cat-right

chafre ‘pierre à aiguiser’

chafre ou acou « un carreau de dalle autrefois un Queux ‘pierre à aiguiser’ (Sauvages). Ce sens donné par l’abbé de Sauvages s’est conservé dans le Gard au moins jusqu’au  XXe siècle. D’après le FEW tsafre  a été donné dans plusieurs villages du Gard à Edmond pour l’Atlas linguistique de la France. Des attestations plus récentes, d’après le Thesoc  tsafre « pierre à aiguiser » à St Genies de Magloire  et chqfre dans l’Aveyron et la Lozère1.

Pierre a aiguiser Lombarde_23_cm

Pierre à aiguiser naturelle, elle est d’une couleur gris-bleue.

En ancien occitan le mot safre est attesté avec le sens « sablon pour colorer le verre ». Dans les patois modernes safre désigne toutes sortes de pierres,  de sable , de terre, de limon. Voici quelques exemples du FEW XI, 212:Safre_exemplesFEWSuivez le lien vers le FEW pour voir les autres significations !

L’étymologie est le grec  σάπφειρος (sáppheiros) et non pas le mot latin sappīrus ou saphīrus parce que en général la syllabe qui contient l’accent tonique est conservée à travers les siècles. En grec l’accent tonique se trouve sur le –ά-, et sáppheiros est devenu chafre,safre, mais en latin l’accent tonique tombe sur le –ī– , ce qui a donné saphir.

Manque de documents, on ne connaît pas (encore) comment le mot grec  σάπφειρος  devenu safre est arrivé dans la région parisienne, mais il est sûr qu’il est passé par la région de Marseille avant de passer au domaine d’oïl.

Il y a des saphirs  de couleur rose, jaune, violette et d’autres, mais la variété bleue est la plus connue. Inspiré probablement par sa couleur gris bleu on a donné le nom d’une pierre très dure à la pierre à aiguiser .

L’échelle de dureté relative des minéraux  et des pierres établie par Friedrich  Mohs date de 1812.   Le saphir est un corindon qui a la dureté 9 sur cette échelle,  ce qui veut dire que pour rayer un saphir il faut avoir un diamant,  la pierre la plus dure, dureté 10 sur cette échelle2.

En ancien français existait le mot safré ou  et ancien occitan safrat « orné de pierres précieuses, d’or etc. » On ne retrouve le mot safre qu’en moyen français en 1580 avec un sens très technique « oxyde de cobalt, qui mélangé avec du silex calciné sert à fabriquer le verre bleu ou l’émail bleu », et plus tard safre  devient le nom du verre fabriqué ainsi.

safre

  1. Atlas linguistique et ethnographique du Languedoc oriental publié dans les années 1980
  2. Allez-voir le site de l’Atelier la Trouvaille si vous voulez en savoir plus. Mes fils Robert et Christophe ont une large gamme de matériel pour les géologue, les minéralogistes et les gemmologues. bandeau3

acucha ‘charger’

Acucha « charger (le foin) » vient probablement du gaulois *kūkka que nous retrouvons dans les parlers du sud-est, en franco-provençal avec le sens « cime » et en provençal avec le sens « tas ». Certains parlers du Nord de l’Italie le connaissent également. Voir FEW II, 1491

En ancien provençal est attesté cucho « tas de paille », en provençal moderne au Queyras cucho « tas, tas de bois qu’on met dans le four ». Le verbe acuchar « entasser, amonceler » se trouve dans les parlers de l’Est du franc-comtois jusque dans le Var. A Die on dit acucha lo ben! en offrant du vin (Han Schook). Claudette Germi, Les mots de Gap écrit « entasser; charger au maximum (un véhicule) ». Le verbe acucher est encore très vivant à la campagne:

AcucherGap

Étymologie:*kukka (gaulois) « cime » FEW II, 1491

Article doublon!

Ventabren ‘fanfaron’, Nîmes

Ventabren est un quartier de Nîmes et le nom d’un village dans les Bouches-du-Rhône. Étymologie. Aimé Serre pense que le sens « ventar lo bren1  » c’est-à-dire  « venter le son » est peu plausible parce que l’on n’a jamais ventile le son, à moins qu’il s’agisse d’une dérision.  Et il cite Mistral qui traite le fanfaron de venta-bren.

Je ne peux pas savoir si les habitants de Ventabren et du quartier de Nîmes étaient-ils des fanfarons, mais ce toponyme existe comme substantif  avec ce sens à Nice et à Aix-en-Provence  . FEW XIV, 268 :

VentabrenFEW14_268

Ailleurs  c’est vento-boulofo, boulofo est une « balle de blé », dérivé  de bulla FEW I, 610.

Dans Wikipedia vous trouverez d’autres hypothèses, dont une qui vaut le peine d’être vérifiée:

Le Larousse illustré nous précise qu’en 1145 le nom du village s’écrivait Ventabran, pour devenir Ventabren en 1154. L’étymologie en serait Vin’t (celto-ligure), vent, et Bren (gaulois), colline, rocher escarpé.

  1. bren  vient d’une racine brenno- dont nous ne connaissons pas l’origine. FEW I,516

Acuchar « mettre en tas, charger »

Acuchar « charger (le foin) » vient probablement du gaulois *kūkka que nous retrouvons dans les parlers du sud-est, en franco-provençal avec le sens « cime » et en provençal avec le sens « tas ». Voir FEW II, 1491. Il n’est pas clair si les deux significations existaient déjà en gaulois?

En ancien provençal est attesté cucho « tas de paille », en provençal moderne au Queyras cucho « tas, tas de bois qu’on met dans le four ».

Le verbe acuchar « entasser, amonceler » se trouve dans les parlers de l’Est, du francontois jusque dans le Var.

A Die on dit acucha lo ben! en offrant du vin (Han Schook). Claudette Germi, Les mots de Gap écrit « entasser; charger au maximum (un véhicule) ». Le verbe acucher est encore très vivant à la campagne.

acucharÉtymologie:*kukka (gaulois) « cime » FEW II, 1491

dalio, dalià ‘faux, faucher’

Dalio, dalia (S), dalh, dalha (Alibert) « faux; faucher ». Étymologie : vient d’un bas latin *daculu, dacula « faux », mais cette origine reste discutée. Peut-être ligure parce qye  le mot existe en piémontais daj « faux », ou gaulois *daglis « faux », qui n’est pas non plus attesté.  Le première attestation en occitan date du XIIIe siècle, ce qui ne facilité pas la recherche.  Il existe  aussi en catalan dalla « faux »  et en basque tailhu.

En gallo-roman  on le trouve dans le domaine occitan (cf. le Thesoc, faucher),  en franco-provençal et dans le sud-ouest du domaine d’oïl (Atlas linguistique de la France carte 546) .

L’abbé de Sauvages (S1) mentionne que les faux de fabrication allemande sont de la meilleure qualité. Cette réputation ne date donc pas d’hier. Henri Bel , Le patois de Valleraugue, précise que doja « faucher avec la faux » et sega « faucher l’herbe avec la faucille »(du latin secare)

Il nous fournit aussi un dicton : Aco’s lou pica dë la dâlio  » c’est là où gît le lièvre; c’est là le nœud de la difficulté ».

FEW III, 2-3

faucille   faux-ancienne

 Dans La Gazette n° 894 du 21/7/2016,  Joanda écrit qu’en français régional le verbe dailler  est  utilisé avec le sens « tacler »     » Il s’est fait dailler  » pour signifier qu’un joueur s’est fait tacler de façon pas très réglementaire.