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Brouffade, broufado

Broufade ou brouffade du provençal broufado d’après Wikipedia. Dans les Additions au second volume de son Trésor1, Mistral nous renseigne:

Vous trouverez de nombreuses recettes sur le web.

Mistral connaît un verbe broufa :

Il semble que le plat revient à la mode. En tout cas ma femme a récemment trouvé une recette dans une revue locale, avec le titre ‘Broufade du Gard » et elle me l’a servi à midi. Voulait-elle que je m’ébroue ou que je broufe lou rire?

Le lien sémantique entre le verbe broufar  et la broufade  n’est pas évident.  Broufado  se trouve dans le FEW  avec le français brifer « manger goulument » et l’occitan bifra dans l’article brf-   une onomatopée dont nous trouvons des représentants avec le sens « manger gloutonnement » et « souffler, s’ébrouer, mugir ». Le premier avec la voyelle -i-  et le second avec la voyelle –ou-.  Quand la broufado est bien faite, les deux sens  contribuent à expliquer son nom.

  1. Vol.2,p.1155

Barigoule ‘pleurote du panicaut’

Barigoulo « pleurote du panicaut »Ce nom est  surtout connu à cause de la recette de artichaut à la barigoule.  Le TLF donne deux  significations pour le  mot  barigoule:

1.Région. (Provence). BOT. Champignon comestible du genre agaric. Synonyme lactaire délicieux.  Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires  généraux  du xixe et du xxe siècle.
2.ART CULIN.  À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile

Dans Wikipedia nous trouvons que :

La recette  d’ Artichauts à la barigoule doit son nom au champignon pleurotus eryngii appelé aussi pleurote du panicaut, ou encore argouane, bérigoule, girboulot, et l’auteur fournit une vingtaine d’autres noms vernaculaires:
pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.
pleurote de panicaut
pleurote du panicaut  pleurotus eryngii
Comme ça on sait de quel champignon  on parle!
La question qui reste est de savoir pourquoi précisément la pleurote du panicaut?
C’est l’abbé de Sauvages qui dans la deuxième édition de son Dictionnaire languedocien-français (S2) explique la relation entre  l’artichaut et la pleurote du panicaut. :
Les préparations étaient identiques à son époque. Ce champignon  ne pousse qu’au pied du panicaut champêtre  ou sur les racines de Eryngium maritimum. En plus le  panicaut champêtre ressemble beaucoup aux petits artichauts provençaux.

panicaut campestre     
panicaut campestre              artichaut provençal

panicaut avec pleurotte

Dans Rolland Flore XI, p.145 nous trouvons la répartition géographique  du mot  barigoulo  avec  le sens  pleurotus eryngii :

barigoulo RollandFlore Souvent il y a  de la confusion en ce qui concerne les noms des champignons.   Dans le matériaux dialectaux nous trouvons que  le type lexicologiue barigoulo   est utilisé aussi  pour nommer  « la chanterelle,   la  morille » et même un « champignon bon à manger »en général.  Par exemple  Rolland a réuni dans l’article morchella esculenta « morille »  le  type lexicologique « barigoulo » dans les régions suivantes:

berigoulo "morille" Rolland
et pour le breton la forme :
 C’est cette dernière forme  avec m-  initial qui  a peut-être inspiré von Wartburg. Dans le FEW  il propose comme étymologie de toute cette famille *maurīcŭla « morille »,  dérivé de maurus « habitant de la Maurétanie ». Le  b- initial de formes comme  barigoulo s’explique par l’influence de mots comme bulle  ou balle à cause de la forme ronde  du champignon.

Le TLF écrit que la première attestation de barigoulo en occitan date de 1716. Pourtant Rolland p.177,  mentionne que  bourigoulo « morille » en  provençal en 1549 par Solerius. Cette indication a réveillé le rat de bibliothèques en moi.   Dans la bibliographie de Rolland je trouve l’indication suivante:

Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.

Cela m’a permis grâce à internet de retrouver le texte  que voici1:

(Champignons chez les Gaulois (on dit) des champignons: chez les Dauphinois des bracoules, chez les Italiens prignoli chez nous 2  des bourigóulos: d’aucune utilisation en médecine.)

L’accent sur le ó   dans le texte de Solerius signifie probablement que l’accent  tombe sur l’avant-dernière syllabe.  Il est également possible qu’il  veut  indiquer une prononciation –óou-. Pour en être sur   il faudra étudier toutes ses graphies des mots en provençal en en dauphinois et les comparer à la prononciation actuelle.

Artichauts à la barigoule.  L’étymologie d’artichaut est décrite dans l’article carchofa.

