Conilh, conilha
Conilh, conilha « lapin, lapine » voir l’article zeneto
Conilh, conilha « lapin, lapine » voir l’article zeneto
Zeneto « espèce de civette » fr. genette. »
Originaire d’Afrique du Nord, ce petit carnivore farouche au corps allongé – d’une longueur totale de 90 cm dont la moitié pour la queue – se distingue par un pelage gris tacheté de noir et une queue annelée gris noir. Il est difficile d’apercevoir la genette car elle a une activité nocturne ; pourtant elle est bien présente dans les Corbières depuis plus de 1000 ans. En effet elle fut introduite en Espagne et en France lors des invasions sarrasines. Les musulmans l’avaient apprivoisée pour chasser les souris dans les habitations. C’est pourquoi elle figure sur certains tableaux médiévaux du Languedoc avant que n’apparaisse le chat domestique.
De nos jours « la genette bénéficie d’une protection totale sur le territoire national qui favorise son expansion au nord de la Loire et vers l’est du Rhône. » m’écrit Patrick Valette, technicien forestier de l’Office National des Forêts. Un site intéressant sur la genette : http://www.carnivores-rapaces.org/Genette/population.htm
L’histoire de l’animal nous donne l’histoire de son nom qui est venu par le catalan geneta, l’espagol jineta ou le portugais. gineta qui proviennent de l’arabe ğarnait « civette ». Je cite le mot parce que dans les dictionnaires dialectaux on ne le trouve que pour le Gard et l’Hérault. Pourquoi ? Si vous pouvez me renseigner, n’hésitez pas ! Il est déjà attesté par l’abbé de Sauvages châinè au debut du XVIIIe siècle.! Il ajoute que « la fiente sent le Musc. Merdo da châinè .
La genette. Répartition géographique
Dans le site http://sarah.vanden.free.fr/pages/historique.html il y a une image provenant de « La Dame à la licorne : six tapisseries exécutées à la fin du XVe siècle par l’un des plus grands artistes, le Maître de Moulins, qui imagina cet ensemble à la demande de Jean IV Le Viste, président de la Cour des Aides à Paris. »
La plupart des animaux y vont par couple prédateur-chassé ; par exemple, la genette et le lapin. La genette symbolise l’inconstance et la rouerie. Le lapin, qui a l’époque s’appelait connil du latin cunniculus, est le symbole sexuel féminin par excellence au Moyen Age; il est associé à la lune et à la fécondation. (Le mot connil a été remplacé au XVIIe siècle par lapin parce que les gens en avait marre d’entendre les mêmes blagues depuis des siècles. Par contre ancien occitan conilh, conil a survecu jusqu’au XXe siècle. Conilh, conilha « lapin, lapine », est considéré comme « vieux » même dans l’Aveyron . Alibert)
Dans un site consacré au tombes égyptiens (site disparu) vous trouviez en grand format cette représentation de la genette.
Pour ceux qui sont près d’une bibliothèque universitaire et lisent l’allemand, il y a l’article de:Elke Grab-Kempf, Heidelberg : « Zur Etymologie iberoromanischer Bezeichnungen für die ‘Genette, Ginsterkatze (Genetta genetta L.)’: sp. jineta (asp. gineta, geneta), kat. geneta (akat. janeta), val. gineta, pg. gineta (mlat./apg. janeta), gal. xeneta, xineta « . Zeitschrift für romanische Philologie. Volume 122, Issue 4, Pages 679–687.
Vedigana, bedigano s.f. »vigne sauvage » (Toulouse, repris par Alibert) dérivé du latin vitex « sorte de saule, agnus castus ».
Vitex a abouti à veze, vedze, vige « osier » et se trouve partout en occitan excepté le gascon. Cf. l’article vige. L’agnus castus est aussi appelé pèbre. Voir ce mot.
Le transfert « saule » > »osier » se comprend parce que les tiges des deux plantes sont très flexibles et servent aux mêmes techniques. La bedigano est souvent utilisée pour lier les vignes, de là le sens « vigne sauvage ». Languedocien bedisso « scion d’osier » appartient à la même famille vitex. Voir aussi lambrusquiero.
La vedigano se trouve dans les segonnaux (morceaux de terre potentiellement exploitable compris entre un fleuve et ses digues) du Rhône, et elles y atteignent une longeur démésurée. Dans les temps anciens, spécialement en Camargue la « vedigano de lambrusco » ou lambrusquiero de vedigan seule était tolérée dans les embarrages pour frapper les taureaux, car elles sont plus souples que les bâtons ordinaires. (Povéda, Le parler camarguais).
