Trucà « heurter ». Comme étymologie on suppose un *trūdĭcare « heurter », dérivé du verbe trudere « heurter ». *trūdĭcare a donné en ancien occitan trucar « heurter contre » ( vers 1300). A Nîmes trucâ signifie toujours « heurter » (Mathon). Dans les régions d’élevage trucar se dit en général des bêtes à corne « frapper de la tête, de la corne ». De l’Hérault jusqu’en Gascogne le dérivé truc signifie » choc, heurt ». A Toulouse le truc est « le bruit que font les écus en les comptant » et dans cette région « payer comptant » se dit paga truquet. En béarnais truc a pris le sens d’un des résultats possibles d’un heurt : « le son d’un battant (de cloche, etc.) ». Ailleurs, surtout en gascon l’évolution a continué et le truc est devenu « grande clochette pour le bétail » (Val d’Aran, Lavedan, les Landes, etc.).
Le verbe catalan trucar « sonner, donner un coup (de fil), frapper à la porte » et ses dérivés sont expliqués comme des onomatopées par Corominas (DE) , mais ils pourraient s’expliquer aussi bien à partir d’un verbe trūdĭcare « heurter ».
Voir aussi l’article Truc-de-Balduc un « très gros caillou ».
Français truc « coup d’adresse, ruse » apparaît dans quelques rares textes de l’ancien français, un peu plus au XVe siècle (cf. DMF). En moyen néerlandais est attesté en 1554 le mot truc avec le sens « ruse » et il est courant en néerlandais moderne; j’ai quelques doutes sur cette étymologie « emprunt au français » du mot néerlandais parce que ce sens ne devient vraiment courant en français qu’à partir du XVIIIe siècle.
Remarque. En anglais la même notion est exprimée par le mot trick « ruse » (15e s.), qui vient du normand ou du picard trique, (français triche) du latin triccare. Une coïncidence ?
Le FEW le rattache à trūdĭcare « faire un coup », à partir de l’occitan truc coup », mais il y a d’autres propositions. Pour plus de renseignements voir le TLF.
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