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  1. Si ce texte vous intéresse suivez le lien donné dans Plantnetprojet
  2. Chez nous veut probablement dire le  provençal  du Lubéron. D’après Ludovic Legré,  La botanique en Provence au XVIe siècle. Pierre Pena et Mattias de Lobel. Marseille, 1899, p.72 n.2  Solerius vient du village de Saignon dans le Lubéron.  Solerius  cite dans son livre  les monticules appelées  « les trois frères »  près de Pertuis, ce qui prouve qu’il connaissait bien la région

tapets-tapas

Tapas « bouchée »(voir l’article tapar)  ou « bouchon »? Dans  la  Statistique du département des Bouches-du-Rhône, avec atlas 1,   M. le comte de Villeneuve  écrit:

       

 

Les tapets  ou  tapados   sont  des escargots tapàs « bouchés » ,   qu’on sert comme « bouchées ».

Voir l’article tapar.

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  1. Tome 1, Marseille 1821.  p. 788. Une description exhaustive de cette hélice se trouve dans l’Encyclopédie méthodique: ou par ordre

    de matières

    , Volume 121:helix naticoides Enc.Method.

"Fricadelle" en bahasa Indonesia

Fricadelle« Boulette de viande hachée, mélangée à de la mie de pain ou de la purée, des œufs, du lait, etc., cuite à la poêle ou à la grande friture. » TLF qui donne l’étymologie suivante:

Étymol. et Hist. 1742 cuis. (Cuisinier mod., V, 13 ds Quem. DDL t. 2 : Soupe de Fricadelle à la Royale). Dér. du rad. fric- de fricasser* lui-même interprété à tort comme un dér. en –asser; suff. -ade* et -elle*. »

Voir mon article fricot qui a la même origine.

 Fricadelle est attesté bien avant en néerlandais :frickedilleke  en 1607 chez Kiliaan, le fondateur de la lexicographie néerlandaise.  J’en parle parce que frikadel  était  considéré comme ‘vieux’ en néerlandais, mais le mot était resté vivant en Indonésie et dans  la cuisine indonésienne où il était adapté à la prononciation indonésienne :  perkadel , notamment le f qui devient p. 

A la fin de la colonisation en 1948, beaucoup de Néerlandais sont rentrés aux Pays Bas, tout en gardant leurs habitudes culinaires et gastronomiques indonésiennes,  dont le frikadel.  Sur de nombreux cartes des restaurants « chinois-indonésiens »  on trouve des frikadels. La combinaison syntaxique typique de l’indonésien substantif principal suivi d’un substantif qualificatif  est maintenue, p.ex.    frikadel kabeljauw, frikadel kool au lieu de  kabeljauw-frikadel  « fricadelle de morue », koolfrikadel « fricadelle de choux »  en néerlandais normal.

Copié d’un site

Resep Perkedel Kentang en néerlandais Recept Kentang frikadel  en français  Recette fricadelle Kentang

Perkedel Kentang
Une autre recette:
Perkedel Kornet Fricadelle de boeuf haché (= anglais corned beef)

Bounitou et sardina

Français bonite est le nom vernaculaire donné à plusieurs espèces de poissons, cousins des thons, et appartenant à la famille des Scombridae.

Les gourmets considèrent la bonite comme le meilleur de tous les thonidés, supérieur au thon et à tous les autres, d’ailleurs le terme dérive de l’italien bonito qui lui-même dériverait du latin bonus qui signifie « bon ». Il est parvenu aux français via le sud est de la France, du Languedoc-Roussillon où on l’appelle Bounitou, de la Provence, Bounicou, Boussicou ou Palamida. (Wikipedia).

Pour le TLF l‘origine est espagnole, qui l’a prêté par une lettre à l’italien, qui l’a fait passer au languedocien pour enfin arriver en français.

Pour dire la vérité ce genre de « recherches » étymologiques ne m’intéresse pas du tout. L’auteur de l’article du TLF non plus; il donne comme étymon latin bonnus qui n’existe pas.  D’ailleurs, je ne suis pas convaincu. Pour que des Italiens 1  ou des Languedociens appellent le meilleur de tous les thonidés  bounitou, ils n’attendent pas le XVIe siècle et la parole des Espagnols.

bounito ou palamys sarda

Sardina du latin sardina « clupea sardina » est un dérivé de sarda un emprunt au grec sarda « sorte de thon pêché autour de Sardaigne ».

En ancien occitan sarda est le nom d’un « poisson du genre scombre, sardine, clupea pilchardus » (1153-15e s.), passé en français au XIIIe s.  TLF : Poisson de la famille des Scombridés appelé aussi bonite ou pélamide.

 

  1. D’après le LEI , Bd. 6, Sp. 1047, les attestations de bounitou viennent surtout de la Ligurie, qui voisine avec la Provence; l’italien présente la forme  bonita