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Coulassou ‘coussin d’épaules’

Coulassou « coussin que l’on met sur les épaules quand on porte quelque chose de lourd ». ( l’accent tonique est sur le -ou-: Voir la  graphie phonétique pour Ucel en Ardèche dans l’e xtrait FEW II,893 ci-dessous.

deux coulassous

conservés jusqu’à nos jours.

Jean-Pierre, un manduellois d’origine ardéchoise, m’a envoyé des photos d’outilsagricoles encore utilisés par son père et qui sont oubliés de nos jours. Il s’agit de lo beso  « la baisse »  en français régional sorte de « hotte  » pour transporter le fumier,  et du lou coulassou , qui était utilisés pour le transport du fumier à dos d’homme dans deux régions ardéchoises dont la vallée de l’Eyrieux.1

  

Lo beso portée avec lo coulassou

 

 

Jean-Pierre me donne en plus le mode d’emploi de la besse .Hélas on n’a pas de video.

Quand on remplissait la besse (de fumier par exemple) on la calait contre un mur (ce qui ne manquait pas dans ce pays où les échamps sont omniprésents). Une fois pleine,on se baissait pour passer la tête entre les deux bras et on se redressait pour la soulever. Et pour le déchargement, on se baissait pour poser la pointe de la flèche au sol et on basculait le haut vers l’avant. Le tout était ainsi projeté au sol.

Dans un article de Jean-François Blanc,Deux paysages en terrasses de l’Ardèche pages 405-406 dans : Revue de Géographie de Lyon. 1981/4 se trouve une description de la besso et du coulasso, symbole du tranzport par l’homme dans cette région;

En ce qui concerne les transports, ils se faisaient soit à dos d’homme, soit à dos de mulet. Pour les transports à dos d’homme on se servait de la hotte (lo besso) . C’est un panier qui a la forme d’un prisme triangulaire reposant sur l’arête longitudinale. Il est maintenu en avant sur les épaules par deux longs bâtons inclinés qui convergent vers le sol 26. Dans ce dispositif, une sorte de capuchon rembourré protège la nuque du porteur et ses épaules ; il s’agit du coulassou, tellement connu des gens des Boutières qu’il avait donné son nom à une publication locale. Ce coussin rembourré, maintenu sur les épaules par une courroie de cuir qui passe sur le front, avait de multiples usages. Utilisé seul,il protégeait le porteur pendant le transport des tonneaux de vin ou des sacs de pommes de terre. La besse et le coulassou symbolisent réellement le transport humain dans les Boutières et sur le Gras de Chomérac. Sur certains versants toutefois, on faisait appel aux équidés pour porter ces lourdes charges.

Dans le site www.atelierpatrimoine.parc-monts-ardecrdeche. j’ai trouvé une autre photo de coulassou avec la bande sur le froont du porteuhe. j’ai trouvé une autre photo de coulassou avec la bande sur le froont du porteur:

coulassou avec bande cuir

De nos jours les paysans d’Eyrieux  produisent une espèce de pomme de terre; appelée les Échamps, appellation contrôlée je pense.

Coulasou est un dérivé du latin collare « collier de chien » qui a abouti à colà en provençal et colar, coulard en languedocien. Extrait du FEW II,893

 

  1. Sur l’agriculture dans ces paysages en terrasses voir l’article Deux paysages en terrasses de l’Ardèche de Jean-François Blanc.

dourna ‘cruche’

Un visiteur me demande:
« Bonjour, le mot « dourne » est bien occitan ? On m\’a raconté qu\’il veut dire « pot » (et « tête »). »/

J’ai pu lui répondre :

« En effet dourna « cruche » du latin urna idem. est occitan.  . Le sens « tête » n’est attesté qu’en français urne,  chez Huysmans (1879). Voir FEW XIV, 63 et l’explication du d- p. 64. ».

Le mot est inconnu en provençal.

Dérivés avec la même étymologie:
dournado « contenu d’une cruche », dournedo, dournet « petite cruche »,  dournhè« évier »  (Toulouse).

Le Pégorier donne les toponymes suivants: Dournié : évier – Gers. Dourneto : petite cruche – Toulouse anc. Dourno nf. : cruche – Toulouse, Gers. Il y a aussi âs mal de familles Dournes.

Un peu de pub : Château de Dournès, F-81700 Blan, www.chateau-de-dournes.fr

Dournes Chateau de
,

Desco ‘panier’

ShareHenry Bel, dont j’ai déterré l’étude de phonétique historique sur le patois de Valleraugue,  s’est lancé aussi dans la traduction de Mireio de Frédéric Mistral. Je n’en ai retrouvé que trois groupes du Chant 5.  Voici les premiers vers:

Mistral:
Un vèspre dounc, en la Crau vasto,
Lou bèu trenaire de banasto
A l’endavans d’Ourrias venié dins lou droiòu.

