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ac, dans les noms de lieux

Article revu et complété.le 29/06/2019

-ac est un suffixe de nom de lieu d’origine gauloise que nous retrouvons dans toutes les régions ,  -ac dans le Midi, -ai ou -y dans le Nord.

Le mieux que je puisse faire est de citer: Walther von Wartburg, Evolution et structure de la langue française. 6e éd., Berne, 1962. Page 24:

« Le type le plus caractéristique pour la Gaule c’est celui des noms en -ac dans le Midi, en -ai ou en -i dans le Nord. Juillac, Savignac; Juilly, Savigny:ich en allemand Jülich;1
Le suffixe gaulois -acus exprimait, à l’origine, de façon assez générale, appartenance. On l’ajoutait p. ex. à des noms d’arbres pour désigner une forêt composée de telle espèce d’arbres, p. ex. Betulacum, de betula ‘bouleau. Par la suite il fut employé aussi pour dénommer une propriété rurale d’après son possesseur: Brennacus, d’après le nom d’homme gaulois Brennos. Cette formation fut en vogue particulièrement sous la domination romaine. Voilà pourquoi la plupart des noms de lieux en -ac, en -ai et en -y contiennent dans le radical un nom de personne romain. Rien ne montre mieux l’amalgame des deux éléments en présence, le latin et le gaulois. Aurillac et Orly sont donc des propriétés d’un certain Aurelius: fundus Aureliacus. Beaucoup de nobles gaulois prenaient des noms romains; il est donc à peu près impossible de faire le tri des établissements d’origine gauloise et des fondations romaines dans l’ensemble de ces localités.

Conclusion: le suffixe est d’origine celte mais le nom auquel il est attaché est le plus souvent romain, du  latin.

Pour en savoir plus il faut comprendre l’allemand, comme c’est souvent le cas dans le domaine de la linguistique romane. Voici le titre d’un livre incontournable:

Skok, Peter. Die mit den Suffixen -ACUM  -ANUM  -ASCUM UND -USCUM  gebildeten südfranzöschen Ortsnamen. Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie. Heft 2. Halle, Niemeyer, 1906. (https://archive.org/stream/zeitschriftfrr0102tbuoft#page/n159/mode/2up)

Voici la table des matières de la deuxième partie:

Skok2ePartie

Les celtomanes s’intéressent surtout au group B « noms propres celtiques ». C’est du sérieux! Voici un exemple tiré de ce livre de la catégorie de Noms propres celtiques:

Taleyrac hameau de Valleraugue, :

SkokTaleyrac

Cette attestation de  TALARIUS vient d’un livre de H.Holder, Altceltischer Sprachschatz Bd2, colonne 1709  (Leipzig, 1896)qui contient en effet  un Tall-arius en Allemagne comme nom d’une montagne.

Holder1709TallariusTaleyrac est attesté dans le Gard en 1202 avec la graphie Talairac.  Le Taleyrac est aussi attesté comme le nom d’un ruisseau dans le Gard.

L’abréviation Sp.briv. renvoie vers   Chassaing, Spicilegium brivetense. Paris,1886 (consultable en ligne avec Gallica). Là dedans est mentionné un autre Talairac, une villa mentionnée en 1247 dans la commune de Brioude, Hte Loire.

Si vous êtes passionné de toponymie, vous pouvez continuez la recherche.  De nombreux documents et études ont vu le jour depuis le livre de H.Holder.

  1. -ik au Limbourg (NL) Blerik, Melik.

4 Responses to “ac, dans les noms de lieux”

  1. Bonjour,

    et merci pour ces indications mais alors, quid du suffixe alsacien « au ». Par exemple, le quartier de Strasbourg nommé la Meinau serait, selon, les Alsaciens, l’ancienne propriété de Schulmeister (l’espion de l’Empereur), qui l’avait tout simplement nommée « Mein au », mon domaine. Ce « au » a-t-il un rapport avec le « ac » occitan?

    Cordialement

    Jacques Séassau

    • Robert Geuljans dit :

      Bonjour,
      Merci de votre commentaire. Mes connaissances de la phonétiques historique de l’alsacien et de l’allemand sont très limitées. Le -ac occitan correspond au -inch germanique, -ik en néerlandais. Le -au correspond au -ui en NL Haus = huis, aus = uit. A vous de chercher d’autres dans les toponymes. Je connais Monschau = Mont-joie.
      Cordialement

      • Jacques Séassau dit :

        Merci (tardif) pour votre réponse, et « Monschau ». J’en chercherai d’autres!

        En tous cas, votre Etymologie occitane est précieuse!

        Cordialement

  2. Jean Siol dit :

    Sur un ancien chemin qui semble avoir été une importante voie d’entrée sur le territoire du puissant village de Barre des Cévennes en Lozère (garnison, grandes foires, corps de Justice…) se trouve un pont, bel ouvrage de pierres, surdimensionné au regard du tout petit ruisseau qu’il saute. Il date du milieu du XIXème siècle et porte une plaque à la gloire du maire qui le fit construire, identique à celle apposée sur la vieille église romane du village. Une petite folie des grandeurs peut-être… Ce pont est nommé « Pont de Barrabon », une maison d’habitation plus ancienne porte le nom de « L’Hermet ». L’explication la plus commune pour l’origine de ce nom de Barrabon est que la maison aurait été habitée par une famille dont les aieux, originaires de Saint Chély d’ Apcher dont le gentilé était et ,est toujours « les Barrabans », étaient surnommés ainsi. L’histoire dit que ce nom remonte à 1362, époque trouble de la guerre de cent ans où le seigneur Guérin VI stimulait ses troupes au cri de « D’Apchier Notre Dame, barres en avant! » , sans doute dit alors, en occitan « D’Apchié Nostra Dona, barras (en ) abans! » dont serait resté en signe de vaillance et de fidélité « Baaras abans » devenu Barraban. L’explication historique ne vient-elle pas relégitimer un vieux nom dont le sens, moins glorieux, est plus ou moins oublié ? L’importante cité de Barre des Cévennes était entourée d’avant-postes: Le Barret, au Sud sur un éperon rocheux dominant la haute Vallée Française, en face du Pompidou et de la grande voie de crêtes devenue au début du XXème siècle la « Corniche des Cévennes » accueillait sans doute des hommes d’armes. Le château de Terre Rouge sur le plateau de la Can de l’Hospitalet, au carrefour routier du col de Solpérière, La grosse taverne-auberge et péage du col du Rey. Le passage de l’Hermet aurait-il pu être un « Barra abans’ (Avant-Barre) conforté par la présence à l’Hermet d’un résident, authentique descendant de St Chély d’Apcher?
    Ici les qualificatifs accolés à un nom de lieu sont assez fréquents: La « Borie » peut être « Haute », « Neuve » ou « Basse » . Le « Camp » peut être « long », « vielh », ou « Nau ». « Arbousses » existe en « Bas », « Haut » et « Plus loin ». Le village a son « Pé » et son « Cap »…Pourquoi pas un « Barre avant »? qu’en pensez-vous ? Merci.

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