fruits | Etymologie-occitane https://www.etymologie-occitane.fr Dictionnaire étymologique de l'Occitan Wed, 22 Dec 2021 15:32:58 +0000 fr-FR hourly 1 Beloce, pelorso ‘prunelle’ https://www.etymologie-occitane.fr/2021/12/beloce-pelorso-prunelle/ https://www.etymologie-occitane.fr/2021/12/beloce-pelorso-prunelle/#respond Wed, 22 Dec 2021 15:24:20 +0000 https://www.etymologie-occitane.fr/?p=17138

Pierre Gastal, ami étymologiste et auteur du dictionnaire

Nos Racines celtiques, du gaulois au français

m’a demandé de publier son article Beluce, un mot probablement d’origine gauloise, dans mon site.  Le mot est très rare en occitan mais il y a une attestation dans le  Trésor de Mistral pelorso  avec quelques formes  franco-provençales du Forez:

mais je n’en ai pas trouvé d’autres pour le moment.

Voici son article:

BELOCE (nf, anc. fr.) : fruit du prunelier sauvage (« belocier/belossier »), prunelle noire (prunus spinosa) dont on fait une liqueur.

Étym. : v.fr. beloce/beloche du gaulois *beluccia (id.), p.ê. ligure (*belusca d’après Bloch-von Wartburg repris par P. Guiraud p. 68) mais c’est peu probable vu l’extension géographique du mot : Normandie, Est, Nord-Est, Savoie belosse ; Franche-Comté belousse/peloce (expression comtoise : « envoyer aux peloces » : envoyer sur les roses) ; Jura plousse/palousse => Ploussard, cépage rouge jurassien dont la couleur rappelle la prunelle.

Néanmoins, ce terme fait en gaulois double emploi avec *agranio.

* Il est présent dans l’Est (sauf l’Alsace-Moselle alémanique) et le Centre-Est (P.-H. Billy).

La belôche est une petite prune bleue produite à Vandoncourt (Doubs) et dans les environs => belôchier (prunier), cf. Henri Frossard*, L’impasse du Laquet (1964).

*H.F. 1915-1995, né à Brognard, Doubs, instituteur, directeur du collège de Blamont/Dbs, écrivain, espérantiste, communiste…

* Patois belocière/belorcière/blossière : terre qui produit des beloces. (H. Suter)

* Par l’occ. pelòrsia (prov. pelorsoMistral) : Dauphiné, Vivarais, Lyonnais pelorse, Velay pialorse, Forez pelosse, Beaujolais, Sologne plosse.

* En Bretagne, breton KLT boloz/poloz, vannetais pelorz, il coexiste avec irin (voir *agranio) : Polotrézen/Fin. (l.d. Plougourvest – + drezen : ronce = « prunelle épineuse »), Betpelorz/Mor. (l.d. Pluvigner – « prunier sauvage » – bret. bot : arbuste, buisson), Béloerzec/Mor. (l.d. Sulniac – « lieu des prunelles » – abs. carte IGN), lieux-dits bretons.

N.B. v.irl./irl. áirne (prunelle), gallois eirin, breton irin.

* En Dauphiné-Vivarais, de l’occ. pelòrsia : La Pélorsière/Ardc (l.d. Annonay), Combe Pélorset/Dr. (l.d. Saint-Donat-sur-l’Herbasse).

* Pseudo-Apulée 99, 27 : « Galli bolus serron… Itali hedera nigra ». Dans le CGL 3, 553, 53 : « buluuse seron, hedera nigra ».

Lat. médiév. bolluca (Merriam-Webster) ; m.angl. bolaster (= bullace tree) => mod. bullace (prune ou prunelle). (Mac Bain’s)

* Du gaulois *agranio : occ. agranhon (prunelle) => Midi agrinio (prunelle), aragnon ; catalan aranyo, aragonais arañon, basque aran (prune).

Lat. prunus spinosa ; irl. pluma (prune) ; Nord-Picardie drageno, fourdraine (+ anc. fr). (W. von Wartburg dans P. Guiraud p. 69)

Walther von Wartburg consacre plusieurs pages à ce mot dans le tout premier volume du FEW qui date de 1922. Voir cet article  bulluca « Schlehe » ( = EW I, p.623-625). Il propose trois  types d’étymon  1.bullica  2.bullucea et 3.Pullucea.   Suivi d’une explication   et des références.

