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Quésaco ?

L’étymologie de quesaco, quésaco, qu’ésaco,   kesaco,  occitan Qu’es aquò ? n’a rien s’intéressant, mais Christine Belcikowski  a écrit une belle histoire A propos de la coiffure à la Quesaco

coiffure_quesacoLouis Marin de La Ciotat, qui est à l’origine de cette histoire, n’est pas complètement oublié. Une école primaire à La Ciotat porte son nom et le Musée Ciotaden  garde son portrait:

Louis_Marin

Escaoumer ‘brûler’

Escaoumer « brûler » Lhubac1 vient du grec καυμα (cauma) « chaleur du soleil ».  FEW II,538b

Le premier sens attesté en occitan de cauma, caumo est « grande chaleur » . Le dérivé caumasso devient  » chaleur étouffante »,le verbe  escauma « échauder » et escaumarrado « chaleur accablante ».

Pendant la grosse chaleur on ne peut pas faire grand chose, même pas manger : chaoumar à Barcelonnette « cesser de brouter et se reposer à l’ombre (en parlant des moutons) », coumà dans l’Aveyron,  devenu chomer « se reposer  » en ancien français, et les jaloux qui ne peuvent pas faire la sieste appellent ceux qui la font chomeur « homme paresseux ».  Chomer perd ce sens péjoratif et devient « ne pas travailler faute d’ouvrage », mais ce sens est relativement récent, début du XVIIe siècle. Avant cette époque on ne chomait que pendant les jours de fête, féries ». Les deux sens co-existent en français moderne.

D’après le FEW cauma est devenu calma en italien et a pris le sens spécifique de « cessation complète de vent » comme terme de marine, emprunté au XVe siècle. Depuis le XVIIe siècle calme est utilisé au figuré avec le sens  « absence de passion », etc.

 

 

  1. Qui raconte une histoire d’un cuisinier qui vérifiait la température de l’huileescaouder avec son doigt sans s’escaumer. Un ami de Montagnac me confirme : « je me suis escaumé », pour dire « je me suis brûlé »

Escaume ‘dame de nage, tolet’.

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Escaume « tolet » ou « dame de nage » vient du grec σκαλμος  emprunté par les Romains scalmus   toujours avec le même sens. Le mot se retrouve dans tous les parlers marins de la Romania, sauf en normand qui a gardé un mot ancien nordique  þollr « arbre; poutre »,  cf. le danois et le norégien toll, le suédois tull « tolet ». (CNRTL tolet). Le type nordique a gagné du terrain sur la côte atlantique au détriment du type scalmus ( FEW scalmu XI,272b)

escaumo escaumos    escaumo2

Dans le travail inestimable du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud :

De la Nave au Pointu

Glossaire nautique de la langue d’oc

Provence-Languedoc

Des origines à nos jours

Dans l’Édition sur CD de 2010, je trouve plusieurs attestations comme celui-ci:

1510: « …pour bois employe a faire pedagnes et escalmes… » Archives Départementales BdR. B 2551 f°148v°

et des dérivés :

Escaumado s.f « bordage qui porte les tolets et les toletières d’un bateau. »; Escaumot s.m 1636: « Plus en rombauds, encentes, escaumots… » A.D. BdR. 14 E 403 (n. fol.).

Cotgrave écrit dans son dictionnaire de 1611 scalme « a thowel »=  thole  en  anglais moderne1 c’est-à-dire « tolet ».

scalme_Cotgrave

et qu’en provençal un peis escomé est un « brochet de mer ».

peis_escomeCotgr

peis escomépeis escomé

Palavas escan « tolet » (faute de lecture  u>n ?), et escaumieira « petite pièce de bois placée sur le plat-bord pour recevoir le tolet »  sont placés par erreur  dans l’article  scamnum 11,278a 

  1. Contrairement au français, l’orthographe de l’anglais a bien évoluée.

Pacholo une ‘bagatelle’?

