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Talan, talent

Talent, talan. L’expression occitane avé talen n’a pas du tout le même sens que le français« avoir du talent ».  Occitan talan; talen et français talent ont la même origine mais ils sont le résultat d’une  évolution différente. Le talent français est récent et littéraire, il date du XVIe siècle, alors que le ou la talen(t) occitan(e) est beaucoup plus ancien et signifie « désir, envie, faim », par exemple dans passa talent « souffrir de faim » (ancien et populaire). Lou pan à la dènt fa veni la talènt. (Le pain à la dent fait venir l’envie de manger). Mistral nous fournit une autre belle expression qui se dit d’un bon couple: quand l’un a talènt, l’autre dèu avé set. (l).

L’influence des Textes Sacrés, notamment de l’Evangile, dans l’évolution des langues occidentales a été très importante. L’histoire du mot talentum en est un bon exemple. Il a le sens « une somme d’argent » dans la Parabole des talents  » (Matthieu 25, 14-30). Très tôt ce sens concret a donné lieu à l’emploi au figuré « dons confiés par Dieu » dans les commentaires et les sermons. Ensuite, dans la vie quotidienne, en dehors de la religion, s’est développé le sens « état d’esprit » qu’on trouve déjà en ancien occitan dans la Chanson de Sainte Foy : talan, talantz « état d’esprit, intention, humeur », et dans le Testament de la reine de Navarre (1038, DuCange), en latin : …si venerit ad aliquam de meas filias in talentum Deo servire… (si une de mes filles aurait envie de servir Dieu).

En galloroman et ailleurs dans la Romania, en particulier dans les zones où les langues littéraires ont eu moins d’influence, le sens « état d’esprit, intention » a abouti à « désir, envie » qui existe encore par-ci par-là en Provence. Dans l’évolution ce sens abstrait devenait de plus en plus concret et aboutit à « désir de manger, faim » en Languedoc, en Gascogne et en Wallonie (voir à propos de cette répartition géographique la page Tablier). Il n’est pas impossible que ce  sens « appétit » a été emprunté au catalan où il est attesté dès le XIIIe siècle.

Le sens «  »pièce de monnaie » (voir ci-dessus à propos de l’Evangile) a abouti à « commerce, industrie, exploitation, par exemple dans le Tarn es en talant de bòrio « il exploite une ferme ».

La traduction de la Bible en français au XVIe siècle et l’étude du texte dans les milieux protestants rendent la Parabole des talents généralement connue, et à partir du début du XVIIe siècle, talent prend le sens de « capacité, habilité, supériorité dans un art, métier, etc. » ce qui fait disparaître les autres significations.

Dire que l’étymon est le grec talenton « plateau de balance, balance, poids; pièce de monnaie », emprunté par les Romains talentum > talantum « poids grec; une somme d’argent » n’explique pas grand chose. Pour comprendre le sens « désir; envie, faim » il faut suivre son évolution sémantique et savoir dans quels contextes il a été utilisé.

un talent  grec

Vous pouvez lire tous les commentaires notamment sur le toponyme Picotalen(t). de cet article ici :

Sassi

Sassi « pierres, cailloux ». J’en parle parce que pendant une promenade dans les gorges du Tarn, j’ai relevé à Ste-Enimie le mot sassi avec le sens « pierres, cailloux », mot introuvable dans les dictionnaires . Une curiosité ou un texte rédigé par un Italien? En dehors du franco-provençal, latin saxum « roche » n’est pratiquement pas conservé dans les parlers gallo-romans.
Il y a pourtant un nom de lieu dans le département du Tarn avec cette même origine: Sayx. J’aimerais bien avoir une confirmation de sassi « pierres » en Lozère!

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Sampa

Sampa nom f. 1. mare; 2. creux où l’eau se rassemble loc.; 3. eau dormante loc. La première attestation vient de l’abbé de Sauvages (S2) sâmpo « égout ». Il ne se trouve qu’en languedocien (cf Thesoc, s.v. » mare ») et rarement en  gascon.

L’initiale varie suivant les localités : champo à Castres, tsompo à Calmont (Aveyron), tchompo à Espalion (Aveyron). La signification varie de « mare » à « flaque d’eau », « creux de terrain où l’eau stagne », « petite source », « bassin ».

D’après Pégorier on trouve un diminutif sampeto, sampoun « petite mare, petit creux » comme toponymes en Provence. Une toute première attestation comme toponyme vient des anciennes coutumes le Lamontjoie (Lot-et-Garonne) qui datent de 1299, où est mentionné un Galhaordo de Sampot. (le lien vous mène directement à la page voulue!)

D’après Hubschmid (dans FEW XIII/2,344a-b) il s’agit d’une racine *tsampa « mare, flaque d’eau » pré-indoeurpéen. Si ce sujet vous intéresse, veuillez googler dans la catégorie Livres : « Hubschmid + vorindogerm » et verrez qu’il est spécialiste dans ce domaine.

Spécialement dans l’Aveyron, il y a des formes avec -ou- , tsoumpo, soumpo « creux du terrain où l’eau s’amasse et où vont boire les bêtes au pacage » ou « réservoir maçonné étanche et muni d’une bonde de vidange » qui sont rattachés au même étymon.
Honorat mentionne une sambro avec le même sens pour le Var.

Sambra_Honorat Extrait Honorat. Caussols (Wikipedia)

Comme Alibert, j’ai pensé à un lien avec l’allemand Sumpf « marais; creux où l’eau se rassemble », mais je n’ai pas trouvé de confirmations. Il doit y avoir des difficultés phonétiques. Voir l’article Sumpf chez Grimm qui fournit beaucoup de renseignements.

Usclar

Usclar v.tr et intr. « flamber, brûler, griller, roussir, hâler » et les dérivés usclada « partie de forêt ou de lande brûlée », uscle « odeur de brûlé, brûlure, hâle » du latin ústulare « brûler un peu, consumer; brûler en parlant du froid, attaquer » .

Rusclar  se trouve dans le Périgard,  et dans le Gard Rhodanien  ailleurs la forme usclar   et surtout brülar est prépondérant

Voir le texte d’Aramon !

L’abbé de Sauvages (vol.2,p.349) cite le dicton A lou mâou d’un cat uscla, vâou mâi që noun parei : Il en est de lui comme d’un chat qui a le poil brûlé, il vaut mieux qu’il n’a d’apparence ».

Uscla, Usclada, Usclat  sont aussi des toponymes , avec le sens « terrain brulé (par écobuage)  d’après le Pégorier.

Voir l’article  ruscle

Rove, rouve

Rove « chêne blanc », XIIIe s., ancien provençal rover. Latin  robur. La forme avec –v-   se trouve surtout à l’est du Rhône, p.ex. à Le Beausset .

A Valleraugue, hameau de Taleyrac (Gard), se trouve la Pansieire du pré du Rouve.

A Montpellier rouve  un une « sorte de genêt »(osyris alba). Voir aussi  roire et rore .


rouve
osyris alba

Voir aussi roire rore et l’article qui approfondit  les différentes dénominations des chênes en occtan : Cassanus, robur, quercus, carra.