 

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coudoun ‘coing’ https://www.etymologie-occitane.fr/2017/12/coudoun-coing/ https://www.etymologie-occitane.fr/2017/12/coudoun-coing/#respond Fri, 15 Dec 2017 12:19:06 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=16124 Coudoun « coing ».. L’étymologie serait un  cydōnĕum « coing » ou plutôt cotōnĕum. L’histoire est assez compliquée. La première fois que le coing est mentionné   date de d’environ 700 avant JC  chez Alcman un poète lyrique grec qui l’appelle κοδυλον Un demi siècle plus tard il est mentionné par Stésichore  un poète lyrique grec originaire d’Himère en Sicile, dont la période d’activité s’étend de -570 à -540 environ(Wikipedia) qui l’appelle  κυδωνια μαλα.
Pendant la période de la République romaine et encore chez Pline l’Ancien on trouve la forme cotōnĕum. Les auteurs romains comme Columelle écrivent cydōnĕum mālum ou cydōnĕum tout court  comme Properce.

cydonia oblonga

cydonia oblonga

Les étymologistes ont rapproché le nom cydōnĕum du nom de la ville qui s’appelait à l’époque Cydonea  sur l’île de Crête,maintenant La Canée (en grec : τα Χανιά (au pluriel), souvent transcrit en Chaniá ou Haniá, de l’italien La Canea Wikipedia. Par exemple Maximin d’Hombres et Gratien Charvet écrivent dans leur Dictionnaire Languedocien Français (1884):

CoudougnaHombresEtym

Le problème est que nous ne savons pas si c’est la ville qui a donné son nom au fruit et à l’arbre, ou si c’est ce dernier qui a donné son nom à la ville. Il est aussi possible que les deux formes utilisées en latin, cydōnĕum et cotōnĕum, sont des variantes du nom d’origine provenant de l’Asie mineure. Z65,210.

Les noms du coing dans les langues romanes viennent de la forme avec -t-, cotōnĕum. Cliquez sur ce lien vers le FEW II, 1605 cydōnĕum « coing » pour voir les formes  et les dérivés.

La confiture ou gelée de coings s’appelle codonat ou codonhat en ancien provençal est un élément des 13 desserts de Noël.  Ce nom est attesté à Paris à la fin du XIVe siècle coudoignac. Le –c final est peut-être une astuce commerciale pour suggérer une AOP méridionale. Rabelais l’appelle le coudignac  mais pendant la Renaissance apparaît la forme cotignac avec un -t- qui est basée sur la forme latine cotōnĕum  usuelle pendant la période de la République romaine.  L’abbé de Sauvages (1756) distingue le sirop de coings qui est « astringeant, fortifiante » de la gelée de coings ou le cotignac (coudougna);  d’après lui celui qu’on fait à Mâcon est recommandée pour le devoiment.

Michel de Nostradamus donne 3 recettes  dans son ( CTRL + clic pour suivre le lien) :

Excellent , moult utile opuscule à touts necessaire, qui desirent avoir cognoissance de plusieurs exquises receptes,

La première se trouve dans le chapitre XV, page 170 Recette CoingsNostradamus

Pour les cuisinières voici cette recette pris dans une autre  édition plus facile à lire:

CodonatNostradamu1CodonatNostradamus2

Page 174 : Autre façon de faire gellée de coings, plus belle beaucoup..

Page 177 : Autre façon de faire gellée de coings en roche, que sera de goust meilleure

Page 182 : Pour confire des coings à cartiers dens un jour

Pge 184 : Pour confire des coings à cartiers avec le vin cuit

Page 186: Pour faire du codignat qui est d’une substance grande et de saveur bonne

Si un cuisinier ou une cuisinière suit une de ces recettes, j’apprécierai beaucoup être tenu au courant du résultat.

 

L’arbre s’appelle coudougné et à partir de l’Aveyron vers l’ouest  coudougneiro.  Cognassier Cydonia oblonga

Comme coudougneiro signifie aussi « borne  » j’en ai fait un article à part.

