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Escandalh, escandilh

Escandalh, escandilh s.m.’peson; balance; étalon de poids et mesures; jauge; sonde (maritime); mesure de capacité pour la chaux et l’huile’.
Un visiteur me pose la question suivante: « Je trouve à l’instant un  qui me pose problème : une quantité de chaux dite « ….un escandal de chaux? Merci! Et j’ai pu lui répondre:
Bonjour!
Escandal se trouve dans l’Alibert écrit escandalh , escandilh avec le sens « peson, …etc. ». L’origine est le latin *scandaculum du verbe scandere « monter, s’éléver; gravir ». *scandaculum n’est pas attesté en latin, mais dans un texte de Genua en latin du moyen âge on trouve la forme scandaglium avec le sens « sorte de mesure de capacité ». On suppose que l’évolution du sens de « monter » > « mesure de capacité » est passé par l’utilisation de traits à l’intérieur d’un tonneau , d’un vase , etc. qui permettaient de controler les quantités. Le mot est indigène en occitan.

Le sens « balance » et plus spécialement une « balance romaine avec un seul plateau » s’est pobablement développé à partir de la montée rapide de ce plateau pendant l’utilisation. Avec ce sens on le retrouve dans le Piemont.

En français le même étymon a abouti à échantillon , mais c’est une autre histoire que vous pouvez lire en suivant le lien

Egassiaral

Egassieral (nom d’une rue à Ste Valiere, Aude), egassiairal(stade à Narbonne).

L’egassiairal (Narbonne) sans juments.

Un visiteur m’a demandé ce que ce mot pouvait signifier, même les anciens dans son village ne le savaient pas. Voici ce que j’ai pu lui répondre:

« Bonjour!
Dans le Dictionnaire d’Alibert je trouve: egassier « conducteur des juments pour le dépiquage » , c’est à dire qu’autefois on se servait des juments pour faire sortir le grain de l’épi en foulant les céréales. » Il y avait des troupeaux de juments, egassada ou egatada,  pour ce travail. Je pense que votre egassieral est un enclos ou une écurie où se trouvaient ces bêtes. Si vous trouvez une confirmation de l’existence d’un tel endroit dans la rue en question, veuillez me tenir au courant et si possible, me faire parvenir une photo pour que je puisse l’insérer dans mon site.

Vous voyez qu’il l’a fait! avec en plus la confirmation qu’il y avait bien un enclos ou une écurie pour les juments et que la photo représent le portail muré!

         
mais les equae ont été remplacées par des Chevaux.

Il s’agit d’un dérivé du latin equa « jument », mot devenu rare même dans les patois du Midi et remplacé par le mot français ou par caballa, mais conservé en catalan : egua, euga (DE). »

En latin médiéval existait eguezerius  » maître gardeur de juments » qui a survit dans le nom de famille Eygesier.  FEW III,233    Voir aussi l’article aigassier dans le DOM.

On peut aussi rattacher le mot egassieral  à ce nom de famille et de fonction.

Escais "éclat"

Escais « éclat de bois »;  « morceau ou reste d’une marchandise, coupon, échantillon » (Alibert).

L’histoire d’ escais « éclat » est bien différente de celle descais « sobriquet ».

Il vient du mot germanique *skalja « coquille », d’oeuf, d’escargot, de noix etc. qui existe encore dans pratiquement toutes les langues germaniques: néerlandais schil « pelure », anglais shell « coquille » et dans les langues romanes en italien et en francais: écaille. Le mot germanique *skalja avait déjà développé les sens 1) « éclat de bois ou de pierre » et 2) »morceau, rognure ».

Le premier est déjà attesté en ancien occitan; escalh « petit éclat » (vers1240) , escai « éclat de bois » en occitan moderne et des dérivés comme escalhar « fendre ». Par contre le sens « morceau » (Alibert) qui est bien attesté pour les patois wallons et ceux du nord-est de la France, n’est pas attesté pour l’occitan en dehors du dictionnaire d’Alibert.

Je pense par conséquent que la « Rue des Escaïs » à Agde  (voir escais « sobriquet ») tire son nom du  sens « éclat »  ou même du sens « écaille » des poissons.

