cat-right

Pibol, pibou

Pibol, pibou « peuplier ». Latin populus « peuplier » a abouti à peuple en ancien français, concurrencé par le dérivé peuplier dès le XIIe siècle.  En italien et en roumain a eu lieu un déplacement du -l– : ploppus devenu pioppo (italien), plop (roumain).

Dans le sud de la France nous trouvons la forme pibol tantôt accentué píbol, tantôt piból. Ronjat suppose que populus a été croisé avec un celtique *bigulu pour expliquer le -i- mais ce mot n’existe dans aucune langue celtique. La forme pibol reste donc inexpliquée.

La forme féminine pibola désigne en général certaines espèces de peupliers. Hugo Solerius (1544) écrit:

( en dauphinois pluou,  chez nous (en provençal) piboulo.

En Ardèche à St-Apollinaire de Rias a lieu La fête du Pibou: « la tradition se perpétue avec la plantation d’un peuplier (pibou) à l’occasion de l’installation de nouveaux élus. Une fête populaire où toute la population est invitée!

Gralha, graula

Gralha, graula  « corneille » vient du latin gracula,  femelle du graculus « choucas », l’espèce la plus petite du genre corbeau, environ 33cm, de la grosseur d’un pigeon, au plumage noir, vivant en société et habitant volontiers les lieux élevés (tours, clochers), les ruines ou les falaises d’Europe ». La corneille qui vit également en troupeaux est plus grande, environ 47 cm, que le choucas. Le corbeau, corb < latin corvus,  déformé en gorp, est bien plus grand, de 56 à 69 cm et vit en solitaire.  L’évolution sémantique est facile à comprendre. Actuellement il y a beaucoup de gens qui appellent la gralha  « corbeau ».
Gralha
est géographiquement limité à l’occitan et au sud du franco-provençal.  Catalan gralla; espagnol graja.  Gracula est manifestement une onomatopée : en néerlandais : kraai, allemand Krähe, anglais crow. Quand elle chante, la corneille craille (prononcé exactement comme le néerlandais kraai ) ou graille, mais le corbeau croasse.
En latin tardif on trouve aussi la forme graula conservé dans les patois du nord du franco-provençal et dans les patois de l’ouest du domaine d’oïl.

      
choucas                               gralha                                     corbeau                            agraio a bè jhaoûne

 En Camargue, pendant la course dans les arènes, les razeteurs sont parfois appelés les grailles en français régional. Voir pour une description exhaustive le site de René Domergue.

 J.Seguier a noté dans le Gard agraille « corneille » (vers1770), mais  Rolland a trouvé  pour le Gard agraïoun « choucas », comme Honnorat pour le provençal : agralhoun. Un agraïo à bè jhaoûne est un « chocard des Alpes » (Gard d’après Crespon, cité par Rolland).

Voir aussi l’article caoucalla et le Thesoc pour d’ autres noms de la corneille et les espèces apparentées.

Ganchou

Ganchou. Dans les parlers occitans on trouve un autre mot qui vient du grec gampsos « courbé, recourbé,torsadé » FEW IV,50 à savoir ganchou attesté à Palavas et au Grau du Roi avec le sens « gaffe »  (pas au fig.!)   et à Marseille « croc », et un composé agancha « gagner, avancer » à Puisserguier.  L’étymon est le même que du mot  ganso  « noeud »,  mais son histoire est différente. Ganchou  est un mot maritime qui a été emprunté à l’italien gancio,  qui l’a < du turc kanga < du grec gampsos

Jérôme un visiteur de la région,  me signale: Ganchou,  peut également signifier la « prison », enfin par chez moi à Béziers. Je pense que ce sens s’est développé à partir du sens « crochet ». Voir le FEW IV,40 collne b

Voir aussi mon ‘article gansa, ganso  dont l’étymon est le même, mais pas l’histoire.

Un lecteur me signale : gánchou : à Capestang c’est la longue perche composée d’un long manche terminé par un crochet qui permet de propulser les nego-fols sur l’étang.

(Un nego-fol, nègafòl  est un « batelet, nacelle » ou une « renoncule aquatique » dans le Centre ou une « grenouillette » à Toulouse.

