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Argelas

Argela, argala « ajonc (ulex parviflorus), genêt épineux (genista scorpius) » vient de l’arabe al ğaulaq  « ajonc » . Il est curieux qu’une plante sauvage et indigène ait tiré son nom de l’arabe, mais sens et forme correspondent.

Mise à jour de l’étymologie dans un nouvel article argelas paliure

(FEW I, 65 mais  corrigé dans le vol XXI, 105  voir aussi à la fin de mon article). Attesté en latin médiéval en 1308 argilax. Les formes du Gard argala avec g- au lieu de -j- ou t restent inexpliquées. Par influence du nom dune autre plante ? En catalan argelaga. La Seyne argeiras « Genêt épineux, Ajonc de Provence, ou Calycotome pineux (Calycotome spinosa) « .

argela

A propos de cette étymologie de von Wartburg, le spécialiste Florent Dieterlen du basque m’écrit:
« Bonjour, J’ai vu dans votre site l’étymologie de argela, qui viendrait de l’arabe. J’ai déjà vu cette explication (chez Corominas, dans le FEW ou ailleurs?), mais elle ne me convient pas. En effet, ce mot et ses variantes se retrouvent dans des dialectes jusque dans les Alpes, la Sarthe, les Côtes du Nord, l’Italie. Or je ne vois pas une ancienne influence arabe là-bas. Je propose le mot basque arkatx=buisson. Vous me direz que le basque non plus n’allait pas jusque là. Eh bien si. Je fais depuis dix ans une thèse à l’Université de Lausanne sur le sujet, et retrouve des mots basques dans toute la France et l’Italie, ce qui est amplement corroboré par la génétique des populations. Cependant, je ne suis pas satisfait 100% de cette étymologie, et serais ravi si vous trouviez autre chose de mieux. Meilleures salutations, Florent Dieterlen

Dans le Gard nous trouvons Les Argel(l)as  aussi comme toponyme à Jonquières-St.Vincent et à Montfrin. Arjalas

Pour ceux qui s’intéressent à l’influence du basque notamment dans l’occitan, je conseille vivement de suivre ce lien

La plus ancienne attestation en gallo-roman est le toponyme Argilargueira dans un document de la région nîmoise de 1180.  C’est Corominas vol.1, pp.329-331 qui a approfondi le sujet et il vient à la conclusion que cette famille de mots vient de l’espagnol aulaga. Il est suivi par von Wartburg dans  le vol XXI, 105. L’arabe al ğaulaq serait un emprunt à une langue romane.

Na

Na « dame », ou damna.  L’étymologie est le latin domina devenu très tôt domna  en ancien occitan. D’après Alibert actuellement seulement dans la langue littéraire. Je viens de recevoir une publicité pour:

« Na Balfet »,lo primièr roman de Sèrgi Viaule.Las edicions Princi Negue.

Une visiteuse du Tarn me donne les compléments d’information suivantes:

On trouve quelques noms de lieu avec cette appellation : Na Delmas par exemple qui indique que le propriétaire était une femme. (veuve le + souvent ) Vous avez répertorié cela: Na de Dama ou Damna. Quand le propriétaire était un homme dans la plupart des cas on nomme le lieu : « en » {én} Ex: En Guilhèm, En Teste etc… je n’ai pas trouvé « en »
ds le site .
Dans plusieurs villages quand on parle de  » la Dòna  » il s’agit de la Rivière
Le Pégorier mentionne dona  comme toponyme dans l’Aveyron pour le XIIe siècle, et sous une forme francisée  done en occitan et dans les Alpes. Sous la forme na  en Gascogne en partculier.  Dona  « narcisse » dans le Dauphiné.
D’après le FEW dama  « narcisse des poètes » est aussi attesté en Savoie et dans la Drôme.  Sous la forme daou(a)neto  à Bagnères (Hte Garonne) et madona  à Barcelonnette. Beaucoup d’autres plantes ont des noms commençant par dama-
Certains animaux  sont aussi appelés dame, notamment la belette  en Gascogne: daounabere, daoune bere. 

A Marsillargues (34) dama est la « chouette » . A Castries (34) et Lafitte-sur-Lot (47) c’est la dama blanka. A Galargues (34) la damassa. (Thesoc). Une explication de cet emploi de dame se trouve probablement dans la symbolique des oiseaux. Voir les Bestiares du Moyen Age. Sur le symbolisme de la chouette, cliquez ici.

Voir aussi l’article damojano.