Rolland Flore vol.V, p.9 et suivantes « coing, cognassier, confiture gelée de coings

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limon ‘citron’ https://www.etymologie-occitane.fr/2015/01/limon-citron/ https://www.etymologie-occitane.fr/2015/01/limon-citron/#respond Wed, 07 Jan 2015 15:41:01 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=14206 D’après le Thesoc s.v. citron le type  limon « citron » est courant  dans  les  ALPES-MARITIMES, AUDE, GARD., le type limona dans l’  AUDE, GARD, HERAULT.
Alibert : Limon « citron; vallisnérie » .  Limona « citron; mélisse; potamot comprimé »1

Etymologie. Les Romains ne connaissaient le citron que par ouï-dire. Vers la fin de l’empire ils ont cultivé en Italie le cédrat  citrus medica. ( FEW XIX,109 )

cédrat

cédrat

Ce n’est que bien plus tard que les  croisés ont ramenés des limons   « Fruit du limonier, analogue au citron à la différence près qu’il est plus acide et que son écorce est moins épaisse » CNTRL.  D’abord en Italie , le limone  » sorte de citron très acide » le Citrus aurantifolia

limon

limon

Le nom limone a été emprunté à l’arabe laimūn, les Arabes ayant introduit la culture du fruit dans tout le bassin méditerranéen, mais l’origine de la plante et du nom līmūn  en persan est la Perse, apparenté au Sanskrit nimbu  » limon. » L’arbre et le fruit ont été introduits en France à partir de l’Italie. Italien  limone  est devenu limoun  écrit limon  (A).   Le nom limoun s’est maintenu en occitan, en tout cas dans les départements cités plus haut.  L’espèce par contre a changé. Les citrons cultivés appartiennent à l’espèce  Citrus medica var. limon L. Nous  retrouvons  le nom en anglais:  lemon « citron », ainsi que dans plusieurs dialectes allemands Limone.  Le limon y s’appelle lime, emprunté à l’espagnol lima.  Néerlandais limoen prononcez limoun, emprunté au français, est tombé en désuétude au XIXe siècle pour réapparaître au XXe pour désigner le Citrus aurantifolia.   

Le nom français citron, composé de l’élément citr- de citrus et du suffixe -on de limon ne date que de la fin du XIVe siècle.  Citron a éié emprunté par le néerlandais : citroen, (prononcez citroun) .  Aux Pays Bas citrtoen est même devenu un nom de famille Citroen (prononcez citroun). 

Wikipedia me fournit le compléments suivants:

Le nom Citroën possède toute une histoire. L’arrière-grand-père d’André, dénommé Roelof4, est un marchand d’agrumes en Hollande. En 1810, lorsque Napoléon Ier annexe le Royaume de Hollande, les juifs néerlandais sont soumis au code Napoléon et doivent choisir un nom pour leur identification. Roelof choisit alors de se faire appeler Limoenman (« homme-citron »), surnom que ses clients lui donnaient5. Son fils, Barend, ne prend pas la suite des affaires de Roelof et se tourne vers le négoce de joyaux, qui connaît un essor important au XIXe siècle. À la suite de ce nouveau statut social, Barend francise progressivement son nom, dans un premier temps en Limoenman-Citron puis en Citroen6.

 

alt=Description de cette image, également commentée ci-après                

 

 

  1. Potamot   FEW IX,252b  3646 Potamogeton compressus Telebotanica    et nomenclature.
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Avelano "noisette" https://www.etymologie-occitane.fr/2013/10/avelano-noisette/ Fri, 04 Oct 2013 12:21:01 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=12250 ShareAvelano « noisette ». Avelano et le nom de l’arbre avelanièr, ainsi que avelanada « noiseraie »  sont pratiquement panoccitan[Pourla répartition géographique et la prononciation voir le Thesoc s.v. noisette]. L’étymologie est l’adjectif latin  nux abellana ce qui voulait dire « noix qui vient de la région d’Abella », une ville de la Campana près de Naples, Avella (Av) en italien moderne, où cette culture est toujours très importante.

