Flou « fleur » (en parlant des plantes) du latin flos, floris, mot vivant dans toutes les langues romanes. Le sens « ce qu’il y a de mieux » a existé en ancien languedocien flor « farine », (XIIIe s.) mais ne se retrouve pas dans les patois modernes, pourtant le sens « ce qu’il y a de meilleur » est international. D’ailleur flourat « bien portant » en est très proche.
Le sens « cendres » semble être limité à la région de St. Etienne. Voir flourié
Dans un Sirventès, intitulé De paraulas es grans mercatz , toujours d’actualité, Peire Cardinal, écrit à propos du bon et mauvais utilisateur de la parole:
E-l mals s’en va ab so mot mal,
E si res a bon, non li’n qual;
Que semblanz es a barutèl (tamis)
Que reten lo lach (le laid) e da-l bèl
E laissa en passar la flór.
E qui retenra lo peiór
De so qu’au dire, ieu entén
Qu’el laissara la flor per bren (le son. )
Vous trouverez le texte complet avec la traduction en francais en suivant ce lien: Peire Cardinal
Par contre existe le mot flourado, « élite: ce qu’il y a de meilleur ». Dérivé de flos qui avait ce sens déjà en latin. Anglais flour « farine », néerlandais bloem « fleur; farine’. Cf. aussi sanfloura, flourat et flourié ci-dessous.
Flourién, florièr « grosse toile dans laquelle on met la cendre pour la lessive au-dessus du linge à couler » (S), ancien occitan flourie (1473); D’après les attestations le mot est limité à l’est de la France, de la Lorraine au franco-provençal, provençal et en languedocien jusqu’à Pézenas. On le trouve aussi dans le Piémont.
Etymologie : dérivé du latin flos « fleur » dont le sens « cendres » semble être limité à la région de St. Etienne. Le transfert de sens de « fleur » vers « cendres » a dû se faire par le sens intermédiaire «farine » comme dans fleur de farine, quoique ce sens est absent en languedocien moderne. Cf. pourtant sanfloura et flour .
Floron « furoncle », flouroun, fleuron (Andolfi). vient du latin furunculus « furoncle », avec métathèse du -l-, probablement sous l’influence du mot flour « fleur ». Floron est commun à l’occitan, le catalan floronc et le piémontais fioron.
flor et
floron
D’après le TLFs.v. furoncle il y a eu en ancien français une forme floroncle sous l’influence de l’ancien occitan floronc. L’effet de l‘étymologie populaire qui veut toujours « motiver » les mots, c’est à dire donner un sens à la forme, furoncle a changé de famille. Latin ferunculus signifiait « abcès « , sens issu par analogie de celui de « bouton, bosse de la vigne; sarment sauvage (qui dérobe la sève aux tiges principales) », diminutif . du bas latin furo,-onis pris au sens de « voleur ». Voir furo « furet ». La forme n’etant plus comprise, et par ressemblance à certaines « fleurs » on a transformé un voleur en une petite fleur : florem.
Fissá « cingler, piquer ; enfoncer un aiguillon » (Lhubac : fisser fr. rég.) représente un latin *fixare dérivé de fixus « fixe, consolidé, durable ». L’évolution phonétique ainsi que l’évolution du sens très spécifique indiquent qu’il s’agit d’un mot indigène et non pas d’un emprunt tardif au latin.
Le sens du latin fixare est conservé dans une attestation qui doit provenir de la région minière de la Grande Combe .fisso « pierre noire feuilletée, de la nature du charbon, sur laquelle on trouve des empreintes de plantes fossiles, gardes de la houille » .
Dans le domaine galloroman fissá « piquer » et ses dérivés ou composés sont limités à l’occitan. On retrouve une évolution sémantique comparable en Espagne, par ex. Aragon fizar « piquer ».
De nombreux dérivés sont attestés dans les patois de l’Aveyron, comme fissounenc « piquant, mordant », fissounado « piqûre », fisso-lusèrp « petit couteau pointu usé », fisou « aiguillon d’insecte », fissat « qui a bu un coup de trop », etc.
Alibert s.v.fissa donne comme étymon latin fissus « fendu » part.passé de findere, mais cela est impossible pour une raison phonétique: latin fissus avec un -i- court se prononçait féssu déjà en latin vulgaire et a abouti à fesse.
Languedocien fouisset « fourche à manche court » (Mistral) se rattache à la même famille de mots, mais a subi l’influence de foire « bêcher, piocher » du latin fodere ou bien de fouissino « sorte de trident » du lat. fuscina « fourche »
Figa, figo « figue ». Etymologie : latin ficus qui désignait aussi bien l’arbre que le fruit. Le premier sens a été conservé en italien fico et en basque bikku, le deuxième en espagnol higo, portugais figo et en basque iko. Les formes galloromanes pour nommer le fruit viennent d’un pluriel *fica comme le catalan figa.
Au figuré far la figo « se moquer de quelqu’un ». Claude Marco, qui se qualifie « anecbotaniste », m’a fait parvenir un commentaire sur les traditions populaires en rapport avec le figuier et la figue, trop riche pour être inséré ici. Je le joins donc en format PDF.Figuier_Claude Marco
Une expression et un geste qui remonte très loin dans l’histoire. J.M Lombard y consacre un article La main-figue ou mano-fica. Prélude à une célébration du figuier de la connaissance. la dans son blog, d’où je tire cette image. Un bas-relief d’époque romano-berbère trouvé en Libye. 1er siècle (Photo Lamblard).
Dérivés : figon « petite figue », figueto « idem ; petite bouteille pour les essences « . Figuiera « figuier ». Provençal et languedocien figueiroun « arum tacheté ou Gouet ou Pied de veau » à cause de sa forme. La racine sèche du figeiroun est un bon cordial selon l’abbé de Sauvages. Egalement limité à ces deux régions est le dérivé figaret « variété de châtaignier hâtif, dont les châtaignes se détachent du hérisson quand elles sont mûres » Voir la page Castagno s.v. figaretto.
Château de Figaret à St-Hypolite du-Fort (30) Figueroun
De nombreux toponymes. Figaret peut faire référence aux châtaignes ou aux figues.
Prêté au français : figue, et à l’anglais fig « le fruit ou l’arbre »; expression not care a fig for « ne pas se soucier de » mais attention!! son homonyme fig est obscène « consists of making a fist with the thumb placed between the index finger and the middle finger. » (Voir ce lien, en bas de la page). Néerlandais vijg; mais un oorvijg est une « gifle ». Allemand Feige mais Ohrfeige « gifle » (ne loupez pas cette video à la Rémi Gaillard).
La feuille de figuier a joué un rôle important dans la sculpture et la peinture. L’origine est probablement la Bible: c’est avec une feuille de figuier que Adam et Eve couvrent leur honte et leur nudité !
Fideous « nouilles, spécialement spaghetti » (Lhubac) est un emprunt récent à l’espagnol fideos, catalan fideu, qui est probablement un dérivé du verbe fidear « grandir, croître » de l’arabe fid qui a le même sens.
Le lien sémantique s’explique par la propriété des pâtes de grossir quand on les fait bouillir.