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Ropilha

Ropilha « vieux manteau, guenille  » à Montpellier, « long manteau » à Aurillac, « trousseau d’enfant » dans le Queyras (A). A Gignac  roupilles est synonyme de rougnes. (Lhubac)

Tous les deux proposent comme étymologie le germanique *rauba « butin ». Le problème est d’abord qu’ un -b- intervocalique ne devient pas -p-, c’est le contraire qui a eu lieu régulièrement. Ensuite ropille, roupille n’apparaît que vers la fin du XVIe s. et signifie « manteau ample ». Les Goths, les  Francs et autres Germains étaient bien intégrés depuis longtemps. Voici deux images de l’époque qui donnent une idée du ropillo.

        

 Létymologie est *raupa  la bonne, mais il manque une dizaine de siècles d’histoire. Ce ne sont pas les Germains qui ont introduit la ropilha en France. Il s’agit d’un emprunt à l’espagnol.  Le mot ropille est venu avec la mode de l’Espagne : ropilla « sorte de manteau ample ». Voici la définition en espagnol

1. ropa.(Del gót. *raupa, botín, y este der. del germ. *raupjan, pelar, arrancar; cf. a. al. ant. roufen, al. raufen). ropilla. (Del dim. de ropa). 1. f. Vestidura corta con mangas y brahones, de los cuales pendían regularmente otras mangas sueltas o perdidas, y se vestía ajustada al medio cuerpo sobre el jubó.

L’espagnol ropilla est un dérivé de ropa « vêtements », mais dont le sens varie énormément et « tissu » serait une meilleure traduction.

Un manteau passé de mode devient souvent   « un vieux manteau » > « guenilles ».

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Marcamau, marcamal

Marcamau, marcamal « une figure qui fait peur, un bandit » (Lhubac). Un visiteur m’écrit que sa grand-mère de Clarensac (30) lui disait « que tu marques mal », quand il était mal habillé (jeans avec des franges).

L’expression marquer mal  « être mal mis, avoir un aspect, une mine qui n’indique rien de bon » n’est attesté en français que depuis 1878. Il était très en vogue dans les années ’50 d’après les témoins de von Wartburg. Mais les attestations occitanes sont plus anciennes et l’expression a très probablement été empruntée à l’occitan. Mistralla donne dans son Trésor :

Mistral

Elle est surtout connue en provençal (cf. le site de Marius Autran pour La Seyne) et en languedocien, avec des variantes de sens, mais il s’agit toujours de l’aspect apparent de quelqu’un.

Un autre visiteur me signale une expression souvent entendue dans l’ Hérault (Pouzols) et l’Aude : Marco-mau se passejo  » il y a de l’orage dans l’air », au propre ou au figuré  » la situation devient menaçante »; littéralement : « Marquemal se promène, Marquemal est de sortie ». Et il ajoute: Le surnom de Marcomau a été donné à divers individus, ermites, marginaux ou délinquants.
Un marco-siau est un hypocrite, sournois.

En argot des imprimeurs le marque-mal est « le receveur des feuilles à la machine ». (Pourquoi??).

Pour l’étymologie du verbe marka, marcar et ses nombreux dérivés, qui sont tous postérieurs au XVe siècle, suivez ce lien vers le TLF.

Minute

Minute Une visiteuse de me demande « Quel est le sens du mot « minute », trouvé dans un registre de 1807 relatant la découverte d’un enfant abandonné. L’officier de l’état-civil détaille le vêtement de l’enfant, dont ceci : «  »serretete en indienne en mouches jaunes, bordé d’une petite blonde noire recouverte d’une vieille minute d’indienne à petits carreaux rouges ». (archives de Mirepoix cote B.M.S. 1802-1809).

J’ai pu répondre: « Le FEW est une source inépuisable, comme je l’ai expliqué dans mon site. J’y trouve s.v. minutus « très petit »:

Aude s.f. minuto « manteau ne descendant qu’à mie-corps »; Tarn, Castres minuto « cape de femme », Issoudun « petit bonnet à brides, qui se porte dans la matinée ».

Dans le commentaire est noté qu’il s’agit d’un emprunt au latin, ce que je n’ai pas pu vérifier parce que je n’ai pas le Thesaurus.
Je pense que ce sens convient à votre texte.

L’officier de l’état civil, maire de Mirepoix, Pierre Jean Baptiste Denat, était manifestement quelqu’un de la région, parce que minute n’est attesté nulle part ailleurs avec ce sens.

Nai, nais

Nai(s) « abreuvoir » (Thesoc). Mistral définit nais comme « routoir » pour rouir le chanvre, sens attesté depuis le XIVe siècle. Han Schook a recueilli a Die nais ou  naisas  s.m. « routoir de chanvre, bassin pour rouir le chanvre »,   et le verbe naisar, naisir  « rouir le chanvre ». Le sens « auge » se trouve dans un autre texte de la même époque. Le mot s’est maintenu dans les Alpes Maritimes et à Forcalquier avec le sens « abreuvoir » (Thesoc).  Dans les dictionnaires on le trouve dans les parlers provençaux et franco-provençaux ainsi que  en Poitou et les deux Sèvres, mais il y est rare. A Barcelonnette nais signifie « routoir » et « prairie marécageuse », à La Ciotat c’est un « lavoir ».  Cette évolution sémantique s’explique par la disparition de la culture du chanvre.

L’étymologie n’est pas claire. Meyer-Lübke a supposé un germanique natjan « mouiller », W.Gerig propose dans sa thèse de 1913 un gaulois n(e)ax, mais ni l’un ni l’autre étymon  ne rend compte des formes provençales. Le FEW (VII,24a-25b) suit la proposition d’Antoine Thomas : *nasiare « mettre à rouir le chanvre », mais il n’est pas clair si le verbe a été formé à partir du substantif ou l’inverse, et l’origine de ce verbe reste obscure.

    

Brassejá

Brassejá « gesticuler », brassetcher en fr.rég.(Lhubac), est un dérivé du latin brachium « bras » qui semble bien languedocien. On le retrouve en cat. bracejar  et espagnol  bracear. En ancien occitan brassejá signifiait également « mesurer avec les bras ».

La forme brassegá a  probablement été créée sous l’influence du mot boulegá. En français brasseyer se dit uniquement en parlant des voiles d’un bateau.

Aujourd’hui le 25 mars 2004, un politicien de Montpellier ayant une tête très catholique,   disait à propos d’un autre politicien connu de la Lozère, que celui-ci ne faisait que brasseger.

Brassejaire « journalier ». L’ancien occitan brasier « ouvrier, manœuvre ; celui qui travaille la terre avec les bras », dérivé du latin brachium « bras » a été conservé  dans ce mot languedocien. Voir TLF brassier

Brasselieiros « bretelles fixées à un tablier ou un jupon » (languedocien d’après Mistral), dérivé de  latin brachium « bras ». On trouve aussi la forme brasiêros avec le sens « lisière pour soutenir les enfants ».

Brassier « ouvrier agricole » voir brassejaire