 

escais                                                                                           écailles

Escais "sobriquet"

Escais  « sobriquet; moquerie », escaissar « donner un sobriquet; se moquer, railler ».

Escais « morceau ou reste d’une marchandise, coupon, échantillon »  et escaissar« déchirer, rompre une branche d’un arbre, écuisser  » ont  une autre histoire.  Suivez le lien.

Un lecteur habitant la « Rue des Escaïs » à Agde m’a demandé l’étymologie de ce nom. Le sens le plus ancien semble être « moquerie » déjà attesté par l’abbé de Sauvages : escainoun composé de escai  « moquerie » et noun « nom »  > ‘sobriquet’  ou ‘surnom ou nom de guerre’ (S; M, Autran).  Mais je crois que la  Rue des Escais  fait plutôt allusion à  escais  « morceau ».

L’étymologie est le latin *capseum « cavité buccale » une forme secondaire de capsus « caisse; intérieur d’une voiture; cage pour les animaux sauvages ». Ce sens est conservé en ancien occitan cas « caisson, ballot » et à Castres cals « sorte de volière ». Latin capsus avait aussi le sens « vessie destinée à recevoir une farce » qui est à l’origine du sens du mot ancien provençal cas « trou d’une aiguille par lequel passe le fil » (Arles 1400), conservé tel quel à Castres.
La forme *capseum désigne la « cavité buccale » ou les « parois intérieures de la bouche », ce qui donné en ancien occitan cais « machoire », conservé à Puisserguier et dans l’Aveyron cais. Un dérivé caissal signifie « dent molaire » (St.Andre de Valborgne).  A partir du sens « machoire » s’est développé en ancien occitan le sens « joue’ , conservé dans l’Ariège kèch.L’expression far col e cais « faire la moue, minauder » est à l’origine du  verbe escaisar « se moquer de quelqu’un »  ce qui a abouti à  Puisserguier à escaissà « donner des surnoms ». Ensuite  a été dérivé le substantif escai(s) « moquerie, surnom, sobriquet ».

Catalan queix « mâchoire » et espagnol quijada « joue » appartiennent à la même famille de mots.

Stocofin, estofi

Stocofin, estofi s.m. « morue séchée à l’air libre ». Les formes courantes en occitan sont estofi ou en provençal (e)stoquofi(n), stocofi  et elles  sont plus proches de l’origine, le néerlandais stokvis, mot composé de stok « bâton » et vis « poisson » parce que anciennement le stokvis était séché étendu sur des bâtons dressés sur les bateaux de pêche ou dans les ports. Le mot stokvis est passé dans d’autres langues : italien stoccofisso, catalan estocfix, estocafis, espagnol estocfiz, allemand Stockfisch, anglais stockfish (belles photos). Voir aussi l’article brandado .

Dans  l’anthologie amusante, Les cris populaires de Marseille: locutions, apostrophes, injures, expressions proverbiales, traits satiriques et jeux du peuple–cris de marchands dans les rues–préjugés, par M. de Regis de la Colombière. Marseille 1868, p.2   il y a l’attestation que voici:

que les gamins hurlaient quand un parrain refusait de leur jeter quelques sous à l’occasion d’un baptême.  Suivez le lien, vous ne reviendrez pas à mon article, mais tant pis, c’est très marrant.

Escafit s.m. « morue séchée à l’air libre ». Les auteurs du dictionnaire Panoccitan ont choisi cette forme atypique de la région de Castres pour toute l’Occitanie. Cette forme a subi l’influence d’un autre mot, peut-être l’adj. escafit. Escafit, escafida adj. »étriqué »  suivez le lien.

La « morue fraîche » appelée cabillaud en français depuis 1278, cabillót dans l’Aveyron, est également d’origine néerlandaise : kabeljauw. Dans les langues romanes c’est plutôt le type bacajaw, devenu bacalao en espagnol, bacallá en catalann, baccalá en italien. Les étymologistes pensent que le mot basque bacailao est à l’origine de cette unité des langues romanes méditerranéennes.