1.Région. (Provence). BOT. Champignon comestible du genre agaric. Synonyme lactaire délicieux. Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du xixe et du xxe siècle.
2.ART CULIN. À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile
Dans Wikipedia nous trouvons que :
La recette d’ Artichauts à la barigoule doit son nom au champignon pleurotus eryngii appelé aussi pleurote du panicaut, ou encore argouane, bérigoule, girboulot, et l’auteur fournit une vingtaine d’autres noms vernaculaires:pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.
panicaut campestre artichaut provençal
Dans Rolland Flore XI, p.145 nous trouvons la répartition géographique du mot barigoulo avec le sens pleurotus eryngii :
Souvent il y a de la confusion en ce qui concerne les noms des champignons. Dans le matériaux dialectaux nous trouvons que le type lexicologiue barigoulo est utilisé aussi pour nommer « la chanterelle, la morille » et même un « champignon bon à manger »en général. Par exemple Rolland a réuni dans l’article morchella esculenta « morille » le type lexicologique « barigoulo » dans les régions suivantes:
Le TLF écrit que la première attestation de barigoulo en occitan date de 1716. Pourtant Rolland p.177, mentionne que bourigoulo « morille » en provençal en 1549 par Solerius. Cette indication a réveillé le rat de bibliothèques en moi. Dans la bibliographie de Rolland je trouve l’indication suivante:
Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.
Cela m’a permis grâce à internet de retrouver le texte que voici1:
(Champignons chez les Gaulois (on dit) des champignons: chez les Dauphinois des bracoules, chez les Italiens prignoli chez nous 2 des bourigóulos: d’aucune utilisation en médecine.)
L’accent sur le ó dans le texte de Solerius signifie probablement que l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe. Il est également possible qu’il veut indiquer une prononciation –óou-. Pour en être sur il faudra étudier toutes ses graphies des mots en provençal en en dauphinois et les comparer à la prononciation actuelle.
Artichauts à la barigoule. L’étymologie d’artichaut est décrite dans l’article carchofa.
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Barga, barja, bardjha « broyer; broyer le chanvre; bavarder » voirla page brega
Barjaboudre, « parler à tort et à travers ». composé de barja « bavarder » et bodre « en désordre » (Alibert) peut-être du germanique *brod « bouillon » . Voir la page brega
Barjaqua, synonyme de barjaboudre. Dérivé de l’occitan barjar, bardzar « bavarder », du germanique brekan “broyer”. Un babillard fait penser au bruit et aux gestes quand on broie le chanvre. Ancien provençal bregas « machoires » (15e s.) et St.André de Valborgne bárdzo « lèvres ». Voir la page spéciale Brega.
La forme avec –jaqua, limité au provençal et franco-provençal, est composée avec la racine *jaq– cf. jacasser (TLF) du latin jacobus > français jacque(s) « sobriquet donné aux paysans insurgés de 1358, parce que ce vêtement court et simple rappelait celui porté par les paysans ». Voir l’article jacouti.
Barouler « rouler, tourner dans tous les sens, faire du lèche-vitrines, rôder, etc. » fr.rég. Alibert donne une graphie barrutlar avec un -t- étymologisant (?) que je n’ai trouvé nulle part dans les dictionnaires patois. Les formes avec -u- existent dans plusieurs endroits, mais les formes avec -ou- sont bien plus fréquents. Voir la page Comment écrire mon occitan à propos de la graphie de l’occitan de votre ville ou village.
Le type baroular est commun à l’occitan et au franco-provençal. Il est encore très vivant en français régional. Dans la langue des jeunes il a pris le sens de « vadrouiller » ( Tapez barouler sous Google).
C’est un dérivé/composé du latin rotella « petite roue ». Le premier élément, ba-, vient probablement du mot bas ou du type barrot « brouette ». Le premier sens est « rouler de haut en bas » > « rouler »conservé dans barroulaire « rouleau pour les champs » e.a. dans le Gard. Et une fois qu’on commence à barouler dans tous les sens cela peut devenir « vagabonder, rôder ».
Baroulleur « rôdailleur ». D’après Raymond Jourdan de Montagnac cela « Se dit de quelqu’un qui vit de petits boulots saisonniers et de
Etymologie est le latin rotella « petite roue »; Voir les attestations dans FEW X, 504 à droite, qui donnent l’impression qu’il s’agit d’un groupe de mots plutôt provençal et franco-provençal. Montagnac est bien dans le Languedoc.
Voir l’article baroulàr.
Barracanar « rayer de blanc, barioler » (Alibert), bracaná adj. «bariolé » de l’arabe barrakan « tissu en poil de chamois ». L’ancien languedocien barracan « espèce de drap » se trouve déjà dans « La chanson de Ste Foy« de 1060 environ qui a été écrite dans la région de Conques.
Au cours des siècles barracan a désigné différents tissus. Il est attesté pour Alès avec le sens « camelot , une sorte de tissu « . L’abbé de Sauvages mentionne l’adj. bracaná avec le sens « bariolé ». Le mot nous est probablement venu à travers l’espagnol et/ou le catalan barragà. Voir baraquet
Barracon (m), baracou en fr.rég. Un diminutif de barraca (littéralement « petite baraque ») qui est appliqué aux cabanes en pierre sèche des causses de Blandas et de Campestre (Gard) et à celles de la commune de Saint-Félix-de-l’Héras dans le Larzac héraultais. (Lassure). Dans ce site il y a une page avec photos des baraques de l’Hérault.
On appelle baraquettes les petites cabanes du Mont St.Clair à Sète (Méditeria n°18, p.27). Voilà un autre mot dont l’origine n’est pas claire. Les étymologistes pensent que c’est un emprunt à l’espagnol barraca (XVe s.), mais on le trouve en ancien occitan déjà au XIVe s. et le dépouillement des manuscrits en ancien occitan est loin d’être complet. Il pourrait s’agir d’un dérivé occitan de barra « barre », parce que dans les premiers textes en ancien occitan, la baraca désigne des bâtisses en planches construites pour l’armée qu’on brûlait à leur départ. (Un bon débarras !)
Pendant la guerre de 30 ans (1618-1648, la période française dura de 1635 à 1648, intervention de Richelieu, bataille de Rocroi) le mot militaire a été introduit en allemand et puis dans les autres langues européennes : allemand Baracke, néerlandais barak.
L’ anglais barracks « bâtiments pour les soldats » a gardé le sens originel.
Pour plus de renseignements sur les différents noms et leurs histoires cliquez ici constructions en pierre sèche
Christian Lassure, auteur de ce site magnifique, m’écrit : Enfin, mes grands-parents maternels à Saint-Amand-les-Eaux dans le Nord, après la première guerre mondiale, avaient acheté aux Chemins de fer de l’époque un « baraquement » en planches qui avaient servi à loger des employés, et l’avaient remonté dans leur terrain (où ils avaient fait construire en dur pour eux-mêmes) pour y loger mes arrières-grands-parents maternels. Après leur mort, mes parents reprirent la maison et firent démonter et brûler sur place le « baraquement ».