Pacholo (pachole en français régional, vulgaire)  signifie « sexe de la femme » d’après Lexique de Marius Autran.  en provençal, confirmé par d’autres attestations. Étymologie. Il doit s’agir d’une évolution récente, en tout cas Mistral ne le mentionne pas tout en distinguant deux pacholos  différents:

PacholoMistral

Le premier pacholo est un dérivé de pacho  « pacte » du latin pactum « traité, contrat ». Le FEW VII,461 nous donne plusieurs significations proches de « petit marché » : à Marseille « tripotage, mélange d’accords ou de pactes », pachouliá « faire des petits marchés, brocanter », un pachouliaire est un « brocanteur ».

Le second pacholo vient d’après le FEW VIII,28 d’une onomatopée patš qui en occitan a donné pachoulha « faire un mélange hétéroclite », pachôlo « tripotage, mélange qu’on fait de plusieurs choses qui se voyent rarement en semble » (Sauvages S1), pachoukë « chipotier, vétilleur » (idem), etc. Alibert donne une grande quantité de dérives dans son article pachaca.

Il reste la problème de l’évolution sémantique 1. »petit marché » ou 2. « mélange »  > « sexe de la femme ». Je penche pour le premier, le latin pactum, parce que nous trouvons une évolution sémantique analogue dans le mot bagatelle. emprunté à l’italien bagatella au XVIe siècle avec le sens « chose de peu d’importance, babiole »  >  « frivolités féminines » >  « galanteries, amourettes » > « amour physique ».  (CNRTL bagatelle)

En occitan il y a un second exemple cf. Mistral p.538-9   chaucholo « sauce abondante, soupe au vin, gourme v. pacholo; fadaise, vétille, niaiserie, baliverne, sornette »  nous voyons un glissement de sens comparable. En français « Jeter sa gourme. Faire des folies de jeunesse.

gourbet ou oyat ?

L’étymologie de gourbet (ammophila arenaria Ml) comme celle de oyat est inconnue, mais l’histoire du nom gourbet,  de la plante et de son utilisation pour fixer les dunes est un bon exemple de l’histoire de la langue française en général, à savoir que le mot gascon gourbet a pratiquement disparu.

gourbetAbonné aux Actualités de Télébotanica, j’y trouve une Brève intitulée « Sauvons le Gourbet »qui fait tilt.  Un vieux mot gascon mis au rebut et remplacé par oyat un mot picard.  Dans la Brève il y a un lien vers l’article de Gilles Granereau intitulé Rendez-nous le gourbet !

Dans le CNRTL l’histoire du mot  gourbet   est réduit à ceci:

Étymol. et Hist. 1846 (Besch.). Terme dial. du Sud-Ouest désignant l’oyat, d’orig. inc. (FEW t. 21, p. 204b).

Dans le FEW XXI, 204 nous retrouvons les attestations du Sud-Ouest:

gourbetFEW21,201Gilles Granereau écrit que « pour d’obscures raisons ce nom a disparu du langage au profit de celui d’oyat dont l’usage originel est beaucoup plus nordique ».    Oyat est un mot picard.

Grâce à l’article de Gilles Granereau nous pouvons donner une première attestation de gourbet avec beaucoup de précision : le 29 juillet 1307, à Bayonne.  Cela fait plus de 5 siècles.  Cette attestation se trouve à la p.128 du Livre des Etablissements , publié en 1897, par l’Imprimerie Lamaignère (mais pas encore numérisé), un recueil des arrêtés municipaux de la ville de Bayonne des XIIIe et XIVe siècles. La ville de Bayonne « fait défense absolue de faucher, tailler et transporter le gurbet »  depuis la Pointe jusqu’à la roche d’Igasc,  proche de la Chambre d’Amour.

Il faudra que quelqu’un aille aux Archives de Bayonne pour trouver l’original, qui doit être en latin ou en gascon, ce qui expliquerait en même temps la graphie -u- , probablement prononcée -ou-.

L’utilisation du gourbet pour fixer les dunes date en effet du XIVe siècle. (Wikipedia en néerlandais « helmgras »)