Espic, aspic, « Aspic ou spic. Nom vulgaire de la grande lavande ou lavande mâle (lavandula spica) de la famille des labiées . » (TLF). L’étymologie est le latin spica « épi » espigo s.f. parce que les fleurs sont rangées en épi. Mais il y a un petit problème; spica ou spica nardi ne désigne pas la lavande, que le Romains connaissaient certainement1, mais le nard indien.
Le parfum du nard indien, très apprécié dans l’antiquité (écrits de Théophraste, Pline, e.a.), est extrait du rhizome et du bas de la tige de la plante.
nard indien
Pendant le haut Moyen Age le commerce avec l’Orient avait fortement diminué ( fin de la globalisation !) et on a remplacé le nard par la lavande tout en gardant le nom, au masculin cette fois: espic au lieu d’espiga, comme en italien spigo et le catalan espic. L’origine de la forme avec a- répandue depuis la Renaissance n’est pas tout à fait clair, mais elle est également d’origine occitane. Le TLF suit le FEW :
la forme avec initiale a- est due sans doute a) à l’influence (par étymol. pop.) de aspic, désignation du serpent ou de la vipère dans nombre de dialectes cf. FEW t. 1, p. 157b, s.v. aspis (du point de vue de l’usage : la plante pouvant être utilisée contre les piqûres d’aspic − ou du point de vue de la forme : la feuille lancéolée pouvant être comparée à un aspic); b) peut-être aussi influence du syntagme lat. sav. lavandula spica.
Le nom occitan espic, ou aspic s’est répandu assez tôt vers le Nord avec la plante: ancien français espig, escpic (Godefroy) depuis 1190, aspic en moyen français. Solerius écrit en 1542 que la lavande est un pseudonardus :
(ligne 4)— le nardus celtica pousse sur les hauteurs des alpes et il est encore appelé aspic par les paysans.. Et il y a deux sortes de faux (nardus) : un masculin appelé spigo par les Italiens: par les Gaulois et chez nous aspic; un féminin appelé lavande par tous les peuples de la Gaule: lavanda par les Italens. —
Le nom scientifque du nard celtique est Valeriana celtica L. Voir RollandFlore la Valeriana celtica L. nardus celtica, nardoceltica, ou spica celtica , spic celtique , saliunce, salvince, fr. du xv« s., J. Camus, et Cf.Valeriana celtica dans Telebotanica
Dans la page Pl@ntuse intitulée Noms populaires des plantes je retrouve une remarque que j’ai faite à plusieurs reprises, mais qui vaut aussi pour d’autres domaines:
Les plantes sauvages utilisées localement tendent à avoir des noms populaires très diversifiés, qui peuvent varier d’un village à un autre. Par contre, les plantes qui font l’objet d’une culture, d’un usage bien établi ou d’un commerce, tendent à avoir des noms plus stables, et des noms savants. Quand elles voyagent, elles le font souvent avec leur nom. Ceux-ci s’avèrent être des indices précieux pour reconstituer le cheminement de nos plantes usuelles.
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