tarn, de l’Aveyron et de la Lozère », nom attesté en occitan depuis le XIIe siècle et prêté au français depuis 1791.

Causses-de-Sauveterre
Les causses de Sauveterre

 D’un latin *cálcinus,  « calcaire ». Le languedocien a également formé le dérivé caussinar « habitant des causses », prêté aussi au français, mais chez nous cela signifie également « petit mouton des Cévennes ».:

Suivant vos intérêts vous y trouverez : une ammonite de 300 millions d’années.

 taille de pierres fines et précieuses    Taille de pierres_titre

Dans mon bouquin vous apprendrez à transformer un beau fossile ou un caillou quelconque  en un badobec, une pierre fine, gemme ou semi-précieuse.  La beauté cachée des pierres et des fossiles m’a toujours fascinée.  Le moment qu’on voit le résultat du sciage d’une pierre ou d’un fossile, est  jubilatoire. Une ammonite comme  celle-ci peut être  sans beaucoup d’intérêt et même abimée de l’extérieur, mais de l’intérieur c’est une merveille. Régardez toutes ces loges, devenues des petites géodes, remplies de cristaux parfaits.

Si la taille des pierres vous intéresse, visitez le site de l‘Atelier La Trouvaille, que j’ai créé en 1979 et qui est géré maintenant par mes fils.

Causeta

Causeta « belette » à Navarrenx dans les Pyrénées-Atl. (Thesoc). Schuchardt cite la forme causete « belette » et il ajoute « à comparez d’un côté à béarnais causou, causilhou « jeune fille » et de l’autre côté au patois de Nürnberg schönes Dinglein « belette », littéralement « belle petite chose ». (Z 36, p.166 note).

Etymologie : latin causa « chose ». Voir surtout l’article moustelo « belette »

Catolic

Catolic, catoulic « catholique ». Du grec katholikos > latin catholicus « universel, régulier, général ». Un fourneau catholique sert « à toutes sortes d’opérations chimiques ».

Dérivé adverbe catoulicamen, uniquement avec le sens péjoratif. Le TLF donne l’exemple vin pas catholique « vin dilué à l’eau ».

  

L’expression est toujours couramment utilisée, surtout en politique.