Roumanille a écrit un conte : La vedigano – La verge d’osier. Que vous pouvez lire en cliquant sur ce lien.
Nous voyons ici l’intérêt de l’ethnobotanique. Les noms des plantes et leur classification réfèrent à d’autres critères que la botanique scientifique. Saule, agnus castus et vigne sauvage font des bâtons flexibles: vedigano.
Vige « rameau, pousse, scion d’osier » (Alibert), mais d’après les données du FEW c’est un des noms de l’osier dans tout le domaine occitan, excepté le gascon.
L’étymologie est le latin vitix, viticem « gatillier ». Le gatillier servait e.a. à lier des vignes, de là le sens « osier ».
Les formes avec –e- se trouvent à l’Est du Rhône, par exemple Champsaur vese « osier blanc »et en piémontais. A l’Ouest du Rhône c’est vidze, vije, s.f., probablement sous l’influence de vitis « cep de vigne ». Dérivé : vigieiro « oseraie ». En Corrèze vige a pris le sens de « lien du fagot » (Thesoc).
Vèze, Le Vèze existe également comme toponyme.
L’abbé de Sauvages nous fournit un composé : entrevîjhë « viorne, plante rampante à larges feuilles ». D’après le Thesoc entrevidze est le nom d’une clématite, la « clematis flammula » à Quissac (Gard) et à Gallargues (Hérault). Le nom de cette plante varie énormément. Pour le Gard le Thesoc donne 6 noms différents pour le clematis vitalba, dont redorta. Ce même nom redorta (du latin rĕtŏrtus « tordu ») est très répandu pour désigner le « lien du fagot ».(FEW X,337) Cf aussi Thesoc s.v. lien du fagot.
Dans le même article il parle de la viorne à feuille étroite, appelée aussi l’herbe aux gueux, qui a un goût piquant et caustique.
Les Cévenols sont dans l’usage de froter avec l’herbe aux gueux les petits fromages appellés peraldons (sic!) qu’on ménage par là beaucoup plus à cause du goût piquant que cette herbe leur donne.
On le nomme péraudou, pélardou ou pélardon. Il a, quand on le déguste, le parfum poivré de la terre du Languedoc-Roussillon. Le maquis méditerranéen donne au pélardon des saveurs de miel, de noisette et de fleurs. Non loin de là, à l’origine des accords gustatifs de ce délicieux fromage, poussent, des Cévennes aux Hautes-Corbières, chênes, genêts, bruyère et herbes aromatiques.
Fabriqué selon des méthodes traditionnelles, ce petit fromage à pâte molle d’environ 60g est exclusivement fabriqué à partir de lait cru de chèvre et de caillé lactique. Il fait partie des 12 fromages français caprins à bénéficier d’une AOC (AOP). Source qui ne dit rien sur l’herbe aux gueux ….
Oustal « maison; logis » de l’adjectif latin hospitalis « hospitalier, affable », dérivé du substantif hospes « celui qui protège les étrangers ». Déjà en latin hospitalis était devenu substantif avec le sens « logis, chambre », plus spécialement la chambre destinée aux étrangers, aux pèlerins, la chambre d’amis. En latin panem et hospitalem dare signifie « donner le pain et le logis ». Ce sens s’est conservé en français et en occitan jusqu’au XVe siècle. En anglais youth hostal « auberge de jeunesse ». En occitan a l’oustau « au logis, chez soi », et le verbe ostalar « loger quelqu’un ». Depuis le XVe siècle le sens d’ oustau s’est élargi à la notion « maison » en occitan et en franco-provençal, ainsi que dans le département d’Ile et Vilaine, tandis que dans le domaine d’oïl c’est le mot maison qui domine. Dans une partie du franco-provençal outa prend le sens de « cuisine », parce que c’est la pièce où l’on vit, les chambres sont considérées comme des dépendances. Dans la langue d’oïl l’hostel devient à partir du XVe siècle un « logis pour des étrangers » à partir du sens « logis pour les pèlerins » un bâtiment annexe des cloîtres. Mais en occitan cette évolution n’a pas pu se produire parce que l’oustau était le chez-soi. Les autres significations du mot hôtel en français, comme « maison seigneuriale » > hôtel de ville, hôtel de la police et même l’hôtel des impôts etc. sont limitées à la langue d’oïl.