Henri Bel
Un vèspre doun, din lo Kràw basto
Lou poulit trenayre de deskos
Ol doban d’Ourrias benyò din lou koroyrou.

Traduction
Un soir donc, dans la vaste Crau,
le beau tresseur de bannes,
à la rencontre d’Ourrias, venait dans le sentier.

Henri Bel a  adopté non seulement  une graphie qui lui permettait de bien rendre la prononciation locale, mais aussi un vocabulaire différent de celui de Mistral, dont

Desko(s)

« grande corbeille ronde; panier rond; personne à la démarche lourde et gauche »(desca Alibert).

Etymologie: latin discus emprunté au grec δίσκος « disque à lancer ». Le mot avait déjà pris le sens « assiette, plat » chez les Grecs au premier siècle. Discus chez les Romains est un palet en pierre ou en fer, un plat ou un plateau ou un cadran solaire. Dans la langue latine écrite un palet ou un disque s’appelle orbis, mais dans la langue parlée, l’origine des langues romanes, c’est plutôt discu.

Le sens « disque à lancer » s’est perdu avec la pratique de ce sport à la fin de l’empire romain.

Les langues germaniques et celtiques ont adopté très tôt discus avec le sens « grand plat rond ».

Nous le retrouvons en breton disk, en anglais dish « plat, vaisselle », en danois disk « assiette », mais curieusement pas dans les langues romanes à quelques exceptions près. Ensuite discu prend le sens « table » comme en allemand Tisch et néerlandais dis « table », opdissen « mettre sur la table » 1, ce qui s’explique par le fait que les Germains mangeaient souvent avec des petites tables individuelles. Tacite 2 écrit « separatae singulis sedes et sui cuique mensa« (pour tous une chaise séparée et sa propre table) .

desc2

Les premières attestations de  discu devenu  deis  en ancien français et  des(c) en ancien occitan désignent une « (grande) table« , mais elles sont plutôt rares.

Le mot deis désigne par la suite aussi le « pavillon qui surmonte une table seigneuriale, puis aussi un lit un trône, un autel, ou qui est porté au-dessus du Saint Sacrément dans les processions. L’ancien occitan dèi est un « dais d’église ».

dei

Comme le sens « disque » de des(c)  avait disparu depuis longtemps, il faut supposer que le sens « grande corbeille » s’est développé en occitan à partir du sens « table ». Il a du s’agir d’abord de grands paniers ronds et peu profonds.

desco

L’ancien occitan disc« panier » est encore utilisé à Lézignan, Béziers, et quelques autres endroits. Le dérivé desca, desco est plus répandu.

Un lecteur italien m’informe : « En Italien, on trouve le mot masculin « desco » ( = « table »). On l’ultilise que dans la poésie.« . Merci !

  1. Actuellement uniquement au figuré « raconter des balivernes« .
  2. La Germanie 22

taraiette ‘dînette’

Tarraillette « petits ustensiles, cruches, pots, qui servent aux jeux des enfants ». Un mot marseillais. Étymologie est le latin terra (FEW XIII/1, 257), logique parce qu’à l’époque de la création des dînettes jouets, probablement au XIXe siècle, elles étaient en terre cuite1. Auguste Brun , le français e Marseille: étude de parler régional. Marseille, 1931

tarraillettePhoto du blog La malle aux trésors

Si vous voulez savoir plus sur  LES TARAIETTES, JOUETS POPULAIRES DE PROVENCE MUSÉE D’HISTOIRE DE MARSEILLE. Chantai LOMBARD Chargée d ‘étude, cliquez sur le lien.

 

  1. Première attestation du mot dinette date de 1853 dans un catalogue de jouets. CNRTL

deco, fr. dèche

Deco, deca « défaut , vice, tare détérioration; brèche à un instrument tranchant » (d’après Alibert, qui donne aussi la forme dec s.m. et le verbe decar « ébrecher »). L’étymologie est le latin médiéval decadere un réfection1 du latin classique decidere « tomber de »par exemple d’un cheval, d’un arbre; déchoir ».

Les attestations du FEW viennent des parlers occitans et franco-provençaux, et aussi de l’Anjou.  En limousin decho signifie « blessure » et  dech « défaut ».  Le mot dialectal a été adopté par le milieu, en argot deche est attesté avec le sens « déficit » depuis 1837 et ensuite depuis 1849 avec le sens restreint « misère, pauvreté, gêne ».  Le mot a dû plaire aux Parisiens, puisque rapidement il entre dans les dictionnaires et se répand dans toute la France tomber en dèche « n’avoir plus d’argent ». Pierre Larousse signale en 1870 l’adjectif décheux « qui est dans la misère.

FEW II, 29 cadere

decat

decat

Photo du blog troncat-créations.

  1. En lat.cl. existait déjà decadivus à côté de decidivus « qui doit tomber. Gafiot