cat-right

Geek

Geek « fou d’informatique » n’est pas encore  occitan mais international. Les puristes trouveront certainement un autre  mot comme alfi que personne n’utilisera.

Geek  est un emprunt à  l’anglais geek qui l’a emprunté au bas allemand, peut-être le néerlandais. En néerlandais le mot gek, écoutez la prononciation ici , est très courant comme substantif  « fou » mais surtout comme adjectif ou il a pris le sens de « fou de quelque chose; curieux, étrange », par exemple « il est fou de chocolat »  hij is gek op chocola.

Dans le nouveau dictionnaire étymologique du néerlandais (EWN), je trouve dans l’article gek  « fou » qu’il y a peut-être un lien avec le substantif gek « extracteur de fumée sur une cheminée » qui tourne au gré du vent1


 et il  relie le norvégien gek au verbe geiga  « chanceler, tituber » et l’allemand geigen « vaciller, flageoler » de l’ancien allemand giga « instrument de musique à trois cordes ». En bas-allemand le gek était le « fou du roi ».

Bien sûr, il y a d’autres explications, mais celle-ci est assez séduisante. Elle nous raconte que des musiciens ambulants allemands, à une époque ancienne, probablement pendant les Carolingiens (750-1002), venaient jouer de la giga, Geige en allemand moderne, dans les cours en France. A partir du substantif gigue a été formé en moyen français le verbe giguer « gambader, folatrer » ou dans la région de Verdun et Châlons-sur-Saone « sauter, remuer les jambes; s’amuser bruyamment ».

La suite de cette histoire dans l’article giga 1 et 2.

Dave Wilton, dans le site Wordsorigin.org décrit l’évolution du mot en anglais et en américain.

  1. Pour les chercheurs germanophones il y a pas mal d’attestations  dans  Köbler, Gerhard, Mittelniederdeutsches Wörterbuch, 3. A. 2014  :

    gek (1), geck, jeck, mnd., M.: nhd. „Geck“, drehbarer Deckel eines Gefäßes, Narr, Tor (M.), Wahnsinniger; Vw.: s. erse-; Hw.: vgl. mhd. gec; E.: s. mhd. gec, st. M., Geck, alberner Mensch, Narr; wohl lautmalerisch; s. Kluge s. v. Geck; R.: de gek plāget ēne: nhd. „der Geck plagt ihn“, er ist verrückt, er ist toll; L.: MndHwb 1/2, 46 (gek), Lü 111b (geck)

    gek (2), geck, jek, mnd., Adj.: nhd. verdreht, töricht, närrisch, toll, wahnsinnig, wild; Hw.: s. geklīk; E.: s. gek (1); L.: MndHwb 1/2, 46 (gek), Lü 111b (gek)

gerbo baude ‘fête’

Gerbo baude . Etymologie germanique bald « hardi ».

A La Rochette

La Gerbaude à  La Rochette

Un visiteur m’écrit:

BAUDE – : de l’ancien français « baud » = joyeux – ardent, (a rapprocher aussi de Ebaudir).
Origine probable de la mythologie Balte.
Du dieu LAUKOSARGAS, gardien des champs et protecteur du blé, auquel il convenait d\'offrir la dernière gerbe fauchée.

Normalement la « Gerbe baude » est le nom de la fête qui termine les moissons.
Les gros travaux des champs étaient faits en commun avec l’aide de tous les habitants du village. A la fin des moissons, si tout s’était bien passé, on hissait la dernière gerbe du dernier gerbier au sommet de celui-ci. C’était l’offrande au ciel, de la gerbe la plus belle et la plus grosse en guise de remerciement pour sa protection.
Il est probable que dans les temps anciens, la gerbe dernière était brûlée sur un autel et devenait ainsi cette gerbe ardente, à la fois gerbe d’or et gerbe joyeuse qui assurait la bienveillance des dieux.
Cérémonie païenne à l’origine, la tradition s’est maintenue au fil du temps et s’est transformée en fête religieuse avec la bénédiction des blés puis en fête populaire pour marquer la fin des moissons.
Avec la mécanisation et dans certaines régions où le blé ne représente qu’une culture minoritaire, la fête de la gerbe « baude » s’est déplacée vers d\’autres saisons et d’autres gros travaux. Dans les pays de vignes, par exemple, la gerbe baude (dite aussi gerbaude) sanctionne la fin des vendanges. C’est l’occasion de réunir tous les participants autour d’une table bien remplie avant la dispersion des ouvriers saisonniers.