Il n’y a pas que de vieilles pierres et  des noisettes dans l’Avella  de 2013:

Le type avelana  se trouve en franco-provençal et en occitan au sud d’une ligne qui va de l’embouchure de la Garonne au lac de Neuchâtel en Suisse. En franco-provençal nous trouvons souvent le type alagne, alogna  qui vient d’un dérivé *abellanea  , souvent avec  un sens collectif.

A partir du XVIe siècle on trouve une forme avec changement de suffixe aveline  dans des textes en  moyen français, probablement empruntée au latin tardif abellina.  Le type avelana  se retrouve en italien, catalan, espagnol et portugais. Voir les index de ces langues dans la catégorie « L’Occitan et … »

De nombreux toponymes sont formés à partir d’avelano, abelano.  Voir le Pégorier.

 

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Castagnes et marrons. https://www.etymologie-occitane.fr/2013/06/castagnes-et-marrons/ https://www.etymologie-occitane.fr/2013/06/castagnes-et-marrons/#respond Thu, 06 Jun 2013 08:53:47 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=11990    

Agriculture et histoire

En agriculture les châtaignes  ne sont pas du tout la même chose  que les marrons.  « Il existe une différence fondamentale entre la châtaigne et le marron. Elle est facile à voir. L’enveloppe de la châtaigne, la bogue, est cloisonnée et elle contient deux ou trois fruits. Le marron, égoïste, mûrit seul dans sa bogue.1.

L’un et l’autre, la castagno comme le marron nous sont parvenus de très loin. Les  fruits du châtaigner étaient  un des premiers aliments des races primitives. Et cela a duré longtemps Dans le Grand Larousse du XIXe siècle, Pierre Larousse pouvait encore écrire

« il forme  presque à lui seul toute la nourriture des montagnards de l’Auvergne, des Cévennes , de la Corse… ». Au moyen age il y avait l’expression parer  chastaignes à quelqu’un ce qui voulait dire «  lui préparer un bon accueil », et aussi peler chastaignes à quelqu’un  pour « lui dorer la pilule ».

L’origine du mot castagno est à chercher en Asie mineure. En persan existe le mot kashtah « fruit sec, pépin » et les savants pensent que l’arbre et son nom sont introduits en Europe, notamment en Grèce à partir de l’Iran.   Virgile (70-19 avant JC) connaît déjà le mot castanea  qui  donne dans notre région castagno ou costognos  (Aveyron) et castagne en français régional.

Il y a de nombreuses « Fêtes de la Chataignes » dans notre région: En automne, le petit fruit à coque piquante est au coeur de toutes les attentions gastronomiques et au centre des fêtes traditionnelles du Languedoc-Roussillon. Fêtes, foires et autres castagnades lui font la part belle cet automne !

Avec ce mot dans votre vocabulaire,vous pouvez  voyager très loin: aux Pays Bas et en Belgique kastanje, en Allemagne Kastanie, en Scandinavie kastania, en Russie kashtanu en Pologne kasztan, en Lithuanie kasztanas et même en Bretagne kistin et le pays de Galles kastan.  Les Anglais par contre ont emprunté le mot chestnut à la langue d’oïl, où par étymologie populaire ils ont ajouté un –t  au –chestne  pour ranger la châtaigne avec les noix (nut).

Il y a en languedocien pas mal de mots dérivés de castagna: castagniè « relatif aux châtaignes ou qui aime les châtaignes »(Mistral), castagná verbe « récolter les châtaignes » mais aussi « dépenser tout »,  languedocien castagnaïro  « ramasseuse de châtaignes »  et  dans le Languedoc,  des castagneirou « petits châtaigniers » (Mistral). Spécial pour le Gard sont  castagnolo « roitelet » et castagno « sexe de la femme ». D’après le Thesoc à Maillanes (13) ce sont les testicules. A Alès kastagnados  est la « veillée à l’époque de la récolte des châtaignes », et comme on grillait des châtaignes pendant ces veillées il a pris le sens  « grillade de châtaignes »2.

En français  castagne  ou castagnole , empruntés à l’occitan, servent à désigner un poisson, le « sparus chromis »  (Linné 1758), mentionné dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. D’autres noms de petits poissons  comme castagnot ou castagneau, ou castagnole  viennent également  du Midi.