A ma demande, M.Philippe Ibars me fournit les précisions suivantes :

« La partègueque je connais est une perche de bois simple qui sert à pousser les négachins du côté de Gallician, dans les étangs du Charnier ou du Scamandre. Mon beau-père, grand chasseur devant l’éternel, en commandait de temps en temps à un de ses amis forestier dans les Cévennes, elles étaient faites en bois de châtaignier.
J’ai souvent utilisé la partègue pour pousser les négachins dans les marais, pour le plaisir, simplement. On glisse sur l’eau sans bruit, il faut simplement faire attention à ne pas trop la planter dans la vase car elle risque de s’y coller et de nous faire perdre l’équilibre.
Les pêcheurs ou les chasseurs l’appelaient indifféremment partègue (du latin pertica ‘perche’) ou barre. Ils disaient aussi bien partéguer que pousser car il est vrai qu’on « pousse » sur la partègue pour faire avancer le bateau.
Par contre je n’ai jamais vu de partègues terminées par un crochet. Certaines étaient terminées par une petite fourche bifide métallique. Elles étaient utiles dans les marais très herbeux, la partègue se plantait dans les herbes et s’envasait moins, l’appui était ainsi plus assuré et l’on allait un peu plus vite. Mais elles étaient un peu plus lourdes, à cause de ce manchon de fer, c’est peut-être pour cela qu’elles étaient moins utilisée »

Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

 

Galobet, galoubet

Le mot galobet, galoubet « flûte qu’on joue en s’accompagnant du tambourin », a une étymologie qui va plaire aux amateurs de cet instrument de musique régional.

tambourinaire
Un tambourinaïre et un boudegaïre , bodegaire,  sculptés sur un des chapiteaux polychrome de Villardonnel dans l’Aude, entament peut-être une « carole » . Crédit photo : JL Matte.  Ce chapiteau daterait  de 1528

                

Dans le site  Zictrad vous trouverez une description exhaustive de cet instrument, des différents noms en Europe, etc.  et même quelques propositions étymologiques,  qui sont  un peu fantaisistes à vrai dire.

Dans le plus grand dictionnaire étymologique de l’occitan, le FEW de Walther von Wartburg, le mot galoubet se trouve parmi les mots d’origine germanique, plus spécialement le mot gotique galaubei « objet précieux » qui est  l’étymon de l’ occitan galaubia ou galaubei « magnificence, largesse » et le verbe galaubiar « agir bien ». On les  trouve dans un des Cansos de Giraut de Bornelh, un trobador limousin de la fin du XIIe siècle  et  chez le trobador périgourdin Arnaut de Mareuil, , qui se sert de  l’adjectif galaubièr «  triomphant avec éclat; gracieux « . Von Wartburg pense que le nom de l’instrument est dérivé du verbe galoubar ou galaubar « jouer magnifiquement ».

Le mot galoubet est mentionné pour la première fois dans le Dictionnaire provençal et français de S.A.Pellas, 1723, qui  représente surtout le patois d’Aix-en-Provence.

D’après certains le mot gotique galaubei appartient à la même famille que l’allemand moderne Liebe « amour », ancien allemand liob, le néerlandais lief  « gentil », le russe liubiti, le latin libens et libido, etc., mais cela reste à vérifier.

Gasa, gasar, gasaire

Gasar « passer à gué, agiter le linge dans l’eau, guéer, promener un cheval dans l’eau »; v.intr. « se baigner »; ga « gué »; gasaire « qui passe à gué » (Alibert). Etymologie : germanique *wad  « un endroit peu profond ». FEW XVII,438a.

Le Midi Libre du 14 oct.2009 consacre un article à la gasa à Aigues Mortes. Dans le Thesoc gasier (Corrèze) et gassotier (Creuse) « flaque d’eau ».

Je pense qu’il faudra ré-étudier l’histoire des mots gasar et gafar « guéer », parce que je ne peux pas croire qu’ils aient une origine différente.

Waddenzee, Pays Bas

Le  Waddenzee  est la mer entre les îles et le continent.  Une réserve naturelle importante pour les oiseaux.