Dans l’article *bald- « hardi » du FEW XV/1,30 je trouve le paragraphe suivant:

Gerbo_baudeFEW

Le message de mon visiteur m’a suggéré de chercher aussi la combinaison de deux mots gerbaude dans le FEW et en effet dans le volume XVI,p.14 je vois que l’extension géographique est bien plus importante, elle va de Nantes jusqu’à Villefranche-de-Rouergue:

FEW XVI,14 garba

FEW XVI,14 garba

Le mot gerbe est aussi d’origine germanique.
L’étymologie de ce baude est la même que celle de baudo « grosse pierre », mais les deux significations sont tellement éloignées l’une de l’autre que la gerbe baude mérite cet article à part.  Les noms de rue  de la Baude, que j’ai trouvés  à Saint-André-d’Apchon (42370), à Rochefort sur mer (17300), à Sainte Colombe (77650) et à Albi doivent être étudiés de plus près. Il me semble même probable qu’il faudra les rattacher à ce sens de « fête de moisson » et non pas à baudo « grosse pierre ».   A Manduel dans le Gard par contre il n’y a pas de culture de blé, c’est un village vinicole et la Baude y est un pont ou une rivière ou autre chose.
Aujourd’hui je reçois un message de M.Honoré de Saint Amans de Pellagal dans le Quercy qui m’écrit :
Dans mon village, Saint Amans de Pellagal, se trouvent quatre lieux-dits comportant le mot Baoudo qui a été traduit par Baude, dont Tuquo de Baoudo, lieu d’une ancienne motte castrale. Mes recherches vont dans le même sens que les vôtres et m’amènent à cette conclusion : La jierbo baoudo ou garbo baoudo  (la gerbe joyeuse) est la traditionnelle fête et le régal (repas) offert à la fin de la moisson. La francisation donne baude qui a donné s’esbaudir « rire, s’amuser ». Mais pourquoi appeler ainsi cette « colline de la joie »? Peut-être parce que c’est sur cette éminence que se déroulait la fête païenne où il était d’usage dans certaines régions de brûler la dernière gerbe récoltée sur un autel.
J’en suis arrivé à cette conclusion en consultant une ancienne chronique locale du début du XVIIème siècle, parlant d’anciennes traditions, traduite par un habitant.
Je vous remercie infiniment de partager vos connaissances dans votre page.
Cela fait énormément plaisir, une réaction comme celle-ci.

Voir aussi l’article Baude nom d’une rue à Manduel

Gèrla

Gèrla « cuve, jarre, seau, hotte ». Le latin a créé un adjectif gerulus « portable » en partant du verbe gerere « porter ». Gerulus était le plus souvent utilisé en combinaison avec tina « cuve » : gerula tina.

De la même façon que  de nos jours un ordinateur portable est devenu un portable, et un téléphone mobile un mobile, la gerula tina est devenue une gerula « une cuve ». L’accent étant sur le –e-, gèrula > gèrla. Le sens reste assez flou et le mot s’applique à toutes sortes de récipients. Dans certaines régions gerla désigne un récipient spécial, par exemple à Barcelonnette la géarla est un « seau en bois, avec queue, pour traire les vaches ». D’après le Thesoc, gèrla peut être un « récipient à l’huile » ou « un récipient à porter à boire aux champs ». A Nîmes est attesté en 1300 le dérivé girlon « seau pour traire les vaches ».

                 

gèrla, girlon ancienne                         gerla moderne                        gerulus ordinator

  
           gerulus telephonicus

Giga 1 et 2

Giga 1  « Air de danse; corde qui relie deux parties d’une antenne; instrument de musique ancien ». (Alibert) Giga 2  « jambe et cuisse; cimier de boeuf; gigot; longue jambe. . Si vous comparez les deux images ci-dessous et si vous noter en plus les dates des premières attestations des mots  giga 1   au XIIe siècle, giga 2  au XVe siècle

        

                                                                         XIIe siècle                                                                        XVe siècle

vous comprendrez que le  sens de giga 1 doit être à l’origine de giga 2  et qu’il s’agit du même mot. Les dates des premières attestations sont importantes pour comprendre l’histoire d’un mot aussi bien  du point de vue phonétique que sémantique. L »origine est l’ancien haut allemand giga « gigue » un instrument à trois cordes, Geige « violon » en allemand moderne , qui a été introduit en Gaule par les musiciens ambulants à une époque ancienne, probablement pendant les Carolingiens (750-1002).

Au XVIIe siècle on a formé en français  le couple gigot /gigue « cuisse » sur l’exemple du  couple  cuissot « gigot de chevreil » / cuisse.

Gigue « cuisse » > « longue jambe ». En occitan c’est gigo, digo en limousin, gingo en languedocien qui d’après Mistral signifie 1) gigue, cuisse; jambe et cuisse; gigot. 2) l’ancien instrument de musique; danse. Mistral donne l’adjectif giga(t) « qui a des gigues, haut sur jambes », gigado « enjambée » et gigasso « longue jambe », mais il n’y a pas beaucoup d’autres attestations en occitan.