TOPONYMIE. Beaucoup de noms de lieux où poussent les châtaigniers sont dérivés de castanea.

Dans le Grand Larousse du XIXe siècle, vol. III, vous pouvez trouvez une description détaillée du travail de la chataigne : la récolte, la conservation, des recettes, etc. Il y  décrit entre autres le procédé que pour récupérer les châtaignes,  dans la claie :

«On [les]chauffe ainsi pendant dix jours environ. Vers le cinquième jour, lorsque toute la récolte est rentrée, on retourne les châtaignes pour achever de sécher la couche supérieure. on considère les châtaignes comme suffisamment sèches et prêtes à être blanchies, quand leur écorce se détache bien et qu’elles sont dures sous la dent. On les fait alors tomber sur le plancher inférieur (de la claie), dont on a enlevé le feu et les cendres; puis on les dépouille de leur écorce, soit en les plaçant dans des sacs que l’on frappe sur un billot revêtu d’une peau de mouton … , .soit au moyen des soles, qui brisent moins les châtaignes.».

Par hasard j’ai trouvé une liste des variétés de châtaignes cévenoles à l’Université des Jésuites à New York :Source: « Recueil de Mémoires et d’observations de Physique, de Météorologie, d’Agriculture et d’Histoire Naturelle » par le Baron Louis-Augustin d’HOMBRES-FIRMAS, Nismes, 1838, volume 3, page 81: Mémoire sur le châtaignier et sur sa culture dans les Cévennes (1819).

QUI LES RECONNAIT ENCORE DE NOS JOURS??? Contactez-moi

D’après Andolfi la castagne est « un sport ancestral cévenol qui se pratique à mains nues… » et castagne dans ce sens est synonyme du français marron. Châtaigne = marron est attesté en francais depuis 1635 ; châtaigne signifie d’abord un « coup sur les doigts » et ensuite un « coup de poing » (D’après Delvau A., « Dictionnaire érotique moderne » Bâle, sans date ). Marius Autran est plus sérieux quand il écrit à propos de l’expression: ça va castagner ! « c’est de l’argot français qui n’est pas spécifiquement provençal. »

Le mot marron a le même sens depuis 1835. A.Rey pense que le sens « coup de poing spécialement sur la tête », s’explique par métonymie de la tête qui reçoit le coup (un coup sur le marron) au coup lui-même . Mais le sens « tête » pour le mot marron n’est attesté que depuis 1896. Von Wartburg est d’avis que c’est la couleur que prend la tête quand elle a pris des marrons qui est déterminante. Quoi qu’il en soit, c’est du pareil au même, quand on les reçoit, ça peut faire très mal.

 

  1. Il y a quand-même un risque de confusion de 12% : « Le castanéiculteur est tenu quant à lui de classer la production de ses arbres en châtaignes, si la proportion moyenne des fruits cloisonnés est supérieure à 12%, et en marrons, si cette proportion est inférieure à 12%.»
  2. . Dans les Cévennes la « grillade » s’appelle rabanelo, voir le mot rabinar
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Drulier, drolhier "alisier" https://www.etymologie-occitane.fr/2012/09/drulier-drolhier-alisier/ https://www.etymologie-occitane.fr/2012/09/drulier-drolhier-alisier/#comments Thu, 06 Sep 2012 16:30:42 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=7986  Drulier, drolhier « alisier ». Étymologie :  drulier ‘est un  dérivé de druliodruelha « alise ».  Le drulier  est l’Alisier torminal, ou Sorbier torminal (Sorbus torminalis) un arbre appartenant au genre des sorbiers de la famille des rosiers. (Wikipedia).  Les baies de la grosseur d’une cerise sont comestibles (Sauvages S1).

Etymologie : drullho, drélho (en Lozère)  est d’après le FEW un dérivé du gaulois   *derco « baie » ou du celtique *dergos  « rouge ».

drulhier   drulho

J’ai reçu d’une fidèle visiteuse  le texte d’un chant occitan Sem Montanhols 1:

Sem montanhols n’avem l’independença
L’avem, l’aviem e mai la gardarem
Si a pas de rei en França
N’autres i renharem!

