Inquet, enquestres
Inquet « crochet; hameçon ». Un visiteuse, enseignante en occitan, m’écrit : « L’inquet désigne le marché des brocanteurs et bouquinistes qui se tenait autour de la basilique St Sernin à Toulouse jusqu’à il y a peu de temps ». Je viens de participer à l’inquet de Manduel et la métaphore « crochet, hameçon > marché de brocante », me semble à propos; c’est essayer de hameçonner les clients. Elle ajoute que c’est aussi avec un inquet (crochet) que les pelharòts (chiffonniers) fouillaient pour rechercher de la marchandise. La Calandreta de Toulouse organise depuis quelques années un Inquet. Le latin avait le mot hamus « crochet, hameçon » et ce mot vit encore en italien amo, catalan ham, sarde amu, basque amu. Par l’évolution de la prononciation le mot s’était réduit en langue d’oïl à un seul son : /ain/. Très tôt on a senti le besoin de le rallonger avec un suffixe et c’est le diminutif -eson qui a gagné: hameson, attesté depuis ca.1100 ametson. Je ne sais qui a décidé de compliquer la tâche des profs de français et d’écrire hameçon! ?
Dans quelques coins de la Gaule, un autre suffixe, à savoir : -ica > *hamica s’ést imposé et s’est maintenu en Wallonie, loin de Paris : Liège inge, dép. de la Manche angue , le Forez ainche et en Béarn anque, angue. Mais pour les pécheurs du Midi, à partir de Pézenas jusqu’à l’Atlantique, cela ne suffisait pas. Peut-être avaient-ils peur d’une confusion avec anca « fesse » . En tout cas on a ajouté un deuxième diminutif -ittu : hamus + -ica + -itta, ou -ittu : inquèt « hameçon », le plus souvent masculin mais en béarnais féminin enquete.
Je ne suis pas sûr si le mot enquestres « vieux objets » fait partie de la même famille, mais l’utilisation d’un inquet par les pelharòts sur un Inquet comme celui de Toulouse, le rend possible.
Commentaires des visiteurs:
Gérard Jourdan m’écrit :
Dans mon village de MONTAGNAC (Hérault) les vieux employaient le terme « enclastre » pour désigner un objet encombrant et inutilisé dont on voulait se débarasser et qui encombrait les greniers. Mistral (page 891 du tome 1) indique pour « encastre » la signification « vieux meuble encombrant ».
Cordialement
Gérard Jourdan