Bien avant, aux XIVe-XVe s., ont été créés deux verbes: giguer « gambader, frolâtrer » et ginguer « ruer » en parlant d’une bête. Les deux verbes et leurs dérivés ont en général des sens péjoratifs. Provençal ginga « gambader, sauter, courir » (M.) « se débattre des 4 pieds, d’un animal renversé » (Aveyron). De là est dérivé le substantif ginga « jambe » en languedocien.

Voir encore le néologisme geek « fou »

Gorp

Gorp s.m. « corbeille, panier, hotte » du latin corbis « panier » est limité à l’occitan et au francoprovençal, mais subsiste aussi en italien corba et espagnol corbe. La forme au féminin se trouve aussi en frpr. et en provençal. A Marseille gouerbo « corbeille d’éclisses ».

De nombreux dérivés ont été formés àl’aide des suffixes -ella, -ellu, -one, -ittu : garbella « corbeille en jonc; laiche = une plante des marais »,

garbelon, grobeta, gourbelin « petit panier » (Alès) etc.
Dans le Centre, en bourbonnais, dans l’Auvergne et le Forez gorba et ses dérivés ont pris le sens de « tas, tas de gerbes, grosse meule » probablement à partir du sens « contenu d’une gorbe« .
Dans le Cahors et l’Aveyron nous trouvons un gorbi, gouorbi « panier de somme » qui repose sur un étymon corbis +-ium qui a donné en basque gorbia « charrette avec un réceptacle rond en osier ».

Les mots allemand Korb, néerlandais korf « panier » sont empruntés à l’italien, basque khorbe « crèche pour animaux » à l’occitan.

Gorp, corp

Gorp, corp « corbeau » du latin corvus « corbeau ». En provençal et l’est-languedocien nous trouvons les dérivés courbàt, courbatas « gros corbeau », dans l’ouest-languedocien jusqu’à la mer les dérivés courbas. Voir le Thesoc »corbeau » pour la répartition géographique des différents types lexicologiques.

Comparez aussi les noms pour corneille  dans le Thesoc et mon article  gralha avec des images et vous verrez que les différentes espèces de la famille corvus ne sont pas bien distinguées.

Occitan cormarin « cormoran » est attesté depuis le XIIIe siècle. L’ancien français corp « corbeau » survit dans cormoran littéralement corvus maranus. Pour une explication des formes voir le TLF cormoran.

Cormarin Photo E.deCruyenaere

Gos

Gos, gous « chien ». Dans beaucoup de langues il y a un genre d’onomatopées pour exciter ou appeler des chiens qui consistent dans les sons k et s, avec ou sans voyelles entre ces deux sons : en suisse-allemand ks-ks , néerlandais koest  ( du français couche-toi  en parlant aux chiens mais je me demande pourquoi les Néerlandais parlent français aux chiens??) , espagnol cuz-cuz (?), allemand kusch, occitan cuss-cuss, gous-gous, ou guiss-guiss. A partir de ces sons a été créé le verbe agoucer « exciter (un chien) » d’ou le dérivé gos, gous « sorte de chien », attesté depuis le Moyen Age en wallon, picard d’un côté et en occitan à l’ouest du Rhone (Thesoc: Ariège, Aude, Hte Garonne, Hérault, Pyr-Orientales , Prov. d’Huesca; d’après les dictionnaires cités par le FEW aussi dans l’Aveyron, le Cantal, le Limousin, le Périgord et en Béarn).

Un visiteur précise:

Mes interlocuteurs en occitan (ils se font rares) prétendent (à Pézénas) que le mot « gos » vient de la montagne, tandis que le mot « chin » serait le plus courant en plaine. Cela ne les empêche pas de dire « ai una canha de gos« , m. à m. « j’ai une flemme de chien » ou encore « Es coma la gossa de Cacari » (i accentué). J’ignore qui était ce Cacari mais il devait avoir une chienne particulièrement paresseuse.

Malgré l’attestation à Prades gousa « jeune fille qui court après le garçons », les étymologistes ne croient pas que le mot  français gosse « enfant » a la même étymologie, mais on n’en a pas encore trouvé l’origine. La dernière proposition est le suédois! Voir TLF

                             
gos
d’Obama            capitules                        orlaya                   renoncules

Le mot occitan gos, gous a été transféré à des outils : ancien occitan gosa « machine de guerre » (laquelle ou une interprétation fausse  ?), Aveyron engoussos « machine pour assujettir un fuseau dont on dévide la fusée »(image?) et à une série de plantes: gousses « capitules de la bardane » (Carcassonne), gousséts « cynoglosse » (Pamiers, goussés « orlaya grandiflora » (Aude), mais en Lauragais ce sont les « fruits du renoncule des champs ».