Nòstre sol mestre es aquel que fa naisser
Lo blat l’autumn e l’erba lo printemps
Lo pregam que nos laisse
Lo gost del pan longtemps!

Fasem justicia a mòda montanhòla
Sens derrengar los jutges inustiers
Lo còde de Laguiòla
Es lo bòsc del drulher

Tu vinhairon, sias fier de ta vendemia
Mas ieu te planhi, paure costovin
Tu coltivas ta vinha
N’autres bevem lo vin

Dels vielhs Gales n’avem lo crit de guerra
Possam de crits que fan tot ressontir
En passant sus la terra
Aimam de nos far ausir.

Le  code de Laguiola, lo bòsc del drulher   m’intriguait.  Un promoteur d’une maison de retraite en Lozère, me fournit l’explication suivante:

L’alisier…. que l’on trouve en nombre dans les forêts du nord Lozère et dont on dit que les fruits étaient la nourriture des Dieux. Dans la tradition celte, l’alisier était un talisman contre la foudre, et les légendes racontent que les fouets dont le manche était en sorbier permettaient de dompter les animaux ensorcelés. Pour les germains encore, les agneaux devaient passer dans un cercle en sorbier dès leur naissance et un bâton de même essence était planté au milieu des pâturages pour protéger les troupeaux.

Cela reste à vérifier.

D’après Pégorier on trouve des toponymes   Drulé, Drulhier  uniquement dans le domaine occitan:

Avec Google »maps » j’ai trouvé  Drulhes,  Labrousse (Cantal),  par exemple.

Pour l’étymologie  dalise suivez ce lien TLF.

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  1. de nombreuses versions chantées sur YouTube Joanda
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miougrano "grenade fruit" https://www.etymologie-occitane.fr/2012/08/miougrano-grenade-fruit/ https://www.etymologie-occitane.fr/2012/08/miougrano-grenade-fruit/#comments Wed, 29 Aug 2012 10:01:42 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=8289 Miougrano « grenade fruit », vient du latin mille « 1000 » + granum « grain ».  Attesté déjà en ancien occitan: milgrano. 

D’après les données du  FEW1  miougrano  était courant dans tout le domaine occitan, mais le Thesoc ne l’a enregistré que dans les dép. ALPES-MARITIMES, ARIEGE, GERS, GIRONDE, HAUTE-GARONNE, LANDES, LOT-ET-GARONNE, PYRENEES-ATL. , et le TARN-ET-GARONNE.

Dans le Sud-ouest GERS, GIRONDE,HAUTE-GARONNE, LANDES, LOT-ET-GARONNE, PYRENEES-ATLANTIQUES. c’est le type grenada  qui l’a supplanté.

grenadier

L’abbé de Sauvages écrit dans son article Miougragnié  « grenadier »:

Les pépins de la grenade  sont raffraîchissants , son écorce et les balaustes 2 sont très astringeans & absorbans, on les préfère à la noix de galle pour les teintures en noir de la soie.

Étonné par cette dernière remarque,  j’ai trouvé qu’en moyen français migraine  désigne aussi « Étoffe teinte en écarlate » (DMF). J’aurai besoin de l’assistance d’un professionnel de la teinture des tissus à l’aide de produits naturels, pour comprendre le « noir de la soie ». Toutes les autres attestations parlent d‘écarlate.

La forme provençale migrano  devenue migraine « écarlat » a été prêtée au français du XVe au XVIIIe siècle , mais c’est pomme grenade  > grenade,  qui a gagné la place en français moderne.L’étymologie de migraine « écarlate » n’est pas la même que celle de miougrano.   Le mot grana signifie « teinture d’écarlate provenant de la cochenille »,  migraine   est une demie teinture, ce qui ressort de la forme en ancien béarnais  mieye-grane,  où  mieye  vient du latin medius « qui est au milieu ». FEW IV, 237a : granum

 

Commentaires des visiteurs:

Marjory Salles m’écrit :

Bonjour,

Teinturier de mon état, je serai ravie de vous apporter des précisions concernant la teinture du noir… L’écorce de grenade est très riche en tanin. Et c’est la réaction du tanin avec le fer qui forme un noir très solide. Pour la teinture textile, il s’agit de baigner le tissu dans un bain riche en tanin (décoction d’écorces). Ensuite, en passant ce tissu « tanné » dans une solution riche en fer, la couleur brune du tanin vire au noir.
C’est la même réaction qui est à l’œuvre dans l’encre noire tannique ou dans la production de bogolan africain !

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  1.   IV, 235a
  2. le nom de la calice de la fleur du grenadier
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Garriguette, la benjamine de la famille Garric https://www.etymologie-occitane.fr/2012/05/garriguettes-garric/ Tue, 15 May 2012 09:48:45 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=7722 Garric « chêne kermès; chêne blanc; chêne nain; chêne en général » (Alibert). Garriga « garrigue, terre inculte où poussent les garrics; chênaie rabougrie ». Garriguettes, gariguettes  « variété de fraises créée en 1978 ».  L’étymologie est une base préromane *karr« chêne » ou  *karri- « pierre » sur laquelle les avis des étymologistes divergent.

Garric « chêne kermès » est attesté en occitan depuis 1177  en Rouergue(TLF).  Son dérivé garriga « (terrain avec) des taillis de chêne »  se trouve  en latin médiéval dans tout le domaine occitan. La première attestation vient d’un texte de 817  fait dans le  Couserans, une province gasconne dans l’Ariège.

Extrait de Niermeyer, Jan Frederik, Mediae latinitatis lexicon minus;  2 vol. Leiden, 1976. Vous pouvez consulter des extraits, dont la suite de celui-ci,  avec Google Livres.

Une comparaison de la carte de l’Atlas Linguistique de la France (ALF)  avec l’article de Mme J. Ubaud  sur les noms des chênes en occitan, montre clairement l’effet catastrophique de la normalisation voulue par les  « occitanistes ». Un exemple.  Même les rares  occitanophones dont l’occitan est la langue maternelle, doivent chercher dans un dictionnaire pour savoir comment appeler un « chêne kermès ». Mme Ubaud veut imposer  avaus, mot plutôt rare.  Le mot garric  ne se trouve même pas dans son article.  Pour connaître la réalité, mieux vaut de consulter le Thesoc s.v. chêne.

Carte extraite des   Lectures de l’ALF  de Gilliéron et Edmont. Du temps dans l’espace. par G. Brun-Trigaud, Y. Le Berre et Jean Le Dû. Voir Sources, liens, s.v. ALF 

Ces données sont à compléter par celles, incomplètes hélas, du Thésoc, qui montre que la zone garric   est ou était plus étendue. Il y a  une attestation de garric  pour la Charente!  L’article *karra  du FEW a été publié en 1940 et beaucoup de données manquent bien sûr.

Plus sur l’étymologie de garric et  garriga  dans le TLF s.v. garrigue.

La garriguette par contre n’a rien de préroman. Sa naissance date de 1978. Son histoire romancée :

Ou et quand est née la première gariguette?

– La première gariguette a vu le jour en 1978 dans les laboratoires de l’INRA à Avignon après 16ans de mise au point.1

se trouve dans le blog « Les Végétaliseurs ».  Cette histoire montre que la recherche peut créer du travail et de  la richesse. Intéressant dans la situation économique et politique actuelle.

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  1. Pour éviter que la suite se perde, je l’ai copiée et vous pouvez la  lire ici gariguette tirée_de Les Vegetaliseurs.
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Pavia "pêche; sarrasin" https://www.etymologie-occitane.fr/2012/01/pavia-peche-sarrasin/ https://www.etymologie-occitane.fr/2012/01/pavia-peche-sarrasin/#respond Thu, 19 Jan 2012 10:26:15 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=6766 Pavía « pêche » et plus spécialement « pêche à la chair adhérent au noyau ». D’après le Thesoc cette dénomination est répandue dans les départements de l’Aveyron, Gironde, Lot; Tarn et Tarn-et-Garonne, mais  les données du FEW montrent que pavie  « pêche » est répandu dans tout le Sud-ouest  , y compris le Poitou,  la Saintonge et le Limousin.

Pavie  s.m. est attesté en français depuis 1560 chez Rémy Belleau, né à Nogent-le-Rotrou  (Eure-et-Loir) en 1528, mort à Paris en 1577,  un poète français de la Pléiade. Pavie  est resté dans les dictionnaires français jusqu’à 1935 et ré-apparaît dans le TLF.

D’après le FEW pavie  vient du  nom de la ville Pavie , Pavia en gascon, dans le Gers.  L’explication de cette étymologie est que cette variété de pêches  s’est répandue à partir de la ville de Pavie (Gers), et non pas à partir de Pavia en Italie.  En tout cas il n’y a pas de preuves pour cette dernière proposition.

Par contre, dans la région il y a une autre plante, le « sarrasin » qui s’appelle pavio (= blat negre  Mistral)ou  pabiat, pabiatè   dont le nom s’explique de la même façon.  Voir à ce propos L. Spitzer qui se demande si pabiatè est un sobriquet des habitants de Pavie ou l’origine supposé du sarrasin.

pavia sarrasin

WS4,144

 

Quoi qu’il en soit les habitants de Pavie sont convaincus de cette étymologie:Blason de la ville de Pavie (Gers).

L’arbre s’appelle  pabiyé.  Catalan et Espagnol pavia « peche ».

A l’origine de cet article est la question d’un visiteur :

Je me souviens de discussions entre ma mère, qui était du Quercy, et mon père, du Languedoc (quelques kilomètres plus au Sud). La pêche (fruit) était désignée en Quercy par le mot « persèga » (fruit de Perse), alors que chez mon père il s’agissait de « pavía » ….

Persèga  comme français  pêche  vient du bas latin persica « pêche »

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Figa https://www.etymologie-occitane.fr/2011/11/figa/ https://www.etymologie-occitane.fr/2011/11/figa/#comments Mon, 21 Nov 2011 11:03:53 +0000 http://www.etymologie-occitane.fr/?p=6235 Figa, figo « figue ». Etymologie : latin ficus qui désignait aussi bien l’arbre que le fruit. Le premier sens a été conservé en italien fico et en basque bikku, le deuxième en espagnol higo, portugais figo et en basque iko. Les formes galloromanes pour nommer le fruit viennent d’un pluriel *fica comme le catalan figa.

Au figuré far la figo « se moquer de quelqu’un ».  Claude Marco, qui se qualifie « anecbotaniste », m’a fait parvenir un commentaire sur les traditions populaires en rapport avec le figuier et la figue, trop riche pour être inséré ici. Je le joins donc en format PDF.Figuier_Claude Marco

Une expression et un geste  qui remonte très loin dans l’histoire.  J.M Lombard y consacre un article  La main-figue ou mano-fica. Prélude à une célébration du figuier de la connaissance.  la dans son blog, d’où je tire cette image. LamblardGestedelafigue6a00d8341f05b853ef01b7c6e8870d970b-800wiUn bas-relief d’époque romano-berbère trouvé en Libye. 1er siècle (Photo Lamblard).

Dérivés : figon « petite figue », figueto « idem ; petite bouteille pour les essences « . Figuiera « figuier ». Provençal et languedocien figueiroun « arum tacheté ou Gouet ou Pied de veau » à cause de sa forme. La racine sèche du figeiroun est un bon cordial selon l’abbé de Sauvages. Egalement limité à ces deux régions est le dérivé figaret « variété de châtaignier hâtif, dont les châtaignes se détachent du hérisson quand elles sont mûres » Voir la page Castagno s.v. figaretto.

  

Château de Figaret   à St-Hypolite du-Fort (30)                                              Figueroun

De nombreux toponymes.   Figaret  peut faire référence aux châtaignes ou aux figues.

Prêté au français : figue, et  à l’anglais fig « le fruit ou l’arbre »; expression not care a fig for « ne pas se soucier de » mais attention!! son homonyme fig est obscène « consists of making a fist with the thumb placed between the index finger and the middle finger. » (Voir ce lien, en bas de la page). Néerlandais vijg; mais un oorvijg est une « gifle ». Allemand Feige mais Ohrfeige « gifle » (ne loupez pas cette video à la Rémi Gaillard).

La feuille de figuier a joué un rôle important dans la sculpture et la peinture. L’origine est probablement la Bible: c’est avec une feuille de figuier que  Adam et Eve couvrent leur honte et leur nudité !

                 

 

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