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Prègadieu

Prègadieu « mante religieuse ». Littéralement prie-dieu. Cet insecte a été nommé ainsi à cause de son attitude sacerdotale. La prègadieu, appelée aussi prègo-Diu-Bernado (< Bernardus ), bernada , prègo-bernado (Aveyron) , bernadèto (Aude) pregotswono (= Jeanne), lou prego-Dièu d’estoublo ou de restouble (Manduel), ce qui se dit aussi d’une personne maigre et pâle, n’est indigène qu’autour de la Méditerranée, mais avec les changements climatiques elle monte vers le nord. On la trouve déjà en Belgique. Dans l’Ile de France et en Allemagne c’est un insecte protégé! Interdiction de l’attraper ou de la tenir en cage!

Sur le remplacement de l’élément  Dieu  par  Bernado, tswono,  voir mon article  Galinetta  « coccinelle ».

  


Potona,poutouno

Potona adj. f. « mignonne ».  Dans l’Alibert apparaissent au milieu des nombreux dérivés de pot « lèvre », les adjectifs  potonet (1), potoneta adj. MANIÈR « craquant, craquante » ainsi que potonta nom f. « poupée », potonton nom m. « petit poupon » loc., potontonejar v. intr. MANIÈR « pouponner ». L’idée que ces mots appartiennent à la même famille que poutou(n) est à première vue tentant. A qui d’autre donner un poton qu’à une potona?

Mais dans le dictionnaire de l’abbé de Sauvages sont mentionnés  poutoto (S1) et dans S2 poutouno « mignonne » et son diminutif poutounero. Mistral cite poutounto « poupée » en Rouergue, poutoutounéja « dorloter, faire sauter un enfant sur ses genoux ».

Un doute s’est installé et en cherchant je trouve que le latin connaît en effet un substantif pŭtus « petit garçon, enfant »,  une variante de pusus  (Gafiot) attesté chez Virgile, qui s’excuse de l’emploi de ce mot familier! Il n’apparaît pas dans d’autres textes classiques, mais seulement plus tard dans des glossaires. Putto est encore vivant dans les parlers de la plaine du Po comme dans les parlers occitans. Il y a aussi quelques attestations du lyonnais .

Titre :  Putto con vase di fiori

Le FEW a rangé dans le même article pŭtus, les noms provençaux de petits poissons comme le poutino « cepola » (Var), ou des « petites sardines », nom qui est passé en français dans la forme potinière « maille très serrée de certains filets avec lesquels on prend de petites sardines » (Littré). Poutiniero > français potinière « filet à mailles serrées » est resté dans les Larousse jusqu’en 1932.

poutino cepola rubescens

Plusieurs étymologistes (Diez, Dauzat) pensent que putana « prostituée » est aussi dérivée de putus. Le FEW préfère pour des raisons sémantiques et phonétiques l’étymologie putidus « pourri, gâté, puant, fétide ».

Plegar, plier

Plega(r) « plier » mais aussi « emballer » vient du latin plicare « plier ». Plier a gardé en français régional le sens « emballer » (Lhubac), qui était encore admis par l’Académie en 1835. Le TLF donne l’exemple suivant : « il (= Napoléon) est entré à Vilna, chassant devant lui l’Empereur, qui à peine eut le temps de plier sa vaisselle.J. DE MAISTRE, Corresp., 1812, p.169. »

En occitan nous trouvons des expressions qui n’ont jamais eu cours dans la langue d’oïl. Se plega la testo « se coiffer » (S), plüga « fermer les yeux; dormir; jouer au colin-maillard », plegá las espaulos « hausser les épaules, plier les épaules ». L’abbé fait une distinction entre hausser les épaules : « on les hausse pour marque de mépris, de pitié, d’improbation; on les plie pour marque de soumission de résignation » Le sens actuel de hausser est d’après le TLF : « Manifester son indifférence, sa résignation ou son agacement par un léger soulèvement d’épaules ».

De plugous est « à tâtons » (S), en béarnais plegá est « plier les gerbes » d’ou la pléga « récolte ». L’abbé de Sauvages cite aussi le mot plégos « les antoques  ou lunettes des chevaux qui tournent en rond pour fouler le grain ».