Anona

Anona, annona s.f.. « blé ».  Au début du XIIIe siècle, Peire Cardenal, témoin et acteur de la résistance à la Croisade contre les Albigeois, a écrit un Sirventes intitulé :

Vertat e drechura contre falsedatz e desmezura

Aras es vengut de Fransa                                             A présent est venu de France
Que hom non somóna                                                   cet usage de n’inviter
Mas sels que an aondansa                                            que ceux qui ont en abondance
De vin e d’anóna,                                                              de vin et de blé,
E c’om non aia coíndansa                                                et de ne plus avoir de relations
Ab paubra persóna,                                                           avec les pauvres gens,
Et aia mais de bobansa                                                 et que celui qui donne le moins
Aquel que meins dóna,                                              soit celui qui se montre le plus ,
E qu’om fassa major                                                              et de choisir pour chef
D’un gran trafegador                                                              un grand trafiquant,
E qu’om eleia-l trachor                                                                          d’élire le traître
E-l just dezapóna,                                                                       et de destituer le juste.

Voir la  belle page que la  Dormeuse y consacre.

Anona vient du latin annona « récolte de l’année, provision de céréales ». (FEW XXIV, 610a-611b), qui n’a été conservée qu’en galloroman, mais a disparue dans le domaine d’oïl depuis le XVIe siècle. En occitan et en franco-provençal anona est vivant jusqu’à nos jours et le sens a évolué comme celui de blat « blé, seigle » (du germanique *blad) en devenant plus spécifique : « céréale en général » > « froment » ou « seigle », etc. suivant ce qu’on cultive dans une région. Dans les formes locales, le a- initial disparaît parfois par aphérèse (rattaché à l’article l-), comme à Marseille nonarié « marché au blé » (M).

Toponymie. La forme occitane anoniera « magasin de blé » est à l’origine des noms de lieux comme Nonières (Ardèche) ou Les Nonières (Drôme). Le FEW remarque également que Mistral a peut-être raison en rattachant le nom de ville Annonay (Ardèche) à cet étymon.

Anglada

Anglada s.f. »angle, crête; contenu d’un angle, coin de terre ». Dérivé avec le suffixe -ata du latin angulus « angle, coin ». Ce suffixe ajoute très souvent la notion de « contenu » à la racine. Attesté dans le Compoix de Valleraugue anglade, englade. Gilles Fournier, l’auteur du lexique, donne plus informations et il conclut : une anglade est sans doute « un coin de terre rocheux et inculte »

Langlade (Gard)

Il faudra visiter le village pour savoir quel sens s’applique ici.

Amalou, amaluc

Amalou, amaluc s.m. »tête du fémur »

Les mots embaluc, amalu, malu signifient aussi « omoplate, hanche »  et même  » fesses »  (omolu en Ardêche). Dans le Nord Velay existe un dérivé: malhon « tête du fémur ». Le mot ne se trouve qu’en occitan et en catalan maluc « les os qui forment les deux parties du bassin » .

Il vient de l’arabe azmal huqq « cavité articulaire » . La médecine arabe a eu beaucoup d’influence dans l’Occident. Si vous voulez en savoir plus , vous pouvez consulter un des 5580 sites internet ou par exemple; le livre de Danielle Jacquart et Françoise Micheau « La médecine arabe et l’Occident médiéval« .
D’autres mots qui viennent du même étymon : Lozère demolucat « déhanché » ,
Nord Velay s’esmalhonar « se déboîter la tête du fémur, se déhancher », Languedocien (Gard, Hérault), amalugà  « meurtrir de coups » . Dans amalug l’élément mal- a été interprété comme le mot mal « douleur » , ce qui a donné à Alès s’amaluga, à Nîmes « cogner » (Mathon) et en français régional s’amaluguer « se cogner » (Domergue)

marmite

Amalou ou lamalou désigne aussi des « grottes ». L’évolution sémantique « cavité articulaire » > « cavité » > « grotte » ne pose pas de problèmes.
Dans le site de la CLPA je trouve: « Quand il sagit de résurgences ou de cavits s’ouvrant près de sources, de mares ou en bordure de cours d’eau, c’est bien évidemment ces lieux qui ont influencé la toponymie des cavités. Grotte du Lamalou (Brissac, 34) : Le terme de Lamalou désigne partout un cours d’eau ou un lieu proche d’un cours d’eau. Celui-ci était désigné en 1332 comme suit :  » riperia da Amalo ; rivo de Amalo « . Ces noms semblent provenir d’un terme hydronymique incertain lamalo ou amalo d’origine inconnue ce jour. » http://membres.lycos.fr/clpa/etymologie.htm . Dominique Ros le webmaster du site m’a donné les spécifications suivantes: Pour  » rivo de Amal riperia da Amaloo  » en 1332 in « Cartulaire de Maguelonne » publi par J. ROUQUETTE, 6 vol, Montpellier, 1912-1927. J’ai également « Raimundi de Amalo » en 1204 in « Cartulaire du chapitre d’Agde publi par O. TERRIN, Nîmes, 1969 « 

Voir FEW XIX,14

D’autres chercheurs supposent des étymologies celtiques ou prélatines, mais connaissent-ils le mot languedocien amalou et son étymologie ?