cat-right

Doga, douga

Doga, douga, dougo signifie « planche courbe d’un tonneau ». En français douve a pris en plus le sens « fossé » qui n’est pas attesté dans les parlers occitans modernes, par contre on y trouve le sens « paroi d’un fossé, berge », un sens secondaire du premier à mon avis.

L’étymologie est le latin doga « sorte de vase ou mesure de liquides « , emprunté au gr. δ ο χ η ́ « récipient, réservoir ». Les formes occitanes présentent un –g- ou un -v- mais dans les dérivés souvent ni l’un ni l’autre, par exemple douélo « douve » à Toulouse, ancien occitan doalier « fabricant de douves ».

La dormeuse a trouvé le mot adouvairie  dans le Compoix de Mirepoix, qui d’après le contexte, désigne un bâtiment utilisé par les tanneurs (trempage des cuirs ?) ». Adouvairie n’est attesté nulle part que je sache, mais dans l’Encyclopédie de Diderot est mentionné la douve « planche sur laquelle on racle la peau pour en enlever le tan ». La douvairie peut bien être le bâtiment où ce travail est fait.

Avec le mot doga, dova dans votre dictionnaire personnel, vous pouvez voyager dans toute l’Europe: catalan et italien doga, espagnol dovella portugais aduella, basque du(b)el, néerlandais duig, allemand Daube (Grimm), tchèque duha.

 

Desvariar, dévarier

Dévarier ‘contrarier’ en français régional , semble être typique pour la région nîmoise. Notre femme de ménage l’utilise à tout propos. Mistral cite A.Bigot dans son Trésor, s.v. desvaria :

Se rèste un jour sèns te vèire, Sièu desvaria.

Etymologie : ce dérivé du latin variare ‘changer; être différent’ est limité au domaine occitan, même s’il y a quelques attestations en ancien et moyen français. Les attestations en dehors du languedocien sont rares d’après le FEW XIX,178a-b. J’ai l’impression que le sens en français régional est plus faible qu’en occitan.: Alibert desvariar ‘extravaguer, rendre fou: troubler, égarer’ etc. Voir aussi Doumergue
Le mot existe également en italien divario ‘changeant’, catalan et espagnol et portugais desvariar ‘délirer’.

Desrabar

Desrabar, fr.rég déraber.« arracher, tirer de la terre » fr.rég. « défricher le jardin »(Alibert), « arracher les mauvaises herbes ».

Etymologie: raba du latin rapum ‘rave’ dont le pluriel rapa a été pris un singulier féminin.  A Marseille un derrabaire de dents est « arracheur de dents ».   Le FEW a cité ce groupe de mots également dans les éléments germaniques, dans l’article rapôn « arracher » et dans l’article rapum « rave » il ajoute que les représentants de l’étymon germanique ont certainement eu une influence sur ceux de rapa, parce que les formes sont devenues identiques. La famille de mots occitans rapar « saisir, enlever » est beaucoup plus répandue que celle de derabar.

Français déraper est un emprunt à l’occitan et utilisé d’abord comme terme de marine: « un navire dérape, au moment où, quand il appareille, il chasse sur son ancre » . Dans un site je trouve: « Depuis, il est extrêmement rare que le bateau dérape, même si le vent souffle violemment. » Voir cet article du TLF.

Fataire

Fataire “chiffonnier”


Gargalhau, crida deforo:
« Pelharot, ferre vielh,
Pel de lebre, pel de lapin »

Rouquier2, p.10

vient du gotique et burgond fatt-. Il existe encore en néerlandais: vod «  chiffon » et en allemand Fetze « chiffon » et le verbe fetzen « déchirer en chiffons » qui d’après le Dictionnaire des frères Grimm viennent d’un ancien fat. Le mot burgond se retrouve en franco-provençal fato « sac, pochette », en suisse-allemand et en alsacien fëtze. Espagnol hato « vêtements », et portugais fato , basque atu « bagages, meubles » appartiennent à la même famille..

Fataire  et sa racine fato « chiffon, guenille ; linge à panser une plaie » (S) se trouve surtout dans une zone qui comprend le Gard, l’Ardèche et le Velay. A Manduel ‘lavette’ a été traduite avec fata (Thesoc). Le languedocien est particulièrement riche en dérivés : fatá v.a. « envelopper d’un linge ; étouper une futaille qui fuit » (S), fatéto « petit chiffon, pécule d’une femme » ; Nîmes esfata « défricher » ; esfataire « celui qui déchire ; défriche » Valleraugue defata v.a. « effacer ».
(Je suis le FEW qui maintient l’étymologie proposé par Brüch (Z 38,1917,p634), contre Corominas (2.888) qui propose une origine arabe.)

Descaucelar

Descaucelar « niveler le terrain après le passage de la charrue; déchausser la vigne » (Lhubac). Cette dérivation du latin calceare « chausser », (de- ou ex- +) calceare + ellu + are est limité au ouest-languedocien, les dép. de l’Aude et de l’Hérault et quelques attestations dans le Cahors et à Agen. Il semble bien vivant dans le français régional de la moyenne vallée de l’Hérault, vu le témoignage de Gilbert Lhubac, qui cite en plus l’ escaucel  » l’outil qui sert à déchausser les pieds de vigne ». Cf. le commentaire.

 

………….………….

……………………..…….. descaucelar d’après Diderot …….………………Lequel est l’escaucel?