cat-right

Cafo

Cafo « gousse » (Cantal), escafar « écosser les légumes, écaler les noix, les amandes » (M), escafijar « casser, broyer » (Die, Schook). L’étymologie est   d’après le FEW  l’ancien francique kaf « gousse, vannures ».  Panoccitan et Alibert citent la forme  cafi nom m. 1. détritus; 2. débris, balayures, résidus.

Ces mots ne se trouvent que dans le nord occitan et viennent du domaine d’oïl où cette famille a connu un très grand développement, mais elle n’est plus représentée en français moderne. Vous trouverez plusieurs attestations en moyen français  dans le DMF voir sous l’étymon kaf.

Cf. allemand Kaff et néerlandais kaf « balle », anglais chaff « balle de blé, détritus »

Budets, budèl

Budèl « boyau, tripe, intestin » est la forme de l’ancien occitan, conservée dans le Lauragais, ailleurs dans l’Ouest-occitan c’est budets avec changement de suffixe.

L’étymologie est la même que pour français boyau à savoir latin botellus « petit boudin, petite saucisse », mais le –ü- des formes occitanes comme le -u- de l’italien budello reste inexpliqué.

Dans beaucoup de parlers occitans budets, budel est remplacé par le type tripes. Voir Thesoc pour la répartition géographique. Catalan budell « intestin ».

Le languedocien a créé un dérivé embudela « éventrer », comme l’ancien français emboeler. Ce dernier, comme ancien français boel sont passé en anglais : bowel « intestin » et embowel rendu plus transparent par disembowel « éventrer, vider des intestins ».

Bout

Bout « tonneau; outre » est occitan et vient du latin populaire buttis « sorte de vase (contenant des éléments liquides ou  solides », (lui-même sans doute emprunté. au grec bouttis « récipient en forme de cône tronqué »), largement attesté en latin médiéval au sens de « tonneau » ou de « outre ». (TLF s.v. bouteille).  Alibert a mélangé les deux familles buttis et butticula dans son article bota.

La langue d’oïl ne connaît que le dérivé butticula « bouteille ».

Sur l’image de l’outre ci-dessus vous voyez qu’elle se termine par un gros tuyau. Cette partie de l’outre est dominante dans le sens du mot botte « tuyau de cuir » du parler de l’Aunis (Charente) et dans botiero « grosse corde qui entoure la charge d’un mulet ». A partir de la forme de l’outre on est arrivé au sens bouto « vessie » dans le Lauragais et le Tarn et à boutiola « ampoule sur la peau » dans l’Aude et l’Aveyron.  Bot, boute,bouto « outre » est conservé dans de nombreux parlers occitans. Il y a même le verbe bouta « écorcher un bouc pour faire une outre ».

Le sens « tonneau » se retrouve en italien botta, anglais butt « un grand tonneau ».

Je pense que le sens  « outre en peau  » est le plus ancien, parce que tout en faisant des vases en terre cuite, les Grecs par exemple ont gardé la forme de l’outre. La bota de vino espagnole  ressemble beaucoup à l’ askos  grec.

askos bota de vino

L’askos est un vase à verser à fond plat d’une taille de 8 à 20 centimètres de hauteur. Sa forme, qui comporte plusieurs variantes, rappelle généralement celle d’une outre en peau. La plus courante présente un corps gonflé, légèrement écrasé sur les côtés, et une embouchure décentrée. Une autre variété a un corps annulaire sur lequel est implanté un col, parfois figuratif et souvent zoomorphe. . Je pense que le sens « outre en peau  » est le plus ancien, parce que tout en faisant des vases en terre cuite, les Grecs ont gardé la forme de l’outre

Bouto « outre en peau à porter du vin  à dos de mulet » L’abbé de Sauvages note que ce mot est limité à quelques cantons (lesquels?? contactez-moi s.v.p. si vous le savez)  et qu’il s’agit d’une « outre en peau de bouc« .

Composés avec les représentants de inflare « gonfler » : botenfla(t) « vessie, pustules, bulle » etc.

Une recette espagnole La butifarra con judias y el vino de la bota, où les deux mots butifarra « sorte de boudin » et bota « outre » ont la même origine. Catalan bot. On ne sait si boutifarro est une simple variante phonétique de boutiflau ou si -farro a une autre origine.

butifarra

Mistral.

Voir aussi l’article  boudego  « cornemuse ».

Bugne, bonha

Bonha « bigne, bosse, enflure; souche d’arbuste; maladie du maïs; écrouelles » (Alibert), en français régional : baigne, bugne; bugner « toucher, heurter »(Andolfi), bougne « griffe, coup »(Lhubac).

Ancien français bigne, bugne signifie « bosse à la tête provenant d’un coup »  et de là, en prenant la cause pour l’effet : « gifle », représente un celtique ( ?) *bunia « souche d’arbre ». Languedocien bougno  et bougnas, bonhas « vieux tronc d’arbre ; petite souche » ;  bougneto « petite souche ». (S.).  L’évolution des sens a dû être « nœud d’arbre » > « bosse » > « coup ».
Pour l’ informateur ardéchois de Gravières de lAtlas linguistique la bugno est carrément « la tête ». Est-ce que la violence y règne?

Probablement de la même famille sont français beigne, italien bugna « bosse » et le catalan bony.  Anglais bunion « Callosité qui se forme au niveau des articulations du pied, en particulier à la naissance du gros orteil ». Peut-être même le néerlandais bonje  « bagarre ».
Un rustre ne connaît que la force de ses poings, de là bougnat « paysan rustre, grossier ». (And.). Bougno « tache » et bougneto « petite tache » sont  peut-être  dérivés de l’aspect d’une  « bosse » après un certain délai…
Par contre quand un Lyonnais vous donne une bugne, c’est un geste d’amitié! D’après le grand nombre de visites le 24 février 09, une patisserie pour le Mardi Gras . Pour une recette cliquez ici !

Est-ce que l’argot lyonnais bigne « prison », et bignolle « agent de sûreté » argot français bignole « concierge » appartiennent à la même famille?? (FEW XXIII, 129b)

bugnes lyonnaises

 

 

Carchofa

Carchofa « artichaut » plutôt que « grande joubarbe ». En plusieurs endroits cachofa. Les deux plantes se ressemblent, la confusion est compréhensible, mais elles n’appartiennent même pas à la même famille. Voir l’article barbajaou  « joubarbe ».

L’origine de la forme occitane et de la forme française est l’arabe haršûfa « artichaut »(TLF), mais l’histoire du cheminement des deux formes n’est pas la même.

La forme française, dont la première attestation d’artichault « la plante » date de 1538, a été empruntée au piémontais ou au lombard où il est appelé articiocco,articiocch, probablement un emprunt à l’ espagnol alcachofa. Les formes germaniques allemand Artischocke, néerlandais artisjok (1545), anglais artichocke reposent également sur la forme italienne. Ces dates i correspondent à l’histoire de l’importation et diffusion de la plante dans le Nord de la  France. Voir à ce propos, notamment l’influence de la gourmandise de Catherine de Medicis, l’article artichaut de Wikipedia. L’Italie est d’ailleurs resté le plus grand producteur d’artichauts.

Le mot occitan carchofa est venu de l’arabe par le catalan carxofa, escarxofa , espagnol alcarchofo, portugais alcachofra. La première attestation connue en occitan date de 1544, mais  en catalan carxofa  est déjà attesté en 14901. L’artichaut était donc connu dans la cuisine méridionale  bien avant que Catherine de Medicis devienne reine de France.

 

La planche de l’Encyclopédie Artichaut

  1. L’occitan et le catalan étaient considérés comme une seule langue à l’époque