L’après le FEW, suivi du TLF le mot français  gousse  serait un emprunt à l’occitan. Une proposition de Sainéan. Suivez ce lien.

Got, go

Got, go « verre à boire, coupe, gobelet » vient du latin guttus « vase à col étroit ». Le guttus était employé par les Romains moins fortunés comme des verres à boire. Guttus se retrouve en italien « gotto et en catalan got. Le niçois gòto « gobelet » est un emprunt à l’italien.

Panoccitan : gòt nom m. chope nom f.; gotat nom m. pleine chope loc.; gotet nom m. petite chope loc. (= Béarn)

 

Goubio, gourbio

Goubio, gourbio s.f. »gouge, outil de fer en forme de canal servant à creuser, rogner, râcher ». Il vient du latin gulbius « gouge », mot attesté au IVe siècle seulement chez Végèce, (absent du Gaffiot) et comme gubia dans l’Etymologiae d’ Isodore de Seville au VIe siècle.

D’après le FEW goubio (S2) est surtout languedocien et il suppose une origine gauloise et un lien avec l’ancien irlandais gulban « épine ».

L’italien gorbia (voir le DEI pour beaucoup de liens avec d’autres langues!) et l’espagnol de Bogota gurbia ont la même étymologie.
Dans la région de Rodez (Aveyron) est attesté le verbe gourbia avec le sens « pratiquer des trous carrés avec la gourbio »; à Millau mal gourbiat veut dire « mal fagoté, sale, qui ne sait pas tenir une maison propre ». Panoccitan a créé le verbe gobiar « ployer ».

La disparition du -l- de gulbius reste mystérieux. Gubia est à l’origine du français gouge du catalan guvia, l’epagnol gubia, et du portugais goiva. Le mot français a été emprunté par l’anglais gouge, néerlandais guts.

goudjo ‘courge’2

Share
Goudjo « courge à sel »à Valleraugue (Auge). Pour l’étymologie voir mon article coujo, coja « courge ». Je veux revenir sur le mot grec κωδια (kodia), qui était aussi le nom de la clepsydre«  l’horloge à eau, un transfert est motivé par la forme arrondie des vases qui servaient pour ces horloges et faire un peu de publicité pour Noria  la Maison  de l’eau à  St-Jean de Bruel (Aveyron) oùvous pouvez voir des clepsydres anciennes et modernes.].clepsydre     WasseuhrHerophilusClock

En plus j’ai retrouvé le livre de Charles Atger qui nous donne un dicton de Valleraugue:

Sa pa dé qués qué tené sal en goudjo  » Il ne sait pas ce que c’est que de tenir du sel dans la courge (soucis ménagers).

Ils étaient économes les Cévenols!

goudjo

Cette forme goudjo   est assez rare, seulement attestée dans dans le haut canton du Gard, (Cf. Thesoc),  auquel il faut ajouter trois points dans l’Hérault1 (ALF d’après FEW II, 833 ).

Cogorda, cogorla sont des formes de l’ancien occitan, coucourdo, cougourlo en occitan moderne.cŭcŭrbĭta « citrouille ». FEX II, 1458

Courge poire à poudre.   La courge poire à poudre est une variété non comestible (Lagenaria sicerana) du genre Gourde. D’après Rolland Flore,  le Cévenol coujo n’est pas la plante mais l’objet  poire à poudre.

gourde-poire-a-poudre-ab.netA Campan (Hautes-Pyr.) couyo est le nom d’un panier rond et profond, en Lozère goujo « un entonnoir pour tonneaux ».

Cojada « claterium; bryone » (Alibert).   Claterium est un nom  du  concombre sauvage ou concombre d’âne. (Ecballium elaterium Wikipedia) – claterium. Appelé aussi cojarassa ,

claterium

concombre d’âne Ils mesurent quelques centimètres.

La bryone est une plante grimpante Bryone dioïque (Bryonia dioica) (Wikipedia).

bryoneblancheavec une racine spéciale. Elle s’appelle aussi « navet du diable, herbe de feu, rave de serpent, coja de serp, etc.La bryone est toxique.

Cojassa, « aristoloche »,  Cojanela dans le parler de Guyenne (Alibert). Image dans mon article faouterno. .

Et bien d’autres plantes, coja d’aiga  » le nénuphar jaune  appartient à un autre famille (voir Wikipedia) ; coja melona « citrouille iroquoise » (cucurbita pepo); cojarassa de bosc  « tamier » (tamus communis).

 

  1.  Je suis très content que Charles Auger n’a pas regardé le Dictionnaire d’Alibert et qu’il a écrit comme il prononçait: goudjo. Ortografia est d’ailleurs absent du Dictionnaire d’Alibert.