Le -ü- dans certaines formes comme plüga est dû à l’influence du verbe *cludicare « fermer », (dérivé de claudere « fermer ») qui a abouti en occitan clucar, clugar « fermer (les yeux) » (Thesoc).


Platussar

Platussar « bavarder ».    Un verbe très courant en occitan et en français régional.  Platussar « bavarder » est bien attesté dans le Limousin et le Périgord, comme le substantif platussá « femme bavarde » (FEW IX, 50b).  Cf. ce blog . « Quoras auras-tu ‘chabat de platussar ? « .

L’étymologie est le  latin vulgaire plattus « plat », qui a pris le sens « langue » en moyen français dans l’expression jouer du plat et le dérivé platine « Verve, faconde, bagout » (vieilli TLF ) Le Thesoc fournit un seul exemple platinar « bavarder » à Castries(34).  Je pense que le verbe  platussar  a été créé indépendamment du français.

En allemand le mot plat a pris le sens « langue régionale » dans le composé plattdeutsch: « dem norddeutschen flachland angehörend, die volkssprache desselben redend, in ihr geschrieben, den bewohnern desselben eigen » (Source).  La source explique que cette forme de l’allemand est parlé et écrit dans la plaine nord-allemande.  ein plattteutscher, inferioris Saxoniae incola. (Grimm). En néerlandais plat praten signifie « parler avec un accent local prononcé ou parler le parler local ». Les accents et les parlers locaux n’y ont point une image négative comme c’est souvent le cas en France. En allemand existe un  très joli mot pour patois, ou parler local:  Mundart , littéralement « la façon dont est formée la bouche »

Platassejar « jouer du plat de la langue » d’après Alibert. Une expression vieillie en français. Dictionnaire de l’Académie de 1835 et 1878: « Donner du plat de la langue Faire de belles promesses qu’on n a pas dessein d’exécuter,  faire merveille du plat de la langue Chercher à étonner à étourdir par de grandes phrases par des récits extraordinaires » .  La forme platassejar ne se trouve pas dans les dictionnaires occitans consultés par le FEW.

Plantolièr, plantolièra

Plantolièr, plantolièra « pépinière de châtaigners, de mûriers, de choux, d’oignons, de poireaux »(Alibert).

Une première et unique attestation dans le Compoix de Valleraugue (1625) : « et plantholier de castagniers » (tome 2 page 22). Quelques attestations en occitan moderne (voir Google), et plantolou à Agen.

Plantolièr, plantolièra est un dérivé du verbe plantare « mettre une plante en terre ». Le suffixe -ol- avait autrefois la valeur d’un diminutif  d’après Alibert, p.35,  et le suffixe -ariu > -ier, -iera sert à créer des substantifs abstraits.

Planta « plantation », qui vient du verbe latin plantare ,  est un bon exemple de l’intérêt de l’étymologie  » histoire des mots ».     Les Romains n’avaient pas la notion plante au sens « Être vivant appartenant au règne végétal ». La notion « règne végétal » n’apparaît qu’au XIIIe siècle en latin médiéval, et au XVIe siècle en français et en occitan. En latin classique planta, -ae, déverbal de plantare « planter » ne désignait qu’une bouture à planter, puis un jeune plant, à côté de herba qui ne recouvrait que partiellement la notion actuelle de plante puisqu’il excluait les végétaux désignés par arbor « arbre ».

La question qui se pose est de savoir si cela implique une certaine vision du monde que la langue nous impose. Un autre exemple : un avunculus « frère de la mère » n’a pas le même statut qu’un patruus « frère du père ». Est-ce que pour nous la protection des animaux inclut les pucerons  « non », les abeilles  « oui », les papillons  « eh.. »?

Une jolie image d’un plantolier moderne à Genolhac (30) :

          

et une plante de pied de Marilia Fayh (goldebicicleta)

Latin planta signifiait « bouture, etc.» mais aussi « plante du pied ». Ce dernier s’explique par le fait que pour planter on foule la terre avec la plante du pied. Ce sens vit aussi en italien pianta, en catalan planta des peu où s’est développé le sens « habitation du rez-de-chaussée » et en espagnol llanta «jante d’une roue ».