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Lampourda "bardane"

Lampourda « bardane », Pouzolz. Le type lampourda  est limité au provençal et à  l’est-languedocien1. La première attestation de lampourde  en français et en  occitan vient d’Olivier de Serres, originaire de l’Ardèche, qui a introduit beaucoup de mots occitans  du domaine agricole en français.  Mais pour la langue française c’est un mot de dictionnaires, peu connu. Le TLF ne le donne même pas comme synonyme de « bardane ».

   petite bardane

La grande bardane possède des feuilles arrondies alors que la petite bardane (arctium minus) a des feuilles pointues.

Ci-dessous un extrait (la p.127)  des 15 pages que comprend l’article bardane   dans   RollandFlore (lien vers le site Plantuse)  vol.VII :

TLF  s.v. lampourde : plante des champs de la famille des Composées poussant au Sud de la France dans des endroits incultes et dont une espèce est nommée communément petite bardane. Lampourde épineuse; lampourde à grands fruits; lampourde glouteron (ou herbe aux écrouelles). La Lampourde donne sur un pédoncule floral deux graines (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 536).

Le TLF donne une version extrêmement raccourcie de l’article lappa « bardane » du  FEW2. Le latin  lappa « bardane »   a été conservé en ancien provençal et a été emprunté par le moyen français au XVIe s.  Les attestations dialectales viennent des parlers au sud de la Loire.

En plus du type lappa  nous trouvons de nombreux dérivés  dans les parlers occitans:
lapas, lapasse, alapas (S1, Valleraugue) , laparasso (Toulouse, Carcassonne) , naparasso  (Tarn), raparasso (Aude) , ancien provençal laporda, lampourdoun « gallium aparine » (Alpes Mar.) , lapourdie (Marseille) , lapuc (Gerrs) , nàpoul « capitule de bardane » (Averyon) et j’en passe.
A propos d’alapas  l’abbé de Sauvages  écrit en 1756 :
« … dont les larges feuilles servaient autrefois de masque aux Comédiens. Les Polissons jettent des têtes de Bardane  (dë Lampoûrdos ou  tiro-pêous)  sur les cheveux ou habits des passans, auwquels ces têtes se prenent facilement.
Pouzolz, dans le tome 2 de son Flore du département du Gard, p.2  écrit :
La forme des feuilles de la bardane ou les fruits sont à l’origine du transfert de lapas  à d’autres plantes; notamment au molène (RollandFloreVIII, p.148):alapàs (Alès et Castres), lopàs , olopàs (Aveyron),  lapaso  (Lozère). A Montpellier la  lapourda , lampourda  est la « Lampourde d’orient’ ou « xanthium strumarium ».
                 
molène                                                                          lampourde d’orient
Nous constatons de nouveau une très grande variété des noms d’une plante qui a priori n’a aucune valeur commerciale, et par conséquent ne sert que très peu dans la communication entre des personnes de  régions différentes. Pour moi c’est cette variété des parlers locaux ou régionaux qui est la grande richesse de l’occitan et le patrimoine qu’il faut défendre et conserver. L’unification des parlers occitans, qui semble être le but suprême de certains occitanistes, ferait disparaître cette richesse de la langue.
Pour montrer cette richesse des parlers galloromans, je joins le page onomasiologique(incomplète!) du FEW du concept « bardane », auquel manque les noms de la bardane d’origine inconnue. Bardane_FEWindex_onomas.
  1. Les données du Thesoc bardane, sont très incomplètes
  2. Prononc. : (lɑ ̃puʀd). Étymologie et Histoire 1600 (O. de Serres, Théâtre d’agriculture, L. 6, chap. 5, p. 614). Empr. au prov.lampourdo « bardane » (Mistral), var. de l’a. prov. laporda (xves. ds Levy (E.) Prov.), lui-même dér. de l’a. prov. lapa (Pt Levy (E.), lappa (mil. xives. ds Rayn.), du lat. lappa, même sens.

One Response to “Lampourda "bardane"”

  1. Robert Geuljans dit :

    La dormeuse http://belcikowski.org/ladormeuse2/?p=4403 , peut-être inspirée par mon article, cite Ovide après les fortes pluies du 2 août:
    Toutes les fois que Jupiter ranime les champs par des pluies salutaires, la bardane tenace croît mêlée à la moisson.

    Iuppiter utilibus quotiens iuuat imbribus agros,
    mixta tenax segeti crescere lappa solet.

    Ovide, Pontiques, II, 1, 13-14.

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