Posté par
Robert Geuljans le 23 Mai 2013 dans
b |
0 comments
Barigoulo « pleurote du panicaut ». Ce nom est surtout connu à cause de la recette de artichaut à la barigoule. Le TLF donne deux significations pour le mot barigoule:
1.Région. (Provence). BOT. Champignon comestible du genre agaric. Synonyme lactaire délicieux. Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du xixe et du xxe siècle.
2.ART CULIN. À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile
Dans Wikipedia nous trouvons que :
La recette d’ Artichauts à la barigoule doit son nom au champignon pleurotus eryngii appelé aussi pleurote du panicaut, ou encore argouane, bérigoule, girboulot, et l’auteur fournit une vingtaine d’autres noms vernaculaires:
pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.
pleurote du panicaut pleurotus eryngii
Comme ça on sait de quel champignon on parle!
La question qui reste est de savoir pourquoi précisément la pleurote du panicaut?
C’est l’abbé de Sauvages qui dans la deuxième édition de son
Dictionnaire languedocien-français (
S2) explique la relation entre l’
artichaut et la
pleurote du panicaut. :
Les préparations étaient identiques à son époque. Ce champignon ne pousse qu’au pied du panicaut champêtre ou sur les racines de
Eryngium maritimum. En plus le panicaut champêtre ressemble beaucoup aux petits artichauts provençaux.
panicaut campestre artichaut provençal
Dans Rolland Flore XI, p.145 nous trouvons la répartition géographique du mot barigoulo avec le sens pleurotus eryngii :
Souvent il y a de la confusion en ce qui concerne les noms des champignons. Dans le matériaux dialectaux nous trouvons que le type lexicologiue barigoulo est utilisé aussi pour nommer « la chanterelle, la morille » et même un « champignon bon à manger »en général. Par exemple Rolland a réuni dans l’article morchella esculenta « morille » le type lexicologique « barigoulo » dans les régions suivantes:
et pour le breton la forme :
C’est cette dernière forme avec
m- initial qui a peut-être inspiré von Wartburg. Dans le FEW il propose comme étymologie de toute cette famille
*maurīcŭla « morille », dérivé de
maurus « habitant de la Maurétanie ». Le
b- initial de formes comme
barigoulo s’explique par l’influence de mots comme
bulle ou
balle à cause de la forme ronde du champignon.
Le TLF écrit que la première attestation de barigoulo en occitan date de 1716. Pourtant Rolland p.177, mentionne que bourigoulo « morille » en provençal en 1549 par Solerius. Cette indication a réveillé le rat de bibliothèques en moi. Dans la bibliographie de Rolland je trouve l’indication suivante:
Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.
Cela m’a permis grâce à internet de retrouver le texte que voici:
(Champignons chez les Gaulois (on dit) des champignons: chez les Dauphinois des bracoules, chez les Italiens prignoli chez nous des bourigóulos: d’aucune utilisation en médecine.)
L’accent sur le ó dans le texte de Solerius signifie probablement que l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe. Il est également possible qu’il veut indiquer une prononciation –óou-. Pour en être sur il faudra étudier toutes ses graphies des mots en provençal en en dauphinois et les comparer à la prononciation actuelle.
Artichauts à la barigoule. L’étymologie d’artichaut est décrite dans l’article carchofa.
__________________________________________