En 2008 le thème de la journée LES PARLERS DU GARD organisée par Li Gènt dóu Bufaloun à Manduel était « L’Oustau« . En suivant ce lien, vous trouverez une vingtaine de textes à ce propos.
Dérivé: oustalet (m) : diminutif de ostal, « maison », ce terme désigne la « cabane en pierre sèche » dans les Cévennes gardoises et dans l’Hérault à Saint-Jean-de-Buège. (Lassure). A Mirepoix dans l’Ariège les houstalets sont des petites maisons. Notez l’influence de l’orthographe du français.
En provençal : l’oustalièro est la « maitresse de maison ».
la Mairie ( et non pas l’Oustau) de Manduel
Vedel « veau » est la forme régulière du latin vitellum « veau » en occitan. Pour les variantes voir le Thesoc. Ici c’est le sens qui m’intéresse.
Un visiteur me signale : à Adissan les expressions « fa lo vedèl » ou « va vedelar« , se disent à propos d’un mur de soutènement qui prenait « du ventre ». Cet emploi du mot vedel, vedeou en provençal est attesté en franco-provençal du Vaud (Suisse) en provençal et en languedocien jusqu’à St-Affrique. Pour l’abbé de Sauvages (S1), il s’agit spécialement d’un éboulement d’un mur de terrasse ou de la brèche qui s’y est faite d’elle-même.
Est-ce un hasard qu’on retrouve la même image « veau » en anglais calf « veau » mais aussi « Un gros morceau de glace flottante, scission d’un glacier ou d’un iceberg » (depuis 1812) ? D’après Harper l’origine du mot calf est une racine indo-européenne *gel- >*gelb(h)- qui signifie « gonfler » et de là sont nés les sens « l’utérus, le fœtus, les jeunes d’un animal. ». Néerlandais afkalven « se dit du terrain que la mer ou une rivière affouille », vient d’après le NEW de la même racine que le mot kalf « veau ». Le nouveau EWN donne une autre origine, mais les attestations de l’occitan et de l’anglais rendent l’étymologie kalf, calf bien plus probable. En languedocien un « éboulis de terre » s’appelle aussi sáoumo de téro d’après l’abbé de Sauvages. Voir l’article sauma. Cet emploi peut venir de l’image d’un mulet chargé de sacoches pleines.
Il s’agit d’une différence de point de vue. Une paroi qui s’afaisse se gonfle vue de l’extérieur, mais se creuse vue de l’intérieur.
Cette histoire fait partie de mes Contributions à une nouvelle approche. inspirées par Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006.
Ci-dessous le parement extérieur de la cabane fait ventre, vedel et s’éboule en raison du manque de boutisses susceptibles de l’ancrer dans la maçonnerie ou parce que le blocage intérieur, empilé à la va-vite, se tasse et agit comme un coin. Voir le site incontournable Pierreseche.com.
vedel, vedèou calf
Un bon exemple ci-dessous : la rivière « gonfle », mais le terrain se « creuse »:
néerlandais afkalven
Le dictionnaire étymologique de l’anglais par Douglas Harper écrit:
Varaire s.m. « (h)ellébore ». Attesté en occitan depuis le XIIIe siècle. Varaire vient directement du latin veratrum « hellébore ». Avec une transformation régulière varaire devient boraire en Aveyron. A Alès est attesté le verbe envarairá « empoisonner avec de l’hellébore.
Il est conservé en occitan et en franco-provençal, comme en italien: veladro. Par contre en catalan baladre désigne le « laurier rose ». L’ellébore le plus connue est l’ellebore fétide, qui s’appelle aussi pied de Griffon, rose de serpent, patte d’ours, mords-cheval, herbe printanière, favalau, ...(Wikipedia).
L’ellébore était considérée comme un remède universel contre la folie, dès l’Antiquité. Plus ici.
ellebore ellebore fétide
D’autres noms occitans de l’hellébore dans Rolland , Flore populaire… Vous y trouverez aussi 2 pages avec les « Usages » et « Folklore » comme par exemple celui-ci pour le Gard:
Un ouvrage indispensable pour celui qui s’intéresse à la botanique et aux parlers galloromans et d’ailleurs. Rolland fait partie des géants de la fin du XIXe siècle. Pour le type veratrum il a relevé :
Pour le Gard il mentionne aussi: