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Pagnoto

Pagnoto « homme peureux ». Étymologie. Le TLF écrit à propos de pagnote « poltron, lâche » :

Empr. à l’ital. pagnotta «pain, ration de soldat» , lui-même prob. empr. (d’après PRATI et DEI) à l’ancien provençal panhota «petit pain» (dep. 1362, doc. lat. médiév. Nîmes ds DU CANGE), dér. de pan (pain*).

Je me demandais  pourquoi on cherche très loin en Italie ce qu’on trouve tout près en occitan. La raison est qu’en français la première attestation date  de 1587 : soldats de la pagnotte appellation péj. attribuée pendant les guerres du Piémont aux soldats qui n’avaient que du pain pour toute ration ou solde…

En occitan le mot est bien plus ancien. Dans la dernière édition de Du Cange , je trouve : « panhotus. Comput. ann. 1362. inter Probat. tom. 2. Hist. Nem. pag. 247. col ». ce qui doit signifier « Historia Nemausis…  » mais je n’ai pas encore  retrouvé le texte exact.

Dans un texte du XVIe siècle est écrit: 

ceux de dedans appelaient les Espagnols soldats de la painatte, parce qu’ils n’avaient d’autre distiributio que du pain ».

Un soldat qui n’a que du pain comme récompense n’a pas trop envie de risquer sa vie. De là l’évolution sémantique « soldat mal payé »> « homme peureux ».

Osca, osque

Osca, osce, osque s.f. « entaillures sur le bras de la romaine qui marquent les livres, 1/2 livres et onces » (Seguier1, p.47 verso ); oscar « entailler »; ouisse « entaille » (Champsaur en 1996).

   
image du Larousse 1905.    L’abbé deSauvages donne plus de renseignements.

Lla boulangère de Valleraugue (Gard), m’a raconté à propos de « hoches sur la taille des boulangers » que, dans les années ’80-’90, les vieux Valleraugois payaient bien sûr tout ce qu’ils prenaient, mais jamais le pain. Le pain était payé à la fin du mois. La taille des boulangers y est donc restée en usage jusqu’à la fermeture de cette boulangerie.

La question a été posée pour les Atlas linguistiques, mais je n’ai pas retrouvé le type osca parmi les réponses. D’après le TLF l’expression existe encore, mais je me demande si la coutume est encore vivante.

Essayez chez Carrefour, et rapportez-moi le résultat. Merci.

Un visiteur m’a donné une autre explication de  l’expression  faire une croix sur la cheminée.  « marquer un fait rare ou exceptionnel »  (expression donnée comme vieillie dans le Robert).

Le  visiteur de Capriata d’Orba (dans le Piemont, province d’Alessandria) m’écrit: Da nos-átri o ï era la costumança de « fár una croge ente la ceindre d’ël camin » ó ente la polvre de la corte purqu’èst qu’o se penseiva de téner lontan la tempèsta e la gragneula (grêle). Mé máre a me la feiva fár encor quand que mi a era un filjeul. La croge a se feiva encom un baston que o lasseiva com’et una crenna (osca) ente la ceindre ó en tèra.

Heureusement, il a eu la gentillesse de me le traduire, parce ce que son patois est un patois de transition entre le piémontais et le ligure:

Chez nous il y avait l’habitude de « faire une croix dans la cendre de la cheminée » ou dans la poussière de la cour parce que on croyait d’éviter la tempête e la grêle. Ma mère me faisait encore faire ça lorsque j’étais un enfant (il y a plus de 50 années). On faisait la croix avec un bâton qui laissait comme une rainure (sillon ?) dans la cendre ou sur le terrain. Dommage je ne rappelle plus les mots que ma mère récitait dans l’occasion.

Dans notre siècle avec des balances électroniques, il y a peu de personnes qui connaissent encore ce mot qui a également existé en français: osche ou oche jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. En ancien français osche avait un sens général « coche, entaille faite pour marquer une mesure » mais au cours des temps il s’est spécialisé, par exemple dans l’Encyclopédie de Diderot on trouve auche « trou pratiqué dans la matrice du mouton à frapper les têtes d’épingles ».

D’après le FEW la répartition géographique de cette famille de mots correspond assez bien à la région où habitaient les Gaulois et il suppose une origine gauloise *osca. Nous le retrouvons en effet dans le nord de l’Italie: piémontais osca « entaille », et en catalan osca etc. Il est attesté dans des langues celtiques, comme le breton ask, aska « faire une entaille ». Hubschmid par contre suppose une origine basque/préromane. Voir à ce propos le TLF s.v. hoche. Le mot a été prête à l’anglais : notch avec n- par agglutination du n dans an notch.

Voir aussi l’article roman, romana « romaine ».

Ortiga

Ortiga « ortie ». L’étymologie est la même que celle du mot français ortie : latin urtīca.

A l’est du Rhône, il y a de nombreux villages (cf.Thesoc) où l’accent s’est retiré vers la première syllabe, par exemple en Champsaur ürtyə qui suppose un étymon ūrtĭca avec l’accent sur le  ū.

L’explication peut être qu’on a formé un verbe *urticare « fouetter, piquer avec des orties » et que par la suite le nom de la plante y a été adapté.

J’ai pris l’occasion d’écrire cet article quand j’ai trouvé dans le livre de Claudette Germi,  Mots de Champsaur Hautes Alpes,  l’expression imagée être ürtiə  « ne pas tenir en place » (comme fouetté par les orties).

Orange

Orange voir irange la forme à l’ouest du Rhône.

Onça 'douzième partie'

Onça « once, fraction de la livre d’environ 25 grammes ». Un mot que toute le monde connaît actuellement, à cause de la flambée du prix de l’or. « À New York, l’once se négociait à près de 1 045 dollars.  » (France 24, le 04.10.2011). 1 once d’or pèse 28.3499 grammes pour votre information.

Etymologie :  latin uncia «la douzième partie d’un tout (douzième de la livre [monnaie]; douzième d’un héritage); petite quantité».

Dans le Compoix de Valleraugue c’est une part d’une maison qui correspond à 1/6e. Cet emploi n’est attesté nulle part ailleurs. Le mot latin s’est conservé partout comme mesure de poids : italien oncia, catalan unsa, espagnol onza, portugais onza = « portion de chocolat ». Dans les langues germaniques : allemand unze = 28,35 grammes, néerlandais ons = 100 grammes. L’anglais inch mesure 1/12e d’un foot, 2.56 cm. Anglais ounce = 28,35 grammes est un emprunt au français.

L’emploi once dans le Compoix de Valleraugue est curieuse. Il n’y a qu’une attestation du Béarn : ounse « ancienne mesure de longueur » qui s’en rapproche et le portugais onza. MAIS, pour les Romains une uncia pouvait être la 1/12e part de quelque chose. Vu la complexité des mesures à l’époque, l’once a bien pu passer à 1/6e part d’une maison.


plus une once de six d’une maison…

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Olaire, oler

Olaire « potier »  en languedocien oler.   Dérivé de  olla  « marmite ».  Voir  ola.

L’abbé de Sauvages indique que le mot oler  est ‘vieux’. La belle phrase  qu’il cite comme exemple  vaut cet article spécial:

No a pozestat l’oler de la mezöissa la mase dë lot far l’aoutre vaissel ën oner, mai l’aoutre ën anta. « Le potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse d’argile un vase destiné à des usages honorables et l’autre destiné à des usages bas et honteux ».

Ola

Ola « marmite », oûla (S)


Une àoula  en bronze  de la Vallée d’Aoste,  utilisée pour faire la polenta.


C’est un autre mot que nos parlers ont conservé avec la forme et le sens latin, en latin classique aula, mais déjà Cicéron écrit olla et en latin il y a toute une série de dérivés comme ollicula ou ollula « petite marmite » et ollicoquus « cuit à la marmite » et ollarius  » relatif aux pots, aux marmites » et plus tard « potier », voir  l’article  olaire.

Il a aussi existé en ancien français et en français moderne oule dans le dictionnaire de Trévoux avec le sens « charnier à tenir un demi cochon dans le sel » ainsi que dans les patois. Mais en dehors de l’occitan et du franco-provençal généralement avec un sens spécifique comme « grand pot, pot en terre, pot au lait ». Par exemple  à Usiers (près de Pontarlier, Doubs) c’est un  « trou en terre qui sert de marmite aux bergers pour cuire les pommes de terre ». Par contre il semble qu’en occitan c’est le mot courant pour « marmite », comme en latin.

Dict. Toponymique du Gard.

La carte 349  ola  « marmite » dans  Lectures de l’ALF  donne une image tronquée de l’aire aula. Il faudra la compléter avec les données du FEW.

Dérivés :  olada ‘potée’ , olaire, oleta ‘petit pot’ olièr. Olla en catalan.

Oc

Oc  « oui » écrit ò ou òc, par exemple disi que ò  « je dis oui ». Beaucoup d’informateurs ajoutent  ò quand on tutoie, autrement on dit  « ò-ben » . Notez que le -c final peut se prononcer comme à Isola (Thesoc), ou pas comme les occitanistes. Dans cette dernière version le -c  est purement graphique pour simplifier la vie des « apprenants » comme moi.

Pour dire « oui » les Romains utilisaient ita est ou sic est ou vero. Ita a disparu. Sic et vero existent toujours. Les galloromains ont créé une autre manière de dire « oui » à une question en utilisant un verbe à tout faire,   faire: hoc feci « j’ai fait cela ». Ils pouvaient aussi ajouter un pronom hoc ego feci, hoc ille fecit, « ceci, moi j’ai  fait, ceci, lui  il a fait » etc. pour insister sur la personne, ou l’ abréger en hoc ego, hoc ille.. Dans le Nord du domaine galloroman on a hésité entre hoc tout court et hoc ego, hoc tu, hoc ille. mais la combinaison hoc ille > oïl « c’est cela » s’impose rapidement au simple o. En occitan et en catalan domine hoc dès les premiers textes littéraires : écrit o, ou.

En gascon on trouve des formes ag, ac, ec, heg pour lesquelless Corominas suppose un étymon *hoque.

Note: la réponse à une question positive : ò : Q. : En vos ? R. : o c (ou « o » ) Prononcez un ò ouvert.
Réponse à une question négative on répond par « si » (comme en français). Q. : En vos pas ? R. : Si.
Notons que français si qui introduit une hypothèse se dit «  » en occitan.